Le Divin Sauveur du monde a les Paroles de la Vie Ă©ternelle

 

Vingt-et-unième dimanche du temps ordinaire; 26 aoĂ»t 1979; Lectures : JosuĂ© 24,1-2a. 15-17.18b; ÉphĂ©siens 5,21-32; Jean 6,61-70.

 

 

Introduction : Ambiance de tempĂŞte et de confusion

 

Il y a des moments où la tourmente de l’Histoire devient gigantesque et crée de la confusion, des angoisses, du découragement, du pessimisme. Jusqu’à certains pasteurs qui devraient être signe de tranquillité, de sécurité et d’orientation, se montrent aussi désorientés comme si la foi leur manquait. Il y a de la violence, il y a des désordres et des vices également. Il y a aussi l’honneur de ceux qui se croient bons parce qu’ils ne commettent aucun mal, en oubliant qu’être bon ce n’est pas quelque chose de négatif, mais faire tout le bien qu’on peut. Enfin, il y a une ambiance de tempête, de confusion.

 

 

Il existe une voix de calme et de lumière.

 

On entend parfois : « Il n’y a plus de Salut! Â» « Notre histoire est une impasse! Â» Frères, devant ce pessimisme et cette dĂ©sorientation, grâce Ă  Dieu, nous, les chrĂ©tiens, pouvons compter sur une voix qui s’est fait entendre tout au long de ce mois d’aoĂ»t : « Celui-ci est mon Fils bien-aimĂ©, Ă©coutez-le! Â» Il a les Paroles de la Vie Éternelle, nous dit l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 6,61-70). C’est une voix de calme et de lumière. C’est comme lorsque quelqu’un sait qu’au-delĂ  des nuages de pluie, il y a un ciel clair oĂą le soleil brille et que cette averse doit passer. Et les nuages passeront et ce ciel et ce soleil brilleront. Ayons foi!

 

 

Résumé des lectures des quatre dimanches antérieurs

 

A) Tout provient d’un Ă©vĂ©nement : la multiplication des pains. Les hommes se sont contentĂ©s d’avoir satisfait l’appĂ©tit de leur estomac.

 

B) C’est une rĂ©flexion thĂ©ologique pour Celui qui connaĂ®t la vĂ©ritĂ© des choses et la vĂ©ritĂ© de Dieu : le MaĂ®tre de l’Histoire, JĂ©sus-Christ, la pierre fondamentale de tout ce qui existe. Il nous a dit : « En ce pain que vous avez vu multiplier, dĂ©couvrez le vĂ©ritable pain qui est descendu du Ciel pour donner la vie au monde. Â» C’est Lui. « Je suis le pain qui est descendu du Ciel pour donner la vie au monde. Â» Il nous a dit Ă©galement dans cette rĂ©flexion qu’Il est prĂ©sent avec sa chair clouĂ©e sur la croix pour sauver le monde et qu’Il est uni au Père Éternel pour nous donner la Vie Ă©ternelle. Il est la chair qui est donnĂ©e dans la messe et dans la communion qui est sa PrĂ©sence eucharistique dans notre Église.

 

C) Les trois conclusions de l’homĂ©lie d’aujourd’hui :

Après cet événement qui est interprété par le Christ dans une théologie qu’Il est le seul à pouvoir nous donner, le chapitre six de saint Jean conclue avec le passage qui a été lu aujourd’hui (61-70) et que nous pourrions qualifier comme étant les trois conclusions du sermon de Capharnaüm.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) « La Chair ne sert de rien. Â» (Jn 6,63)

2) « Seigneur, Ă  qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie Ă©ternelle. Â» (Jn 6,68)

3) Nécessité de solidariser la chair avec les Paroles de la vie éternelle

 

 

1) « La Chair ne sert de rien. Â» (Jn 6,63)

 

 

A) Cela ne signifie pas inutilité absolue, sinon incapacité de la vie naturelle pour atteindre la transcendance qui s’offre.

 

Analysons d’abord cette phrase du Christ qui est comme la conclusion de toute cette idĂ©e. « La chair ne sert de rien. Â» Nous ne devons pas entendre que le Christ proclame ici l’inutilitĂ© absolue de l’être humain, mais de l’impuissance, de l’impossibilitĂ© pour la chair, d’atteindre la Vie Ă©ternelle. C’est une considĂ©ration face Ă  la transcendance que Dieu seul possède et que la chair pour cette transcendance ne sert Ă  rien.

 

 

B) Il faut distinguer entre « la chair Â» de « ma chair Â»

 

Qu’est-ce que la chair? Nous avons dĂ©jĂ  fait cette analyse Ă  propos de ce discours en faisant la distinction entre ce que le Christ appelle : « Ma chair pour la vie du monde. Â» Nous avons dĂ©jĂ  dit qu’il s’agit d’une chair unie au sacrifice qui sauva le monde sur la croix et qui est unie, de manière vitale, au Dieu de la Vie Ă©ternelle. Cette chair du Christ est comme le vĂ©hicule qui nous donne le Salut et la Vie Ă©ternelle. Nous ne parlons pas de cette chair divine du Christ, lorsque nous parlons de ce qu’Il appelle « la chair Â» : les humains en gĂ©nĂ©ral, toute vie humaine. « La chair Â», c’est la descendance d’Adam (« l’homme terrestre Â»). C’est celle Ă  laquelle nous faisons rĂ©fĂ©rence actuellement, c’est la chair qui descend d’Adam et que saint Paul appelle « l’homme terrestre Â», celui qui a perdu sa grâce originelle.

