Le Seigneur vient, préparons son chemin.

 

Second dimanche de l’avent; 10 dĂ©cembre 1978; Lectures : IsaĂŻe 40,1-5.9-11; II P 3,8-14; Marc 1,1-8.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) La venue de Dieu pour nous sauver

2) Les chemins par où Dieu arrive à l’homme

3) Le Christ est le chemin

 

 

1) La venue de Dieu pour nous sauver

 

 

A) Le sens liturgique de l’avent :

 

La venue de Dieu pour nous sauver est le sens liturgique de la Parole qui donne son style et son unité à cette période intense de la préparation de Noël sous le nom suggestif d’adventus, l’avènement, la venue, la préparation à cette rencontre. Qui n’a pas connu dans sa vie une psychologie de l’avent? La préparation pour recevoir un ami, le fils, l’épouse, la mère qui vient de loin. On prépare la maison, on prépare la bienvenue, une fête d’autant plus cordiale que la personne est désirée. Cela nous indique quelque chose, ce que cherche à inculquer l’Église au cours de cette période, un accueil chaleureux.

 

 

B) Sens thĂ©ologique : La venue de Dieu pour nous sauver.

 

Il existe un sens thĂ©ologique que le Concile Vatican II exprime en ces mots lorsqu’il parle de la dignitĂ© humaine : « L’aspect le plus sublime de la raison humaine se trouve dans cette vocation de l’homme de communiquer avec Dieu. […] L’homme ne vit pleinement selon la vĂ©ritĂ© que s’il reconnaĂ®t librement cet amour et s’abandonne Ă  son CrĂ©ateur (G.S. 19,1) Â». De mĂŞme, le grand humaniste saint Augustin nous dit : « Tu nous fis pour Toi et notre cĹ“ur est inquiet jusqu’à ce qu’il repose en Toi. Â» Il existe une attraction mutuelle entre le Dieu qui nous crĂ©a pour Lui et les humains qui ont reçu son intelligence, sa libertĂ© et de nombreuses capacitĂ©s, non pas pour les gaspiller, ni pour en abuser, sinon pour rencontrer sa plĂ©nitude en cet objet de sa nature, en ce principe et cette fin de leur ĂŞtre.

 

C) Les trois lectures révèlent ce destin de l’homme qui correspond au désir de Dieu

 

C’est pourquoi ces trois lectures (Is 40,1-5.9-11; II P 3,8-14; Mc 1,1-8) qui veulent conférer spiritualité à ce dimanche et à cette semaine des chrétiens, nous parlent précisément de ce destin de l’humain qui correspond au désir de Dieu. Et lorsque le cœur de l’être humain exprime toute la noblesse du plus intime de ses sentiments, comme vous venez d’entendre, un homme de ce monde, un séculier, qui parle de son anxiété de comparaître devant Dieu. Il réclame la dignité d’être à l’image de Dieu, l’homme sent qu’il ne sera jamais satisfait tant qu’il n’aura pas rencontré ce Dieu qui aspire également à cette rencontre. 10/12/78, p.26, VI.

 

 

Première lecture

 

A) De l’Exil à la Patrie.

 

Cette lecture correspond Ă  la fin de l’exil Ă  Babylone. Ces chapitres appartiennent au second IsaĂŻe. Un prophète anonyme inspirĂ© des espoirs d’IsaĂŻe voit que s’approche dĂ©jĂ  la fin de la punition de Dieu. Enfin s’achève cet exil! Enfin, nous retournons vers notre patrie! Et ils entendent alors comme un commandement de Dieu (Is 40,1-2) : « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu, parlez au cĹ“ur de JĂ©rusalem et criez-lui que son service est accompli, que sa faute est expiĂ©e. Â»

 

 

B) L’Épiphanie dans le désert

 

