Les trois forces chrétiennes qui
forgeront la libération de notre peuple
Trente-deuxième dimanche du temps
ordinaire; 11 novembre 1979; Lectures : I Roi 17,10-16; HĂ©breux 9,24-28;
Marc 12,38-44.
L’Église, école de ceux qui forgent
l’Histoire
La Parole de Dieu lance un dĂ©fi Ă
l’Histoire, c’est ainsi que cela a toujours été et si les chrétiens, nous ne
parvenons pas à l’incarner et à en faire notre vie, ce défi de l’Histoire aura
la réponse de Dieu dans notre propre vie. C’est pourquoi je vous invite à faire
cette réflexion avec un désir sincère d’incarner cette Parole de Dieu
profondément dans notre vie, non seulement de manière individuelle, mais aussi
de manière communautaire, de telle sorte que le Salvador puisse avoir en cette
heure de crise, d’espoirs et d’afflictions, un Peuple de Dieu qui soit
espérance et lumière pour notre propre histoire.
Puebla employa cette magnifique
définition de l’Église : « L’Église, école de ceux qui forgent
l’Histoire. » Comme il serait merveilleux que nous soyons tous des
artisans de notre propre histoire. L’Église, pour plusieurs qui n’emploient que
des critères politiques et conjoncturels, rend la réalité opaque, ils ne la
sentent pas opportune dans certaines occasions. Mais l’Église flotte au-dessus
de toutes les vicissitudes et au-dessus de toutes les conjonctures parce
qu’elle est une école qui forge des hommes et des femmes pour l’Histoire,
qu’elle possède une parole pour chaque moment et une attitude de communauté en
tant que Peuple de Dieu en accord avec le temps et la géographie où vit et
passe celui-ci.
L’Histoire défie les chrétiens
Pour moi, il n’y a pas de
satisfaction plus profonde que cette conviction que je m’efforce de vous
communiquer et la rendre plus profonde en moi : que dans la mesure oĂą nous
sommes Église, c’est-à -dire des chrétiens véritables, qui incarnent l’Évangile,
c’est dans cette mesure que nous serons des citoyens opportuns et les
Salvadoriens dont nous avons besoin à l’heure actuelle. Si nous nous éloignons
de cette inspiration de la Parole de Dieu, nous pouvons ĂŞtre des hommes de
conjonctures, des opportunistes politiques, mais nous ne serons certes pas les
chrétiens qui sont toujours des forgeurs d’histoire.
Deux attitudes extrĂŞmes :
« Passifs » et « Activistes »
De nos jours, dit Puebla, lorsqu’il
se produit des crises à l’intérieur des peuples, nous retrouvons ces deux
positions extrĂŞmes : celle des passifs et celle des activistes. Les
passifs qui attendent que tout vienne à eux comme si cela dépendait de Dieu,
ils prient beaucoup, mais ils se taisent et n’agissent pas. Les activistes, au
contraire, pensent que Dieu est très loin et que ce sont les humains uniquement
qui font l’Histoire et ainsi ils adoptent des positions qui correspondent au
moment, à l’opportunité et ils se croient capables de juger tous ceux qui ne
pensent pas comme eux. Les activistes se disent les artisans de l’Histoire. Ni
les uns ni les autres n’ont raison. La véritable attitude est celle que Dieu
enseigna à son peuple, Israël est le peuple que Dieu prépara pour être
l’exemple de toutes les histoires de tous les peuples.
Israël rencontre Dieu dans son
histoire
Que fait Israël dans les différentes
conjonctures de son histoire? Premièrement, il rencontre Dieu dans son histoire
et, deuxièmement, il sent qu’il y a une alliance entre lui et le Dieu de
l’Histoire. Et lui, l’Israélite, est l’artisan de son histoire. Et à leur deux,
Dieu et l’homme, parce qu’ils ont fait cette alliance de libération, ils
libèrent toujours le peuple. Jamais l’homme seul, jamais Dieu seul, Dieu et
l’homme vont faire l’Histoire ensemble et la plus belle fleur de cette
pédagogie c’est le Christ.
JĂ©sus : Confiance totale dans le
Père
C’est pourquoi, quand le Divin Maître
qui est également le patriote modèle, nous enseigne dans son Évangile la Parole
qui fait de nous les hommes actuels, de tous moments, les chrétiens. Il nous a
laissé une mystique que je voudrais qu’elle soit celle de chacun d’entre nous.
Le Christ a une confiance totale dans le Père, c’est pourquoi Il nous
conseille : « Ne voyez-vous pas les lis des champs, ne voyez-vous pas
les oiseaux du ciel et comme mon Père en prend soin? Il ne tombe pas une
feuille d’arbre, il ne tombe pas un cheveu de la tête de quelqu’un sans que mon
Père n’accorde sa permission. » Quelle confiance absolue que celle du
Seigneur!
Coresponsabilité, engagement
Mais Il n’est pas passif, c’est
l’homme qui ressent avec son Père la coresponsabilité de l’Histoire et qui
s’engage dans l’Histoire, qui s’incarne avec les pauvres de son peuple et vit
leur histoire et il s’efforce de capter la volonté du Père dans cette histoire,
non pas comme Lui, le Fils la veut, mais comme le Père la veut.
