Le Christ, Épiphanie de l’Amour
Sauveur de Dieu
Épiphanie; 7 janvier 1979;
Lectures : Isaïe 60,1-6; Éphésiens 3,2-3a.5-6; Matthieu 2,1-12.
Plan de l’homélie :
1) L’Épiphanie révèle un Salut
transcendant. C’est-à -dire, un Salut qui ne provient pas des entrailles de
l’humanité, mais d’au-dehors, il transcende notre capacité, il vient.
2) L’Épiphanie offre un Salut
universel. Personne n’est exclu du Salut, il s’offre et se manifeste à tous.
C’est un don qui vient du Christ. L’Amour sauveur de Dieu s’offre à tous; ici
dans la cathédrale remplie maintenant et au travers de la radio, aux milliers
qui m’écoutent actuellement, grâce à Dieu. Nous sommes tous conviés à ce
festin, à ces noces royales. Personne n’est exclu de cette allégresse, de ce
Salut, de cette espérance.
3) Par la foi, nous ferons notre
Salut qui se révèle et qui s’offre dans l’Épiphanie. La foi est la condition de
l’offre de l’Épiphanie : le Salut universel.
1) L’Épiphanie révèle un Salut
transcendant
A) Dans le retour d’Exil, le prophète
encourage le peuple avec l’espérance que Dieu reconstruira et glorifiera
JĂ©rusalem.
Dans la première lecture
d’aujourd’hui, Isaïe (60,1-6) nous dit : « Debout! Resplendis!, car
voici ta lumière et sur toi se lève la gloire de Yahvé. Tandis que les ténèbres
s’étendent sur la Terre et l’obscurité sur les peuples, sur toi se lève Yahvé
et sa gloire sur toi paraît. » C’est un prophète qui est à la fois poète,
qui anime les Israélites qui reviennent de l’exil à Babylone et qui retrouvent
une Jérusalem détruite. Ils sont pessimistes et il est nécessaire d’élever leur
esprit. Jérusalem telle qu’elle a été laissée par nos ennemis est une espérance
pour notre peuple. « Sur Jérusalem brillera la gloire de Dieu! »
Toutes les promesses de l’Ancien Testament émergent pour que de là surgisse une
gloire qui ne peut être sienne. S’il ne s’y trouve que ruines, pessimisme et un
terrible sentiment de frustration, de ses propres entrailles ne peut provenir
rien de bon.
Le Salut est comme un lever de soleil
dont la lumière est Dieu lui-même… dans la cité. On sent alors le besoin de quelque chose de
transcendant, de quelque chose qui vient se faire sentir du dehors. Et cette
Jérusalem détruite brillera comme l’aurore qui sera Dieu lui-même. Dieu
s’incarnera dans les entrailles de Jérusalem.
Frères, quand nous voyons que nos
forces humaines s’épuisent, quand nous voyons notre patrie qui est dans un
chemin sans issue, quand nous disons : la politique, la diplomatie ne
peuvent plus rien, ici c’est un désastre et le nier serait être fou; un Salut
transcendant est nécessaire! Sur ces ruines brillera la gloire du Seigneur.
C’est là que les chrétiens possèdent une grande mission en cette heure de la
patrie : maintenir cette espérance. Ne pas attendre une utopie comme
quelque chose d’illusoire, comme si nous cherchions à nous endormir pour ne pas
voir la réalité, mais au contraire, qu’en scrutant cette réalité qui en
elle-même ne peut rien donner, reconnaître qu’elle peut beaucoup donner si nous
faisons appel Ă cette RĂ©demption transcendante.
B) L’Étoile… évoque la prophétie de
Balaam devant Balac
J’aimerais également observer à la
lumière de cette réflexion, l’étoile qui guida les mages. Elle évoque une
prophétie. C’était à l’époque lointaine de Balaam, quand Balac lui demanda de
prophétiser en faveur de son armée et Balaam inspiré par l’Esprit de Dieu
regarde vers le désert et voit la gloire d’Israël. Parmi ses belles pensées, il
dit ceci : « Je l’aperçois, mais non de près. De Jacob s’avance une
étoile, un sceptre surgit d’Israël. »
Sans doute que l’Évangile de saint
Matthieu qui recueille toutes ces prophéties de l’Ancien Testament pour voir
comment cela s’accomplit dans le Christ, quand il nous parle de cette étoile
mystérieuse il fait référence à la prophétie de Balaam : « De Jacob
surgit une étoile qui s’approche, mais qui est encore loin, des siècles
passeront, mais elle viendra comme une étoile qui vient de loin. »
L’étoile des Mages est la présence d’une transcendance qui vient pour nous
sauver. Le sceptre qui est prophétisé dans Balaam est sans doute le sceptre de
David dont le règne n’aura pas de fin. Non pas comme homme, mais parce que de
sa descendance royale, naîtra un rejeton qui sera fils de David selon la chair,
mais qui sera en même temps Fils de Dieu dans l’éternité. Son règne ne
connaîtra pas de fin. C’est l’étoile dans son sens mystique.
