La Famille : Épiphanie de l’Amour de Dieu

 

Trente-et-un dĂ©cembre 1978; Lectures : Siracide 3,3-7.14-17a; Colossiens 3,12-21; Luc 2,39-40.

 

Épiphanie veut dire manifestation, signifie comme ostensoir, quelque chose oĂą Dieu vit et se montre. Dieu dĂ©sire se montrer Ă  la sociĂ©tĂ©, Ă  l’histoire, au monde, Ă  partir d’une famille; et toutes les familles constituĂ©es chrĂ©tiennement doivent ĂŞtre cela : Ă©piphanie, manifestations de Dieu, de l’amour de Dieu. Un homme et une femme ne se marient pas uniquement pour ĂŞtre heureux, ils ont une Ă©norme fonction sociale, ils doivent rendre Dieu prĂ©sent dans le monde, dans l’amour conjugal, et plus tard quand arrivent les enfants dans l’amour qui unit leur foyer. Dans cette famille unie et constituĂ©e dans l’amour, ils doivent ĂŞtre la marque de Dieu, Ă©piphanie de Dieu.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Dimension humaine de la famille

2) Transcendance religieuse et ecclésiale de toute famille

3) Le Christ vit et se révèle au monde dans la famille

 

 

1) Dimension humaine de la famille

 

La dimension humaine nous est donnĂ©e par cette fin pittoresque de l’Évangile d’aujourd’hui (Lc 2,39-40) : « Ils retournèrent en GalilĂ©e, Ă  leur ville de Nazareth. Et l’enfant grandissait. Â» Quelle vie plus simple! La vie de deux paysans qui ont un enfant : il travaille pour subvenir Ă  leurs besoins, elle s’occupe des tâches de la maison. LĂ  se trouve encore aujourd’hui la source, l’unique source qui existe dans les environs de Nazareth. C’est lĂ  que Marie ira avec sa cruche chercher de l’eau et pĂ©trir la farine. Toutes ces paraboles pittoresques de la femme Ă  son foyer, JĂ©sus les mĂ©ditait dĂ©jĂ  en cette humble demeure de Nazareth. « Et l’enfant grandissait… Â»

 

 

A) Une Hiérarchie.

 

Il y a dans la première lecture d’aujourd’hui (Si 3,3-7.14-17a) qui est comme une compilation de toute la sagesse de l’Ancien Testament, Ă©crite peut ĂŞtre par un rabbin qui fut probablement un diplomate qui frĂ©quenta les cours, mais qui après, lorsqu’il revint, recueillit la simplicitĂ© de la Bible dans le fameux livre de l’EcclĂ©siastique, une sĂ©rie de conseils familiers, humains, oĂą il dit : « Le père a plus d’autoritĂ© que les fils. L’autoritĂ© de la mère est sur la progĂ©niture. N’abandonne pas ton père tant qu’il vit mĂŞme si son esprit faiblit… Â» MĂŞme si ton père est dĂ©jĂ  un vieux, qu’il radote, respecte-le.

 

 

B) Satisfactions humaines.

 

La première lecture d’aujourd’hui parle des grandes satisfactions humaines de celui qui honore son père et sa mère (Si 3,5) : « Celui qui honore son père trouvera la joie dans ses enfants. Â» Naturellement celui qui fut un bon fils, sera un père heureux. (Si 3,6) : « Celui qui glorifie son père verra de longs jours. Â» L’Ancien Testament ne connaissait pas comme nous les chrĂ©tiens, les rĂ©compenses de la vie Ă©ternelle en Dieu, mais parlait du bonheur sur cette Terre et c’est en cela que consistaient ses grandes satisfactions. Comme vous voyez, une dimension ne prĂ©cise pas d’une grande mystique, simplement le cĹ“ur de l’homme, comme cela a surgi de sa nature mĂŞme qui nous demande cet amour, ce respect qui inonde la vie de famille.

 

 

C) Les vertus domestiques.

 

Dans la seconde lecture (Col 3,12-21), saint Paul soulignant la dimension humaine de la famille nous dit : « Que votre uniforme soit la profonde misĂ©ricorde, la bontĂ©, l’humilitĂ©, la douceur, la comprĂ©hension. Â» Ce sont les trĂ©sors simples, qui, comme ces pièces de monnaie qui passent par nos mains et qu’à force de les user, perdent peut-ĂŞtre leur image et aussi leur valeur. Mais combien merveilleuse est la vie simple sous cet aspect humain qu’est la famille!

