L’Église persécutée, Fête de sainte
Catherine d’Alexandrie
25 novembre 1977.
Frères, nous ne devons pas être
étonnés lorsque l’on parle de l’Église persécutée. Plusieurs se scandalisent et
disent que nous exagérons, qu’il n’y a pas de persécution dans l’Église … Mais
c’est là sa caractéristique historique d’être sans cesse persécutée. Sa
doctrine va à l’encontre de l’immoralité; elle dénonce les abus, elle enseigne
toujours le bien en attaquant le mal. C’est une doctrine fondée par le Christ
pour sanctifier les cœurs, pour rénover les sociétés. Et naturellement, lorsque
dans cette société, en son cœur, existe le péché, qu’il y a l’égoïsme, la pourriture,
l’envie et l’avarice, alors, le péché saute, comme le serpent lorsque l’on
tente de l’écraser, et il persécute celui qui tente d’anéantir le mal. C’est
pourquoi, lorsque l’Église est persécutée, c’est le signe qu’elle accomplit sa
mission. Elle chasse le péché du monde, et naturellement, le monde se lève
contre la bonté de l’Église pour la rejeter, la calomnier, la diffamer et la
discréditer de la même manière que cela se passe actuellement. Vous lisez les
journaux, ces espaces payés dans lesquels on insinue que l’Église est
responsable du malaise actuel. La télévision, la radio… Quelle campagne plus
infernale contre l’Église! C’est le péché qui surgit contre le Règne de Dieu
qui essaie de s’implanter.
C’était ainsi à l’époque de Catherine
d’Alexandrie, lorsque la simplicité de l’Évangile, des paraboles, enseignait la
bonté des cœurs et réclamait la conversion des pécheurs. Naturellement,
l’Empire romain, l’empereur Maxime, qui selon la théorie des empereurs, était
un dieu vivant, voulait être adoré en tant que tel. Les chrétiens ne pouvaient
adorer d’autres dieux que l’unique Dieu véritable et lorsque qu’un gouvernement,
peu importe son nom - mais à cette époque il s’agissait de l’empereur Maxime - voulait
être adoré, l’Église, la catholique disait : « Non. Nous n’avons
qu’un unique Seigneur, un Dieu, Christ notre Seigneur. » Alors les faux
dieux persécutaient ceux qui ne les adoraient pas. C’est ainsi que ces
persécutions atteignirent leur sommet, que surgit cette glorieuse multitude
d’hommes et de femmes qu’on nomme les martyrs.
Une de ces femmes martyres est notre
patronne, chers frères d’Apopa. Sainte Catherine était sage de cette sagesse de
son environnement chrétien, car profondément chrétienne, elle ne pouvait
échapper à cette persécution. Elle fut amenée devant les tribunaux. Elle fut
flattée, parce qu’en premier la persécution cherche à plaire, à domestiquer, et
lorsque quelqu’un se soumet devant ces flatteries, il n’est plus nécessaire de
le persécuter; il est déjà vaincu. C’est pourquoi, faites bien attention, chers
frères, ne vous laissez pas séduire. Lorsque la flatterie vient du péché,
lorsqu’il s’agit de ne pas déranger, de ne pas faire d’efforts, d’être bien, de
s’installer commodément sur la Terre, cela est mal, parce qu’alors celui-là s’est
également fait persécuteur.
Catherine ne se laissa pas
domestiquer par les flatteries. Commença alors la seconde étape, les menaces… Des
menaces terribles et, d’une manière très subtile, la discussion scientifique.
Observez bien comment Dieu entre dans le cœur humain par ses propres
chemins : par la sagesse parmi les sages, par la simplicité parmi les
simples. Catherine était sage, très intelligente. Dieu entra en elle par la
voie de la sagesse, et son martyrologue nous raconte que l’empereur lui dit :
« Va discuter avec les sages de l’Empire. » Et on l’amena devant les
philosophes qui étaient les conseillers, les sages d’Alexandrie.
Catherine se retrouva donc au milieu
de ces sages qui tentèrent de faire objection à ses croyances…Ces sages qui
tentèrent de lui arracher de l’esprit l’idée de Dieu, qui tentèrent de tourner
au ridicule sa croyance en un Christ qui est Dieu et homme en même temps… Ces
sages qui tentèrent de lui enlever sa foi en une Église qui prétendait durer
jusqu’à la consommation des siècles. Et ils lui dirent : « Ne vois-tu
pas que tout cela est ridicule, qu’il n’existe pas de plus grande sagesse que
la science des hommes? Et encore,… que l’Empire t’offre de grands avantages si
tu renonces à ce credo ridicule des chrétiens. »
Catherine répondit à chacun de ses
adversaires, et elle les convainquit. La tradition nous raconte qu’au lieu de
la convaincre de renier le christianisme, elle convainquit les sages de se
faire chrétiens. Observez comment est la sagesse de Dieu… Comment est la science
lorsque Dieu l’illumine et lorsque les hommes l’écoutent avec la bonne volonté
dont vous faites preuve si aimablement en l’écoutant. J’espère que personne ne
m’écoute dans l’idée de voir en quoi je me trompe pour ensuite donner une
mauvaise information. Faites bien attention parce que celui qui vient Ă©couter
la Parole de Dieu avec méchanceté, avec la malice d’espionner, est déjà en
train de pervertir son cœur et Dieu peut le punir en le rejetant, en ne
l’admettant pas dans cette connaissance de la science divine. 25/11/77,
p.339-340, I-II.