Attendre son heure
C’est pourquoi lorsqu’on veut faire
pression sur Lui, Il dit : « Mon heure n’est pas encore
arrivée. » Il marche en syntonie en recherchant la volonté, l’opportunité,
le moment du Père. Il attend son heure.
Libérer la douleur par la douleur
Une autre chose que nous avons
oubliée en ces heures de libération, le Christ l’a enseigné à son peuple :
c’est dans la douleur que doit être rachetée la douleur du peuple. Ce n’est pas
uniquement en criant pour les droits humains, mais en sachant aussi ressentir
la douleur et la souffrance dans nos engagements. On dit souvent que les hommes
pèchent parce qu’ils souffrent, mais c’est le contraire : ils souffrent
parce qu’ils pèchent. La douleur, l’esclavage, la pauvreté, l’analphabétisme,
la faim, la marginalisation, l’injustice sociale, tout ce qui est la trame de
fond de toutes ces crises de notre patrie sont le produit du péché et le péché
ne se rachète qu’avec réparation. Il n’y a pas de Rédemption si ce n’est par la
mort douloureuse du Christ.
C’est pourquoi le Seigneur enseignait
que ce n’est pas en criant de manière démagogique, que ce n’est pas par des
violences et en faisant des revendications uniquement, sinon en assumant la
douleur du peuple et en donnant Ă celle-ci le sens de la RĂ©demption, non pas
d’une manière passive, mais sous une forme active. La douleur est la force la
plus grande et nous sommes en train de la perdre.
Saint Marc : la Croix, Source de
la Vie Pascale
C’est pourquoi j’aime ouvrir
aujourd’hui les pages des Saintes Écritures où saint Marc, sur le point de
terminer sa mission de guide pour cette année, nous situe devant la passion du
Christ, au cours de cette dispute avec ses ennemis, avec ses adversaires, oĂą Il
éclaircit sa pensée, sa vie et ce que doit être sa Rédemption.
Pour Ă©clairer cette phase de la vie
du Christ, la liturgie prend un passage de l’Ancien Testament qui le complète
et un passage des Actes des Apôtres qui vécurent profondément les enseignements
du Seigneur et nous transmirent sa pensée.
Qu’ils ne viennent pas dire après
cela que nous ne lisons pas la
Bible. Non seulement nous la lisons, mais nous l’analysons,
nous la célébrons, nous l’incarnons et nous voulons en faire notre vie. C’est
cela le sens de l’homélie : incarner dans le peuple la Parole de Dieu. Ce
n’est pas de la politique quand dans l’homélie nous dénonçons les péchés politiques,
sociaux et économiques. Il s’agit de la Parole de Dieu qui s’incarne dans notre
réalité qui bien souvent, ne reflète pas le Règne de Dieu, mais le péché, pour
dire aux hommes et aux femmes quels sont les chemins de la RĂ©demption.
Nous retrouvons dans la Parole
d’aujourd’hui les trois forces que le Christ nous offre pour libérer, pour nous
sortir de la crise du pays. Puissions-nous tous, gouvernants et gouvernés,
pauvres et riches, organisés et non organisés, sentir que nous devons
participer à notre histoire. Qu’il n’y ait aucun passif. Il ne doit pas non
plus y avoir aucun activiste parce que si le Seigneur ne construit pas la
civilisation, c’est en vain que travaillent toutes les organisations et toutes
les forces que les hommes veulent créer comme définitives et décisives. Quelles
sont ces trois forces?
Plan d l’homélie :
1) L’Esprit de Pauvreté
2) Le Sens de Dieu
3) L’Espérance dans le Mystère du
Christ
1) L’Esprit de Pauvreté
A) L’obole de la veuve
Dans l’Évangile (Mc 12,38-44) se
démarque aujourd’hui la figure sympathique d’une pauvre veuve qui, pendant que
les riches offraient leur surplus, mettait tout ce qu’elle avait pour se
nourrir. Et le Christ l’admire (12,43-44) : « En vérité, je vous le
dis, cette veuve, qui est pauvre, a mis plus que tous ceux qui mettent dans le
Trésor. Car tous ont mis de leur superflu, mais elle, de son indigence, a mis
tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
Opposition des attitudes des
pharisiens et des scribes
Jésus, pendant tout son ministère,
s’efforça de démasquer l’hypocrisie. C’est pourquoi Il compare à ce geste
authentique de pauvreté, l’autosuffisance, l’orgueil des puissants, même s’il
s’agit de ministres de l’Église et, surtout, lorsqu’ils se glorifient de leurs
richesses, quand ils adorent l’idole de l’argent.
La veuve donne tout.
Qu’est-ce qui se démarque dans ce
passage de la veuve qui donne tout ce qu’elle possède?