 

 

D) Relations familiales.

 

Saint Paul, continue son Ă©pĂ®tre d’aujourd’hui aux Colossiens en nous entretenant concrètement de ces relations familiales (3,18-21) : « Femmes soyez soumises Ă  vos maris, comme il se doit dans le Seigneur. Maris, aimez vos femmes et ne leur montrez point d’humeur. Enfants, obĂ©issez en tout Ă  vos parents, c’est cela qui est beau dans le Seigneur. Parents, n’exaspĂ©rez pas vos enfants, de peur qu’ils ne se dĂ©couragent. Â» Et la famille s’étend bien au-delĂ  de ce petit cercle. Dans le temps de saint Paul existaient des serviteurs et des maĂ®tres qu’aujourd’hui nous traduirions en d’autres termes qui signifient la mĂŞme chose (3,22-24) : « Esclaves, obĂ©issez Ă  vos maĂ®tres d’ici-bas, non pas d’une obĂ©issance tout extĂ©rieure qui cherche Ă  plaire aux hommes, mais en simplicitĂ© de cĹ“ur, dans la crainte du MaĂ®tre. Quel que soit votre travail, faites-le avec âme, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, sachant que le Seigneur vous rĂ©compensera en vous faisant ses hĂ©ritiers. Â»

Il dit aux serviteurs : « Vous aussi ĂŞtes les hĂ©ritiers. Â» Il dit aux journaliers d’aujourd’hui, Ă  ceux qui travaillent sous d’autres maĂ®tres : « Vous avez vous aussi une dignitĂ©, servez vos maĂ®tres non pas en leur plaisant Ă  eux, mais au Seigneur de qui vous allez recevoir l’hĂ©ritage que par justice l’on vous rendra, parce que vous ĂŞtes Ă  l’égale de vos maĂ®tres qui ont le mĂŞme MaĂ®tre. Â» Saint Paul dit en terminant (3,24-25) : « C’est le Seigneur Christ que vous servez : qui se montre injuste sera certes payĂ© de son injustice, sans qu’il soit fait acception des personnes. Â» Devant Dieu, rien ne servira d’être recommandĂ© par telle ou telle personne, sinon que vaudra la justice dont cette personne fit usage envers ses frères?

 

(Col 4,1) : « MaĂ®tres, accordez Ă  vos esclaves le juste et l’équitable, sachant que, vous aussi, vous assez un MaĂ®tre dans le ciel. Â» Quelle valeur que celle de ces principes humains qui furent le point de dĂ©part qui tranchèrent cette condition d’esclaves et de maĂ®tres et qui continuera aussi d’être la marque qui dĂ©truira toutes les injustices et tous les dĂ©sordres. Voici le grand principe : « Devant Dieu, il n’y a pas acception de personne. Â» MaĂ®tres, vous aussi vous avez un MaĂ®tre qui est dans le Ciel et auquel vous devrez rendre des comptes. Serviteurs, obĂ©issez et ne cherchez pas la rĂ©bellion uniquement pour la rĂ©bellion. Nous avons un juge qui revendique la justice sociale aux humains.

 

 

E) La famille, école du plus riche humanisme. C’est pourquoi le

 

Concile arrive Ă  dire que la famille est l’école du plus riche humanisme. Lorsque les parents de Jean XXIII cĂ©lĂ©brèrent cinquante ans de mariage, il Ă©tait DĂ©lĂ©guĂ© Apostolique en Orient et depuis lĂ  il a conservĂ© cette lette Ă©crite avec tant de tendresse Ă  ses vieux parents paysans : « Cela fait longtemps que j’ai quittĂ© votre maison, j’ai Ă©tudiĂ© dans des collèges, j’ai lu beaucoup de livres, mais nulle part je n’ai appris ce que vous m’avez appris : la sagesse du foyer, l’école du plus riche humanisme Â» et l’on comprend pourquoi Jean XXIII fut celui qui fut vĂ©ritablement Ă©duquĂ© Ă  l’école de son propre foyer.

