Christ, manifestation de Dieu et de
l’homme. L’Église, manifestation du Christ
Noël, 25 décembre 1977;
Lectures : IsaĂŻe 52,7-10; HĂ©breux 1,1-6; Jean 1,1-18.
Prolonger l’Incarnation
Mais l’Église qui prolonge
l’Incarnation du Dieu fait homme, ne peut faire abstraction de l’histoire.
Depuis l’instant où Dieu a assumé l’humanité, Il a laissé à l’Église cette
mission de conduire l’humanitĂ© vers Lui. L’Église qui continue sa marche Ă
travers l’histoire ne peut ignorer les circonstances dans lesquelles a lieu
cette Incarnation. C’est pourquoi, mes frères, ces nouvelles dans lesquelles je
rapporte les faits les plus saillants de la semaine, je ne fais pas cela dans
le but de faire de mon homélie un radio-journal. N’importe quel instrument de
communication sociale peut le faire bien mieux que moi. Je le fais simplement
pour vous dire à tous que cette heure, que Noël 1977, étant la Noël éternelle
du Christ, est vécue ici dans des circonstances que nous ne pouvons ignorer.
25/12/77, p.93-94, III.
Le Christ, Révélation de l’homme
Le no 22 du document « Gaudium
et Spes », autrement dit, celui qui porte sur le dialogue de l’Église avec
le monde actuel, rédigé par le Concile Vatican II. Ce numéro nous dit que le
mystère de l’être humain ne peut être déchiffré si ce n’est en Jésus-Christ. Le
Christ révèle l’homme à lui-même. Sans le Christ, l’homme est une absurdité.
Quel sens a ma vie? D’où est-ce que je viens? Où est-ce que je vais? Quel sens
possède mon intelligence, ma capacité d’aimer, d’être libre? Que signifient
tous ces biens que Dieu a mis sous mes pieds? Quand quelqu’un oublie le Christ,
il convertit toutes ses capacités humaines : intelligence, liberté, amour,
capacité de dominer, d’organiser la terre, en un système d’oppression,
d’esclavage, de haine, de vengeance. Lorsque le péché souille ce portrait de
Dieu qu’est l’homme, il n’y a rien de plus horrible. Mais lorsqu’en
Jésus-Christ nous redécouvrons ce qu’est l’être humain, nous comprenons ce que
saint Paul nous a dit dans son épître aux Hébreux (1,1-6). 25/12/77, p. 98-99,
III.
L’être humain est marqué du sceau de
Dieu
L’empreinte c’est le sceau. Un sceau
que l’on imprime sur un papier reproduit la même image que le sceau. Cette
image du sceau est le Christ, le sceau de Dieu. Il a marqué l’image de Dieu et,
quand Celui-ci dit « faisons l’homme à notre image », Il veut signifier
par cela que l’homme soit notre empreinte, notre marque sur la création. Par ce
sceau uniquement, nous saurons s’il est authentique lorsque nous le comparerons
à l’original de Dieu, le Verbe qui s’est fait chair et en qui se reflète
l’essence divine fait homme. C’est l’homme parfait, l’homme des vertus
humaines, chrétiennes, célestes dans lequel chacun doit se refléter s’il veut
être digne de sa dignité d’enfant de Dieu. L’humain ne rencontre pas le sens de
sa vocation en dehors du Christ qui dit : « Je suis venu non pas pour
faire ma volonté, mais celle de mon Père qui m’a envoyé. »
L’homme ou la femme, ne rencontrent
pas d’autre raison de leur bonheur et de leur être sinon en reflétant le chant
des anges en cette nuit : « Gloire à Dieu ». Ma vie doit être
pour la gloire de Dieu. Je n’ai pas à rechercher mes propres avantages
politiques ou économiques ou sociaux, cela est très secondaire. Ce que je dois
rechercher, c’est que le lieu où se déroule ma vie, avec ses relations
politiques ou économiques ou sociales, reflète la gloire de Dieu. Au milieu de
ma pauvreté et de ma misère, de mon oppression, de ma captivité je ne dois
jamais oublier que je suis l’empreinte, l’image de Dieu.
Vous comprenez maintenant, mes
frères, pourquoi l’Église est si jalouse des droits humains, de la dignité et
de la liberté de la personne humaine. Elle crie comme une mère qui sent que
l’on maltraite son enfant, lorsqu’elle voit que l’on outrage les images de Dieu
qu’elle doit rendre à leur beauté originale. C’est pour cela que Dieu a chargé
l’Église du prolongement de cette empreinte de Dieu, de ce sceau du Seigneur.
Comprenons alors, frères, notre propre dignité.
Nous avons lu aujourd’hui ce précieux
document du Concile, que le Dieu fait homme travailla avec des mains d’hommes,
pensa avec des facultés humaines, aima avec un cœur d’homme et depuis ce temps
je peux dire : mon cœur d’homme est déjà un cœur de Dieu, mon esprit
d’humain peut s’élever à la catégorie de Dieu parce que ce Dieu qui est venu
pour m’apporter la vie divine, quand Il se fit homme, voulu m’enseigner comment
me servir de mon corps, de mes mains, de mes pieds. 25/12/77, p. 99-100, III.