La Résurrection, sceau et clé de la Nouvelle Alliance

 

Pâques; 15 avril 1979; Lectures : Actes 10,34a.37-43; Colossiens 3,1-4; Jean 20,1-19.

 

Joyeuses Pâques! C’est le jour du triomphe du Seigneur! La longue pérégrination du carême se termine en ce sommet de gloire. Durant le carême nous avons revu également l’histoire de l’Alliance entre Dieu et les hommes. Tout ce désir de Dieu pour obtenir l’amour des hommes, toutes ces réponses de l’être humain qui rejette sans cesse l’appel de Dieu, cet entêtement de l’amour éternel du Seigneur a vaincu. Et aujourd’hui, Pâques est la fête qui donne son sens, son explication à toute cette lutte de Dieu.

 

Davantage qu’une explication, qu’une catĂ©chèse, mon homĂ©lie de ce matin veut ĂŞtre avant tout un tĂ©moignage de foi. Uni avec mon peuple bien-aimĂ©, je dirai au Seigneur : je crois dans le Christ ressuscitĂ©!

Ma parole veut ĂŞtre ce matin l’annonce joyeuse qui constitue comme le noyau de la prĂ©dication des apĂ´tres : « Le Christ est ressuscitĂ©! Â» C’est cela la grande nouvelle!

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Deux objets de la cĂ©lĂ©bration pascale : le Christ et les baptisĂ©s

2) Pâques illumine toute l’Histoire des Alliances de Dieu avec les hommes

3) Le Peuple de la Nouvelle Alliance

 

 

1) Deux objets de la cĂ©lĂ©bration pascale : le Christ et les baptisĂ©s

 

Cette nuit nous venons cĂ©lĂ©brer non seulement le triomphe du Christ comme homme isolĂ© il y a vingt siècles, mais notre propre triomphe. Nous sommes le Christ d’aujourd’hui, les baptisĂ©s. Anciennement, pendant cette nuit oĂą le carĂŞme se termine, avait lieu une belle procession des catĂ©chumènes qui allaient recevoir les eaux baptismales. VĂŞtus de blanc, ils Ă©taient la plus belle image de la rĂ©surrection : une vie nouvelle pour le baptisĂ©. Puisque nous avons la chance d’être baptisĂ©s depuis longtemps, cette nuit, dans quelques instants nous allons rĂ©nover notre baptĂŞme.

 

Cette nuit nous avons compris ce que signifie ce peuple qui remplit la cathĂ©drale : c’est le Christ ressuscitĂ©. Il n’était pas seulement symbolisĂ© par ce cierge que nous avons bĂ©ni lors de la procession initiale de cette nuit, mais qu’au-delĂ  du signe, le Christ est vivant aujourd’hui en 1979. En ces Pâques de San Salvador, Il est ressuscitĂ© et vous, les chrĂ©tiens, ĂŞtes le tĂ©moignage que le Christ continue de vivre. BĂ©ni soit Dieu que cette nuit, un diocèse qui accomplit chaque fois davantage son engagement avec le Christ, continue de vivre! L’Église est le corps du Christ dans l’histoire! Nous sommes le Christ vivant en 1979! 15/04/79, p. 306, VI.

 

 

2) Pâques illumine toute l’Histoire des Alliances de Dieu avec les hommes

 

Ma seconde pensée cherche à embrasser toute cette précieuse série de lectures que, dans un geste œcuménique, a préparées la Commission de la Semaine sainte et que nous avons pu entendre sur les lèvres des chrétiens de confessions diverses, mais tous croyant en un seul et même Christ. Comment Pâques illumine, comment cette nuit ce cierge illumine toute la cathédrale? La Résurrection, les Pâques du Christ illuminent toute la longue Histoire de Dieu et des hommes qui remonte jusqu’aux premières lectures que nous avons écoutées au cours de ce carême.

 

 

Au début, Dieu créa le Ciel et la Terre, et commencèrent les alliances.

