Pâques, Célébration des biens de la Nouvelle Alliance
Deuxième dimanche de Pâques; 22 avril
1979; Lectures : Actes 4,32-35; I Jean 20,19-31; Jean 20,19-31.
Relation entre le thème du
carême : les alliances de Dieu et le thème de Pâques : « Les
biens de la Nouvelle
Alliance ». L’année liturgique tourne autour de ce
mystère. C’est pourquoi la Semaine sainte est comme le soleil de toute l’année
liturgique, surtout, Pâques. Et je voudrais graver bien profondément le sens
pascal durant ces sept dimanches que je voudrais que nous reliions entre elles,
les idées qui ont composé le programme de ma prédication au cours de ce carême.
J’aimerais que le principal de ma
prédication soit reçu comme une catéchèse, comme une prédication de la Parole
de Dieu. Naturellement, il y a des gens qui ne retiennent que les aspects
politiques, polémiques et qui croient que toute ma prédication est politique et
polémique, et que je chambarde l’ordre public. L’objectif principal de mes
homélies est l’annonce de ce mystère (de la Parole de Dieu).
Plan de l’homélie :
1) Le Don de l’Esprit
2) Le Don de la Foi (Communauté de
foi)
3) Le Don de l’amour surnaturel
(Communauté d’amour)
1) Le Don de l’Esprit
A) Le geste créateur : Il
souffla sur eux
Dans ce premier point, je retrouve en
lisant l’Évangile (Jn 20,19-31) ce geste créateur du Christ ressuscité soufflant
sur les apôtres, comme quand le Père Éternel, en créant l’homme à partir d’un
morceau de terre, insuffla en lui l’esprit de vie, leur dit ceci :
« Recevez l’Esprit saint. » Arrêtons-nous sur ce geste de la Genèse,
parce que le Christ, avec sa Nouvelle Alliance, est un nouveau Créateur,
Créateur d’un Esprit Nouveau.
Relation entre la glorification du
Christ et le don de l’Esprit.
Recevez l’Esprit saint. Le Christ
avait dit Ă ses apĂ´tres en cette nuit du Jeudi saint (Jn 16,7) :
« C’est dans votre intérêt que je pars; car si je ne pars pas, le Paraclet
ne viendra pas vers vous. » C’est-à -dire que la condition que le Père m’a
posĂ©e pour vous rendre la vie divine qui a Ă©tĂ© perdue Ă cause du pĂ©chĂ©, grâce Ă
l’Esprit de Dieu qui vient vivifier l’humanité, il est nécessaire qu’après
avoir souffert sur la croix, Je ressuscite. Et mon humanité, cet homme
concret : Jésus de Nazareth assumé par le divin, soit glorifié et soit
adoré comme Dieu et comme Dieu avec le Père, d’où Je vous enverrai l’Esprit de
Dieu.
Selon l’Évangile de saint Jean, ils
n’eurent pas à attendre jusqu’à la fête de la Pentecôte, cinquante jours après la
RĂ©surrection. DĂ©jĂ , cette mĂŞme RĂ©surrection du Christ Ă©tait
sa glorification et en cette mĂŞme nuit du dimanche oĂą Il ressuscita, en cette
même nuit, apparaît déjà le Christ avec ce geste créateur de l’Esprit nouveau
(Jn 20,22) : « Recevez l’Esprit saint. »
L’Église naît pour prolonger le
Christ
« L’Église, à l’image et à la
ressemblance du Christ. »
Qu’est-ce que donne l’Esprit saint Ă
cette communauté naissante des apôtres, où le traître (Judas) n’est déjà plus
présent, mais sera remplacé par un autre qui sera succédé par de nombreux
autres jusqu’à notre communauté d’aujourd’hui qui remplit cette cathédrale et
ceux qui m’écoutent – peut-être – à la radio. Nous sommes la communauté qui, dans la
voix de l’Esprit, dans la promesse, dans ce souffle du Christ, a reçu l’Esprit.
Recevez l’Esprit saint.
