Le Message du Prophète

 

Vingtième dimanche du temps ordinaire; 14 août 1977; Lectures : Jérémie 38,4-6.8-10; Hébreux 12,1-4 : Luc 12,49-53.

 

 

Le secret du bonheur

 

La paix consiste à être en harmonie avec le plan de Dieu. Lorsqu’une vie, une famille, un peuple est en harmonie avec la volonté de Dieu, il existe une paix authentique. La paix authentique, et dans ma pastorale, je veux incorporer ce concept, c’est lorsque l’histoire des hommes reflète fidèlement l’Histoire du Salut. Il n’existe pas deux histoires. L’histoire des hommes, de tous et de chacun de ceux et celles qui forment la patrie, cette histoire n’est pas séparée de l’Histoire du Salut, du dessein de Dieu. C’est comme un projet que Dieu a, comme le projet que présente un architecte pour construire un édifice. Pendant qu’il construit sur ces lignes maîtresses, quelques ouvriers creusent des trous où bon leur semble, clouent des planches ailleurs, construisent selon leurs caprices, ainsi la réalisation de l’architecte est un échec. Il en est de même pour Dieu avec son Histoire du Salut, son projet qu’il a pour nous se perd lorsque les humains veulent construire le monde selon leurs caprices, selon leurs égoïsmes et non pas selon le projet de Dieu.

 

La paix consisterait alors à savoir ce que Dieu attend de cette société, ce que Dieu veut de ma vie, ce que Dieu veut de la république. C’est ce que devraient se demander les gouvernants, les constructeurs, et tous ceux qui peuvent changer les destinées de la patrie, avec leur argent, avec leur capacité politique, avec leur technique, et non plus se fier à leurs caprices. Comme de bons constructeurs, ils devraient être continuellement attentifs au plan architectural de cette patrie et la construire selon ces lignes directrices. Alors, il y a la paix. « La paix n’est pas, selon le Concile, l’absence de guerre. La paix n’est pas un équilibre de deux forces qui sont en conflit. La paix n’est sûrement pas le signe de la mort par répression lorsqu’on ne peut parler, la paix des cimetières. Â» La véritable paix est celle qui est basée sur la justice et l’équité dans le plan de Dieu qui nous a créés à son image et sa ressemblance, et nous a donné à tous, la capacité de construire le bien commun de la république. Ce n’est pas un petit groupe que Dieu a choisi, mais tous les Salvadoriens. Nous avons tous le droit de participer à notre propre destin, à notre propre bien commun. Il n’y a pas de place pour aucune exclusion. C’est le droit humain! 14/08/77, p.172-173, I-II.

 

 

Pourquoi la division?

 

Dans une famille de cinq, dit le Christ, deux seront contre trois et trois seront contre deux. Et jusque dans le plus intime : une fille avec sa mère ne sera pas d’accord, parce qu’une comprend et l’autre veut une paix fictive; et dans une société il y aura de la division tant que des esprits bornés à leur façon de penser selon leurs caprices, voudront construire une paix sur des bases d’injustice, sur l’égoïsme, sur la répression, sur les offenses aux droits humains. Ainsi, on ne construit pas la paix. 14/08/77, p.173, I-II.

 

 

Le prophète annonce le projet de Dieu

 

Le prophète doit déplaire à la société lorsque la société n’est pas avec Dieu. Et le prophète, lui, réclame. C’est ainsi que Jérémie se fâcha (Je 38,4-6.8-10). On ne le voulait pas. Voyez comment les accusations contre les prophètes de tous les temps sont les mêmes. Lorsqu’il dérange la conscience égoïste ou celle qui est contre le plan de Dieu, il faut l’éliminer, l’assassiner, le jeter à la fosse, le persécuter, ne pas le laisser dire cette parole qui dérange, mais le prophète ne peut pas dire autre chose. 14/08/77, p.174, I-II.

 

 

Les prophètes appellent à la conversion

 

C’est toujours pareil, mes frères, dénoncer le péché de la société, appeler les pécheurs à la conversion, c’est ce que fait aujourd’hui l’Église de San Salvador.

 

Pour son péché d’injustice sociale, que Jérémie dénonçait déjà, pour la sécurité religieuse que plusieurs gardaient dans leurs anciennes traditions sans les rénover, sans se fier à la volonté de Dieu, jusqu’aux prêtres furent déportés, parce qu’eux aussi furent serviles et annoncèrent des paroles trompeuses et flatteuses au roi, à l’armée, au peuple qui voulait continuer dans ses idolâtries. 14/08/77, p.175, I-II.

 

 

Les prophètes annonçaient aussi l’Espérance

 

Mais il y a une espérance, et c’est ici que se termine mon humble homélie, commentant cette Parole d’aujourd’hui. Les prophètes annoncèrent des malheurs qui arrivèrent; mais ils annoncèrent également une espérance. Au milieu des lamentations, Jérémie annonça que ce peuple, déjà corrigé, retournerait; et il dit une chose très belle pour les persécutés. Il mettait son espérance justement dans les expatriés, dans les déportés, ce reste d’Israël qui laissa également quelques exemplaires en Palestine, hommes fidèles qui écoutaient sa parole. Ils étaient l’espérance que ce message ne tombait pas dans le vide. Je sens, mes frères, une grande espérance, parce que je sais que cette parole de l’homélie dominicale entre dans beaucoup de cœurs. 14/08/77, p.175-176, I-II.