Le carĂŞme, RĂ©novation de notre
Alliance avec Dieu
Premier dimanche du carĂŞme; 4 mars
1979; Lectures : Genèse 9,8-15; I Pierre 3,18-22; Marc 1,12-15.
Le carĂŞme est une Ă©poque de conversion
et de foi dans l’Évangile. La fête de Pâques n’est pas une fête du Christ, mais
la fête du Christ en tant que tête de nous tous qui formons l’humanité. À la
prochaine fête de Pâques de 1979, nous devons être nous-mêmes le Corps du
Christ, ma chair, ma vie, ma situation concrète. Le peuple baptisé du Salvador
doit être comme l’incarnation de ce Christ qui apparaît vivant et glorieux.
Faisons honneur à notre Rédempteur en qui nous croyons et en qui nous espérons.
Préparons-nous afin de ne pas être une cellule morte au sein de cet organisme
vivant du Christ, mais au contraire, faire honneur Ă toutes les cellules
revêtues d’un nouveau printemps, d’une grande espérance, d’une vie divine.
04/03/79, p.175-176, VI.
La figure centrale : le Christ
au désert
Et au centre de tout, naturellement,
est le Christ ressuscité qui est maintenant le Christ dont saint Marc (1,12)
nous a dit : « Poussé par l’Esprit au désert. » Entrons avec
Lui, dans la poussée de ce même Esprit rénovateur, au désert. Sous une forme figurée,
le désert est un temps d’oraison, un temps d’austérité, un temps de rénovation.
Si un pays a besoin d’un désert, d’oraison et de rénovation, c’est bien le
nôtre. Comme il serait agréable de voir tous les Salvadoriens profiter de ce
temps de carĂŞme pour faire une introspection. Nous sommes tous responsables du
mal dont souffre notre pays. Nous voulons uniquement rejeter la faute sur les
autres et ne pas regarder nos torts. Le carĂŞme est une invitation Ă entrer avec
le Christ au-dedans de soi.
Plan de l’homélie :
1) L’Alliance, signe de notre Salut
2) Le Christ, clé de l’Alliance
3) Le baptĂŞme, insertion de notre vie
dans l’Alliance chrétienne
1) L’Alliance, signe de notre Salut
La première lecture (Gn 9,8-15)
d’aujourd’hui nous parle de la première Alliance qui apparaît dans la Bible. Une des choses
les plus opportunes durant le carême, c’est de repasser l’Histoire du Salut, le
projet de Dieu pour sauver l’humanité; un projet d’amour, de bienveillance. La
première fois où la Bible nous parle de cette parole : Alliance – qui est
la même chose qu’un pacte, qu’un testament, paroles bibliques par lesquelles
Dieu fait un traité avec les humains – peut se résumer dans ce qu’Il adresse
par Moïse à son peuple : « Je serai votre Dieu et vous serez mon
peuple. » […]
La Bible, qui nous révèle l’unique
Dieu véritable, nous parle aussi de ce Dieu qui a créé l’humain et qui choisit
un peuple, pour faire alliance avec Lui. Alors, l’Alliance n’est pas uniquement
un ensemble de devoirs et de droits réciproques. Dans le langage des prophètes,
l’Alliance de Dieu avec les humains apparaît comme une grâce, un don, une
promesse de Salut et c’est ce qui est original de cette Alliance qui dĂ©jĂ
présage le Christ qui va venir. C’est un Dieu bienveillant qui marque les étapes
de l’histoire avec des alliances de bénédictions et de promesses. C’est
pourquoi ce changement de l’Alliance au Testament fut facile, c’est le don des
pères à leurs fils; l’Ancien Testament, l’Alliance de l’Ancien Testament se
complète dans le Nouveau Testament : la Nouvelle Alliance.
04/03/79, p.177, VI.
Lorsque j’ai dit aujourd’hui
« carême », rénovation de notre Alliance avec Dieu, c’est parce que
je veux faire un appel Ă tous afin que nous nous souvenions que nous avons un
engagement comme peuple de Dieu, comme peuple de baptisés.
Explication théologique : Quelle
est l’explication théologique de l’alliance, surtout de l’Alliance qui apparaît
dans la Bible, celle que nous renouvelons aujourd’hui pendant le carême?
Aspect négatif du Salut : la
rupture avec Dieu.