 

Le Concile dit : « Dans le foyer se rencontre les diffĂ©rentes gĂ©nĂ©rations. Â» Regardez le tableau d’aujourd’hui : l’Enfant JĂ©sus, Marie et Joseph, jeunes. Les anciens SimĂ©on et Anne. Cela ne nous donne-t-il pas l’idĂ©e de ce qu’est la famille humaine? Petits-enfants, enfants, pères, grands-parents; plusieurs gĂ©nĂ©rations cohabitent, il n’y a pas de place pour les conflits de gĂ©nĂ©rations quand l’amour existe.

 

 

F) La famille : formatrice de personne, Ă©ducatrice de la foi, promotrice de dĂ©veloppement humain.

 

Je ne peux passer sous silence cet aspect humain que les Ă©vĂŞques rĂ©unis Ă  MedellĂ­n, dirent de la famille, parce qu’il est nĂ©cessaire que ce Concile Vatican II qui se fit latino-amĂ©ricain Ă  MedellĂ­n, soit connu des familles latino-amĂ©ricaines. La rĂ©union de MedellĂ­n fit donc une belle synthèse en disant ces trois fonctions de la famille. « En AmĂ©rique latine la famille doit ĂŞtre : Formatrice de personnes, Ă©ducatrice de la foi, et promotrice du dĂ©veloppement. Â» Il me semble que cela dĂ©crit bien cette grande valeur qu’a la famille parmi nous.

Formatrice de personne. Nous sommes en train d’observer l’aspect humain de la famille et la première chose qui se voit chez un homme c’est sa personne. Avant d’être chrétiens, nous devons être humains. Peut-être parce que souvent l’on cherche à construire le chrétien sur de fausses bases humaines, nous avons de faux hommes et de faux chrétiens. Le béat est un faux chrétien qui n’est pas non plus un homme. Plusieurs de ceux qui prétendent défendre actuellement la religion, ne sont ni des hommes et bien moins des chrétiens. Je ris de ces prétendus défenseurs intéressés du christianisme qui se disent d’authentiques catholiques. De quel droit peuvent-ils se prétendre catholiques authentiques? S’ils ne sont même pas des hommes qui savent adorer le véritable Dieu et qui s’agenouillent, idolâtres, devant les choses de la Terre.

 

Formatrice de personnes. La famille humaine doit former des personnes, des personnalitĂ©s, ce qui veut dire, selon MedellĂ­n : « La prĂ©sence et l’influence de modèles distincts et complĂ©mentaires du père et de la mère (masculin et fĂ©minin), le lien de l’affection mutuelle, le climat de confiance, l’intimitĂ©, le respect, la libertĂ©, le cadre de la vie sociale avec une hiĂ©rarchie naturelle qui est modulĂ©e par ce climat. Tout converge pour que la famille devienne capable de façonner des personnalitĂ©s fortes et Ă©quilibrĂ©es pour la sociĂ©tĂ©. Â»

Très chères familles, recueillez pour vous ce grand message de Noël pour vous. Comme nous désirons que les pères de famille soient comme Joseph! Comme nous voudrions avoir des mères comme Marie, et comme nous aimerions avoir des fils comme Jésus! Comme nous aimerions avoir les fortes personnalités de Joseph, de Marie et de Jésus qui ne se dédoublaient pas devant les adulations ou les menaces. Qui sait dire comme Jésus que son pain est de faire les volontés du Père qui sont avant tout des valeurs humaines.

 

Promotrice de dĂ©veloppement. Lorsque nous affirmons cela : « La famille est l’école du plus riche humanisme et que l’humanisme complet est le dĂ©veloppement intĂ©gral. La famille, oĂą convergent les diverses gĂ©nĂ©rations qui s’entraident pour acquĂ©rir la sagesse la plus complète, pour savoir harmoniser les droits de la personne avec les autres exigences de la vie sociale, elle constitue le fondement de la sociĂ©tĂ©. En elle, les fils, dans un climat d’amour, apprennent avec une plus grande facilitĂ© la juste hiĂ©rarchie des choses, en mĂŞme temps qu’elle imprime d’une façon naturelle dans l’âme des adolescents, les formes approuvĂ©es de la culture au fur et Ă  mesure qu’ils grandissent. C’est aux parents qu’il revient de prĂ©parer leurs enfants dans le sein de la famille pour qu’ils connaissent l’amour de Dieu. Â»

 