(Is 40,3) : Une voix crie : « Dans le dĂ©sert, frayez le chemin de YahvĂ©. Â» Et l’on commence Ă  dĂ©crire en forme de procession, comme une Ă©piphanie, une manifestation de Dieu qui va faire briller parmi l’ariditĂ© du dĂ©sert, le chemin d’un peuple qui revient de la dĂ©portation, avec la joie de se retrouver Ă  nouveau dans sa patrie. Les BĂ©douins du dĂ©sert disent que lorsque le vent se lève, il produit un bruit Ă©trange qui ressemble Ă  un gĂ©missement humain. Eux-mĂŞmes se demandent et se rĂ©pondent : « Entendez-vous comme gĂ©mit le vent? C’est le dĂ©sert qui se lamente et pleure parce qu’il voudrait ĂŞtre une prairie. Â» Quoi de plus Ă©trange! Sable, poussière, soleil, ariditĂ©! Oui, vraiment, l’esprit de l’oriental sent l’anxiĂ©tĂ© transformer ces sables en jardins, en prairies, en boisĂ©s. Ce fut ce que ressentit IsaĂŻe et il voulut exprimer par cette transformation de l’ariditĂ© du dĂ©sert en un jardin, l’espĂ©rance d’un peuple qui revient de l’esclavage, du châtiment de l’oppression, aux bras de la libertĂ©, Ă  l’allĂ©gresse de se sentir un peuple digne, autonome.

 

C) Sens RĂ©dempteur : le pĂ©chĂ© est dĂ©jĂ  payĂ©

 

Toute la première lecture est imprĂ©gnĂ©e d’un sens rĂ©dempteur. Le prophète ne tait pas le fait que tout cela soit advenu Ă  cause des pĂ©chĂ©s, des idolâtries, des injustices sociales, des abus des rois au pouvoir. C’est pourquoi Dieu a châtiĂ© son peuple, mais dit le prophète : « Dieu est satisfait. Â» Ce n’est pas que Dieu se complaise Ă  faire souffrir les hommes, mĂŞmes s’ils sont pĂ©cheurs. C’est que Dieu veut faire sentir Ă  l’homme qu’il ne peut trouver dans les choses de la Terre l’allĂ©gresse que Dieu lui donne. Il est le seul Ă  pouvoir remplir le cĹ“ur de l’être humain. Dieu est jaloux et c’est pourquoi Il fait sentir le vide lorsque les humains s’éloignent de Lui. 10/12/78, p.27, VI.

 

 

Seconde Lecture

 

A) La consommation de la rencontre

 

Il ne faut pas confondre la proximitĂ© thĂ©ologique avec la proximitĂ© cosmique. La seconde Ă©pĂ®tre de saint Pierre (3,8-14) s’oriente aussi en ce sens d’une rencontre avec Dieu. Et saint Pierre nous dit, ce que nous dirions en terme moderne comme ceci. Il ne faut pas confondre la proximitĂ© thĂ©ologique avec la proximitĂ© cosmique. Je vais vous expliquer. Il y avait au temps des apĂ´tres une prĂ©occupation très grande : est-ce que la venue du Christ qui avait Ă©tĂ© promise pour juger le monde allait se rĂ©aliser dĂ©jĂ , allait-il voir cela de leurs yeux? Et lorsqu’ils mouraient, plusieurs de leur gĂ©nĂ©ration s’affligeaient parce que leurs ennemis se moquaient d’eux : « Pauvres rĂŞveurs, ils attendent quelque chose qui n’arrivera jamais! Â» Alors, saint Pierre Ă©crit pour consolider cette espĂ©rance (II P 3,8) : « Mais voici un point très cher que vous ne devez pas ignorer : c’est que devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Â» Pour Dieu, les rĂ©fĂ©rences chronologiques ne valent pas, le temps n’existe pas.