« Elle a tout donné! » La
pauvreté ce n’est pas se défaire du superflu. La pauvreté c’est donner et non
pas seulement donner, c’est donner de soi-même. La pauvreté c’est se donner, ne
rien avoir, vouloir seulement avoir Dieu comme absolu et ne pas mettre sa
confiance dans les biens de ce monde. C’est en cela qu’est le péché de la richesse. Ce n’est
pas que les richesses soient mauvaises en soi, si Dieu les a créées, mais,
comme dit saint Paul : « Elles doivent être employées comme des
moyens pour le Règne de Dieu. Faites-vous des amis de votre richesse afin que
lorsque vous mourrez, vous les receviez Ă nouveau dans les demeures
éternelles. »
C’est la richesse bien administrée,
celle qu’on ne donne pas avec orgueil quelque chose qui est notre superflu,
mais comme quelque chose qu’on offre avec son propre cœur, avec sa propre vie,
comme à un frère, non pas avec paternalisme ou comme dit le Concile :
« Nous ne devons pas donner par charité ce que nous devons par
justice. » Ils donnent des réceptions de Noël, d’anniversaire, et ils se
croient de grands bienfaiteurs alors qu’ils ne paient même pas un juste salaire
à leurs employés. Ils veulent donner par charité ce qu’ils doivent par justice.
Il ne suffirait pas de donner par
justice, rien de plus, sinon qu’il faut donner avec amour et sentir que le
travailleur est mon frère. Tous ceux qui partagent la vie avec moi doivent
partager les biens que Dieu donne pour la félicité de tous. C’est la grande
transformation dont notre temps a besoin et cela signifie d’avoir une foi
profonde dans l’unique absolu. La pauvre veuve enrichit de sa pauvreté le culte
de Dieu. Ce sont là des pièces qui parviennent jusqu’au trône de Dieu. Celui-ci
n’a pas besoin de notre argent, mais quand l’argent qu’on lui offre contient
tout notre cœur et tout notre amour, alors Dieu est loué. L’argent peut aussi
se convertir en louanges au Seigneur et cela signifie avoir une grande
confiance : rien ne me manquera, si je le donne au Seigneur, propriétaire
de toutes les choses, comment pourrait-Il me refuser ce dont j’ai besoin pour
me nourrir?
Et la veuve Ă©tait heureuse parce
qu’elle se confiait dans l’unique Absolu. En échange, dit le Christ :
« Les autres, les pharisiens et les scribes, autosuffisants, se pavanent
sur les places avec leurs ornements, ils profitent du culte pour s’enrichir et
ils trompent les veuves en feignant de faire de longues prières. »
Comme est forte cette parole du
Christ, même pour nous les ministres de l’Église, parce que nous aussi, avec
ces ornements sacerdotaux, nous pouvons cesser d’être des intercesseurs devant
Dieu pour nous convertir au pĂ©chĂ© de l’orgueil et de la vanitĂ©. Et Ă
nous aussi le Seigneur dit : « Attention, que ces ornements et toute
cette dignité de votre sacerdoce, et toute cette supériorité d’appartenir à ces
catégories dirigeantes, en tant que dirigeants politiques, économiques ou
sociaux, ne doit pas être pour vous un privilège, mais un service. » Il
faut nous convertir, et moi le premier. Nous devons tous sentir que la vie et
les biens que le Seigneur nous a donnés, notre capacité d’avoir étudié, nos
moyens Ă©conomiques, politiques, sociaux, religieux, tout cela doit ĂŞtre pour le
service du Seigneur.
B) Élie et la veuve
En comparant cet exemple de
l’Évangile me vient cette lecture pittoresque du prophète Élie avec une autre
veuve, la veuve de Sarepta (I R 17,10-16).
Deux exemples de foi et de confiance
en Dieu, de don total aux autres.
On appelle Élie : l’homme de
Dieu. Et la pauvre veuve croit l’homme de Dieu parce qu’il lui parle au nom du
Seigneur. « Donne-moi à manger. » Elle lui dit : « Je n’ai
rien d’autre qu’un peu de farine et un peu d’huile, je suis en train de faire
chauffer le four, je vais faire un petit pain pour moi et mon fils, nous allons
le manger et il ne nous restera plus rien, nous allons mourir de faim. »
Et l’homme de Dieu lui dit : « D’aucune manière, fais le pain que tu
es en train de faire, mais donne-moi aussi une part. »
Et cette veuve, comme celle de
l’Évangile, se défait du seul petit pain qui est la subsistance de toute sa vie
puisqu’il ne lui reste déjà plus rien. Mais Dieu bénit la foi du prophète et la
confiance de la veuve. « Le Seigneur l’a dit, » lui dit le prophète.
Et la veuve croit au Seigneur. Ça, c’est la pauvreté authentique. Il n’y a plus
rien, mais on a le meilleur qui soit : la confiance en Dieu. Et il
commença à avoir du pain et il ne manqua plus de pain, ni d’huile, durant toute
cette fameuse sécheresse qu’eut la terre de Palestine sans connaître de pluie
ni de récolte, où plusieurs moururent de faim. Ces pauvres qui se confièrent en
Dieu eurent le nécessaire.