Formatrice de personnes, promotrice de développement. Si aujourd’hui nous avons tous une fonction sociale, combien plus la famille. Très chers frères, pour que nous ayons des Salvadoriens qui soient des hommes, qui soient des personnes, qui soient des gens en qui on peut avoir confiance, qui soient de véritables hommes nouveaux qui fassent la promotion d’un monde nouveau, qui ne se laissent pas entraîner par la putréfaction du système, qui ne se laissent pas séduire par les présents, qui ne se laissent pas acheter, qui soient véritablement au-dessus de tous les avantages, et surtout pour qu’ils reconnaissent la valeur de la personne humaine, nous avons besoin de familles comme celle de Nazareth. C’est cela la dimension humaine de la famille, des relations familiales et du travail et de tout ce qui constitue des groupes humains. 31/12/78, 81-83, VI.

 

 

2) Transcendance religieuse et ecclésiale de toute famille

 

Maintenant nous nous concentrons sur un autre aspect qui d’une certaine manière se rapporte davantage à cette médiation, la dimension religieuse et ecclésiale.

 

 

A) Le Christ est présenté au temple en famille… rituelle

 

Deux choses : observons le cadre pittoresque du Christ dans les bras de sa mère accompagnĂ©e de son Ă©poux, qui se rendent au temple pour accomplir un rite. Toute femme qui donne la vie devait se purifier rituellement et ce rite impliquait aussi une rĂ©demption du premier-nĂ©. Pour ramener avec soi le premier-nĂ©, il faut faire une offrande qui au nom de ce fils va ĂŞtre offerte Ă  Dieu comme holocauste. Deux pigeons ou deux colombes lorsque la famille Ă©tait pauvre. Un qui servait de sacrifice pour les pĂ©chĂ©s et l’autre qui servait pour le sacrifice de l’Action de grâce. Cela fut l’offrande de la famille pauvre de JĂ©sus : deux pigeons.

 

 

B) Les devoirs familiaux nous révèlent une valeur religieuse.

 

Alors, le Seigneur reçoit un hommage de la famille parce que la famille possède un sens religieux. DĂ©jĂ  dans la première lecture d’aujourd’hui (Si 3,3-7.14-7), il est bien Ă©tabli, comment cette relation de père et de mère avec leurs enfants et des enfants avec leurs parents, n’est pas simplement un conseil, on y ajoute toujours une raison : « Pour que le Seigneur te pardonne tes pĂ©chĂ©s, pour que le Seigneur entende ta prière, pour que le Seigneur te bĂ©nisse. Â» Cela veut dire que dans le foyer il existe un vĂ©ritable culte Ă  Dieu, que ce geste de Marie et de Joseph avec leur enfant, dans une dimension religieuse, apportant l’offrande que MoĂŻse ordonna, c’est ce qui se produit dans tous les foyers, chaque jour et chaque heure.

 

Lorsque le fils obéit, surtout lorsqu’il est grand, cela est si beau; un homme qui obéit à un autre adulte parce que c’est son père, c’est sa mère. Combien sonne sacrée cette parole sur les lèvres de l’homme, comme elle paraît d’autorité presque divine, le commandement d’un homme, peut-être un paysan, à son fils qui est peut-être un professionnel, et ce professionnel avec toute la vénération et le respect obéit à son père. C’est un culte. Ce dernier connaît sans doute plus de choses que son père paysan, cependant il sait que c’est son père qui possède l’autorité, qu’elle lui vient de Dieu. Ainsi comme le père sait également que le fils possède sa propre vie que Dieu lui a donnée et que le père doit respecter. C’est un aspect religieux, c’est un culte.

 

 

C) Fondée par le Créateur.

 

L’homme qui est un bon membre de famille sait cela Ă©galement, l’époux fidèle Ă  son Ă©pouse ne la trahit pas. Trahir c’est presque commettre un sacrilège parce qu’il trahit une fidĂ©litĂ© qu’il ne doit pas seulement Ă  une femme, mais Ă  Dieu. Le Concile dit de la famille qu’elle a Ă©tĂ© « fondĂ©e par le CrĂ©ateur, la communautĂ© conjugale qui est communautĂ© de vie et d’amour, naĂ®t devant la sociĂ©tĂ© dans un acte humain par lequel les Ă©poux se donnent et se reçoivent. Â» C’est cela le mariage : se donner. « Moi, un tel, je me donne et je promets d’être fidèle. Moi, une telle, je te reçois et je me donne. Â» Se livrer et recevoir est quelque chose de si saint que seul Dieu, auteur de la vie, peut le permettre et le bĂ©nir.