La même soumission « … comme mon
Père m’a envoyé… »
Le Christ lui-mĂŞme nous explique (Jn
20,21) : « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous
envoie. » Cela veut dire que l’Église naît de ce souffle du Christ et la
mission que celle-ci portera au monde, au travers des siècles, ne sera pas
différente de celle du Christ mort et ressuscité. L’Église célèbre sa liturgie,
prêche sa parole, seulement dans ce but : pour sauver du péché, pour
sauver des esclavages, pour abattre les idoles, pour proclamer le Dieu unique
qui nous aime. Ce sera cela, la tâche difficile de l’Église et c’est pour cela
qu’elle sait qu’en accomplissant cette mission, que le Christ réalisa en
souffrant sur une croix et dans l’humiliation, elle devra être disposée
Ă©galement Ă ne pas trahir ce message et si cela est nĂ©cessaire, comme Lui, Ă
souffrir le martyre, la croix, l’humiliation et la persécution.
Le mĂŞme pouvoir de pardonner (entendu
également comme Parole qui dénonce le péché et appelle à la conversion). Quoi
d’autre apporte l’Esprit à l’Église, s’Il lui a déjà donné toute la vie du
Christ? Il lui a donné également le pouvoir de pardonner. Le Christ dit, en
cette même nuit de sa Résurrection (Jn 20,23) : « Ceux à qui vous
remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez,
ils leur seront retenus. » C'est-à -dire que Dieu seul peut pardonner les
péchés qui offensent Dieu.
L’Église est une présence du Dieu
miséricordieux en ce monde. Ainsi, comme Dieu pardonne à celui qui lui demande
pardon, l’Église sera, comme dit saint Paul : ministre de la réconciliation. Ici
se trouvent les fonts baptismaux pour réconcilier le nouveau-né avec la grâce
de Dieu, lĂ se trouvent les confessionnaux pour que ceux qui se repentent,
reçoivent l’absolution de l’Église représentée par le prêtre. Et quand Il dit
que l’Esprit lui a donné le pouvoir de pardonner, Il veut dire que l’Esprit lui
a conféré la capacité de prêcher la conversion. D’appeler les injustices par leur
propre nom, de dire aux pécheurs : convertissez-vous, Dieu veut vous
pardonner, de se sentir solidaire de ceux qui souffrent pour leur dire :
courage, Dieu est avec ceux qui suivent Dieu. C’est cela, la mission du pardon,
de la réconciliation, de l’Église, qui dans le fond de sa fermeté, comme une
Mère qui n’accepte pas les faiblesses et les injustices de ses fils et qui les
corrige, amende, oriente, pour qu’elle ait de bons fils, pour qu’ils soient
dignes de cette filiation divine.
B) La Capacité de prêcher la vérité
sur le Christ (1 Jn 5,6) :
« C’est l’Esprit qui rend
témoignage parce que l’Esprit est la Vérité », nous dit saint Jean dans
son épître d’aujourd’hui. Cela signifie que l’Église animée par l’Esprit de
Dieu porte en elle la capacité de la vérité. Très chers frères, porter la capacité de
la vérité c’est souffrir le tourment intérieur que souffrirent les prophètes.
Parce qu’il est très facile de prêcher le mensonge, de taire la vérité, de
s’accommoder aux situations actuelles pour ne pas perdre d’avantages, pour
toujours conserver des amitiés flatteuses, pour préserver le pouvoir. Quelle
tentation plus horrible pour l’Église! Cependant, elle, qui a reçu l’Esprit de
la vérité, doit être disposée à ne pas trahir la vérité et s’il est nécessaire
de perdre tous ses privilèges. Elle les perdra, mais elle dira toujours la vérité. Et
si on la calomnie, elle sait qu’on la calomnie parce qu’elle dit la vérité. C’est
cela la mission que le Christ a confiée à l’Église, en cette nuit de sa
RĂ©surrection.