 

 

Sens du péché originel

 

N’oublions pas que dans notre foi chrétienne, l’humanité remonte à un paradis perdu. Nous fûmes créés par Dieu en justice et en sainteté; mais nos premiers pères, en désobéissant au précepte de Dieu, perdirent cette justice et cette sainteté qui les avaient élevés à l’ordre de Dieu. Ils demeurèrent donc, comme nous enseigne la théologie, en état de nature déchue. Comme un aigle déplumé qui ressent l’envie de voler, mais il ne le peut plus. Comme un oiseau auquel on a coupé les ailes. C’est le péché originel. Souvent nous n’y pensons pas. Pensez que par cette faute originelle, l’être humain a perdu sa capacité de voler vers l’infini, sa capacité de s’affronter à la vie transcendante de Dieu et qu’il est demeuré privé de sa grâce!

 

Le pĂ©chĂ© de l’enfant qui naĂ®t n’est pas un pĂ©chĂ© personnel. Il ne peut pas pĂ©cher, il ne possède pas encore la volontĂ©, mais il naĂ®t privĂ© de quelque chose qu’il devrait avoir. Dieu voulait au dĂ©part que tout enfant qui naĂ®t naisse en justice et en grâce. Mais Ă  cause de la dĂ©sobĂ©issance de nos premiers parents, nous naissons privĂ©s de la grâce de Dieu. Ainsi comme si un homme favorisĂ© par son patron qui avait connu l’opportunitĂ© de bĂ©nĂ©ficier d’une ferme pour lui et toute sa famille. Tous ceux qui sont nĂ©s lĂ  devraient ĂŞtre heureux, mais Ă  cause d’une dĂ©sobĂ©issance, le patron dit au père de cette famille : « Retire-toi, parce que nous ne pouvons plus continuer ainsi. Â» Alors, les enfants qui naquirent en dehors de cette ferme ne sont pas coupables, mais ils naissent privĂ©s d’un privilège. La grâce est Ă©galement un privilège de l’homme que Dieu lui a enlevĂ©, c’est pourquoi nous naissons sans ce privilège. C’est ce que le Christ nomme : « la chair Â», l’homme dĂ©chu, l’homme sans grâce, sans justice, sans filiation divine.

 

Mais cette chair privée de la vie de Dieu a des capacités pour les choses de la Terre. Naturellement, le péché originel n’est pas quelque chose que nous pouvons percevoir d’une manière sensible. L’être humain, aujourd’hui tombé dans le péché originel, apparaîtrait semblable à ce qu’il est aujourd’hui s’il n’avait pas perdu la grâce. Cela veut dire que si la chair ne sert à rien en rapport à cet ordre divin perdu, elle est utile à plusieurs choses de la Terre.

 

 

C) Actualisation moderne

 

Je veux vous expliquer ici un courant moderne dont nous devons tenir compte pour comprendre la relation entre l’homme déchu et celui qui a été récupéré par la Rédemption du Christ. Déchu ou récupéré, aujourd’hui dans le monde, il existe un courant qui se nomme la sécularisation. Écoutez bien parce que je veux vous expliquer quelque chose dont vous devez tous tenir compte.

La sĂ©cularisation est ce courant qui propose l’autonomie des choses crĂ©Ă©es, mais en ouverture Ă  Dieu. Je le rĂ©pète : la sĂ©cularisation est le mot qui veut dĂ©finir cet Ă©tat de l’humanitĂ© actuelle, qui dĂ©fend que les choses de la Terre soient autonomes, mais qui, en mĂŞme temps, reconnaĂ®t la souverainetĂ© de Dieu. C’est le contraire de cet autre mot qui peut ĂŞtre confondu avec et qui se nomme « sĂ©cularisme. Â»

 

Le « sĂ©cularisme Â» est mauvais parce qu’il proclame l’autonomie des choses crĂ©Ă©es, mais en se fermant Ă  Dieu. Il dit : « Ici, Dieu n’a rien Ă  voir avec nous. Â» Voyez la grande diffĂ©rence! La sĂ©cularisation dit que les choses, les lois de la technique, les relations humaines, et ce que les humains font possèdent leurs propres lois. Nous pouvons dĂ©velopper ces choses sans demander Ă  Dieu pour chaque chose, mais en tenant compte de Lui.

 

Je vous ai rapportĂ© l’exclamation de ce scientifique qui prĂ©parait un voyage vers la lune et qui dit : « Tout ce que la technique pouvait faire a Ă©tĂ© fait. Ce voyage doit porter fruit, il ne nous reste plus maintenant qu’à recommander Ă  Dieu le succès de cette expĂ©dition. Â» Ça, c’est la vĂ©ritable sĂ©cularisation, autonomie de la science, autonomie de la technique, les hommes n’ont pas besoin de prier Dieu pour tout. Le Concile dit qu’auparavant on priait Dieu pour tout parce qu’on attendait de Lui beaucoup de choses que l’être humain n’était pas capable de faire par lui-mĂŞme. Cela est aussi un progrès de l’ère moderne. Aujourd’hui nous savons qu’il existe des engrais, des insecticides, du matĂ©riel que les humains ont inventĂ© et qui autrefois aurait Ă©tĂ© perçu comme miraculeux. Le miracle existe toujours parce que l’humain arrive Ă  une limite oĂą il ne peut faire plus. Mais, pendant qu’il marche vers cette limite, il est dans son propre domaine, autonome, c’est ce que nous appelons la sĂ©cularisation. L’homme a sĂ©cularisĂ©, c’est ce qu’il a fait de ce monde.