 

C’est de lĂ  que naĂ®t la sociĂ©tĂ© des Ă©poux comme une institution confirmĂ©e par la loi divine, de telle sorte que l’on puisse dire : « Ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le sĂ©parer. Â» Alors, cette sociĂ©tĂ© sanctionnĂ©e par Dieu avec un sens religieux profond n’est pas pour inventer les lois selon ses caprices et avoir des relations selon ses goĂ»ts.

 

Aucune autorité ne peut poser des conditions, ni imposer des situations de péché. C’est ce que j’aimerais vous dire avec toute l’éloquence dont je serais capable. On abuse, en notre pays, de la loi de Dieu lorsqu’on distribue des moyens de contraception qui violent la loi de la fécondité. Lorsqu’on construit des cliniques et qu’au nom du gouvernement on impose la mutilation, la castration. De quel droit? Si cela est de Dieu et de personne d’autre! Quel droit possède un couple d’user selon ses caprices de la stérilisation ou de moyens contraceptifs, si tout cela appartient à Dieu? C’est une société (la famille) que Dieu a établie et sanctionnée et Il n’est pas d’accord avec les connivences de notre gouvernement et avec d’autres gouvernements qui veulent nous imposer des mutilations qui trahissent la loi du Seigneur. On ne se moque pas impunément de la loi de Dieu et nous aurons les conséquences de tant de sottises que l’on commet contre les lois de la fécondité, des conséquences très graves que l’on ressent déjà en d’autres lieux. Il paraît qu’aux États-Unis on n’emploie plus certaines pilules contraceptives qu’on envoie en Amérique latine pour que les femmes d’ici deviennent stériles.

 

C’est la loi de Dieu qui régularise la société de l’homme et de la femme. L’instinct que Dieu a donné dans le sexe de l’homme et dans celui de la femme n’est pas pour s’amuser, pour se complaire comme s’il s’agissait d’un divertissement pour faire du propre foyer un bordel. C’est pourquoi je vous parle ici de la paternité responsable. Cela signifie que l’homme sait qu’il possède une capacité génétique, qu’il a la capacité d’engendrer des enfants et qu’il doit user de cette capacité avec responsabilité. La femme sait aussi qu’elle peut engendrer, mais qu’elle doit être responsable sans faire outrage aux lois de la nature, sinon en conformité aux lois du Créateur.

Et encore moins l’avortement. Très chers frères, cette semaine lorsque nous avons cĂ©lĂ©brĂ© Ă  Cuscatlán le Jour des Innocents, je pensais : Combien d’innocents sont morts aujourd’hui par les lois de l’avortement, innocents qui ne vivent plus dans les entrailles de leur mère? On assèche les sources de la vie. La sociĂ©tĂ© conjugale, la famille, est faite pour ĂŞtre le reflet de la loi de Dieu, pour ĂŞtre le reflet de sa tendresse et de sa fĂ©conditĂ©, pour que les enfants qui y naissent, se sentent vraiment accueillis dans l’amour et non quelque chose que l’on jette et qui dĂ©range. Que le jour de la Sainte Famille soit vraiment un appel Ă  l’amour Ă  la vĂ©ritĂ©, parce que nous parlons de l’institution de l’amour. Sachez-vous rendre digne de cet amour que vous devez reflĂ©ter sur la Terre.

 

 

D) La famille, cellule du Peuple de Dieu.

 

La famille Ă©galement, dans les lectures d’aujourd’hui, apparaĂ®t avec une dimension ecclĂ©siale. Qu’est-ce que cela veut dire? Cela signifie que la famille, selon le point de vue de saint Paul dans l’ensemble de son Ă©pĂ®tre aux Colossiens, est une cellule de la grande sociĂ©tĂ© du Peuple de Dieu. Avec quelle Ă©loquence saint Paul dit aujourd’hui aux chrĂ©tiens de Colosse (3,12) : « Peuple Ă©lu de Dieu, peuple sacrĂ© et aimĂ©. Â» C’est cela le peuple qui naĂ®t de la famille! Si l’Église est la famille de Dieu, c’est dans les groupes familiaux oĂą la famille prend sa source et c’est pourquoi la famille selon la loi chrĂ©tienne n’est pas uniquement une relation morale et humaine, mais chrĂ©tienne.