La Capacité d’engendrer des fils de
Dieu : Les sacrements, insinués sous l’aspect de l’eau et du vin, et par
d’autres signes. L’Esprit donne à l’Église encore d’autres pouvoirs. Quand Jean
fait aujourd’hui référence au sang, à l’eau, et à d’autres signes, présents
chez les premières communautés chrétiennes, il pense à ces signes que tous
connaissent : les signes sacramentaux. L’eau qui lave le péché originel de
l’enfant; le pain et le vin, qui se convertissent en corps et sang du Seigneur;
la main du prêtre, qui absout, qui oint, ce sont des signes de la présence de
l’Esprit dans son Église. Ce sont les sacrements qui sanctifient les hommes et
les femmes. Ce sont les sacrements qui sanctifient toutes les conditions de vie
de l’être humain, du foyer, de la société.
« Pour qu’ils aient la Vie en
son Nom! »
C’est pourquoi l’Esprit donne
également à l’Église, dans le souffle que le Christ lui insuffla, la capacité
de sanctifier, de convertir, de s’alimenter de la vie de Dieu. Pour que celui
qui est déjà saint se sanctifie davantage et pour que nous soyons chaque jour
une communauté qui soit véritablement Peuple de Dieu, agréable au Seigneur.
C’est cela la raison d’être de la prédication de l’Église. Naturellement mes
frères, cela est bien difficile parce que prêcher la vertu contre le vice,
c’est provoquer des conflits avec le vice, parce que prêcher la justice contre
les injustices et les offenses, c’est provoquer des conflits. L’Évangile que
l’Église prêche provoquera toujours des conflits.
Chaque fois que l’Église veut
demeurer cohérente avec son fondateur, avec le souffle de l’Esprit qui lui
donne son message d’apporter au monde ou de trahir sa fidélité à cet Esprit ou
perdre les avantages de ce monde pécheur. Il est préférable de demeurer avec le
Christ qui meurt, mais qui après ressuscite, qu’avec les avantages des
persécuteurs du Christ qui pour sauver leur vie en ce monde la perdront.
22/04/79, p.311-314, VI.
2) Le Don de la Foi (Communauté de
foi)
Ce souffle du Christ, qui est son
Esprit qu’Il a donné à son Église, parvient à créer une communauté de foi.
C’est ainsi que se nomme l’Église : une communauté de foi. Cela signifie
qu’une communauté Église n’est pas une communauté avec des idéaux politiques,
subversifs, communistes, sociologiques. Non, l’Église porte des critères de foi
qui sont ceux qui caractérisent toute sa vie.
A) L’épisode de Thomas, nécessité de
la foi.
L’épisode de Thomas et la seconde
lecture nous expliquent les relations de la foi avec Dieu, ils sont un bon
commentaire de cette pensée que je vous suggère : le don pascal de la foi,
le don de la
Nouvelle Alliance, croire en JĂ©sus-Christ comme MĂ©diateur de
l’Alliance entre Dieu et les hommes.
Voir, toucher… le monde sensoriel est
une autre catégorie qui peut être une recherche de foi ou une confirmation de
la foi, mais non la foi elle-mĂŞme.
Le processus de saint Thomas est très
intéressant pour nous tous. La première apparition du Christ se produit alors
que Thomas est absent et, quand celui-ci arrive, les apĂ´tres lui dirent :
« Nous avons vu le Christ, Il est ressuscité. » Et Thomas veut se
soumettre à l’épreuve. Observez comment l’esprit de Thomas coïncide avec
l’esprit critique des modernes. La technique d’aujourd’hui veut mesurer, elle
veut palper, elle veut constater des Ă©vidences.
C’est ce que voulait Thomas. (Jn
20,25-27) : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous,
si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main
dans son côté, je ne croirai pas. » Huit jours après – observez comme si
Jean canonisait déjà notre rencontre dominicale, le dimanche suivant –, ses
disciples étaient de nouveau à l’intérieur et Thomas était avec eux. Jésus vient,
les portes Ă©taient closes, et il se tint au milieu et dit : « Paix Ă
vous. » Le Christ jouissait des qualités d’un corps ressuscité qui n’a
plus besoin qu’on lui ouvre les portes, c’est déjà un corps spirituel qui se
prĂ©sente au milieu d’eux. Un fantĂ´me, dirait-on, qui s’affronte nĂ©anmoins Ă
l’incrédule. Puis Il dit à Thomas : « Porte ton doigt ici :
voici mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas
incrédule, mais croyant. » L’Évangile ne nous dit pas si Thomas mit son
doigt et sa main, ce qu’il nous raconte c’est sa réaction de foi : il
tomba aux pieds du Christ en poussant le plus beau cri de foi que l’Évangile
ait conservé (Jn 20,28) : « Mon Seigneur et mon Dieu! » C’est
cela, la foi, il n’est pas nécessaire de toucher.