L’explication est très simple. Selon
la révélation de Dieu, tout péché est rupture. Celui qui pèche, désobéit à une
loi. Cette rupture avec le Législateur Suprême – notre Dieu –, la désobéissance
à ses dix commandements, amène avec elle des conséquences de rupture, des
conséquences bien tragiques.
Rupture à l’intérieur de soi-même.
Celui qui commet un péché, dit la théologie, rompt avec le principe de son
existence et de sa vie, et alors, il rompt également à l’intérieur de lui-même
dans son intimité de sorte qu’un péché amène en soi le désordre. La triste
expérience nous apprend combien amer est le péché; quel désordre
ressentons-nous à l’intérieur de nous-mêmes! Cette expérience insipide nous
donne le dégoût de nous-mêmes; et celui qui ne ressent rien est pire encore,
parce que sa conscience s’est déjà éteinte. Puisse Dieu qu’en ce carême nous
sentions tous que quelque chose s’est brisée en nous, parce que nous avons
rompu avec Dieu.
Rupture avec les humains; le monde.
De cette rupture intime, de ce manque de paix dans le cœur du pécheur, surgit
une autre rupture : la rupture avec les humains. Dans la Bible apparaît
Caïn tuant son frère. Apparaissent alors les diversités qui vont se multiplier
jusqu’à notre temps où il y a encore des divisions. S’il y a tant de choses qui
nous divisent, s’il y a de la haine et de la violence, c’est parce que le péché
existe. Cette rupture est la conséquence de la rupture avec Dieu. Lorsque
j’aime Dieu et que je suis bien avec Lui, j’aime également mon prochain, même
si c’est mon ennemi.
Il existe Ă©galement une autre rupture
fatale : la rupture avec la
nature. L’être humain qui a désobéi à son Créateur reçoit
immédiatement la réponse de Celui-ci. Souvenez-vous lorsqu’Adam, avant le
péché, nous dit la Bible, dominait toute la création, mais lorsqu’il commit le
péché, le désordre au-dedans de lui-même lui fit sentir la peur. Il avait peur des
fauves qui ne lui obéissaient plus. Toute cette tragique relation avec la mort
est la conséquence du péché.
Aspect positif, restauration de la
rupture : refaire l’harmonie, l’intégrité, etc. Maintenant, l’Alliance a
rénové toutes ces choses brisées. L’homme qui renouvelle son alliance avec Dieu
doit rénover également son alliance avec la nature, avec les autres humains, avec
lui-mĂŞme.
L’Alliance signale les grandes étapes
de l’Histoire : ainsi, nous avons – nous allons le voir durant ces trois
prochains dimanches de carême – les trois alliances auxquelles la Bible fait
référence. Noé, l’alliance cosmique : l’Arc-en-ciel. Celle d’aujourd’hui,
après le Déluge (I P 3,18-22) nous parle de ce Dieu qui va préserver la nature,
qui va conserver les choses : « C’est le signal du pacte que Je fais
avec vous et avec tout ce qui vit avec vous. » C’est une alliance
cosmique.
L’arc-en-ciel est un phénomène du
cosmos. Cela ne signifie pas que Dieu créa alors l’arc-en-ciel. L’arc-en-ciel
peut être expliqué scientifiquement. Dieu ne l’inventa pas à ce moment, mais
lui donna un sens religieux. C’est un peu comme si l’un d’entre nous
disait : que cet arc-en-ciel soit témoin de ce que je vais promettre et
chaque fois que vous le verrez, souvenez-vous de cette promesse. C’est cela
l’Alliance, le signe de l’Alliance. L’arc-en-ciel est un signe d’un Dieu qui
dit : « Il n’y aura jamais plus de déluge sur la surface de la Terre. Je conserverai la
nature, mais il est nécessaire de travailler pour qu’il y ait davantage de
justice afin que les biens que J’ai créés soient organisés selon ma
volonté. »
C’est ce que saint Paul nous rappelle
lorsqu’en se référant à la plénitude des temps, il nous dit que la nature créée
par Dieu gémit sous le poids du péché. L’Alliance que nous rappelle
l’arc-en-ciel, est un rappel que cette nature que Dieu préserve pour le bonheur
de tous les humains, ne doit pas être accaparée par quelques-uns, ni ne doit
être un objet d’envie et de discorde, mais qu’au contraire, elle doit demeurer
selon la volonté de Dieu qui la conserve pour le bonheur de tous, dans l’amour,
pour que nous l’utilisions pour le bien de tous.
