L’Esprit saint, l’Âme de la Nouvelle Alliance

 

Jeudi saint; 12 avril 1979; Lectures : IsaĂŻe 61,1-3a.6a.8b-9; Apocalypse 1,5-8; Luc 4,16-21.

 

Depuis le dĂ©but du carĂŞme, nous nous sommes efforcĂ©s de suivre la pensĂ©e de la RĂ©vĂ©lation Divine dans cette perspective : d’un Dieu infatigable dans l’amour, rĂ©novant ses alliances avec les humains. Nous arrivons au Jeudi saint, oĂą cette promesse qui avait Ă©tĂ© annoncĂ©e par ces alliances anciennes est sur le point de se rĂ©aliser. En cette messe, qui est l’unique Ă  ĂŞtre cĂ©lĂ©brĂ©e dans toutes les cathĂ©drales et qui se nomme la Messe l’Onction, de la consĂ©cration des huiles, nous voulons rendre hommage Ă  l’Esprit de Dieu, Ă  l’Esprit saint qui est celui qui rĂ©alise l’Alliance Nouvelle promise par Dieu.

 

Le chrĂŞme est le signe de l’onction de l’Esprit saint. C’est le signe du saint ChrĂŞme que nous allons consacrer dans quelques instants. La liturgie veut reprĂ©senter devant le peuple et devant les prĂŞtres, la prĂ©sence de l’Esprit saint qui oint le mĂ©diateur de la Nouvelle Alliance, JĂ©sus-Christ, Dieu et Homme vĂ©ritable : Prophète, PrĂŞtre et Roi de l’humanitĂ©. C’est Lui qui nous a tous oints, tous ceux qui croient en Lui et Il nous fait ainsi participer Ă  son onction divine. Sans l’Esprit saint nous ne pouvons pas comprendre tout le divin et l’efficacitĂ© de la RĂ©demption chrĂ©tienne.

 

C’est l’Esprit saint, en cette semaine, qui est le centre de notre adoration, de notre gratitude et nous reconnaissons en Lui, la force qui pousse le Christ au sacrifice suprême pour nous et qui nous unit dans le Christ Rédempteur.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Le Christ

2) Le Peuple Sacerdotal. Peuple des fidèles baptisés et choisis parmi le peuple

Certains sont ministres de Dieu parmi ce peuple : les prĂŞtres.

3) Les Sacrements

 

Par les sacrements, l’Esprit saint réalise continuellement l’Alliance par laquelle Il nous donne sa vie, nous sanctifie et nous pardonne. Grâce à ceux-ci, nous nous consacrons, nous devenons son peuple en alimentant notre don au Seigneur.

 

 

1) Le Christ

 

En premier lieu, l’œuvre maîtresse de l’Esprit saint que nous célébrons ce matin, c’est l’onction du Christ.

 

« L’Esprit du Seigneur est sur moi. Â» (Is 61,1) Et, commentant cette prophĂ©tie d’IsaĂŻe, le Messie dit : « Aujourd’hui s’accomplit cette Ă©criture. Â» L’Esprit de Dieu est sur moi, Je suis la merveille de l’Esprit saint.

 

Une Onction substantielle. L’être humain assumĂ© par la Seconde Personne de la Très Sainte TrinitĂ©. L’Œuvre de l’Esprit saint : l’onction du Christ est une onction substantielle, une onction qui ne vient pas du dehors sinon que de son originalitĂ©, de son principe mĂŞme, Il est dĂ©jĂ  l’œuvre merveilleuse de l’Esprit saint.

Quand l’ange annonce Ă  Marie qu’elle va ĂŞtre vierge et mère de Dieu qui se fait homme, celle-ci demande : « Comment cela pourrait-il ĂŞtre? Â» L’ange lui explique que ce sera l’œuvre de l’Esprit saint. Grâce Ă  Lui, cette humanitĂ© : corps et âme, formĂ©e dans les entrailles virginales de Marie, qui devait naĂ®tre comme tous les enfants qui naissent : homme, nature et personne humaine, est aussi divine. L’Esprit saint assume cette crĂ©ature nouvelle dans les entrailles de Marie et dans ses mĂŞmes entrailles injecte, dirions-nous, la Seconde Personne de la Très Sainte TrinitĂ©, par laquelle Marie va donner naissance, non pas Ă  un simple enfant, mais Ă  un Enfant-Dieu. C’est pour cela que Marie s’appellera Mère de Dieu.