C) Qu’est-ce que la pauvreté?
Très chers frères, à la lumière de
ces exemples si beaux que nous ont racontés les Écritures, voyons comment
Puebla la définit (1148) : « Pour le chrétien, le terme “pauvreté”
n’est pas seulement l’expression de privations et de marginalisations
desquelles nous devons nous libérer. Il désigne aussi un modèle de vie qui
apparaît déjà dans l’Ancien Testament sous le modèle des “pauvres de
Yahvé” ». C’est ainsi que la Bible appelait les pauvres de Dieu. Ce mode
de vie pauvre est exigé dans l’Évangile de tous les croyants en Jésus-Christ et
c’est pourquoi nous pouvons l’appeler « la pauvreté évangélique ».
Saint Paul concrétisa cet enseignement en disant que l’attitude du chrétien
doit ĂŞtre celle de celui qui use des biens de ce monde (dont les structures
sont si transitoires) sans en faire des absolus, puisqu’ils ne sont que des
moyens pour accéder au Royaume. La pauvreté c’est sensiblement de ne pas se
faire un absolu de la richesse, mais de lui donner plutĂ´t son sens relatif et
avoir comme unique absolu Dieu, propriétaire de toutes choses.
Puebla dit (1147) :
« L’engagement avec les pauvres et les opprimés et l’apparition des
communautés de base ont aidé l’Église à découvrir le potentiel évangélisateur
des pauvres, en tant qu’interpellation constante, l’appelant à la conversion, pour
autant que nombres d’entre eux, réalisent dans leur vie les valeurs
évangéliques de solidarité, de service, de simplicité, de disponibilité pour
accueillir le don de Dieu. » Les pauvres nous évangélisent. C’est pourquoi
l’Église évangélise les pauvres, comme disait le Christ, parce que les pauvres
l’évangélisent tout autant. Les pauvres sont les forgeurs de notre histoire.
(Puebla 1149) : « La
pauvreté évangélique unit l’attitude de l’ouverture confiante à Dieu avec une
vie simple, sobre et austère qui éloigne la tentation de la convoitise et
l’orgueil. » C’est ici que se trouve le mal de nos esclavages : la
convoitise, l’orgueil. Ne les possèdent pas seulement ceux qui ont de l’argent,
les possèdent aussi les pauvres qui ne sont pas pauvres, les ont également ceux
qui croient libérer le pauvre et qui sont plus avares, remplis de convoitises
et d’orgueil. (Puebla 1150) : « La pauvreté évangélique se met en
pratique… non par imposition, mais par amour, pour que l’abondance des uns
remédie aux besoins des autres. »
D) Les biens de la pauvreté
Je crois que ces considérations sont
suffisantes. Je voudrais seulement dire pourquoi l’esprit de pauvreté nous est
si nécessaire en cette heure. Je vais prendre la pensée du Pape Paul VI qui
disait qu’en ce moment historique, le principal c’est d’avoir la charité et la pauvreté. Et
lorsqu’il analyse la pauvreté, il dit : « Nous pensons à la
libération intérieure que produit l’esprit de pauvreté évangélique. »
Libération intérieure! Personne n’est aussi libre que celui qui est pauvre en
esprit, celui qui n’est pas attaché à l’argent, ni ne divinise les richesses.
« Pauvreté évangélique qui donne la liberté de l’esprit et nous fait
comprendre les phénomènes humains reliés aux facteurs économiques. » Le
pauvre ne nie pas que pour réaliser le progrès on ait besoin d’argent, mais il
sait comprendre la valeur de ce progrès pour qu’il ne soit pas humiliant, pour
qu’il ne fasse pas seulement au profit de quelques privilégiés, mais pour qu’il
se réalise véritablement pour tous les fils de Dieu.
Cette liberté d’esprit donne
également au progrès et à la richesse, leur juste et sévère appréciation qui
leur convient. Il ne faut pas diviniser le progrès comme si sans lui nous ne
pouvions pas vivre. Il faut tenir compte que Dieu est en premier et qu’avec
Dieu, est l’être humain. Si un progrès éloigne de Dieu, ou écarte, mutile ou
outrage l’être humain, ce n’est pas un véritable progrès. Seul celui qui
possède l’esprit de pauvreté saura mettre Dieu et l’être humain qui sont la clé
de toute civilisation, au-dessus de tout. Il ne s’agit pas simplement d’avoir
de grands édifices, de grands champs d’aviation, de grandes autoroutes, si ces
biens ne servent qu’à une infime minorité privilégiée et non pas au peuple avec
le sang duquel on fait toutes ces choses.
« La pauvreté nous rend
également aptes à donner à l’indigence un intérêt plus affectueux et généreux.