 

C’est ce que veut dire sĂ©culariser : saeculum. Le siècle, le monde a apportĂ© Ă  l’Histoire, par ses propres compĂ©tences, des choses qu’en inventant, lui donne toujours plus de pouvoir. Mais il demeurera toujours certain que plus l’être humain augmente son progrès, Dieu sera encore plus haut et plus vaste et qu’Il embrassera l’humanitĂ© dans toutes ses dimensions. Plus l’humain dĂ©veloppera sa personnalitĂ©, plus il rendra gloire Ă  Dieu! Dieu sera toujours le Seigneur de l’Homme, le Seigneur de la technique, le Seigneur de l’Histoire. C’est pourquoi quand le Christ dit : « La chair ne sert Ă  rien. Â» Il ne se mĂŞle pas du domaine de la sĂ©cularisation, sinon qu’Il dit Ă  l’humanitĂ© de ne pas se fermer Ă  l’Absolu.

 

Nous avons dans les lectures d’aujourd’hui de beaux exemples de sécularisation.

 

 

Perspectives temporelles de l’Ancien Testament

 

La première lecture d’aujourd’hui (JosuĂ© 24,1-2a. 15-17.18b) n’envisage que des perspectives du prĂ©sent. L’absolu, l’éternel, la vie intime de Dieu ne s’était pas encore rĂ©vĂ©lĂ©e dans toute sa magnitude. C’est pourquoi l’homme de l’Ancien Testament faisait consister le bonheur dans les biens de la Terre : Ă  avoir plus, Ă  ĂŞtre libĂ©rĂ© d’Égypte, Ă  marcher vers une terre promise. Mais pour nous, chrĂ©tiens, nous savons que tout ceci advient comme signe qui nous indique l’existence de la Vie Ă©ternelle qui est la vĂ©ritable Terre promise.

 

Le mariage vu sous son aspect temporel sans nier son mystère divin

Dans la seconde lecture d’aujourd’hui (Ep 5,21-32), il est question du mariage. Il m’apparaĂ®t important, chers frères, chères sĹ“urs, couples mariĂ©s, que vous ayez ces deux perspectives du mariage. Une perspective de sĂ©cularisation en reconnaissant les vĂ©ritables valeurs humaines que votre mariage possède, mais en demeurant ouvert au signe de l’infini. Saint Paul nous dit : « Le mariage possède une signification divine. Â» Il y a une autre perspective de sĂ©cularisme : il y a ceux qui ne dĂ©couvrent pas ce mystère divin et qui vivent leur mariage de manière uniquement sĂ©culière. Ils vivent leur mariage uniquement comme une chose humaine, comme un contrat entre un homme et une femme, au plus, avec un amour d’homme et de femme, mais non pas Ă©levĂ© vers la transcendance.

 

Très chers frères, il vous faut être un signe, comme fils et fille de Dieu, qui sache refléter dans le monde l’Amour infini de Dieu. L’Amour avec lequel le Christ aime son Église. Puissent, Dieu, tous les couples découvrir, à l’intérieur de l’autonomie que leur mariage possède, la transcendance de sa signification, afin que le mari soit respecté comme une véritable figure du Christ. Que lui incombe la responsabilité de celui qui donne sa vie pour son épouse jusqu’à mourir sur la croix. Qu’on sache reconnaître dans l’épouse le signe d’une Église fidèle au Seigneur, malgré les martyrs et les persécutions, elle donne aussi son sang pour Lui. Quand le mariage se transformera, qu’il transcendera ses lois séculières, il prendra toute sa merveilleuse dimension. Mais tant qu’il ne découvrira pas cette dimension divine, le mariage courra le risque de se défaire comme toute chose humaine.

 

Si nous nous demandons pourquoi tant de mariages se brisent? Pourquoi tant de familles sont-elles démembrées? La base est ici. Ils n’ont pas su compter sur l’Absolu, ils n’ont pas pensé qu’ils avaient une mission transcendante sur la Terre et ils n’ont tenté de vivre que la dimension humaine des choses. Ils ont oublié de prier, de se tourner vers Dieu et de refléter dans le monde l’image de Dieu que tout couple doit refléter. La chair ne sert de rien.

 

Le pain de la multiplication vu uniquement pour rassasier la faim du corps, mais le Christ l’élève dans ses rĂ©flexions de vie Ă©ternelle. Dans l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 6,61-70), nous rencontrons surtout des signes de cette immanence. Cette chose de la Terre oĂą les hommes ne se fient qu’à ce qu’ils voient, sans que leur pensĂ©e transcende vers la signification du signe divin. Le Christ l’a dit : « Vous me cherchez parce que Je vous ai donnĂ© du pain pour remplir votre estomac. Ne recherchez pas le pain qui pĂ©rit, cherchez le pain de la vie Ă©ternelle. Â» Le pain du dĂ©sert Ă©tait ambigu. Pour l’homme qui ne transcende pas, pour celui qui se ferme Ă  l’Absolu, il suffit d’avoir du pain. Du pain pour son ventre, de l’argent pour sa bourse, des choses pour jouir de la vie sur Terre. Mais pour l’homme qui pense comme JĂ©sus-Christ, il Ă©lève le pain qu’il mange. Pendant qu’il mâche sa nourriture, il l’élève vers le Seigneur qui nous donne un aliment qui ne pĂ©rit pas.