 

 

Valeur divine des actions du Christ.

 

Lorsque le Christ commente cette prophĂ©tie d’IsaĂŻe (Lc 4,16-21) : « L’Esprit du Seigneur est sur moi… Aujourd’hui s’accomplit cette Ă©criture. Â» Il veut nous dire : Moi qui apparais au milieu des hommes comme n’importe qui, Je porte l’onction de l’Esprit saint, Je porte la personne de Dieu qui donne une valeur divine Ă  tous mes actes humains. Et si en demeurant clouĂ©s sur une croix mes bras humains sont capables de sauver le monde de tous ses pĂ©chĂ©s, ce n’est pas parce que je suis du sang humain de Marie, c’est parce que tout en Ă©tant son fils, J’ai Ă©tĂ© oint comme vĂ©ritable Fils de Dieu et que tout ce que je souffre possède une valeur divine.

 

L’Esprit est la force qui le ressuscite. Le Christ, le Messie, est vĂ©ritablement l’œuvre de l’Esprit de Dieu. C’est pourquoi, quand arrive l’heure de sa glorification, l’Esprit saint Le pousse Ă  la grande obĂ©issance de sa passion. InspirĂ© par l’Esprit, Il embrasse la croix : motivĂ© par l’Esprit, Il meurt pour la RĂ©demption des hommes et des femmes, mais c’est Ă©galement dans la force de l’Esprit qu’Il ressuscite. Dieu le ressuscite par l’Esprit de Vie par lequel Il a Ă©tĂ© oint et la mort ne peut pas le vaincre.

 

L’Esprit fait du Christ la source de tous les biens messianiques. Si le Christ passe maintenant en son Ciel en dĂ©versant sur toute l’humanitĂ© le pardon, la sanctification, la consolation, la vĂ©ritĂ© qui guide son Église, tout cela, nous le devons au fait que ce Fils de la Vierge a Ă©tĂ© oint par l’Esprit saint et qu’Il est maintenant assis Ă  la droite du Père, pour exprimer que cette humanitĂ©, nĂ©e des entrailles d’une femme, a Ă©tĂ© glorifiĂ©e jusqu’à la catĂ©gorie de Dieu, comme dit l’épĂ®tre de saint Paul (Ph 2,9-10) : « Aussi Dieu l’a-t-il exaltĂ© et lui a-t-il donnĂ© le Nom qui est au-dessus de tout nom, pour que tout, au nom de JĂ©sus, s’agenouille, au plus haut des cieux, sur la terre et dans les enfers. Â»

 

Et ici nous avons, très chers frères, le Médiateur de la Nouvelle Alliance, l’Artisan de la relation renouée entre le Ciel et la Terre, le Consommateur de la Rédemption Humaine, Celui qui sanctifie éternellement ce monde avec son ministère d’éternité sacerdotal. Puisse Dieu qu’aujourd’hui nous puissions ouvrir les yeux de notre foi et reconnaître que le Protagoniste de la Semaine Sainte, le Christ qui marche avec sa croix sur le dos et qui meurt sur le Calvaire, qui va être enseveli, non pas pour demeurer définitivement dans son sépulcre, mais pour ressusciter et triompher, ce Christ est l’œuvre merveilleuse de l’Esprit saint. 12/04/79, p.264-265, VI.

 

 

2) Le Peuple Sacerdotal. Peuple des fidèles baptisés et choisis parmi le peuple

 

Une autre œuvre de l’Esprit saint c’est que toute cette dignité divine du Christ, cette onction par laquelle le fils de Marie est le Fils de Dieu, cette œuvre que seule pouvait réaliser l’omnipotence de l’Esprit de Dieu, tout ce divin, Saint Rédempteur que le Christ est, tout ce sacerdotal par lequel le Christ offre son sacrifice pour le pardon des péchés du monde, nous avons également une participation dans tout cela.