Personne ne comprend le pauvre aussi bien qu’un autre pauvre. Même quand il
s’agit du vrai pauvre qui ne donne avec amour que ce qu’il est, sa sollicitude
envers ceux qui souffrent l’indigence. Et finalement, l’esprit de pauvreté nous
rend capables de désirer que les biens économiques ne soient pas source de
luttes, d’égoïsme et d’orgueil entre les hommes, mais qu’ils soient plutôt orientés
par des voies de justice et d’équité vers le bien commun et par le fait même,
plus abondamment distribués. »
C’est cela la parole de l’esprit de
pauvreté. C’est pourquoi, frères, en terminant cette réflexion, je fais un
appel en cette heure où s’initie un processus nouveau pour notre patrie :
que nous le supportions tous. On entend beaucoup parler de la possibilité d’un
contrecoup manigancé par la
droite. Il est naturel que, lorsque la droite sent qu’on
porte atteinte à ses privilèges économiques, elle remue ciel et terre pour
maintenir son idole de l’argent. Puisse Dieu que cela ne se produise pas,
puisse Dieu que cet appel de la Parole de Dieu qui nous dit que la valeur
absolue de Dieu se trouve au-dessus de toutes les idoles et qu’il n’existe pas
de liberté plus grande que celle d’avoir le cœur détaché des biens de la Terre,
qu’il n’y a pas de bassesse, ni de sous-développement plus déshonorant que la
convoitise, faire consister la vie en une soif insatiable de posséder et ne pas
voir le véritable bien qu’est le fait d’être chrétien, être de Dieu pour donner
aux choses leur valeur relative.
Je le répète à ceux qui sont encore
agenouillés devant leur argent, qu’ils sachent se déprendre à temps par amour
avant qu’on leur arrache par la
violence. C’est cela le danger de l’extrême droite. Et non
seulement de l’extrême droite, mais de tous. Ma vision est pastorale, parole de
l’Évangile que je prêche depuis le Christ et je dis que le grand danger de la
véritable civilisation c’est l’amour démesuré des biens de la Terre. L’exemple de ces
deux veuves et du prophète Élie sont des appels éloquents de Dieu en une heure
bien opportune pour le Salvador : détachement pour avoir la liberté et
c’est seulement à partir de cette liberté du cœur que nous pourrons travailler
à la véritable libération de notre peuple. 11/11/79, p.422-426, VII.
2) Le Sens de Dieu
A) Contraste entre la véritable et la
fausse religion
Je vais méditer en ce second point,
sur le fait que les paroles d’aujourd’hui nous donnent aussi un sens de Dieu.
Je l’ai déjà presque insinué lorsque j’ai dit, imitant Jésus-Christ : nous
ne pouvons pas servir deux maîtres, nous ne pouvons pas être à la fois esclaves
de Dieu et esclaves de l’argent. Ou bien nous servons l’un et nous déprécions
l’autre, ou nous servons le second et nous déprécions le premier. Quand
allons-nous comprendre?
L’autre jour, nous avons demandé à un
de ces hommes qui proclament la libération dans le sens politique :
« Qu’est-ce que signifie pour vous l’Église? » Et il prononça ces
paroles scandaleuses : « C’est qu’il y a deux Églises, l’Église des
riches et l’Église des pauvres. Nous croyons dans l’Église des pauvres, mais
nous ne croyons pas dans l’Église des riches… »
Il s’agit naturellement d’une phrase
démagogique et je n’admettrai jamais une telle division de l’Église. Il n’y a
qu’une Église, celle que le Christ enseigne, l’Église qui doit se donner de
tout son cœur parce que celui qui se dit catholique et qui adore ses richesses,
qui ne veut pas se détacher d’elles, n’est pas chrétien. Il n’a pas compris
l’appel du Seigneur, il n’est pas Église. Le riche qui est agenouillé devant
son argent, même s’il va à la messe et même s’il accomplit des actes de piété,
si son cœur n’est pas détaché de l’idole de l’argent, ce n’est pas un chrétien.
Il n’y a qu’une Église, celle qui adore le Dieu véritable et celle qui sait
donner aux choses leur valeur relative.
La veuve : attitude de dévotion
Le sens de Dieu est exactement
celui-ci. Cette veuve démontre une attitude de dévotion, elle encourage le
culte du temple avec sa petite offrande, mais elle sait que sa valeur ne se
trouve pas dans le montant d’argent, mais dans le sacrifice spirituel : se
donner à Dieu! C’est ce qui appela l’attention du Christ. Cette femme à donner
tout ce qu’elle avait parce qu’elle se confiait en Dieu et Celui-ci n’y
manquera pas.
Les scribes : premières places,
rapines sous prétexte de prière
L’attitude des autres hommes qui sont
aussi dans le temple, mais qui ambitionnent les premiers postes et qui
exploitent le sens de la prière pour commettre des rapines. Quelle honte quand
le service religieux se convertit en une manière de gagner de l’argent! Il n’y
a pas de scandale plus horrible. Et je dirais à mes frères prêtres et aux
institutions catholiques, aux congrégations et aux collèges et à tous ceux qui
se prétendent membre et qui veulent être Église : faites bien attention de
tomber dans cette malédiction de Jésus-Christ qui fustigea sévèrement, devant
l’exemple de la dévotion authentique de la veuve, l’attitude des faux religieux
qui font consister en emphases et en extériorité, leurs mauvaises intentions
qu’ils portent à l’intérieur d’eux-mêmes.