 

 

La manne… signe du pain qui donne l’immortalité

 

Le Christ rappelle la manne (Jn 6,49) : « Vos pères dans le dĂ©sert ont mangĂ© la manne et sont morts. Â» Il ne donnait pas l’immortalitĂ©. Le pain que Je vous donnerai donnera l’immortalitĂ© Ă  celui qui le mange avec foi, Ă  celui qui accepte JĂ©sus-Christ.

 

La sĂ©cularisation doit ĂŞtre respectĂ©e parce que les hommes ont l’obligation de dĂ©couvrir les merveilles de Dieu. Quand ces savants et ces techniciens dĂ©couvrirent dans leurs mathĂ©matiques et dans les forces physiques des Ă©lĂ©ments, des combustibles ayant la puissance pour se lancer dans un voyage aussi aventurĂ© que celui Ă  la lune, ils ne fabriquèrent pas l’énergie qui les emporta. Les hommes ne créèrent pas les mathĂ©matiques de leurs calculs, ils ne firent que dĂ©couvrir ce que Dieu avait prĂ©parĂ© pour que l’humanitĂ© le dĂ©couvre. C’est ce qui s’appelle la sĂ©cularisation. « Tout est lĂ , dit Dieu, possĂ©dez la Terre et gouvernez-la. Â» Lorsque les ingĂ©nieurs construisent des routes qui semblent impossibles au travers les monts et les falaises, ils dominent la Terre. Lorsqu’ils Ă©lèvent des Ă©difices très Ă©levĂ©s, ils dominent la matière. C’est cela, l’être humain, image de Dieu, qui construit avec Dieu le Père pour rendre plus belle, mieux organisĂ©e et plus magnifique la vie. C’est cela la sĂ©cularisation, lorsque l’homme travaille comme si tout dĂ©pendait de lui, mais en priant comme si tout dĂ©pendait de Dieu.

 

Au contraire, le sĂ©cularisme est un pĂ©chĂ©. Le sĂ©cularisme, c’est se fermer Ă  Dieu, c’est la position stupide de l’athĂ©e qui dit : « Je ne crois pas en Dieu. Â» D’autant plus stupide lorsque plus savant il est, parce qu’aussi savant que soit un homme, la vĂ©ritable connaissance devrait l’amener Ă  s’attacher Ă  ce Dieu que les plus humbles acceptent par la foi, par un chemin très simple : « Je crois en Dieu. Â» Le savant Ă©galement, en dĂ©couvrant les lois de la technique, de son art, de sa science, parvient Ă  Dieu comme s’il y Ă©tait conduit par la main. Si un savant en vient Ă  dire dans une conclusion scientifique que Dieu n’existe pas, il apparaĂ®t semblable Ă  un Ă©lève auquel son professeur a soumis un problème. Il ne parvient pas Ă  le rĂ©soudre et son maĂ®tre lui dit : « Refais ce problème il n’est pas bon. Â» Dieu devrait Ă©galement dire Ă  tous les athĂ©es : « Tu te crois savant, universitaire, professionnel, homme de sciences capable de te moquer de la vieille femme qui prie parce que tu ne crois plus. Tu es dans l’erreur, toi, athĂ©e, tu es plus ignorant que la petite vieille. RĂ©vise Ă  nouveau ton problème religieux et tu dĂ©couvriras que Dieu existe, le Dieu des mathĂ©matiques, le Dieu de l’astronomie, le Dieu de la mĂ©decine, le Dieu du gĂ©nie, le Dieu de tout ce que l’humain peut inventer. Tu dois Le rencontrer si tu parviens Ă  rĂ©soudre ce problème scientifique, si ta sĂ©cularisation est vĂ©ritable. Mais tu as pĂ©chĂ© en devenant “sĂ©culariste”. Â» Celui-ci se renferme sur cette vie, sur ce siècle et sur ce monde en disant : « Ici, Dieu n’a rien Ă  faire. Â»

Nous rencontrons dans les lectures d’aujourd’hui un exemple de ce sécularisme.

 

 

Les idolâtries d’Égypte et de Canaan

 

Que nous dit la première lecture (Jo 24,1-2a. 15-17; 18b)? Il est beau de voir JosuĂ© en train de conduire le peuple qui entre dans la Terre promise, parce que MoĂŻse mourut peu avant d’y arriver et qu’il commanda Ă  JosuĂ© d’achever son Ĺ“uvre. En entrant dans ces villages cananĂ©ens oĂą l’on adorait de faux dieux, JosuĂ© dit Ă  son peuple (24,17 et 18b) : « YahvĂ© notre Dieu est celui qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, de la maison de servitude, qui devant nos yeux a opĂ©rĂ© ces grands signes et nous a gardĂ©s tout au long du chemin que nous avons parcouru et les Ă©preuves Ă  travers lesquelles nous avons passĂ©es. Nous aussi, nous servirons YahvĂ©, car c’est lui notre Dieu. Â» Ici, il y a beaucoup de faux dieux, je ne sais pas si vous voudrez adorer Ă  nouveau les dieux d’Égypte et de Canaan ou le Dieu vĂ©ritable. Moi et ma famille, nous allons adorer l’unique Seigneur, le Dieu qui a fait des merveilles, qui nous a libĂ©rĂ©s d’Égypte et les IsraĂ©lites rĂ©pondirent Ă  JosuĂ© (24,24) : « C’est YahvĂ© notre Dieu que nous servirons, c’est Ă  sa voix que nous obĂ©irons. Â»