 

 

B) Ce qui intéresse Dieu, c’est de sauver

 

Pour Dieu, ce qui prĂ©vaut c’est une prĂ©occupation plus profonde (II P 3, 9) : « Le Seigneur use de patience envers vous, voulant que personne ne pĂ©risse, mais que tous arrivent au repentir. Â» Ce qu’Il dĂ©sire c’est faire la rencontre des hommes. Il se peut qu’Il arrive Ă  une heure tardive, lorsque la vie se termine et que dans la vieillesse on ne recueille que les fruits pourris d’une jeunesse mal vĂ©cue. Mais alors, Dieu attend encore avec patience cette rencontre avec l’homme. Cela peut ĂŞtre pendant la jeunesse, et nous avons alors cette jeunesse qui a rencontrĂ© l’allĂ©gresse dans son Dieu. Enfin, pour Dieu le temps est comme la comparaison de mille ans avec un jour. Pour Dieu il y a quelque chose de plus profond, son Ĺ“uvre salvatrice, sa rencontre avec l’homme, qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un vieillard, que ce soit dans le prĂ©sent ou dans le futur. Ce qu’Il attend c’est que toute la famille qu’Il a crĂ©Ă©e en ce monde soit pour partager avec Lui l’allĂ©gresse, la fĂ©licitĂ©, la vie divine. « Tu nous fis pour Toi. Â»

 

 

C) Destinée des hommes et des peuples… les cieux nouveaux et une Terre nouvelle

 

C’est pour cela que la seconde lecture nous parle de ce destin des hommes et des peuples, marchant vers une terre nouvelle et vers des cieux nouveaux, pour que nous ne demeurions pas agenouillés devant les idoles des biens de cette Terre, que saint Pierre nous dit qu’ils vont être consumés.

 

 

D) La seconde Ă©pĂ®tre de saint Pierre est celle qui exprime avec un langage plus apocalyptique la destruction des Ă©lĂ©ments. InspirĂ©e, sans doute, des apocalypses contemporaines non prĂ©cisĂ©ment chrĂ©tiennes et qui pressentait une fin des choses matĂ©rielles, qui parlaient d’un cataclysme et des incendies des cieux et des Ă©lĂ©ments. Il n’est pas nĂ©cessaire de prendre cela au pied de la lettre. Ce que nous devons comprendre de ce langage oriental, fantastique, d’incendies et d’apocalypses, c’est une grande rĂ©alitĂ© : ce qui existe dans le temps possède une valeur relative qui s’achèvera avec le temps. Seuls les Cieux nouveaux et la Terre nouvelle que Dieu a promis sont le vĂ©ritable paradis oĂą s’établira pour toujours la rencontre de Dieu avec les hommes! C’est vers lĂ  que nous marchons! Depuis ici, depuis cette Terre, en cette rencontre que les hommes peuvent dĂ©jĂ  rĂ©aliser, dans leur propre cĹ“ur, dans leur propre vie, dans leur propre foyer. Cela doit ĂŞtre un Dieu qui se rencontre dĂ©jĂ !

 

Très chers frères, qui pourrait donner l’éloquence du prophète Ă  mes paroles pour qu’elles puissent secouer l’inertie de tous ceux qui sont agenouillĂ©s devant les biens de la Terre? Ceux qui veulent l’or, l’argent, les terres, le pouvoir, la politique et qui veulent que leurs dieux soient Ă©ternels. Tout cela va se terminer! Seule demeurera la satisfaction d’avoir Ă©tĂ© un homme dans la politique ou dans les affaires, fidèle Ă  la volontĂ© de Dieu. Il faut savoir user, selon sa volontĂ©, le relatif et le transitoire des biens de la Terre. N’en faites pas des absolus! Il n’y a qu’un seul absolu : Celui qui nous attend dans les Cieux qui ne passeront pas et sur la Terre qui n’aura pas de fin. « Il n’existe qu’un Dieu et il n’y en a pas d’autres au-dehors de moi Â», disait-Il avec un zèle divin. Afin que vous n’adoriez rien sur la Terre, sinon que sur la Terre et dans l’éternitĂ© vous sachiez que l’être humain a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par Dieu et que c’est en Dieu seul qu’il peut rencontrer satisfaction.