B) Deux exemples de foi et de
confiance en Dieu
Les deux exemples de l’Ancien
Testament, Élie et la veuve de Sarepta sont également des exemples d’une
obéissance à Dieu. Quel titre merveilleux pour un prophète! « L’homme de
Dieu. » C’est ainsi qu’on appelait Élie. Et parce qu’il était l’homme de
Dieu, la pauvre veuve sent aussi le sens de Dieu Ă travers ses paroles et se
confie dans le Seigneur.
C) Le prophète qui parle au nom de
Dieu fait de sa pauvreté un culte.
C’est aussi notre grandeur comme
ministre de Dieu. Je vous remercie, chers fidèles, du respect et de l’affection
que vous avez pour vos ministres de Dieu, pour ses prĂŞtres. Puisse Dieu, que
nous sachions toujours répondre comme Élie, avec une simplicité de don à Dieu
et d’identification aux problèmes de vous tous qui nous permet ainsi de vivre
une réalité qui n’est qu’éclairée que lorsqu’elle est orientée vers Dieu. Vous,
Peuple de Dieu, et nous, ministres de Dieu, sachons orienter notre activité,
notre vie, vers Dieu, d’où dérivent toutes les forces pour les règlements
politiques, sociaux et économiques. C’est un temps propice au Salvador pour que
nous orientions tous vers le Dieu Tout-Puissant, nos efforts, nos
préoccupations et qu’au milieu de notre travail de libération, au cœur de ce
processus qui vise à libérer le peuple des esclavages de sa crise, de ses
violences, sachons que Dieu seul détient la clé et comme le Christ, attendons
sa volonté et observons sa main qui indique l’heure. Nous voulons Lui être
fidèles!
D) Message du Concile aux
gouvernants.
Je demande pour notre peuple cette
découverte de Dieu que le Concile adressait aux gouvernants. Le Concile s’est
adressé en particulier à toutes les catégories sociales et l’une de ces
catégories est celle des gouvernants des peuples. Si vous m’écoutez ces paroles
du magistère universel de l’Église, transmises par mes humbles moyens. Ce
message dit que l’Église respecte leurs lois et leur autorité :
« Mais nous avons une parole sacro-sainte à leur dire : Dieu seul est
grand. Dieu seul est le commencement et la fin. Dieu seul est la source de votre autorité et
le fondement de vos lois. C’est à vous d’être sur cette Terre les promoteurs de
l’ordre et de la paix entre les hommes. Mais n’oubliez pas : c’est Dieu,
le Dieu vivant et véritable qui est le Père de tous les hommes. »
J’augure pour les autorités du pays,
pour qu’elles soient véritablement un reflet de la paternité de Dieu. Nous
souffrons déjà assez, le peuple est très fatigué et très meurtri. Nous avons
besoin d’autorités qui soient vraiment le reflet de Dieu qui est le Père et qui
ne peut supporter davantage qu’on châtie ses enfants. Un peuple qui rencontre
dans ses autorités un sens de justice, de paix, d’ordre, d’amour, est un peuple
heureux parce que de son autorité il peut s’élever vers le Dieu véritable.
Lorsqu’on nous met sous le nez nos dénonciations et qu’on veut nous rappeler
que toute autorité vient de Dieu, sachons répondre ce que nous disons
actuellement avec la même intégrité : oui, elle vient de Dieu et c’est
pourquoi ceux qui l’exercent doivent en user comme Dieu le veut, mais
lorsqu’une autorité ne s’emploie plus comme Dieu le veut, elle ne vient plus de
Dieu, elle devient une offense Ă Dieu et il est temps de dire comme les
apĂ´tres : « Nous ne pouvons pas obĂ©ir aux hommes avant d’obĂ©ir Ă
Dieu. C’est à Dieu que nous devons obéir… »
E) Découvrir Dieu dans l’Histoire
Nous découvrons Dieu dans notre
histoire. C’est là une caractéristique merveilleuse des chrétiens qui savent
découvrir Dieu dans leur histoire. Écoutez ce que dit Puebla (251) :
« Les citoyens de ce peuple, Peuple de Dieu, doivent marcher sur Terre
comme des citoyens du Ciel, avec leur cœur enraciné en Dieu, au moyen de la
contemplation et de la prière. Attitude qui ne signifie pas une fuite
devant les problèmes terrestres, sinon une condition pour un don fécond aux
humains. Parce que ceux qui n’ont pas appris à adorer la volonté du Père dans
le silence de la prière parviendront difficilement à le faire quand sa
condition de frère lui exigera renoncement, douleur et humiliation. »
Quelle belle harmonie entre le Ciel
et la Terre que celle qui se retrouve dans le cœur du chrétien! Et combien plus
humble est-il dans le Ciel de son Dieu, combien davantage il s’unira Ă
l’histoire de cette Terre. C’est pourquoi j’insiste : « Prions, mais
non pas avec une prière qui aliène, non pas avec une prière qui nous fait fuir la réalité. N’allons
jamais Ă l’Église en fuyant nos devoirs de la Terre. Allons Ă
l’Église pour prendre des forces et du discernement pour ensuite retourner
accomplir mieux nos devoirs familiaux, nos devoirs politiques, nos devoirs au
sein de notre organisation, avec une orientation saine des biens de cette
Terre. Ceux-là sont les véritables libérateurs. » 11/11/79, p.426-428,
VII.