 

On dĂ©nonce ici l’existence du « sĂ©cularisme Â». Tous ceux qui adorent une idole sont athĂ©es du Dieu vĂ©ritable, sont des disciples du « sĂ©cularisme Â», sont fermĂ©s Ă  la transcendance du Dieu vĂ©ritable. L’idolâtrie n’est pas un souvenir de ces siècles, elles existent Ă©galement de nos jours. JosuĂ© pourrait revenir pour demander aux Salvadoriens, Ă  la sociĂ©tĂ© salvadorienne, aux politiciens et nous dire : « Il y a de nombreuses idoles en ce pays : idole de l’argent, idole politique, idole de l’organisation, idole de la chair, du vice, de l’alcool, de la drogue. Combien d’idoles! Si vous voulez ĂŞtre de vĂ©ritables chrĂ©tiens, vous devez dire oui au Dieu vĂ©ritable. Â» Il n’existe qu’un Dieu et il faut cesser d’adorer ces fausses idoles. Et parce que l’Église, comme JosuĂ©, proclame l’existence d’un unique Seigneur, les idolâtres se fâchent et ils ne veulent pas qu’on dĂ©range leur fausse adoration. Mais l’Église n’accomplirait pas son devoir si elle se solidarisait avec les idolâtres et qu’elle n’indiquait au vrai peuple qui dĂ©sire rencontrer l’Évangile, qu’il n’existe qu’un seul Seigneur et que Lui seul devons servir. Nous l’adorons parce qu’il est le Seigneur qui est en train de sauver notre patrie.

 

Le mariage d’aujourd’hui est un pĂ©chĂ© lorsqu’il se croit un absolu et qu’il se superpose aux lois de Dieu. Dans la seconde lecture (Ep 5,21-32), oĂą nous revenons encore au mariage, il est question du danger de vouloir faire un absolu du mariage qui devient alors un signe charnel et non plus divin. Je crois que la raison de la crise que vivent plusieurs couples se trouve ici. Ils se sont renfermĂ©s sur l’unique dimension sexuelle du mariage. C’est ainsi que s’expliquent les campagnes honteuses pour les contraceptifs, l’avortement, le plaisir de l’homme et de la femme, sans penser que l’absolu du mariage ne se trouve pas dans la sexualitĂ©, ni dans la chair. « La chair ne sert Ă  rien Â», dit le Christ, la chair ne sert qu’à donner un sens du divin. Le couple qui a fait du plaisir son seul dieu et auquel il sacrifie la fĂ©conditĂ©, l’honorabilitĂ©, la puretĂ©, la saintetĂ© du mariage, est en train d’idolâtrer et de souiller une loi du Seigneur. C’est un mariage « sĂ©culariste Â», c’est un mariage fermĂ© Ă  l’absolu. Tout autant que l’on prie, si on ne prie pas avec la conscience de s’ouvrir Ă  Dieu et d’obĂ©ir Ă  ses lois jusque dans l’intimitĂ© du mariage, on ne peut pas se dire un vĂ©ritable adorateur du Seigneur. C’est un exemple d’une « absolutisation Â», d’un « sĂ©cularisme Â» effroyable, qui fait beaucoup de mal parmi nous.

 

 

Le rejet du Christ… le doute… la trahison de Judas

 

L’Évangile d’aujourd’hui (Jn 6,61-70) nous parle du cas du « sĂ©cularisme Â», de la fermeture au divin quand le Christ se sent rejetĂ©. L’Évangile d’aujourd’hui est triste. Après les très belles rĂ©vĂ©lations du Christ, Il aurait pu s’attendre Ă  ĂŞtre acclamĂ© de tout le peuple qui Le suivait. Cependant, le Christ court maintenant le risque de demeurer seul. Lorsqu’on prĂŞche la vĂ©ritĂ©, on court le risque de demeurer seul. « Ils commencèrent Ă  s’en aller, Â» nous dit le passage de l’Évangile. Ses disciples s’en allaient. Et lorsqu’il n’y eut plus que les douze, le Christ leur demanda Ă  eux aussi (Jn 6,67) : « Voulez-vous partir vous aussi? Â» C’est la crise. C’est prĂ©cisĂ©ment en cette heure de crise qu’apparaĂ®t la raison pour laquelle les hommes s’écartent du Christ. Parce que son enseignement ne correspond pas Ă  nos caprices. Ah!, disaient-ils, nous attendions un Messie politique! Ah! nous voulions un messie qui nous donnerait toujours du pain qui alimente l’estomac! Nous le suivions pour des motifs physiques, matĂ©riels, mais tout s’est Ă©croulĂ©. (Jn 6,60) : « Elle est dure, cette parole! Qui peut l’écouter? Â» nous dit l’Évangile. « Et ils murmuraient Ă  ce propos. Â»

 