 

C’est ce que veut ĂŞtre le message de l’avent : le Seigneur qui vient et l’homme qui veut sortir Ă  sa rencontre, l’Église qui prĂ©pare sa communautĂ© pour NoĂ«l, pour la cĂ©lĂ©brer non pas comme une fĂŞte profane de commerce, de vices, de grandes bouffes, de cadeaux. Comme il est triste que le NoĂ«l ait Ă©tĂ© commercialisĂ© et profanĂ©e. Nous n’avons pas compris que cette fĂŞte est le dĂ©sir ardent de Dieu de rencontrer l’humain et celui-ci ne sera pas heureux tant qu’il n’aura pas fait la rencontre avec Dieu. 10/12/78, p.27-29, VI.

 

 

2) Les chemins par où Dieu arrive à l’homme

 

Par cela, je veux rĂ©pondre Ă  une seconde question, Ă  une seconde rĂ©flexion. Par quels chemins Dieu se prĂ©sente-t-il dans notre histoire? Par quels chemins vais-je rencontrer concrètement ce Dieu qui vient me sauver? Par quels chemins le Salvador, Ă  ce carrefour, en ce chemin sans issue, va-t-il rencontrer le Salut en ce Dieu? Peut-ĂŞtre va-t-on rire de nous comme on se moquait des chrĂ©tiens Ă  qui saint Pierre s’adressait? Non mes frères! Ce n’est pas une illusion, Dieu vient et ses chemins sont bien près de nous. Dieu sauve dans l’histoire, dans la vie qui est l’histoire propre de chacun, c’est lĂ  que Dieu vient Ă  notre rencontre. Quelle satisfaction de savoir qu’il n’est pas nĂ©cessaire d’aller le chercher dans le dĂ©sert, qu’il n’est pas nĂ©cessaire d’aller le rechercher Ă  tel ou tel endroit du monde! Dieu est dans ton propre cĹ“ur. « Le Règne de Dieu est dans vos cĹ“urs Â», disait le Christ. C’est lĂ  que se trouvent les chemins de Dieu, ce sont les chemins de l’histoire, les chemins concrets de notre vie nationale, familiale, privĂ©e.

 

 

A) Réminiscence des chemins qu’on préparait aux rois et aux dieux

Il est beau d’entendre aujourd’hui la façon dont le prophète IsaĂŻe nous dĂ©crit les chemins d’IsraĂ«l : « Par oĂą Dieu viendra-t-Il Ă  notre rencontre, nous, pauvres exilĂ©s, humiliĂ©s, opprimĂ©s par un pouvoir envahisseur qui nous enleva la libertĂ© et nous fit captifs? Â» Qui l’aurait dit que, prĂ©cisĂ©ment par ces mĂŞmes chemins par oĂą Ă©taient venus les envahisseurs pour aller humilier la Terre sainte, par lĂ  allait revenir triomphant, en chantant l’allĂ©gresse du retour. « Quelle joie lorsqu’ils me dirent, allons Ă  la maison du Seigneur. Â» JĂ©rusalem est la vie du Juif, sans elle ils se sentaient comme morts. Souvenez-vous de ce merveilleux psaume des rivières de Babylone : « Nos oppresseurs nous demandaient de chanter un chant Ă  notre Dieu. Comment allons-nous chanter sur une terre Ă©trangère? Qu’on me cloue la langue au palais et que ma main sèche si je t’oublie JĂ©rusalem! Â» Quel sens patriotique! Je crois que le sens patriotique s’avive lors de l’exil, surtout lorsqu’on vit dans l’espoir du retour, la patrie n’est pas perdue. Dieu se prĂ©vaut de ces humiliations pour me donner plus de joie lorsque je reviens converti. Les histoires du temps d’IsaĂŻe nous relatent que lorsqu’on allait porter l’image d’un dieu ou bien qu’un empereur ou un roi allait visiter une ville, on prĂ©parait son chemin, comme aujourd’hui encore l’on dĂ©core les chemins pour la visite d’une personne importante. C’est pourquoi IsaĂŻe utilise cette image (40,3-5) : « Aplanissez une route pour notre Dieu. Que toute vallĂ©e soit comblĂ©e, toute montagne et toute colline abaissĂ©es, que les lieux accidentĂ©s se changent en plaine et les escarpements en large vallĂ©e; alors, la gloire de YahvĂ© se rĂ©vĂ©lera et toute chair, d’un coup, le verra. Â» Ce passage d’IsaĂŻe a le privilège d’avoir donnĂ© la comparaison du chemin Ă  la vie de chacun.