Chacun porte la Parole
C’est une parole qui dit tout :
l’évangélisation, c’est-à -dire, apporter l’Évangile au foyer, au peuple,
partout. De quelle manière? Avec la force de la Parole et avec le témoignage de
la vie. Ce sont là les deux grands instruments de l’évangélisation. La force de
la Parole. La Parole est force. La Parole, lorsqu’elle n’est pas mensonge,
porte la force de la vérité. C’est pourquoi il y a tant de paroles qui n’ont
pas de force dans notre patrie, parce que ce sont des paroles mensongères; ce
sont des paroles qui ont perdu leur raison d’être. Oui la Parole existe
lorsqu’elle se fait le véhicule de la Vérité; alors la Parole est force. La
Parole est force lorsqu’elle porte une doctrine qui provient de Dieu, qui
apporte la Parole du Règne de Dieu.
Mais comment cette doctrine est-elle
vraie? C’est la doctrine que le Christ apporta : qu’il n’y a qu’un seul
Dieu, un Dieu qui nous a créés, et que ce Dieu envoya son Fils pour sauver le
monde; qu’il n’existe pas de Salut en dehors du Christ notre Rédempteur, et que
cette RĂ©demption du Christ est une RĂ©demption que nous attendons non seulement
après notre mort, mais c’est une Rédemption qui opère déjà dans cette vie. Et
la Parole qui en dérange plusieurs, la Libération, est une réalité de la
Rédemption du Christ. La Libération signifie la Rédemption des hommes, non
seulement après la mort mais dès ici-bas, pour leur dire :
« Conformez-vous pendant que vous vivez. »
Non, c’est une Libération qui est une
Rédemption qui veut libérer l’être humain de tant d’esclavages. Esclavage de l’analphabétisme.
Esclavage de la faim parce qu’on n’a pas le nécessaire pour s’acheter de la nourriture.
Esclavage du manque d’habitation… Ne pas avoir un endroit décent où vivre. Esclavage,
misère, tout cela va ensemble. Et lorsque l’Église prêche que le Christ est
venu racheter les hommes et que par cette force de RĂ©demption il ne doit plus
exister d’esclavage sur la Terre, l’Église ne prêche pas la subversion, ni ne
fait de la politique, ni n’est communiste. L’Église prêche la véritable Rédemption
du Christ qui ne veut pas d’esclaves, qui veut que les hommes et les femmes
soient rachetés, que riches et pauvres, nous nous aimions comme des frères, que
la Libération doit atteindre toutes les situations afin qu’il n’existe plus
aucun esclavage en ce monde. Aucun homme ne doit être l’esclave d’un autre ni
du péché du monde. C’est cela, le contenu de la Révélation, de cette doctrine,
de cette évangélisation. Et l’Église continue de prêcher que ce Règne de Dieu
qu’enseigne l’évangélisation, veut arriver à former la communauté. 25/11/77,
p.342-343, I-II.
L’Évangélisation forme la communauté
Frères, si l’évangélisation ne se
termine pas en formant une communauté, elle n’est pas complète. L’évangélisation
qui s’accomplit dans la communauté signifie que celui qui croit en Jésus-Christ
et en sa RĂ©demption, qui croit en Dieu, au Salut Ă©ternel et temporel, doit
partager sa foi avec d’autres gens. Ces gens qui croient à la même chose,
forment la communauté : communauté de foi, communauté d’amour, communauté
de rachetés. C’est ce que fait l’Église sur la Terre. C’est pourquoi, mes
frères, lorsqu’il est question de disperser les communautés, lorsqu’on sème la
terreur parmi ceux qui prĂŞchent la Parole de Dieu et parmi ceux qui se
réunissent pour la méditer, on persécute l’Église. Nous avons le droit de nous
réunir pour nous compléter les uns les autres, pour nous aider dans notre
réflexion communautaire, pour que notre foi grandisse, pour que notre adoration
de Dieu soit plus profonde et plus authentique. Faire communauté c’est un
commandement du Christ : « Allez prêcher l’Évangile, réunissez tous
ceux qui partagent la même foi. » C’est cela, l’Église : la réunion,
la convocation de tous ceux qui croient en un seul Dieu et en un Christ
Rédempteur. Et cette communauté manifeste que le Christ est sa vie et qu’Il réalise
au sein de cette communauté, des gestes qui rendent présente sa Rédemption au
milieu de nous. C’est ce que nous appelons les sacrements. 25/11/77, p.343,
I-II.
Le Christ avec nous
Bienheureux le peuple, la communauté,
qui se réunit pour écouter son évêque, écouter son prêtre, parce qu’en ce
moment, il s’alimente non pas d’une parole d’homme, mais de la Parole de Dieu.
[…] Frères, l’Église est le Christ présent sur la Terre. Lorsque Catherine
d’Alexandrie appartenait à cette communauté d’Alexandrie, elle savait qu’elle
s’alimentait d’une doctrine qui donne une vie éternelle. Et sa mémoire
demeurera pour toujours, parce que tous ceux qui s’alimentent de la Parole
éternelle, immortalisent aussi leur âme. 25/11/77, p.344, I-II.