L’Église est le Christ dans notre histoire

 

Sixième dimanche de Pâques; 15 mai 1977; Lectures : Actes 15,1-29; Apocalypse 21,10-23; Jean 14,23-29.

 

Le Christ s’en va temporairement, mais dix jours plus tard, Il nous envoie l’Esprit saint, Il nous le manifeste. En effet, dès l’instant oĂą le Christ ressuscite, oĂą sa vie physique n’appartient plus Ă  cette Terre, Il nous donne sa vie mystique, son Esprit, en soufflant sur les apĂ´tres, en insufflant son esprit comme le CrĂ©ateur, en donnant une vie intelligente Ă  la Terre. Le Christ, le jour mĂŞme de sa RĂ©surrection, insuffla son nouvel Esprit, sa RĂ©surrection, ses Pâques, Ă  l’Église : « Reçois l’Esprit saint. Â» Cinquante jours plus tard, cette prĂ©sence se manifeste sous la forme d’un ouragan et de langues de feu. Cela signifie que l’Esprit silencieux va toujours accompagner l’Église. Cet ouragan, ce feu, cette force qui propulse l’Église sont l’Esprit auquel le Christ se rĂ©fère pour nous prĂ©parer Ă  son dĂ©part. […]

 

 

Église du Père, du Fils et de l’Esprit saint

 

Les trois Personnes divines participent Ă  la genèse de l’Église. L’Église de la TrinitĂ© c’est l’Église de la Terre composĂ©e par nous, hommes imparfaits, hommes fragiles, mais qui avons reçu le souffle de l’Esprit de la Sainte TrinitĂ©. Nous viendrons, dit le Christ, et nous habiterons dans cette Église et dans le cĹ“ur de chacun de ceux qui croient en cette RĂ©demption. C’est merveilleux! Courage! Plusieurs en ce moment vivent dans la panique, la terreur. Vont-ils Ă©liminer l’Église? Qu’importe? L’Esprit de Dieu ne nous laissera pas pĂ©rir. Nous ne pouvons pas ĂŞtre vaincus par les armes, par la terreur, par la psychose des hommes. Que cet Esprit de Dieu : Père, Fils et Esprit saint insufflent la vie comme une nouvelle Genèse de la crĂ©ation Ă  cette Église oĂą qu’elle soit. […]

 

C’est un chant de victoire que l’Église porte en elle et non une confrontation des puissants. Entendons-nous bien. Lorsque nous essayons de définir l’Église et de la présenter dans toute sa beauté malgré ses faiblesses, c’est la joie de nous sentir comme une œuvre de Dieu et de dire à tous les êtres humains que l’Église c’est Dieu au milieu de nous. 15/05/77, p.49-50, I-II.

 

 

Le divin message de l’Église

 

L’Église c’est le Christ qui vit parmi nous, c’est Dieu qui veut nous donner son amour, sa paix. C’est Dieu qui nous rachète et s’Il descend à notre rencontre ce n’est pas pour se placer en compétition avec les organisations humaines. C’est pour donner l’Esprit de Dieu aux choses humaines. C’est pour que le politicien qui croit en Dieu et appartient à son Église transforme cette politique en instrument de Dieu. C’est pour que le capitaliste qui croit véritablement en l’Église transforme, humanise, donne un sens de charité, de justice et d’amour à son capital. C’est pour que le travailleur, le pauvre, le marginal, l’ouvrier, le journalier voient en cette Église quelque chose qui transforme sa pauvreté en Rédemption, qu’il ne se laisse pas emporter sur des chemins de ressentiments et de lutte des classes qui lui offrent le paradis sur cette Terre. Au contraire, qu’il veuille donner l’inspiration de Dieu à sa situation.

 

La CitĂ© de Dieu descend du Ciel pour apporter sa saintetĂ© aux ĂŞtres humains, pour les libĂ©rer des ressentiments, des haines, pour enlever de leurs mains les armes homicides! Nous n’aurions pas Ă  vivre des histoires aussi tristes que celles que nous laisse cette semaine : un ministre assassinĂ©, un prĂŞtre criblĂ© de balles dans sa propre maison, un enfant innocent qui fut Ă©galement victime de ce crime, la haine, la campagne de diffamation qui accuse l’Église d’être coupable de tout ce dĂ©sordre. Ne sont-ils pas aussi coupables que ceux qui Ă©crivent ces pages tendancieuses? Ne mettent-ils pas les armes entre les mains de ceux qui distribuent des tracts proclamant : « Soyez patriote, tuez un prĂŞtre! Â» Cela s’appelle de la provocation. C’est cela, semer la subversion! On se croirait au temps d’Hitler lorsqu’il disait : « Soyez patriote, tuez un juif. Â» Aujourd’hui, c’est le prĂŞtre qui dĂ©range, qui est la cause de tous les maux. 15/05/77, p.50, I-II.

 

 

La tentation de la désunion

 

Certains veulent prêcher une libération sans être dérangés, ils se fâchent parce qu’on touche à leurs intérêts. Ils s’offensent que l’Église défende les droits de ceux qui souffrent des abus du pouvoir. D’autres, au contraire, veulent bouleverser l’autorité et prêcher une libération sans Dieu, recherchant le pouvoir par la lutte des classes, par la haine. Ils sont dérangés par l’Église qui leur rappelle également que le communisme n’est pas la solution, que la subversion n’est pas le chemin. La haine qui finit par tuer des ministres de Dieu commet des sacrilèges aussi horribles que de jouer avec la vie humaine. Cela n’est pas une solution, c’est un crime. 15/05/77, p.52-53, I-II.