En ce jour de l’Épiphanie, c’est un
signe de Salut transcendant, de quelque chose qui vient du monde des Ă©toiles,
de Dieu, de son immensité, de sa puissance qui ne nous a pas créés pour être
malheureux, sinon qu’Il nous indiquera, au milieu de ces ténèbres où nous
sommes actuellement, la sortie lumineuse vers le Salut. « Je la vois au
loin, » pourrions-nous dire avec Balaam. Nous ne savons pas quand sera
cette RĂ©demption, mais elle viendra, je la vois comme une Ă©toile et surgira
alors du pouvoir du Seigneur, ce sceptre qui nous sauvera. 07/01/79, p.97-98,
VI.
C) Révélation d’un mystère…
Dans la seconde lecture d’aujourd’hui
(Eph 3,2-6), saint Paul nous parle de la révélation d’un mystère caché depuis
le début des temps, que le Salut est pour tous. C’est merveilleux de penser que
nous sommes les héritiers de cette Révélation et que nous espérons ce mystère
caché dans les entrailles de Dieu et qu’Il nous donnera pour notre Salut. Le
Salut vient de Dieu, n’en doutons pas. De là , je vais répéter maintenant, dans
cette homélie, des concepts qui sont transcendantaux.
Le Salut vient de Dieu… Prémisse de
cette Révélation.
Dans la lettre pastorale sur l’Église
et les Organisations Populaires, j’avertis – et je voudrais que l’on n’oublie
pas cela –, que le grand service que l’Église prête aujourd’hui, ici au
Salvador, est celui que me disait déjà avec des paroles faibles d’un ancien,
Paul VI, lorsque j’ai eu la chance d’étreindre ses mains :
« Accompagne ce peuple dans ses justes revendications; jamais dans la
haine ou dans la violence, mais oui dans la justice. » C’est inspiré par
ces paroles que nous avons Ă©crit, nous inspirant aussi de son message Evangelii
Nuntiandi, l’Exhortation pour l’Évangélisation du Monde Actuel, comment doit
être cette Révélation, cette Épiphanie de l’Église de 1979 ici au Salvador.
Ce service que l’Église prête à cet
effort de revendication de la patrie veut être insérée dans le dessein global
de la libération que l’Église proclame. Et j’ai écrit dans ma Lettre
pastorale : « Le dessein global de la libération que l’Église
proclame :
1) Embrasse l’être humain en entier,
dans toutes ses dimensions, incluant son ouverture à l’absolu qu’est Dieu. Elle
est unie à une certaine conception de l’humain, conception que l’on ne peut
sacrifier aux exigences d’aucune stratégie, d’une praxis ou d’une fin à court
terme. » Cela veut dire que la libération que l’Église propose ne peut se
limiter aux pratiques temporelles.
2) Le dessein global de la libération
« est centré dans le Règne de Dieu; sa mission ne se limite pas au seul
terrain religieux, mais réaffirme la primauté de la vocation spirituelle de
l’être humain et annonce le Salut en Jésus-Christ. » La primauté du
spirituel chez l’être humain, n’oublions pas cela pour que ceux qui disent que
l’Église prêche une révolution, la lutte des classes. Mensonge! Je l’ai dit
clairement : L’Église réaffirme la primauté de la vocation de l’homme dans
le religieux, dans le spirituel et annonce le Salut en JĂ©sus-Christ.
3) Cette libération de l’Église
« procède d’une vision évangélique de l’homme, elle s’appuie sur des
motivations profondes de justices dans la charité, elle embrasse une dimension
véritablement spirituelle et son objectif final est le Salut et le bonheur en
Dieu. » Cela, nous le disons à tous, à ceux aussi qui s’organisent dans
des organisations politiques et populaires, que le Salut que l’homme doit
rechercher n’est pas seulement d’avoir des meilleurs salaires, d’avoir un
meilleur gouvernement, d’avoir des conditions meilleures sur la Terre, mais
l’on doit rechercher l’objectif final qu’est le Salut. Le Salut est le bonheur
en Dieu que possède déjà l’humain qui vit dans cette primauté du spirituel même
si c’est dans la pauvreté sur cette Terre.