3) L’Espérance dans le Mystère du
Christ
Passons à la dernière pensée qui nous
donne la lumière suffisante pour que nous atteignions le point culminant de
cette réflexion en Celui qui se fit Médiateur entre Dieu et le genre humain.
A) Le temple et le prĂŞtre, signes du
temple définitif, du sacerdoce et du sacrifice définitif du Christ. Cette
lecture de l’épître aux Hébreux (9,24-28) m’inspire, où Jésus-Christ nous est
présenté comme le prêtre qui est entré pour prendre possession de l’autel
définitif de la
gloire. Le Christ est entré non pas dans un sanctuaire
construit par des hommes sinon dans le Ciel lui-mĂŞme, pour se mettre devant
Dieu et intercéder pour nous. Et faisant allusion au culte du Temple de
l’Ancien Testament où le prêtre suprême entrait chaque année pour y offrir des
sacrifices et tous les jours ils offraient des sacrifices sur l’autel dit saint
Paul : « Or, pour le Christ, ce ne fut pas ainsi. Le Christ s’est
manifesté une seule fois au point culminant de l’Histoire, pour détruire le
péché par son propre sacrifice. » La destinée est celle-ci. C’est pourquoi
le Christ nous a offert bien plus qu’un sacrifice, mais de ce sacrifice qui
culmine avec sa mort sur le Calvaire qui fut acceptée par Dieu et couronnée par
la RĂ©surrection.
« Une seule fois au point
culminant de l’Histoire. »
C’est cela la mort et la
résurrection, ils sont le point culminant de toute l’Histoire. Si les peuples et
les hommes se sauvent, c’est parce que leur Salut dérive de cette mort et de
cette Résurrection. C’est pourquoi les chrétiens savent que la transformation
de notre pays est déjà décrétée dans le Christ Rédempteur. Et les chrétiens
savent qu’en ce monde, aussi horrible de ténèbres qu’ils soient entourés, est
en train de poindre la clarté de la véritable
RĂ©demption depuis le jour oĂą le Christ est mort et est
ressuscité. C’est ce que nous appelons le mystère pascal : la mort et la
Résurrection du Christ. C’est le mystère de Pâques.
La Pâque des Juifs annonçait ces
Pâques, passage de la mort à la vie qui se donne dans le Christ. Libération qui
fut déjà signifiée en arrachant le peuple à l’esclavage en Égypte pour le
conduire à la liberté des enfants de Dieu, à la Terre promise et qui n’est rien
d’autre qu’un symbole du pèlerinage des chrétiens, peuple dans le désert de la
vie vers la terre de la promesse Ă©ternelle. Ce n’est pas une libĂ©ration au-delĂ
de l’Histoire seulement, sinon qu’elle se reflète ici déjà , parce qu’ici est la
semence, le ferment, qu’ici est le sépulcre, qu’ici est la croix et qu’ici est
le lieu et l’heure où le Christ mourut dans notre Histoire. Depuis ce moment
culminant, depuis ce sacrifice qui est vie et résurrection, Il donne sens à tous
les mouvements libérateurs.
C’est pourquoi, si une libération, si
une organisation proclame une libération sans le Christ, sans Pâques, sans
croix, ce n’est pas une libération véritable et ils ne seront pas de véritables
libérateurs. C’est ce que je disais à l’instant avec Puebla :
« L’Église forgeur des libérateurs de l’Histoire. » Seul celui qui
porte dans son cœur la foi et l’espérance dans la mort du Christ qui sauva le
monde parce qu’Il paya tous les péchés des êtres humains et qu’Il ressuscita
pour ne plus mourir, pour offrir la véritable liberté, la dignité des enfants
de Dieu. Ceux qui ont renoncé au péché, ceux qui professent la véritable
dignité humaine, ceux-là seront les seuls vrais libérateurs.