 

Tout au long du carĂŞme de cette annĂ©e, nous avons suivi les diverses alliances que Dieu fit avec les hommes. MalgrĂ© les nĂ©gations des hommes, Dieu s’efforce de gagner leurs cĹ“urs. Avec NoĂ©, sous le signe de l’Arc-en-ciel, Dieu fait une alliance qui vient comme confirmer sa volontĂ© de crĂ©er. J’ai crĂ©Ă© le Ciel, la Terre, les animaux, tout ce qui existe : je ne provoquerai pas d’autres dĂ©luges. Je conserverai la nature pour les humains. Je continuerai de penser Ă  l’homme comme Ă©tant le principe de la crĂ©ation Ă  condition qu’il m’adore. Je suis son Dieu. C’est ainsi que NoĂ© fut reconnaissant envers Dieu qui lui conserva la nature. L’Alliance des ĂŞtres humains avec Dieu, signifie l’adoration du CrĂ©ateur de toutes choses, le respect de ses lois, le respect de la nature, la justice dans la rĂ©partition des biens que Dieu a crĂ©Ă©s pour tous, le soin de la nature. Ce dĂ©sir de dĂ©truire, ce danger terrible de demeurer sans eau, sans air pur, sans forĂŞt, cette soif de destruction terrible comme un nouveau dĂ©luge, Dieu veut le conjurer. Lorsque nous regardons dans l’Arc-en-ciel la volontĂ© de Dieu de conserver la nature, souvenons-nous que la conservation des ressources naturelles dont l’humanitĂ© a besoin fait partie de notre alliance avec Dieu.

 

Continuant avec les lectures d’aujourd’hui, plus dans l’ordre de la nature, cela suppose que l’homme va l’aimer, mais dans l’ordre d’une religion et Dieu a besoin de s’associer avec un privilĂ©giĂ©, un nomade du dĂ©sert : Abraham. Mais quelle foi, celle de cet homme! Vieux, sans patrie, pèlerin, sans savoir oĂą il va, obĂ©it Ă  Dieu qui lui dit : « Je vais faire de toi un grand peuple d’oĂą sortira la bĂ©nĂ©diction pour toutes les nations. Â» Et Abraham, sans qu’il comprenne comment, est devenu le père de notre foi.

 

Et d’Abraham naît le peuple, qui marchait pour sortir d’Égypte, vers sa libération, sa terre promise. Apparaît une troisième alliance lorsque Dieu parle à Moïse et lui commande de se déplacer au travers de l’Exode.

 

Toutes ces lectures que nous avons entendues aujourd’hui, c’est l’histoire de Dieu qui marche avec son peuple élu parce qu’Il va apporter le Rédempteur. Vient ensuite l’époque des prophètes qui annoncèrent le Rédempteur des hommes, les conditions que Dieu veut pour son peuple jusqu’à ce que naisse le Rédempteur.

 

Christ est dĂ©jĂ  avec nous et c’est un Christ qui est mort et qui est ressuscitĂ©. Son alliance avec les hommes, L’Alliance Nouvelle qu’annoncèrent les prophètes, est une alliance dĂ©finitive. C’est une alliance qui « unit Â» la Terre et le Ciel. Nous en sommes arrivĂ©s Ă  dire du pĂ©chĂ© d’Adam : « Heureuse faute qui nous mĂ©rita un si grand RĂ©dempteur. Â» Les pĂ©cheurs comptent dĂ©sormais sur une Alliance de rĂ©conciliation. Est arrivĂ©e jusqu’à nous par la croix, en cette journĂ©e de Pâques, l’heure oĂą nous-mĂŞmes devenons le peuple nouveau : le nouvel IsraĂ«l qui naĂ®t du baptĂŞme. 15/04/79, p.306-307, VI.

 

 

3) Le Peuple de la Nouvelle Alliance

 

Nous avons Ă©coutĂ©, dans la lecture de saint Paul (Col. 3,1-4), qui nous dĂ©voile ce mystère : « Tout homme nĂ© de la chair, s’il veut s’incorporer Ă  cette Alliance de Dieu avec les hommes, se fait baptiser et, dans le BaptĂŞme, la mort du Christ se fait mort du chrĂ©tien; et la RĂ©surrection du Christ se fait vie nouvelle dans le cĹ“ur du chrĂ©tien. Â» C’est ici que surgissent les engagements de ce peuple chrĂ©tien que cette nuit nous allons rĂ©nover. C’est l’engagement d’une solidaritĂ© Ă©troite avec la mort et avec la rĂ©surrection du Christ.