Quand nous voulons des Ă©vidences,
quand nous voulons sentir les vérités de la foi, nous imitons l’incrédulité de
Thomas. Et le Christ dit à Thomas (Jn 20,29) : « Parce que tu me
vois, tu crois. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru. » Vous et moi,
nous vivons de la foi parce que nous croyons sans avoir vu. Et plusieurs disent
que cela est stupide, mais je vous dis : il n’y a pas de sagesse plus
grande que celle que le Christ prêche en ce dimanche : la Foi. C’est cela la victoire
qui vainc le monde! L’épître de saint Jean nous dit aujourd’hui (5,5) :
« Quel est le vainqueur du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le
Fils de Dieu? » […]
La foi, c’est croire en la Parole… le
témoignage de l’expérience de la Résurrection, la présence de l’Esprit dans la communauté. Croire
ce n’est pas palper, ce n’est pas mettre le doigt dans les plaies du Christ. Ce
n’est pas l’évidence scientifique sinon qu’il s’agit de l’acceptation de la
Parole de Dieu. L’acceptation d’une Parole que des témoins de l’expérience
pascale nous annoncent en toute conviction, pour que tout le monde puisse
dire : le Christ est ressuscité! Le Christ est présent par l’Esprit qu’Il
donna à son Église!
Le Christ vit dans la sainteté du
peuple qui le suit. Le Christ est présent dans la vaillance de son Évangile qui
se prêche dans le monde. Le Christ est le témoin de l’Esprit saint et de la
communauté qui l’accepte et le sent présent. Cette foi, frères, c’est elle qui
rend belle la communauté de ceux qui sont réunis pour méditer la Parole de
Dieu. […]
Le Contenu de la Foi c’est la Vérité
sur le Christ. (Puebla, la Vérité sur l’Église et sur l’être humain).
Mais cette foi possède un contenu.
Quand nous Ă©coutons le Pape Jean-Paul II Ă Puebla, il me semble que nous avons
là la plus belle synthèse du contenu de la foi lorsqu’il invite les Évêques,
maîtres de la foi, à prêcher la vérité sur le Christ, la vérité sur l’Église et
la vérité sur l’être humain.
« Mon Seigneur et mon
Dieu! » « Vous qui croyez que le Christ est le Messie. »
La vérité sur le Christ, celle que
nous annonce maintenant l’Évangile lorsque saint Thomas dit (Jn 20, 28) :
« Mon Seigneur et mon Dieu! » et lorsque Jean écrit (1 Jn 5,
13) : « Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils
de Dieu, pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle. »
Il y a de nouvelles interférences de
la radio, pour vous dire que la foi ne possède pas la liberté d’expression dans
notre pays. Après cela on nous dit qu’il n’y a pas de persécution à l’endroit
de l’Église. C’est cela, la persécution, ne pas permettre que ses ministres
prêchent… Parmi les caractéristiques de la persécution, il y a celui-ci :
s’opposer à la liberté de la prédication. C’est s’opposer à ce que les
ministres de la Parole, qui portent la charge du Christ d’annoncer son message,
soient empêchés dans leur prédication, dans leur travail. C’est cela
l’authentique persécution de l’Église! 22/04/79, p.314-316, VI.
3) Le Don de l’amour surnaturel
(Communauté d’amour)
Le troisième don qu’aujourd’hui nous
recevons de Pâques est le don de l’amour qui nous permet de former une
communauté de fils de Dieu. C’est également ainsi que se nomme l’Église, non
seulement une communauté de foi, mais également une communauté d’amour.
Communauté d’amour, mais entendons-le bien.