Ce dimanche, ce souvenir de
l’arc-en-ciel, comme signal de l’Alliance cosmique de Dieu avec l’humanité,
nous amène à réviser comment nous utilisons les biens de la Terre. Comment nous
les idolâtrons, ou bien comment nous les mettons au service de la félicité de
cette alliance qui doit rompre les mĂŞmes ruptures les luttes de classes, les
violences. Les haines n’existeraient pas s’il y avait un respect envers cette
Alliance cosmique, envers ce sentiment que Dieu, Créateur de tout, veut avoir
une alliance avec ses fils. C’est pourquoi Il veut que tous ses fils soient des
frères entre eux, fraternité que nous prêchons à partir de la révélation
divine. C’est pourquoi je ne pourrai jamais prêcher la violence, ni la haine,
ni la guérilla.
Ceux qui disent le contraire calomnient, car ce que je dis
présentement, c’est la réclamation qu’au nom de Dieu je dois faire :
l’Alliance cosmique. 04/03/79, p.178-179, VI.
Abraham; sa descendance;
circoncision. Dimanche prochain, nous parlerons de l’alliance que Dieu fit avec
Abraham. Il s’agit d’une autre sorte de rupture que Dieu veut annuler. C’est un
peuple choisi par Dieu qui va descendre d’Abraham, et ce ne sera plus
l’arc-en-ciel qui sera le signe de cette alliance. Ce sera la circoncision. Le
signe d’appartenance au peuple juif, la circoncision, exige de tous les
descendants d’Abraham, de tout un peuple choisi par Dieu, une unité autour des
promesses que Dieu a faites et qu’Il va donner à ce peuple. 04/03/79,
p.179-180, VI.
MoĂŻse; avec le peuple; le sabbat.
Dans trois dimanches, nous parlerons de MoĂŻse. Le pacte que Dieu a conclu avec
MoĂŻse est Ă©galement une alliance afin que les ĂŞtres humains se sentent unis
dans ce sens : avec Dieu, dans le respect de Dieu et c’est pourquoi le
signe de cette Alliance sera le sabbat; le respect du sabbat que les
catholiques appellent maintenant le dimanche, le jour du Seigneur. Venir Ă la
messe le dimanche, c’est venir réaliser l’Alliance avec Dieu. Chaque messe du
dimanche, c’est vivre l’Alliance avec Dieu qui me fait respecter Dieu et sentir
Dieu comme l’unique Dieu véritable face auquel je dois renverser toutes les
idoles qui cherchent à prendre la place de Dieu dans mon cœur ou chez mon
peuple : idole du pouvoir, idole de l’argent, idole de la luxure, idole de
toutes ces choses qui éloignent l’homme et la femme de Dieu. Le dimanche doit
être pour nous l’alliance qui se renouvelle avec le Seigneur.
Le carême, c’est tout l’esprit d’un
peuple engagé dans une alliance avec Dieu. Mais le carême, cette longue
période, est comme un long dimanche pendant lequel nous devons tous
penser : Dieu a voulu faire alliance avec nous pour que l’humanité soit
plus unie, pour que la nature cosmique soit utilisée selon sa volonté, pour que
nous nous sentions tous frères. C’est cela que signifie l’Alliance. Et le
carême est la période où nous nous rappelons ces vieilles alliances de Dieu
pour que nous les vivions dans l’actualité des problèmes actuels, mais avec
l’esprit d’un Dieu qui nous surveille et qui espère l’accomplissement de nos
engagements. 04/03/79, p.180, VI.
2) Le Christ, clé de l’Alliance
La seconde lecture (I P 3,18-20)
définit un peu plus ce concept du Christ poussé par l’Esprit, parce que saint
Pierre nous dit : « Le Christ lui-même est mort une fois pour nos
péchés, juste pour des injustes, afin de nous mener à Dieu. Mis à mort selon la
chair, il a été vivifié selon l’Esprit. C’est en lui qu’il s’en alla même
prêcher aux esprits en prison, à ceux qui jadis avaient refusé de croire
lorsque se prolongeait la patience de Dieu, aux jours où Noé construisait l’Arche
dans laquelle un petit nombre, en tout, huit personnes, furent sauvĂ©es Ă
travers l’eau. »
Le Christ apparaît à son point
culminant dans les deux lectures du Nouveau Testament (I P 3,18-22 et Mc
1,12-15) d’aujourd’hui. Toutes ces alliances que Dieu réalisait avec le peuple
d’Israël n’étaient rien d’autre que des figures, des promesses, qui allaient
connaître leur accomplissement, leur réalisation dans la Rédemption que le
Christ allait effectuer. Le véritable arc-en-ciel, c’est les bras ouverts du
Christ sur la croix. La
véritable circoncision, dit saint Paul, c’est la foi des chrétiens dans le
Christ. Le véritable jour du Seigneur sera le culte que l’homme rend à son
Dieu. Les signes de l’Alliance, l’arc-en-ciel, la circoncision, le sabbat n’ont
pas de sens, si ce n’est dans le Christ qui les accomplit, et le Christ est la
réalisation de toutes les promesses de Dieu pour sauver le monde.