La critique est toujours le pain de la prĂ©dication du vĂ©ritable Évangile et le Christ ne se dĂ©dit pas devant ce rejet, devant ce doute qui s’expose Ă  Lui, devant mĂŞme la trahison de Judas qui prĂ©fère trente pièces d’argent Ă  l’amitiĂ© du Seigneur. Le Christ est rĂ©solu Ă  demeurer seul. Non pas seul puisqu’Il demeure avec son Père qui est le principal, seul avec Dieu. C’est la seule chose qui vaut. Il prĂŞche Ă  partir de Dieu et celui qui voudra suivre la vĂ©ritĂ©, sera avec Dieu. C’est pourquoi le Christ demande (6,67-68) : « Voulez-vous partir vous aussi? Â» La rĂ©ponse de Pierre nous oriente : « Seigneur, Ă  qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie Ă©ternelle. Â» Les idoles que les autres suivent demeurent ici quand les hommes meurent, les idoles trahissent. Il n’y a pas pire chose qu’un politicien dĂ©chu, qu’un riche ruinĂ©, quand les idoles les ont abandonnĂ©s. Comme il est triste de penser au prĂ©sident du Nicaragua qui ne trouve pas aujourd’hui de pays pour l’accueillir. Comme est triste la dĂ©chĂ©ance de celui qui adorait un dieu qui ne pouvait pas le sauver! Ă€ quoi servent tout l’argent et tout le pouvoir Ă  l’heure de la mort? « Seul Toi, Seigneur, possède les paroles de la vie Ă©ternelle. Â» […]

 

« La chair ne sert de rien. Â» Comme est juste cette parole du Seigneur. Lorsque la chair oublie l’esprit, la raison, la justice, la paix, lorsque le « sĂ©cularisme Â» enferme les hommes dans les idolâtries de l’avoir, du pouvoir, de la rĂ©pression du peuple, le monde devient un enfer parce qu’il ne s’ouvre pas au Ciel, qui est le Règne de Dieu. C’est alors la mission de l’Église de proclamer ce Règne de Dieu dont a tant besoin notre peuple. « La chair ne sert de rien. Â» C’est pourquoi il existe autant de situations de pĂ©chĂ©. Les cadavres putrĂ©fiĂ©s, torturĂ©s, dĂ©pecĂ©s, que nous rencontrons sur tous les chemins, dans les vallĂ©es et sur les montagnes de notre patrie, sont le signe qu’au Salvador nous avons oubliĂ© cette parole du Christ. Ils sont le signe d’une chair qui ne sert de rien parce que la chair se dĂ©fait quand l’esprit s’en va. Donnons sens Ă  notre corps et Ă  notre ĂŞtre en recherchant ce qui est la suite de notre rĂ©flexion. 26/08/79, p.192-199 et p.202-203, VII.

 

 

2) « Seigneur, Ă  qui irons-nous? Tu as les paroles de la vie Ă©ternelle. Â» (Jn 6,68)

 

 

A) Il proclame la transcendance du Christ et de son message

 

C’est la parole de Pierre Ă  JĂ©sus-Christ. Quand le Christ demande au collège apostolique : « Voulez-vous partir, vous aussi? Â» Pierre avec le courage d’un chrĂ©tien convaincu de sa foi dans le Christ, lui rĂ©pond : « Ă€ qui irons-nous? Tu as les Paroles de Vie Éternelle. Â» C’est la proclamation de la transcendance du Christ. Très chers frères et sĹ“urs, la vocation de l’homme et de la femme n’est pas complète, pour autant de bonheur qu’il parvienne Ă  vivre sur cette Terre, s’il ne parvient pas Ă  sa vocation Ă  la transcendance, s’il ne parvient pas au dialogue avec Dieu, Ă  l’intimitĂ© avec le Seigneur. « Tu nous as fait pour Toi, disait saint Augustin, et notre cĹ“ur demeure inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi. Â»

 

 

Origine transcendante

 

C’est ici que le Divin Sauveur du monde proclame, dans l’Évangile d’aujourd’hui, ce que signifie sa prĂ©sence au milieu de l’Histoire. Lorsqu’on murmure dans son dos et qu’on le critique, Il dit cette parole (Jn 6,61-62) : « Cela vous scandalise? Et que ferez-vous quand vous verrez le Fils de l’Homme monter lĂ  oĂą il Ă©tait auparavant? Â» C’est la première proclamation de la transcendance du Christ : « Je suis venu d’en haut, vous ne comprendrez pas tant que Je serai avec vous. Vous ĂŞtes incapables de comprendre jusqu’à ce que Je retourne vers mon origine divine. Â» Pour le chrĂ©tien qui a la foi, il sait qu’il croit en un Christ qui vit dans l’éternitĂ©. Il croit que le pain qui inspire l’Église et qui alimente, c’est la transcendance du Christ.

 

 

« Mes paroles sont esprit et vie. Â»

 

Le Christ poursuit en faisant une seconde proclamation de sa divinitĂ© (Jn 6,63) : « C’est l’Esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Â» Le Christ est l’Esprit qui donne la vie : « Les Paroles que je vous ai dites sont Esprit et elles sont vie. Â» Que veut dire saint Jean avec ces mots si mystiques et si profonds? Le Christ est l’Oint de l’Esprit saint, le Christ est portĂ© par l’Esprit de Dieu. Toute sa chair est comme spiritualisĂ©e et en Ă©tant clouĂ©e sur la croix, elle sera, prĂ©cisĂ©ment, source de saintetĂ© et de grâce parce qu’elle est ointe par l’Esprit. Elle est vie parce qu’Il nous a apportĂ© la vie de Dieu. Celui qui mange de ce pain vivra parce que : « J’apporte les germes de la vie Ă©ternelle. Personne ne peut venir Ă  Moi si ce n’est le Père qui l’y conduit. Â»

 