 

Cette nuit, mes frères, si nous voulons vĂ©ritablement faire honneur Ă  la pĂ©nitence de ce peuple qui est rĂ©uni dans la CathĂ©drale, pour la Vigile de Pâques, pensons-y bien, si nous voulons vraiment ĂŞtre baptisĂ©s et faire honneur Ă  notre incorporation Ă  la mort du Christ par le BaptĂŞme : Il faut mourir. Mourir au pĂ©chĂ©, mourir Ă  toutes les mĂ©chancetĂ©s, tuer en nous l’égoĂŻsme, les envies, les dĂ©nonciations, les idolâtries des faux dieux. Il n’y a qu’un seul Dieu, et le chrĂ©tien adore ce Dieu en JĂ©sus-Christ Notre Seigneur. Et si pour rejeter ces fausses idolâtries, quelqu’un doit mourir martyr pour ĂŞtre fidèle au Dieu unique, Dieu le ressuscitera. Nous avons, grâce Ă  Dieu, de nombreux martyrs non seulement dans l’histoire passĂ©e, mais dans notre histoire prĂ©sente. Il existe des prĂŞtres, des religieuses, des catĂ©chistes, plusieurs personnes humbles de la campagne qui ont Ă©tĂ© tuĂ©s, Ă©corchĂ©s, le visage Ă©crasĂ©, dĂ©membrĂ©s, persĂ©cutĂ©s pour ĂŞtre demeurĂ© fidèle au Dieu unique et Seigneur : JĂ©sus-Christ Ă  qui, cette nuit, nous devons renouveler notre engagement baptismal. C’est la nuit pour lui dire : Seigneur, je vais apostasier, je ne tolère plus cette exclusivitĂ© que Tu me rĂ©clames. Je suis comme Tu dis : « Celui qui veut venir Ă  ma suite, qu’il se renie lui-mĂŞme, qu’il prenne sa croix et me suive. Â» On ne peut servir deux maĂ®tres. On ne peut ĂŞtre Ă  la fois un chrĂ©tien qui a promis la fidĂ©litĂ© au Christ et aussitĂ´t le trahir, en idolâtrant l’idole de la richesse, du pouvoir, de la luxure, de l’orgueil, de l’égoĂŻsme, etc.

 

Cette nuit est une nuit de fidĂ©litĂ© devant celui qui fut fidèle jusqu’à la mort. Lui, il m’aime! Et mĂŞme lorsque l’amour lui coĂ»ta la mort sur une croix, Il n’eut pas peur et s’est livrĂ© pour moi. « Nous ne vivons dĂ©jĂ  plus pour nous, dit saint Paul, nous vivons pour Celui qui est mort et qui est ressuscitĂ©. Â» Parce que celui qui perd sa vie pour moi la gagnera. Celui qui croit en Moi et me suit ne mourra jamais, il aura la vie Ă©ternelle. Et en cette nuit de la RĂ©surrection, le chrĂ©tien comprend la grandeur de sa foi, de son espĂ©rance, de mettre en Christ toute sa force, tout son amour.

 

Puisse Dieu, chers frères, en ce moment oĂą nous allons rĂ©nover l’incarnation du Christ en nous, nous repentir de nos lâchetĂ©s. Nous ne voulons pas ĂŞtre des chrĂ©tiens Ă  deux visages : avec le Christ et contre le Christ. DĂ©cidons une fois pour toutes, si nous voulons vĂ©ritablement suivre le Christ, que la meilleure rĂ©ponse en cette nuit de l’amour au Seigneur ressuscitĂ© ne soit pas seulement votre prĂ©sence si enchanteresse, si encourageante, et pour laquelle je vous remercie profondĂ©ment d’avoir rĂ©pondu avec autant d’enthousiasme Ă  la Vigile Pascale, mais que cette nuit, au sortir de la CathĂ©drale, nous sentions tous l’immense honneur et toute la responsabilitĂ© d’avoir Ă©tĂ© baptisĂ©s. Et ainsi, oui nous cĂ©lĂ©brerons la rĂ©surrection de JĂ©sus-Christ qui n’est pas seulement la joie du Christ comme individu, mais que l’immense honneur de tous ceux qui forment le nouveau peuple qui a fait un pacte avec Dieu comme nous l’avons entendu aujourd’hui : « Je serai votre Dieu et vous serez mon peuple. Â»

 

En Jésus-Christ j’ai été marqué de son sang et avec la gloire de sa résurrection, nous, comme au pied du Sinaï, cette nuit nous disons que oui nous voulons être son peuple et que nous ferons tout ce que le Seigneur a dit. Ainsi soit-il. 15/04/79, p307-308, VI.