 

 

E) La famille est une « Ă‰glise domestique Â».

 

Dans cette Ă©pĂ®tre, dans ce paragraphe oĂą saint Paul parle de la communautĂ© Église et de la communautĂ© famille, il rĂ©pète souvent les mots « dans le Seigneur Â». C’est une phrase très typique de saint Paul : « Aimez-vous dans le Seigneur. Â» Soyez mutuellement fidèles dans le Seigneur. Fils, respectez vos parents dans le Seigneur. Cela signifie que la relation familiale doit ĂŞtre vue Ă  la lumière de l’Église. En d’autres mots, c’est ce que le Concile appelle : l’Église domestique oĂą le père et la mère sont les premiers prĂŞtres qui enseignent la Parole de Dieu Ă  leurs enfants, et les parents en retour reçoivent le tĂ©moignage d’innocence et de saintetĂ© de leurs enfants.

Lorsqu’on regarde une famille avec cette perspective de l’Église domestique – Ecclesiola, nous dit la parole latine, « petite Ă©glise Â» –, comme une Église du foyer, oĂą le Pontife Romain, les cardinaux, les Ă©vĂŞques et tous les autres n’existent plus, ne demeurent que le père, la mère et les enfants. C’est lĂ  que se trouve l’embryon de la grande Église universelle parce que dans le Christ, tous les baptisĂ©s appartiennent au Peuple de Dieu. Depuis cette perspective de l’Esprit du Christ qui a Ă©tĂ© donnĂ© au père, Ă  la mère, aux enfants, qui ne sont pas les propriĂ©taires d’eux-mĂŞmes, ils appartiennent comme cellule Ă  la grande famille qu’est l’Église et qui en JĂ©sus-Christ doivent avoir leurs lois.

 

 

F) La famille Ă©ducatrice de la foi.

 

C’est ici oĂą la phrase de MedellĂ­n rencontre toute sa rĂ©alisation : « Ă‰ducatrice de la foi Â». N’oubliez pas ces trois phrases sur la famille que dit MedellĂ­n : « Formatrice de personnes Â», « Promotrice du dĂ©veloppement Â», et « Ă‰ducatrice de la foi Â». C’est cela la dimension ecclĂ©siale. « Les Ă©poux chrĂ©tiens sont pour eux-mĂŞmes, pour leurs enfants et les autres familles, coopĂ©rateurs de la grâce et tĂ©moins de la foi. Ils sont pour leurs enfants les premiers prĂ©dicateurs de la foi et les premiers Ă©ducateurs. Ils doivent inculquer la doctrine chrĂ©tienne et les vertus Ă©vangĂ©liques aux enfants qu’ils ont reçus amoureusement de Dieu et rĂ©aliser cette mission au moyen de la Parole et de l’exemple, de telle sorte que, grâce Ă  l’exemple et la prière en famille, les enfants et mĂŞme ceux qui vivent dans le cercle familial rencontreront plus facilement le chemin du sens humain, du Salut et de la saintetĂ©. Â»

 

Et se rĂ©fĂ©rant aux difficultĂ©s propres d’AmĂ©rique latine, puisque c’est Ă  cette fin que MedellĂ­n a eu lieu : « Nous savons que de nombreuses familles en AmĂ©rique latine ont Ă©tĂ© incapables d’être Ă©ducatrices dans la foi ou, pour ne pas avoir Ă©tĂ© bien constituĂ©es, se sont dĂ©sintĂ©grĂ©es; d’autres parce qu’elles ont transmis cette Ă©ducation en termes de simples traditionalistes, souvent avec des connotations mystiques et superstitieuses. De lĂ  la nĂ©cessitĂ© de doter les familles actuelles d’élĂ©ments qui restituent leurs capacitĂ©s Ă©vangĂ©liques, en accord avec la doctrine de l’Église. Â»

 