C’est pourquoi le Christ, entrant au
désert du carême pour habiter parmi les chacals et les fauves du désert, mais,
en même temps, comptant sur les anges qui le servent, c’est l’image d’une
Rédemption cosmique, d’un Christ qui maîtrise les fauves et qui se fait servir
par les anges, Il est le maître de toutes choses et Il va remettre toutes
choses à la véritable domination de Dieu.
Entrer avec le Christ dans le carĂŞme
cela veut dire aussi s’approprier toute la richesse de cette alliance du Christ
pour sauver le monde, pour collaborer avec le Christ dans le Salut de
l’Histoire. Son sang est l’Alliance nouvelle annoncée : sa mort et sa
résurrection. Lorsque le Christ, durant la dernière nuit de sa vie, va prendre
le pain et le calice pour nous laisser le souvenir de sa vie et de sa passion,
Il va nous dire : « Ceci est le calice de mon sang, sang de
l’Alliance. » Tout l’amour de Dieu est contenu dans ce calice; toute sa
réconciliation avec les hommes! Ce sang sera versé pour le pardon de tous les
pécheurs qui voudront se repentir.
Le carĂŞme est une actualisation des
alliances Ă©ternelles de Dieu, mais dans le Christ JĂ©sus. Le carĂŞme est un appel
Ă la
réconciliation. Entrer dans le carême seulement pour jeûner
et observer matériellement les lois ecclésiastiques du carême, cela n’a pas de
sens. L’Église mĂŞme peut ĂŞtre un empĂŞchement lorsque nous observons les lois Ă
la manière des pharisiens : pour l’apparence. Souvenez-vous de dimanche
dernier oĂą les disciples de Jean et les pharisiens qui tombaient dans ce
légalisme, critiquaient les disciples du Christ : « Nous jeûnons,
pourquoi ne le faites-vous pas? »
Et le Christ leur répond : C’est
l’esprit qui vivifie, non la
lettre. Pendant que le fiancé est dans la maison avec la
fiancée, les amis du fiancé ne jeûnent pas. C’est l’heure de la félicité, c’est
la présence du salut, c’est l’allégresse. Aussi austères et disciplinés que
soient les hommes, expiant et jeûnant, marchant à genoux jusqu’aux sanctuaires,
mais portant la haine dans leur cĹ“ur, gardant rancune, tout cela ne sert Ă
rien. La rénovation du Christ part de l’amour, de la fidélité au Seigneur.
C’est cela la véritable religion, c’est cela le Christ de l’Alliance, le Christ
de l’amour, le Christ de la réconciliation, le Christ de la bonté. 04/03/79,
p.180-181, VI.
3) Le baptĂŞme, insertion de notre vie
dans l’Alliance chrétienne
Comment se réalise notre alliance
avec Dieu que nous a donnée le Christ? Si le Christ mourut sur la Croix et
ressuscita il y a vingt siècles, comment puis-je participer, moi, pauvre humain
du vingtième siècle, à cette Rédemption d’il y a vingt siècles? L’arc-en-ciel
et le déluge, symbole du baptême qui actuellement nous sauve. Saint Pierre (I P
3,18-22) nous donne la réponse ce matin dans la seconde lecture lorsqu’il
évoque l’arc-en-ciel et le déluge. Il dit que cela n’était rien d’autre qu’un
signe. La réalité c’est cela, nous dit saint Pierre (I P 3,21-22) :
« Ce qui y correspond, c’est le baptême qui n’est pas l’enlèvement d’une
souillure charnelle, mais l’engagement à Dieu d’une bonne conscience par la
résurrection de Jésus Christ, Lui qui, passé au ciel, est à la droite de
Dieu. »
Le baptême est un élément
irremplaçable dans le carême. Pourquoi le carême du Christ est-il mon carême?
Parce que par mon baptême, je me suis incorporé au Christ, et tout ce que le
Christ fit devient mon mérite, cela se transpose au travers du baptême.