4) C’est pourquoi cette libération de
l’Église « exige une conversion du cœur et de l’esprit et ne se satisfait
pas uniquement des changements de structures. » À quoi servirait de
changer les structures, de changer nos façons de gouverner, de changer les
manières des organisations politiques si les hommes qui vont manœuvrer ces
structures portent toujours la pourriture dans leur cœur? À quoi servirait un
changement de situation sociale si ceux qui vont vivre dans ces structures,
nous ne nous rĂ©novons pas de l’intĂ©rieur Ă ĂŞtre plus justes, plus frères, Ă
ĂŞtre des hommes nouveaux?
5) Et pour terminer, cette libération
– figurez-vous bien cela – « exclut la violence, la considère non
chrétienne, ni évangélique, inefficace et non conforme avec la dignité du
peuple. » La violence n’est pas digne. Ici, ce sont les paroles du pape
Paul VI (Evangelii Nuntiandi) lorsqu’il dit que si l’Église, pour appuyer les
efforts de libération de la Terre, perdait cette perspective globale du Salut
chrétien, alors elle « perdrait sa signification la plus profonde. Son
message de libĂ©ration n’aurait aucune originalitĂ© et se prĂŞterait Ă
l’accaparement et à la manipulation… » Elle n’aurait pas d’autorité pour
annoncer, de la part de Dieu, la libération. 07/01/79, p.98-99, VI.
En d’autres mots, l’Épiphanie nous
oriente vers l’étoile des mages, avec la perspective d’une clarté qui vient de
Dieu pour sauver les peuples que nous ne pouvons circonscrire aux limites
terrestres et temporelles, c’est cela la libération que nous recherchons. La
véritable liberté que l’Église proclame et avec laquelle elle accompagne les
efforts libérateurs des hommes, englobe tous ces efforts et les oriente vers ce
Salut.
Chers frères, ce qui intéresse l’Église
c’est d’orienter tous ces efforts et, pour cela, ne vous surprenez pas que
l’Église appuie tout ce qui est juste, ce qui est bon même si cela se passe au
sein des organisations qu’on nomme clandestines parce que si ce qu’on recherche
est juste, c’est le Règne de Dieu. Mais je vous dis : ces intentions
temporelles ne suffisent pas, il est nécessaire que cette justice que vous
recherchez soit englobée dans le Salut universel, dans le bonheur de Dieu, dans
la Rédemption transcendantale. C’est cela le grand mérite de l’Église et c’est
pourquoi on cherche à la perdre et on veut la diffamer dans la prédication de
sa force libératrice, parce que c’est une libération irréductible.
Lorsque l’Église prêche la défense
des droits humains, elle ne se situe pas dans une perspective politique. Les
convenances politiques qui aujourd’hui défendent les droits humains pourraient
changer demain parce que la politique change, mais l’Église de son étoile, de
sa perspective transcendantale ne change pas. Et mĂŞme si on la laisse seule,
elle sait qu’elle est avec Dieu, et que la transcendance de Dieu l’illumine
comme la clarté (de Dieu) illuminait Jérusalem pour annoncer à tous :
« La grande libération approche. Levez-vous! Brille Jérusalem parce que ta
lumière arrive. » 07/01/79, p.99-100, VI.
2) L’Épiphanie offre un Salut
universel
A) Les Mages (prĂŞtres de Perse et
d’Irak), astrologues… évoquent dans leurs offrandes la prophétie d’Isaïe
Nous rencontrons dans les lectures de
l’Épiphanie une grande pensée missionnaire : le Salut que l’Épiphanie nous
offre aujourd’hui est un Salut Universel. Je m’imagine ce matin avec ceux qui
sont venus à la messe où qui sont réunis autour d’un poste de radio en
réfléchissant sur cette parole, nous sommes une procession qui débuta il y a vingt
siècles. Les premiers qui arrivèrent furent les Mages de l’Orient et après eux,
d’autres et d’autres encore. Ils accomplirent ce que nous dit actuellement le
prophète (60,6) : « Des multitudes de chameaux te couvriront, des
jeunes bêtes de Madiân et d’Épha; tous viendront du Saba, apportant l’or et
l’encens et proclamant les louanges de Yahvé. » Comme est poétique notre
venue à la messe. N’abandonnons
pas notre messe des dimanches! C’est une procession de mages qui viennent
adorer Jésus. C’est la procession des peuples qui ont rencontré le Salut
Universel que Dieu offre Ă tous.