Je crois qu’ici se reflètent plusieurs situations familiales! Je vous dis avec douleur, très chers frères, non pas pour vous offenser, que si nous regardons en vĂ©ritĂ© le mal qui nous entoure, ayons la vaillance de faire ce que me disait une orpheline abandonnĂ©e par ses parents, mais qui est arrivĂ©e Ă  l’heure de son mariage : « Je fais attention, me disait-elle, parce que je veux donner Ă  mes enfants ce que mes parents n’ont pas pu me donner. Â»

 

Ainsi naîtrait une humanité nouvelle! Je ne dis pas cela pour offenser personne, mais nous formons un véritable ensemble de familles désintégrées. Je m’adresse surtout aux jeunes afin qu’ils cherchent à créer des familles qui sachent donner à leurs enfants ce qu’ils n’ont peut-être pas eu la chance de recevoir à cause de la séparation de leurs parents.

 

Je ne dis pas cela pour vous offenser, je vous dis cela parce que je dĂ©sire pour notre Patrie des cellules familiales plus saines. Je vous dis cela parce que depuis l’Église, je vois aussi les grandes dĂ©ficiences de notre christianisme que MedellĂ­n nous a dĂ©crites aujourd’hui : Superstitions, traditionalisme, scandales de la vĂ©ritĂ© que l’Église prĂŞche. Lorsqu’on a de l’argent, on va jusqu’à publier ces scandales comme s’il s’agissait de dĂ©fendre de vĂ©ritables valeurs. On ne se rend pas compte que l’on dĂ©fend l’indĂ©fendable : le mensonge, la faussetĂ©, un traditionalisme sans vie et, bien pire encore, des intĂ©rĂŞts Ă©conomiques que lamentablement l’Église servit, mais ce fut le pĂ©chĂ© d’une Église erronĂ©e qui ne disait pas la vĂ©ritĂ© lorsqu’elle devait ĂŞtre dite.

 

Aujourd’hui, nous voulons vous dire également, très chers frères qui êtes peut-être dans l’erreur, que la vérité se situe en une foi, en un christianisme qui adore Dieu et qui donne aux choses de la Terre leur valeur relative et non absolue. Un christianisme qui enseigne qu’il faut éduquer les enfants qui naissent non pas dans ces traditions empoisonnées, mais dans la pure vérité qui naît de l’Évangile, celle que je voudrais vous donner en vérité. Ne défigurez pas mes paroles. Ne défigurez pas mes bonnes intentions de vous donner une vitalité de chrétien tel que je crois que l’Église vous signale depuis Vatican II, depuis les réflexions de Medellín qui dénoncèrent la définition erronée que l’on donne à la famille qu’il est nécessaire de redresser. Travaillons-y donc! 31/12/78, p.84-87, VI.

 

 

3) Le Christ vit et se révèle au monde dans la famille

 

Cette Église possède la dimension religieuse et cette dimension ecclĂ©siale parce que dans son sein se trouve Celui qui est tout : le Christ Notre Seigneur, qui vit et se rĂ©vèle dans la famille.

Comme je voudrais aujourd’hui que toutes les familles sentent que le Christ vit en votre sein! Que le Christ est dans l’enfance de cet enfant, dans l’inquiétude de cette jeunesse, dans la préoccupation de ce père et de cette mère, dans la vénérable vieillesse de ce grand-père, de cette grand-mère. Là se trouve le Christ, si on le recherche vraiment comme il apparaît dans l’Évangile d’aujourd’hui. C’est le même Christ de la Rédemption qui voulut naître dans une famille. C’est le même Christ qui avait besoin de notre monde, de notre histoire, mais qui voulut s’incarner dans une famille concrète. C’est le Christ qui se révéla à Siméon et à Anne.

 

 

A) Le Christ se révéla à Siméon

 

SimĂ©on attendait la consolation d’IsraĂ«l et il savait qu’il n’allait pas mourir sans voir le Christ. Et lorsqu’il le vit dans ses mains, il prononça cette belle prophĂ©tie (Lc 2,29-35) : « Maintenant, Souverain MaĂ®tre, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s’en aller en paix; car mes yeux ont vu ton Salut, que tu as prĂ©parĂ© Ă  la face de tous les peuples, lumière pour Ă©clairer les nations et gloire de ton peuple IsraĂ«l. Â» Son père et sa mère Ă©taient dans l’étonnement de ce qui se disait de lui. SimĂ©on les bĂ©nit et dit Ă  Marie, sa mère : « Vois! Cet enfant doit amener la chute et le relèvement d’un grand nombre en IsraĂ«l; il doit ĂŞtre un signe en butte Ă  la contradiction – et toi-mĂŞme, une Ă©pĂ©e te transpercera l’âme! –, afin que se rĂ©vèlent les pensĂ©es intimes de bien des cĹ“urs. Â»