Bien commun : son signe, une
utopie… cela n’était pas ordinaire
Dans la première lecture (Ac 4,32-35)
est employée une très belle expression de la communauté, où tous les biens
étaient partagés. (4,33-35) : « Ils jouissaient tous d’une grande
faveur. Aussi parmi eux nul n’était dans le besoin; car tous ceux qui
possédaient des terres ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de la
vente et le déposaient aux pieds des apôtres. On distribuait alors à chacun
selon ses besoins. »
Communauté et communion dans la
vérité, non en apparence.
Ce mĂŞme livre des Actes nous parle de
trois personnages : Joseph Barnabé, Ananie et Saphire. C’étaient des cas
exceptionnels et dans celui de Barnabé, il s’agissait d’un authentique sens
d’amour qui l’amena à donner tous ses biens pour les partager avec ses frères.
Par contre, Ananie et Saphire voulurent Ă©galer ce geste, mais en trompant, en
mentant. Lorsque Pierre leur demanda (Ac 5,1-11) : « Vous avez tout
donné? Ils répondirent oui. » Pierre leur dit : « Pourquoi
cherchez-vous à tromper l’Esprit du Seigneur? » Et pour faire un exemple
au Peuple de Dieu qui ne doit pas être hypocrite, ils reçurent le châtiment de
mourir de repentir. Ils n’étaient pas obligés de vendre tous leurs biens et de
les apporter aux apĂ´tres, mais ceux qui voulurent le faire en apparence,
hypocritement, en se réservant égoïstement les biens, étaient dignes de cette
peine. En échange, ceux qui donnaient par amour, même s’ils ne se séparaient
pas de leur propriété, qui partageaient leurs biens, faisant en sorte que
n’existent pas ces injustes inégalités que nous retrouvons dans une société qui
se dit chrétienne et où l’esprit d’amour fraternel a disparu.
L’Amour fondé sur la foi au Christ,
la foi en Dieu d’où dérive l’amour des engendrés
Ce que veut nous enseigner
aujourd’hui cet amour surnaturel c’est, comme disait le Pape : l’amour
affectif et effectif. Une affection qui nous élève d’abord jusqu’à Dieu et
c’est de là que dérive l’amour envers le prochain. Voyez comment saint Jean est
l’homme du grand équilibre. Dans son épître il dit une chose que plusieurs
d’entre nous ont souvent entendu : « L’homme ne peut pas dire qu’il
aime Dieu qu’il ne voit pas s’il n’aime pas son frère qu’il voit. » Mais
aujourd’hui il nous dit au contraire (1 Jn 5,2) : « Nous
reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu Ă ce que nous aimons
Dieu. » Les deux sont nécessaires. Si le principal commandement que le
Christ nous laissa est : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton cœur, de tout ton esprit et de toutes tes forces. » Et le second
commandement est semblable à celui-ci : « Tu aimeras ton prochain
comme toi-même. » Aimer son prochain est un témoignage de l’amour que nous
avons pour Dieu et aimer Dieu se témoigne également par l’amour que nous
portons aux humains. Il ne peut y avoir un cœur authentiquement chrétien qui ne
soit qu’amour Ă Dieu sans amour aux hommes et aux femmes ou seulement d’amour Ă
l’humanité sans amour à Dieu.
Le juste équilibre de la communauté
d’amour doit être comme dans la première phrase du Concile Vatican II qui
dit : « L’Église est le grand sacrement qui unit les hommes avec Dieu
et qui unit les hommes entre eux. » C’est cela la communauté que l’Esprit
d’amour parvient à créer parmi les chrétiens. Amour qui, pourtant, se fonde sur
la foi en Dieu. Celui qui a la foi dans le Père qui a engendré, possède aussi
la foi dans les fils engendrés par Notre Père. Nous nous préoccupons que nul ne
demeure exclu de son cœur qu’il n’y ait pas de catégories parmi les hommes, de
première ou de seconde classes, sinon que tous se situent à la hauteur du cœur
de Dieu. Tous! Comme sera merveilleux ce jour où se réalisera cette réalité du
don de l’Esprit qui est amour et qui crée la Communauté d’Amour. 22/04/79,
p.316-317, VI.