La douleur rachète
Je voudrais reprendre maintenant
cette pensée de Puebla, très chers frères, lorsqu’il dit (279) : « Le
continent a besoin d’hommes et de femmes conscients que Dieu les appelle à agir
en alliance avec Lui. Des gens au cœur docile, capables de faire leurs les
chemins et le rythme que la Providence indique. Particulièrement capables
d’assumer leur propre douleur et la douleur de nos peuples et les convertir
avec un esprit pascal, en exigence de conversion personnelle, en source de
solidarité avec tous ceux qui partagent cette souffrance et en défi pour
l’initiative et l’imagination créatrices. »
Notre espérance pascale donne un sens
au marginal, à l’analphabète, à celui qui meurt de dénutrition et elle ne fait
pas que crier que cela ne peut être ainsi, sinon qu’elle dit à celui qui souffre :
« Tu vas peut-être mourir, offrons cela en Rédemption. » C’est
pourquoi je vous disais au cours de mon appel pastoral au milieu de cette
nouvelle conjoncture du pays : que tous ceux qui ont offert leur vie, leur
héroïsme, leur sacrifice, s’ils l’ont offert avec un désir sincère d’apporter
la véritable liberté et la dignité à notre peuple, ils se sont incorporés au
grand sacrifice du Christ. Mais cela doit ĂŞtre ainsi, en assumant la douleur
comme une pièce qui achète la liberté. Il n’est pas uniquement question de
secouer le joug, sinon comme le Christ qui se soumet au joug romain sous
l’oppression de Ponce Pilate, sous l’effroyable machination de l’empire, Il
meurt sur la croix avec un cri d’amour parce qu’Il a racheté le monde en
acceptant cette douleur, cette humiliation et c’est là que commença à briller
la grande liberté qui se lève pour tous les peuples. Ce même Christ est Celui
que portent tous ceux qui désirent la Libération, nous devons nous efforcer de
Le vivre aussi intensément.
Je fais ici appel, Ă travers la
radio, Ă tous ceux qui souffrent sur leur lit de malades, aux hĂ´pitaux, aux
pauvres qui souffrent et ne peuvent laisser leurs humbles chaumières parce
qu’ils n’ont mĂŞme pas la monnaie pour se payer le voyage en camionnette jusqu’Ă
une clinique. Offrons au Seigneur, non pas dans un sens passif, sinon avec
l’activité omnipotente de la douleur, en l’unissant au Christ qui depuis la
croix, depuis sa mort, nous rachète. Et vous verrez, très chers pauvres, chers
opprimés, chers marginaux, chers affamés, chers malades, que l’aurore de la
Résurrection fulgure déjà . Pour notre propre peuple, afin qu’advienne cette
heure, et nous devons comme chrétiens non seulement l’espérer dans ses
dimensions politiques et conjoncturelles, sinon dans des dimensions de foi et
d’espérance. C’est cela la mission que j’accomplis et c’est pourquoi ma parole
veut être une parole d’espérance et de foi en Jésus-Christ.
Notre mort… notre jugement, un signe
de ce qui demeure
C’est pour cela que saint Paul nous
rappelle aussi, auprès de cette mort rédemptrice du Christ, notre mort à tous.
Quelle terrible parole que celle de saint Paul aujourd’hui (He 9,27) :
« Les hommes ne meurent qu’une fois, après quoi il y a un jugement. »
Bienheureux les morts qui s’incorporèrent à la mort rédemptrice du Christ parce
que je dois dire avec douleur et tristesse que ce ne sont pas toutes les morts
qui sont rédemptrices. Il y a des morts par suicide, il y a des morts qui se
sont exposés imprudemment pour se faire tuer, il y a des morts de haine avec
des armes, il y a des morts de vengeance et celles-ci ne sont pas des morts de
RĂ©demption. Les morts de RĂ©demption sont celles qui ont appris Ă dire avec le
Christ au moment du rictus final : « Père, pardonne-leur parce qu’ils
ignorent ce qu’ils font… »
C’est pourquoi saint Paul nous
appelle Ă incorporer notre vie et notre mort Ă la Mort et Ă la Vie Ă©ternelle de
notre Seigneur Jésus-Christ. Et n’allons pas penser que cela nous aliène. Je
l’ai répété un millier de fois parce que j’ai entendu cette calomnie des
milliers de fois : « Que les chrétiens, parce qu’ils pensent à la vie
éternelle, oublient les problèmes de la Terre. » Au contraire, parce que
nous pensons à la Vie éternelle nous donnons leur véritable dimension aux
projections limitées de la Terre, nous qui avons les dimensions illimitées de
l’éternité. 11/11/79, p.428-431, VII.
Faits de la semaine
Nous avons les éléments suffisants
pour analyser depuis ici, le pourquoi de notre histoire. Et je me réjouis
d’être en train de faire cette réflexion au sein de mon Église, de notre
Église, en vous appelant tous à ce que nous soyons vraiment dignes de ce Peuple
de Dieu et que chaque jour notre archidiocèse s’identifie davantage à ce sentir
pastoral depuis lequel nous pouvons réaliser, chacun selon sa propre vocation,
notre mission politique également. Mais dans un peuple si politisé qu’au
Salvador, nous courrons le danger de croire que l’unique dimension humaine est
la politique et c’est une grande erreur. La politique est une des dimensions, mais
elle n’est pas toute la dimension humaine. La principale dimension humaine est
celle sur laquelle nous réfléchissons depuis le début, ce qui vient de Dieu et
qui fait de l’humain un véritable réceptacle de Dieu et à partir de cela, ayons
la lumière pour éclairer les autres domaines, familiale, politique, social et
économique. Un de ceux-ci est le politique, il n’est pas le seul. C’est
pourquoi mon but dans la prédication c’est exactement d’apporter la Parole de
Dieu pour qu’elle éclaire les secteurs où chacun de nous sommes actifs.
11/11/79, p.431, VII.