 

Le Christ est un signe de contradiction. Les bons ou les mauvais qui se repentent recevront de Lui le pardon et la miséricorde, mais également, Il sera signe de perdition pour plusieurs qui Le rejetteront à cause de leurs péchés, de leur égoïsme et de leur orgueil. Le Christ est une pierre de scandale! C’est pourquoi cela me fait un immense honneur lorsqu’on me rejette parce que je ressemble un peu à Jésus-Christ qui fut également une pierre de scandale. Siméon prophétisa que l’Église, disciple du Christ, devra être comme Lui. Pour certains, elle sera signe de Salut.

 

Les conversions de plusieurs me rendent heureux. Ainsi, comme je ressens également la douleur de plusieurs obstinations, de plusieurs qui rejettent le Christ comme ces hypocrites de pharisiens qui, non par manque de clarté, parce qu’en cela le Christ fut très clair, mais à cause de la mauvaise volonté de leur cœur qui leur obscurcissait la vue et qu’ils ne pouvaient voir rien de bon dans le Seigneur. C’est le signe du Christ et Siméon dit à Marie que son cœur sera transpercé par une épée.

 

Mères de famille – surtout vous, les mères de jeunes enfants –, que diriez-vous si en allant faire baptiser votre enfant, un prophète vous disait : « Cet enfant va avoir une fin tragique. Â» Vous ne vivriez plus tranquille. Quand sera cette heure terrible? Marie vĂ©cut comme cette mère, attendant l’heure oĂą allait s’accomplir cette prophĂ©tie de l’épĂ©e qui allait lui transpercer le cĹ“ur. Certains disent que cette Ă©pĂ©e pouvait ĂŞtre le sentiment d’humilitĂ© d’une personne, qui par son humilitĂ© se sent si petite devant la grandeur de sa vocation qu’il lui semble que Dieu s’est trompĂ©. Pourquoi le Seigneur m’a-t-il choisie? Et Marie se sentait si petite devant la grandeur de sa collaboration Ă  la RĂ©demption, devant le mystère du Salut des hommes qu’elle sentit comme une Ă©pĂ©e; quand au pied de la Croix elle sentit non pas une, mais sept Ă©pĂ©es lui traverser le cĹ“ur devant la douleur de son Fils comme la tradition l’affirme.

 

 

B) Le Christ qui se révéla à Anne

 

Anne, la vieille centenaire, comme quoi tous les âges se valent pour annoncer le Christ, annonçait la libĂ©ration d’IsraĂ«l. Je m’imagine cette petite vieille qui, Ă  la vue du Christ sortant de la cathĂ©drale dans les bras de la Vierge, disant Ă  tout le monde : « Le RĂ©dempteur est arrivĂ©! Â» et elle remplissait par cette nouvelle le cĹ“ur de tous ceux qui l’écoutaient. Puisse Dieu que nous soyons tous prophètes en ce sens d’annoncer le Seigneur! 31/12/78, p.87-88, VI.

 

 

Faits de la semaine

 

Le Christ, signe de contradiction. L’histoire se répète. Nous devons dans nos homélies dominicales éclairer la réalité à la lumière de l’Évangile. Ma première préoccupation, ne l’oubliez pas, c’est d’être catéchiste, d’enseigner la religion et j’ai la satisfaction de le faire. Après vient l’illumination, par cette doctrine, de la réalité. Cela n’est pas le plus important, mais c’est la marque du réel où l’on se doit de vivre cette doctrine. C’est pour cela, pour que nous comprenions qu’il s’agit d’une doctrine qui est actuelle et qu’aujourd’hui aussi au Salvador de 1978 s’accomplit la prophétie du Christ signe de contradiction et, que le peuple de Dieu continue d’être appelée pour être la Sainte Famille du Christ, tandis que d’autres ne veulent pas entendre cet appel, que maintenant je me réfère aux réalités concrètes, à notre semaine historique. 31/12/78, p.89, VI.