Pourquoi ai-je l’espérance que mes péchés, aussi grands qu’ils puissent être,
me seront pardonnés? Parce que le Christ mourut sur une croix pour payer mes
péchés, et ce mérite de la Croix est devenu mien ou tien, par la grâce du
baptême qui m’a incorporé à la mort du Christ.
Pourquoi est-ce que moi, mortel, je
sens que ma vie vieillit, que mes forces faiblissent et que je marche vers mon
sépulcre, ressentant tout le poids de la mortalité, de la limitation, de la
maladie, du péché? Comment puis-je espérer une vie éternelle, un ressuscité qui
ne meurt pas? Pour cela, parce que le baptĂŞme fit tien ce rajeunissement
éternel du Christ ressuscité, parce que la vie glorieuse du Christ est tienne
par le baptême. Tout le Christ est mien parce que je suis baptisé. Quelle
gloire est la nôtre, chers amis! Et c’est pour cela que le carême veut
réveiller dans le cœur de chaque chrétien sa conscience de baptisé.
Le mystère pascal
Pour qu’à Pâques nous sentions que le
mérite de la Croix et la joie de la résurrection deviennent le mérite et l’allégresse
de cette pauvre vie d’un marginal, d’un homme sans travail, d’un travailleur
volé et trompé ou, aussi, d’un patron qui est juste, et qui tente de vivre son
christianisme comme un véritable baptisé qui fait honneur à tous les membres de
l’Église, à ses travailleurs qui sont les membres de sa propre vie. Parce que
le Christ est la tête et pour tous les autres, il n’existe pas de catégorie
sociale. « Il n’y a plus de Grecs, ni de Juifs, ni d’esclaves, ni d’hommes
libres, il n’y a plus que des frères dans le Christ. » C’est fantastique
l’égalité que sème le baptême.
Par le baptĂŞme, nous sommes tous
égaux parce que nous sommes insérés dans le Christ. Par le baptême, nous sommes
tous égaux en catégorie, membres vivants des mérites du Christ et, si nous
valons quelque chose, ce n’est pour l’argent que nous possédons, pour les
talents ou les qualités humaines que nous avons. Si je vaux quelque chose dans
la mesure que je le vaille, c’est parce que je suis inséré dans la vie du
Christ, dans sa Croix, dans sa Résurrection. C’est cela la véritable mesure de
l’être humain. C’est pourquoi Paul VI disait, parlant de la promotion
humaine : « L’être humain ne vaut pas pour ce qu’il possède, mais
pour ce qu’il est. Et l’homme est, dans la mesure où il s’approprie la vie
divine que le Christ apporta au monde. MĂŞme les valeurs naturelles ne comptent
que lorsqu’elles sont incluses dans cette Rédemption apportée par le Christ.
Les valeurs humaines ne possèdent uniquement une valeur divine que lorsqu’on
les baptise dans le Christ et qu’on les incorpore à ses mérites divins. »
Nouveau Peuple de Dieu. C’est cela le
carême que nous devons vivre, chers frères, c’est pourquoi cela vaut la peine
de voir comment est ce Christ pendant ce carĂŞme. Parce que le Christ en carĂŞme
dans le désert n’est pas un personnage étranger à ma réalité. Le Christ du
carême de 1979, pour moi, Peuple de Dieu ici au Salvador, c’est mon Église, la
situation de mon peuple. C’est tout cela, le carême de 1979. 04/03/79,
p.181-182, VI.
Se priver de quelque chose, ce n’est
pas seulement donner de son superflu, non seulement donner ce que j’ai en trop,
mais donner également de mon nécessaire, comme la veuve de l’Évangile qui
savait que son aumône était accueillie de Dieu. Se priver de quelque chose, c’est
se libérer des servitudes d’une civilisation qui nous incite chaque fois
davantage à plus de commodités et à la consommation sans préoccupation aucune
de la préservation de notre environnement, patrimoine commun de l’humanité.
Nous sommes victimes d’une société de consommation, de luxe. Et nous consommons
ainsi parce que la publicité est terrible et nous achetons des choses au-dessus
de nos moyens. Nous voulons vivre dans le luxe, nous voulons consommer comme
les autres et nous devenons esclaves et victimes de cette consommation. Voyez
comment le carême rompt ces chaînes par son austérité. […] Le carême peut
ouvrir nos yeux à la misère des autres. 04/03/79, p.183, VI.