 

 

B) La vie est le chemin de chacun, sa conduite

Le chemin par où Dieu veut rencontrer l’être humain, c’est sa propre vie et c’est pourquoi on le nomme le chemin de la vie. Plus que tout, ma conduite révèle comment j’ai dirigé ma vie. S’il s’agit d’une vie mal dirigée, elle ne m’amène pas vers cette rencontre avec Dieu, s’il s’agit d’une conduite conforme à la loi et à la volonté de Dieu, alors je m’en vais à sa rencontre. La rencontre entre Dieu et un peuple procède de la même manière. Comment se conduit l’histoire du Salvador, ainsi sera la rencontre de Dieu avec notre pays. Si elle s’est mal conduite, si elle a été matérialiste et qu’en elle abondait l’injustice, ce ne sont pas là les chemins du Seigneur.

« Aplanissez les chemins Â», c’est cela, la voix de l’avent, la voix des prophètes qui rĂ©sonnait pleinement chez Jean Baptiste, la dernière fleur des prophètes : « Le Seigneur arrive. PrĂ©parez ses chemins. Â» 10/12/78, p.29-30, VI.

 

 

Seconde lecture

 

Le Seigneur est patient, cela ne veut pas dire d’être paresseux, sinon que nous nous convertissions. L’Église lorsque saint Pierre nous dit Ă©galement ceci dans la seconde lecture d’aujourd’hui (II P 3,9) :

« Le Seigneur a beaucoup de patience envers vous parce qu’Il veut que personne ne pĂ©risse, sinon que tous se convertissent. Â» Ce sont lĂ  les chemins! L’Évangile est prĂ©cieux. Je vous supplie qu’en cette annĂ©e oĂą la lecture de base est saint Marc, que nous sachions accueillir de ce secrĂ©taire de saint Pierre, la plus belle expression de l’Évangile. Parce que Marc comme saint Paul nous disent que l’Évangile n’a pas pour objectif de nous raconter la vie du Christ. L’Évangile est cette mĂŞme force, cette mĂŞme prĂ©sence divine du Christ qui est venu au monde. C’est pourquoi nous entendons dans le premier verset de saint Marc en ce dimanche (Mc 1,1) : « Commencement de l’Évangile de JĂ©sus-Christ, Fils de Dieu. Â» Comme quelqu’un qui dirait : tout est dans la connaissance du Christ, peu importe de connaĂ®tre les histoires, les miracles, ce qui importe c’est de dĂ©couvrir son identitĂ©. Dieu qui est venu dans l’histoire d’IsraĂ«l, en cet humble fils de la Vierge de Nazareth. Et ainsi, nous Le rencontrerons Ă©galement dans chaque vie qui se fait chrĂ©tienne, le Christ ira Ă  la rencontre de chaque peuple et de chacun dans la mesure oĂą nous saurons l’accueillir.