Personne ne peut aller au Christ si ce n’est le Père qui l’y conduit, seulement par la foi en la transcendance. Très chers frères, croire dans le Christ est une grâce très grande. Je ne voudrais pas que quelqu’un de ceux qui m’écoutent, doute du Christ, qu’il ne croit pas en Lui. Cela me ferait beaucoup de peine que cela ne lui ait pas Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© par le Père. Et pourquoi ne se serait-Il pas rĂ©vĂ©lĂ©? La faute n’est pas de Dieu mais de la disponibilitĂ© du cĹ“ur humain. Tu ne veux pas cesser d’adorer tes idoles, c’est pourquoi le Dieu vĂ©ritable ne peut pas venir Ă  toi. C’est pourquoi l’Église te dit : convertis-toi! Laisse les vanitĂ©s, laisse les faux dieux et tu dĂ©couvriras la transcendance qui te rendra heureux. Personne ne peut venir au Père s’il ne dispose pas son cĹ“ur pour que le Père le remplisse du Christ.

 

 

Seul le Christ détient les Paroles de la transcendance.

 

La parole de Pierre est la plus belle proclamation de la transcendance chrĂ©tienne : « Seigneur, Ă  qui irions-nous? Toi seul as les paroles de la vie Ă©ternelle. Â»

 

 

B) Appel à tous ceux qui sont Église pour proclamer bien clairement cette transcendance sans laquelle on perd la force de la libération dont l’Église fait la promotion parmi les libérations terrestres.

 

Ă€ la lumière de cette rĂ©vĂ©lation de la transcendance du Christ qui nous rĂ©vèle le Dieu absolu, qu’il est merveilleux d’expliquer le dĂ©fi de JĂ©sus Ă  tout un peuple : « Vous connaissez dĂ©jĂ  le Dieu vĂ©ritable, mais vous connaissez Ă©galement les faux dieux. DĂ©cidez qui vous voulez adorer! Â»

 

Un appel ici Ă  l’intimitĂ© de l’Église. Si elle accomplit aujourd’hui dans la patrie la fonction de JĂ©sus, en indiquant l’unique Dieu vĂ©ritable et en mettant en garde contre les faux dieux, chers prĂŞtres, chères religieuses et religieux, institutions catholiques, communautĂ©s ecclĂ©siales, paroissiales et de base, tous ceux que nous appelons Église, s’il vous plaĂ®t!, qu’on distingue dans notre voix, la voix de la transcendance. Que ceux qui comme les juifs voudraient nous utiliser en faisant de nous des rois politiques de la Terre, rencontrent la rĂ©ponse catĂ©gorique du Christ : Il s’enfuit Ă  la montagne pour proclamer uniquement le Règne de Dieu qui est au-dessus de toute politique. Et si l’Église Ă©claire les rĂ©alitĂ©s de la Terre, qu’elle accompagne les membres des organisations politiques, qu’elle entre parfois dans les palais de la politique, elle ne doit jamais se confondre avec la politique de parti, mais toujours ĂŞtre la lumière qui Ă©claire et appuie le bon et dĂ©nonce le mal…

 

La voix de l’Église, pour ma part, j’ai tentĂ© de la rendre claire. Peut ĂŞtre ni suis-je pas parvenu parce qu’il existe beaucoup de mauvaise volontĂ©, beaucoup d’ignorance et d’idolâtrie et que l’idolâtre ne veut pas que l’on renverse son idole. Cependant, cette voix veut rĂ©clamer une fois encore, ce que je m’efforce de prĂŞcher : Ce Christ qui dit ne pas rechercher les biens de ce monde, mais le Salut. Cela me fait sourire lorsque j’entends dire que j’ai des prĂ©tentions au pouvoir. Quelle capacitĂ© aurais-je pour ĂŞtre un prĂ©sident ou un ministre? Dieu m’a appelĂ© pour ĂŞtre prĂŞtre et pour servir depuis l’Église, depuis mon sacerdoce.

 

Hier, un journaliste de la tĂ©lĂ©vision mexicaine m’a demandĂ© : « Si on offrait Ă  l’Église ou Ă  vous le leadership dans une rĂ©volution, est-ce que vous l’accepteriez? Â» J’ai rĂ©pondu : « Je ferais une sottise, l’Église n’est pas sur la Terre pour cela. Le rĂ´le de l’Église ce n’est pas d’être le capitaine d’une armĂ©e. L’Église n’est pas ici pour mener une rĂ©volution. L’Église existe pour ĂŞtre la mère de l’unitĂ©. Elle se maintient autonome entre deux partis qui luttent pour pouvoir leur dire, Ă  l’un et Ă  l’autre, le juste et l’injuste et pour pouvoir rĂ©clamer Ă  l’heure des pĂ©chĂ©s de guerre, ce qui ne doit pas se faire mĂŞme dans une situation conflictuelle. Â» L’Église veut toujours ĂŞtre la voix du Christ, le Pain qui descend du Ciel pour la vie, pour la lumière, pour la santĂ© du monde. Je vous supplie, chers collaborateurs de l’Église, manifestons de la manière la plus claire possible cette pensĂ©e du Christ, cette transcendance de l’Église qu’exprimait Paul VI : « Si l’Église enseignait une autre libĂ©ration que celle du Christ, que celle du pĂ©chĂ©, que celle qui conduit les enfants de Dieu jusqu’au Ciel et Ă  la Vie Ă©ternelle, une Église qui se confondrait avec les libĂ©rations uniquement politiques, Ă©conomiques ou sociales, perdrait sa force originale et n’aurait plus le droit de parler de libĂ©ration au nom de Dieu. Â» 26/08/79, p.203-205, VII.