 

« Il nous a convertis en son Règne et a fait de nous des prĂŞtres de Dieu son Père… Â» C’est pour cela que dans la seconde lecture d’aujourd’hui, dans l’Apocalypse (1,5-8) nous avons lu ce que saint Jean Ă©crivit (1,6) : « Il a fait de nous une RoyautĂ© de PrĂŞtres, pour son Dieu et son Père. Â» C’est ce que nous pouvons dire en ce Jeudi saint et c’est ce que nous venons rĂ©aliser en cette liturgie de la Sainte Onction du Jeudi saint au matin, nous sentir prĂŞtres, peuple sacerdotal qui par le baptĂŞme nous rend conforme au Christ, Divin RĂ©dempteur.

 

Le Concile Vatican II dit : « Le Nouveau Pacte, la Nouvelle Alliance que nous appelons aussi le Nouveau Testament, a Ă©tĂ© Ă©tabli par le Christ qui convoque un peuple de juifs et de gentils qui s’unirent non selon la chair, mais selon l’Esprit pour constituer le Nouveau Peuple de Dieu. De sorte que ceux qui croient en JĂ©sus-Christ ne renaissent pas d’un germe corruptible, mais d’un germe incorruptible : non de la chair sinon de l’eau de l’Esprit saint, ils sont passĂ©s Ă  constituer un lignage choisi, sacerdoce royal, nation sainte, peuple rachetĂ©. Â»

 

Autant d’éloges pour vous, très chers frères, pour nous, fils de la chair, que nos parents chrĂ©tiens apportèrent aux eaux baptismales de notre paroisse pour nous incorporer Ă  cette lignĂ©e royale, Ă  ce peuple sacerdotal! C’est un matin pour aller donner un baiser de remerciements aux fonds baptismaux ou Ă  notre mère bien-aimĂ©e qui nous apporta, avec notre parrain ou notre marraine, au baptĂŞme pour faire de nous des chrĂ©tiens. C’est un matin pour rendre grâce au Seigneur : merci de m’avoir fait participer, mĂŞme si je suis pauvre, mĂŞme si aux yeux du monde je ne signifie rien. Cependant, cette participation Ă  l’éternelle dignitĂ© sacerdotale, me rend grand, me rend divin et capable d’être membre d’un peuple qui sache te rendre un culte vĂ©ritable.

 

Deux participations : le sacerdoce commun des baptisĂ©s et le sacerdoce ministĂ©riel ou hiĂ©rarchique. Ici, nous rencontrons le mystère de cette diffĂ©rence qui sĂ©pare et en mĂŞme temps unit ces deux catĂ©gories qui sont rĂ©unies ce matin dans la cathĂ©drale. Le Concile continue en disant : « Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministĂ©riel ou hiĂ©rarchique, mĂŞme s’ils sont essentiellement diffĂ©rents, non seulement en degrĂ©, ils s’ordonnent, cependant, l’un Ă  l’autre, puisque les deux participent, Ă  leur manière, Ă  l’unique sacerdoce du Christ. Â» Entre vous, peuple sacerdotal et nous, choisi parmi le peuple pour vous servir par notre sacerdoce, et qui avons reçu l’imposition des mains et le caractère sacerdotal pour reprĂ©senter le Christ et guider le peuple, il existe une diffĂ©rence essentielle. Non pas une diffĂ©rence qui nous distingue et nous met Ă  part, mais qui nous complète mutuellement. 12/04/79, p.265-266, VI.

 

 

3) Les Sacrements

 

[…] « Le caractère sacrĂ© et structurĂ© du peuple sacerdotal est actualisĂ© par les Sacrements. C’est l’Esprit saint qui les vivifie. Le baptĂŞme est une rĂ©gĂ©nĂ©ration comme fils de Dieu, la Confirmation est une force spĂ©ciale de l’Esprit de Dieu, l’Eucharistie est l’union de notre vie au sacrifice du Christ, la PĂ©nitence nous rĂ©concilie avec Dieu et avec l’Église, l’Onction des malades associe la fragilitĂ© de la condition humaine avec la Passion rĂ©demptrice du Christ, l’Ordre Sacerdotal qui rend capable un fils du Peuple de Dieu de conduire au nom du Christ, l’Église du Seigneur, et le Mariage, signe et participation Ă  l’amour fĂ©cond qui unit le Christ Ă  son Église et qui se reflète dans le foyer chrĂ©tien. Â» 12/04/79, p.269, VI.