L’Église de Pâques
Deuxième dimanche de Pâques; 17 avril
1977; Lecture : Actes 5,12-16; Apocalypse 1,9-11a.12-13,17-19; Jean
20,19-31.
L’Heure pascale
Pâques débouche sur le Christ.
Confessant nos Pâques parce que, toute cette force libératrice qu’apporte
l’Ancien Testament avec les merveilles que Dieu réalisa pour exprimer son désir
de toujours libérer les peuples, de donner son Salut précisément dans
l’histoire des peuples en Jésus-Christ, Notre Seigneur, tout cela devient
réalité non seulement pour Israël, mais pour tous les peuples qui croiront en
Lui. De telle sorte que nous pouvons dire : « Le Christ sauve la
RĂ©publique du Salvador dans sa propre histoire, et toutes ces merveilles de
l’Ancien Testament deviennent présentes en ces Pâques salvadoriennes. »
17/04/77, p.23, I-II.
Le Christ continue de nous sauver
Ce moment m’apparaĂ®t semblable Ă
celui où dans le paradis terrestre, le Créateur insuffla le souffle de vie à l’être
humain et le rendit intelligent, capable d’aimer. Le Christ est la merveille de
la création, il est égal à la Rédemption qui vient restaurer la destruction du
péché. Il vient élever celle-ci à un niveau divin pour donner à l’amitié
humaine un sens de filiation divine, pour donner aux groupes humains un sens de
communauté afin qu’ils poursuivent dans le monde la divine Histoire du Christ.
Ce Dernier continue de sauver le monde au moyen de son Église. […]
La joie de Pâques, que l’Église
continue de vivre communautairement, est celle où doit régner cette
transformation que le Christ nous a transmise par son souffle profond et qui
continue à créer l’Église. Il lui a transmis toute sa force pascale, autrement
dit, ce passage de la mort Ă la vie, avec tout ce que ces deux paroles
impliquent la Mort, qui est le péché, c’est-à -dire la médiocrité, l’injustice,
la violation des droits, le désordre dans toutes les affaires humaines. Tout
cela doit demeurer enseveli dans la tombe du Seigneur pour ressusciter et passer
de la mort Ă la vie.
La Vie signifie la justice. La Vie
signifie le respect de l’être humain. La Vie veut dire « sainteté ».
Elle représente tout cet effort de s’améliorer chaque jour parce que chaque
homme et chaque femme, chaque jeune, chaque enfant sent que sa vie est une
vocation que Dieu lui a donnée pour se rendre présent dans le monde. Non
seulement la merveille de la création est l’image de Dieu, mais aussi, la
Rédemption est une merveille par l’élévation de la nature, l’élévation de la
société, l’élévation de l’amitié. C’est cela, Pâques. Une paroisse, qui porte
le nom pascal de la Résurrection, doit vivre intensément ce sens communautaire
du passage de la mort à la vie, de l’imperfection à la perfection de la
sainteté. Chaque fois plus élevée parce que c’est seulement ainsi que nous
pouvons nous servir de Pâques que le Christ nous offre.
La lecture d’aujourd’hui (Ac 5,
12-16) nous disait que les gens entraient dans cette communauté de Jérusalem
parce qu’ils la voyaient si attrayante par l’amour qui s’y vivait. C’est cela,
la force de l’Église, très chers frères, non pas la violence, ni la haine, ni
le ressentiment, ni la calomnie. En ce moment, on calomnie l’Église d’une
manière si stupide. Cela n’est pas l’Église mĂŞme lorsqu’en son nom on cherche Ă
la calomnier, il est absurde qu’elle se détruise elle-même. L’Église aime, elle
rachète, elle se fait violence à elle-même au point de demeurer comme le
Christ, peut-être, sacrifiée sur une croix, mais sauvant le monde par la force
de l’amour qui se livre et qui est une force missionnaire qui attire le monde.
17/04/77, p.24-25, I-II.
Au-delà de l’Histoire
Finalement, le sens eschatologique,
c’est-à -dire l’au-delà de l’Histoire. Il s’agit du travail que nous effectuons
pour construire un monde meilleur, mais sans oublier, comme ne l’oublièrent pas
les Israélites lorsqu’ils célèbrent leurs Pâques, que les Pâques de l’Histoire
sont imparfaites, qu’entre les alléluias de la Terre il y a de nombreuses
douleurs et plusieurs épines, que la Résurrection qui se célèbre sur cette
Terre aura toujours en son centre la Croix de la souffrance, mais qu’à travers
ces imperfections, ces épines, ces douleurs, ces problèmes, s’ouvrent les
horizons. Les Israélites croyaient en des Pâques du banquet parfait, la joie avec
Dieu et le Christ disait : « Vous ne mangerez plus jusqu’à ce que
nous mangions ensemble dans le Royaume de mon Père. » Demeurer en pèlerinage
avec Lui pour que cette fête de Pâques qu’on célèbre chaque année dans cette
paroisse soit une invitation Ă travailler pour rendre ce monde plus humain,
plus chrétien, tout en sachant que cela n’est pas le Paradis ici sur la Terre.
Ne nous laissons pas séduire par les rédempteurs qui offrent un paradis
terrestre, cela n’existe pas, sinon dans l’au-delà , comme une ferme espérance
inscrite au fond de notre cœur. Travaillez le présent en sachant que la
récompense de Pâques sera à la mesure où nous aurons rendu la Terre, la
famille, et la société plus heureuses. 17/04/77, p.24-25, I-II.