 

 

3) Nécessité de solidariser la chair avec les Paroles de la vie éternelle

 

 

A) C’est seulement ainsi que la vie atteint sa vocation dans la plĂ©nitude. Si la chair ne sert de rien et que seul le Christ a les Paroles de la vie Éternelle, il est stupide de ne pas nous unir Ă  cette Vie Ă©ternelle qui nous est offerte si facilement. Se fermer seulement Ă  la Terre et ne pas profiter de ce prĂ©sent que le Christ nous apporte, pour lequel Il a renoncĂ© Ă  toutes les choses de la Terre, pour les adorer comme des idoles, est un « sĂ©cularisme Â» impardonnable.

 

 

Le dĂ©fi de JosuĂ© : Dieu ou les idoles

 

Comme est magnifique le moment biblique que nous prĂ©sentent les lectures d’aujourd’hui! Je l’ai dĂ©jĂ  exprimĂ© : JosuĂ©, devant ce peuple qui entre dans la Terre promise, leur demande de demeurer fidèle Ă  leur Dieu, parce qu’autrement de nombreux malheurs pourraient leur arriver.

 

 

Le dĂ©fi du Christ : « Voulez-vous partir vous aussi? Â»

 

Mais encore plus Ă©mouvant m’apparaĂ®t ce moment de crise dans la vie du Christ lorsque la multitude qui Le suivait, L’abandonne et qu’Il demeure seul. Quand Il demande dans cette solitude qui se fait toujours plus aiguĂ« : « Vous aussi, vous voulez partir? Â» La rĂ©ponse de Pierre est merveilleuse : « Vers qui irions-nous? Tu possèdes les paroles de vie Ă©ternelle. Â»

 

 

B) Un signe de solidaritĂ© entre la chair et les paroles de vie Ă©ternelle : Le mariage doit ĂŞtre un signe de l’union entre le Christ et son Église.

 

Dans la seconde lecture (Ep 5,21-32) s’exprime le signe de cette alliance, de cette solidaritĂ© entre la chair et le divin. Saint Paul nous a exprimĂ© aujourd’hui : « Le mariage est un grand sacrement, mais je le dis en rĂ©fĂ©rence au Christ et Ă  son Église. Â» Une femme et un homme, de familles très diffĂ©rentes, parfois de villages ou de pays Ă©loignĂ©s, se connaissent, ils s’aiment et ils sellent pour toute la vie une alliance matrimoniale. Ce n’est pas seulement l’amour de cet homme et de cette femme. Ils reprĂ©sentent deux familles, deux peuples et ils reprĂ©sentent une identification malgrĂ© le fait qu’ils soient si diffĂ©rents qu’il se produit ce que saint Paul dit : « Ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Â» Ceci est le signe que le Christ voulut mettre sur la Terre pour que les hommes et les femmes, en voyant les couples mariĂ©s, pensent Ă  l’alliance de la chair avec l’Esprit. Ainsi, tout comme l’homme s’éprend d’une femme, qu’il l’aime au point d’être capable de donner sa vie pour la conquĂ©rir, comme une femme se livre entièrement Ă  un homme, cela est exactement un signe d’union. Plus ils s’aiment et se livrent l’un Ă  l’autre, plus ils sont un signe de l’amour infini de Dieu qui nous cherche.

 

Quelle phrase plus belle que celle que nous avons lue dans la seconde lecture de l’épĂ®tre d’aujourd’hui (Ep 5,25-27) : « Le Christ a aimĂ© l’Église : Il s’est livrĂ© pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne; car il voulait se la prĂ©senter Ă  lui-mĂŞme tout resplendissant, sans tache ni ride ni rien de tel, mais saint et immaculĂ©. Â» Que ne donnerait pas un fiancĂ© pour conserver sa fiancĂ©e aussi belle qu’au jour de son mariage? C’est ce qu’a obtenu le Christ, une Église toujours belle, toujours jeune. Nous l’embellissons avec nos vertus, nous la rendons agrĂ©able avec notre façon chrĂ©tienne. C’est pourquoi nous ne nous fatiguerons jamais de faire Église. Quand meurent ces membres de notre communautĂ©, ils s’incorporent Ă  l’éternelle jeunesse du Ciel. Église qui s’arracha de l’Église de notre archidiocèse pour faire partie de l’Église du Ciel. Beau travail pastoral! ÉvĂŞques, prĂŞtres et tous les agents de pastoral, ne faisons rien d’autre que d’embellir l’épouse du Christ Ă  laquelle nous prenons part nous aussi.

 

C’est l’alliance que le Christ demande. Le Christ ne se lassera pas d’aimer. Il est fidèle même quand nous le trahissons, mais nous devons faire un effort pour cette sainteté, pour cette fidélité.

C) L’Évangile nous offre trois merveilleux moyens pour vivre cette solidaritĂ© avec le Christ : la grâce, la foi et la vie de l’Église.

La grâce, par laquelle le Père nous donne de connaître le Fils et fait de nous ses fils, frères du Christ. La foi, que personne n’a si le père ne lui donne. Croire dans le Christ est une œuvre de Dieu. Rendons grâce si nous avons la foi et si nous ne l’avons pas, demandons-Lui de l’avoir parce que nous ne pouvons l’obtenir s’Il ne nous la donne pas.

 

Vivre l’Église en faisant communauté. 26/08/79, p.205-206, VII.