 

 

A) L’Évangile, synthèse de tous les Kérygmes

 

L’Évangile de saint Marc rĂ©sume aujourd’hui la prĂ©dication de saint Jean Baptiste, du Christ et de l’Église, en une parole (1,3) : « PrĂ©parez les chemins du Seigneur! Â»

 

 

B) Jean Baptiste : tĂ©moignage de vie, chemin pour le peuple

 

La figure de Jean le Baptiste est un chemin, un homme qui fait un chemin. C’est ce que devrait ĂŞtre la vie de chaque chrĂ©tien : un homme qui se fait chemin, qui se fait lumière, qui se fait tĂ©moin, qui par son intĂ©gritĂ©, par ses vertus, comme saint Jean-Baptiste, prĂŞche non seulement lorsqu’il annonce la venue de l’Agneau de Dieu, mais Ă©galement par sa tenue austère, de pauvretĂ©, de sincĂ©ritĂ©, de simplicitĂ©, de vaillance, d’affrontement, mĂŞme s’il s’agit du roi qui va lui couper la tĂŞte : « Il ne t’est pas permis! Â» Et il crie sa dĂ©nonciation mĂŞme si cela doit lui coĂ»ter la vie. Jean Baptiste est le modèle du chemin. Seuls ces hommes sont le phare qui indique les chemins. Seuls ces hommes peuvent dire avec la grandeur qu’ils ont et que les peuples les suivent. Mais il dit cependant (Mc 1,7) : « Vient derrière moi celui qui est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne, en me courbant, de dĂ©lier la courroie de ses sandales. Â» Je ne fais rien d’autre que d’indiquer Celui qui sauve le monde. Je ne suis pas le Sauveur.

 

Le chrĂ©tien doit avoir cette transparence comme Jean-Baptiste pour indiquer qu’il existe un pouvoir qui sauve le monde : Dieu qui s’est fait homme : JĂ©sus-Christ! Et comme Jean Paul II, dans la solennitĂ© de son inauguration pontificale en pleine Place Saint-Pierre qui crie la mĂŞme chose que Jean Baptiste : « Ouvrez les portes au Christ. N’ayez pas peur. Et je dis Ă  tous les domaines, celui de la politique, de l’économie, Ă  ceux des hommes du monde entier, n’ayez pas peur. Lui seul possède les paroles. Lui seul a les paroles de vie Ă©ternelle. Â» C’est cela, la mission de l’Église, pour chacun de nous qui sommes l’Église, si vraiment nous voulons faire honneur Ă  ce peuple de Dieu dont nous sommes membres par le baptĂŞme, nous devons ĂŞtre les plus transparents possible Ă  la prĂ©sence du Christ, Sauveur des hommes dans le monde et ne pas croire en d’autres saluts, sinon prĂŞcher l’unique Sauveur; et ne pas confondre cette libĂ©ration intĂ©grale du Christ avec ses autres libĂ©rations partielles de la Terre. 10/12/78, p.30-31, VI.

 

 

3) Le Christ est le chemin

 

Ma troisième réflexion porte sur le Christ. Il est le grand chemin de la rencontre de l’homme avec Dieu. Mais, avant de terminer sur cette pensée, je veux m’attarder ici, parce que s’il est vrai que notre vie, l’histoire de notre peuple sont les chemins concrets par où Dieu vient à notre rencontre en 1978, pour sauver les Salvadoriens, il est nécessaire de connaître ces chemins. C’est pourquoi je me préoccupe que cette prédication de l’Évangile ne se désincarne pas, que la prédication de ce dimanche illumine les réalités de notre semaine. C’est ce que je fais ici, à partir d’une perspective bien incomplète, parce que notre histoire est beaucoup plus complexe et que chaque famille, chacun de nous comme individu possède sa propre histoire. Je m’efforce d’offrir un exemple de la façon dont nous devons faire un effort pour méditer la Parole de Dieu, illuminant la réalité de notre histoire, de notre vie. Chacun, chaque famille, doit illuminer l’histoire de son propre foyer, de sa propre conscience à la lumière de l’Évangile qui est l’unique qui illumine et sauve. 10/12/78, p.32, VI.