L’Évangile en nous parlant des Mages,
évoque ces noms : Madriân, Épha, Saba… C’est la Perse, aujourd’hui l’Iran,
l’Orient fut les prémices que Dieu appela, c’est de là qu’est venu également
Abraham, de MĂ©sopotamie, le premier croyant. Sans doute que saint Matthieu en
parlant de ces Mages d’Orient, un Orient mystérieux, voulait remonter aux
origines de la foi. Par
la foi, Abraham est le père de tous les croyants. De cette terre proviennent
aujourd’hui encore les prémices des gentils, ceux qui n’appartiennent pas au
peuple juif. Peu importe d’être des fils d’Abraham, ce qui importe c’est
d’apporter la foi que les Mages d’Orient apportèrent.
B) La Grande Révélation
dont Paul est le ministre
Nous faisons surtout ici rĂ©fĂ©rence Ă
la seconde lecture (Eph 3,2-3a.5-6) oĂą saint Paul nous dit (3,5-6) :
« Ce mystère n’avait pas été communiqué aux hommes des temps passés comme
il vient d’être révélé maintenant à ses saints apôtres et prophètes, dans
l’Esprit : les païens sont admis au même héritage, membres du même Corps,
bénéficiaires de la
mĂŞme Promesse, dans le Christ JĂ©sus, par le moyen de
l’Évangile. » Il fait allusion à nous. Il y a quatre siècles, ces terres,
où s’élève maintenant cette cathédrale, étaient une jungle habitée par des
indigènes. Quand vint la croix et que les aborigènes commencèrent à l’adorer,
s’accomplit pour l’Amérique latine cette vocation à tous les peuples.
Fraternellement, aujourd’hui, les évêques mexicains ont publié une Pastorale
d’ensemble à l’occasion de la grande réunion épiscopale latino-américaine qui
aura lieu à Puebla et ce message dit ceci : « Ce qui va se dérouler
au Mexique cette année débuta quand la Vierge de la Guadalupe apparut sur le mont
Tepeyac comme catéchiste, orientant les peuples indigènes vers cette croix,
vers le christianisme. »
Marie ne pouvait ĂŞtre absente de
cette évangélisation du continent actuel et du futur, parce que l’Évangile, qui
a été alors annoncé à nos peuples d’Amérique, était l’accomplissement de ce
mandat dont nous parle saint Paul : c’était un mystère caché depuis des
siècles éternels et qui m’a maintenant été révélé : Les gentils, les
peuples non juifs, les indigènes d’Amérique, tous les pays de ces montagnes vierges,
tous ceux qui connaissent le Christ, sont appelĂ©s Ă participer Ă sa promesse, Ă
son Salut. Personne n’est exclu!
C) L’Épiphanie proclame un Salut
intégral : c’est tout l’homme qu’il faut sauver.
Dans cette ambiance de Salut
universel, qu’il est merveilleux de rappeler que la ligne pastorale et
évangélique du Concile Vatican II, qui, il y a dix ans, devint aussi la
pastorale de l’Amérique Latine, proclama un Salut intégral qui continue de nous
questionner aujourd’hui Ă la veille d’un nouveau MedellĂn Ă Puebla. Cette
orientation pastorale proclamait que la libération que le Christ a apportée est
celle de l’homme intégral. C’est tout l’homme qu’il est urgent de sauver :
âme et corps, individu et sociĂ©tĂ©. C’est le Règne de Dieu qu’il nous faut dĂ©jĂ
établir sur cette Terre. C’est ce Règne de Dieu qui est entravé, enchaîné par
autant d’abus de l’idolâtrie de l’argent et du pouvoir. Il est nécessaire de
détrôner ces fausses idoles comme lorsque les premiers évangélisateurs de
l’Amérique renversèrent les faux dieux qu’adoraient nos indigènes. Aujourd’hui
ce sont d’autres idoles : ils se nomment argent, intérêt politique,
Sécurité nationale. Idolâtries qui veulent enlever l’autel de Dieu. L’Église
proclame que l’être humain ne pourra être heureux que lorsqu’il adorera comme
les Mages, l’unique Dieu véritable : quand se libérant de toutes ses
fausses idéologies de l’Orient, il viendra avec la foi limpide du christianisme
adorer ce Christ que nous devons adorer avec toujours plus d’intégrité.
D) Depuis l’Incarnation, rien
d’humain n’est étranger au Christ et à son Église
Je veux vous rappeler ici comment
Paul VI, quand il recueillit l’écho des mages modernes, les évêques qui
venaient du monde entier, au Synode de 1974, et au travers desquels, le pape
sentit les attentes de millions d’hommes et de femmes en écrivant cette page
combien tragique, mais éloquente : « Il est bien connu – commentait
Paul VI – en quels termes s’exprimèrent de nombreux évêques de tous les
continents…, avec un accent pastoral dans lequel vibraient les voix de millions
de fils de l’Église qui forment tous ces peuples. Peuples que nous savons,
engagés de toutes leurs énergies dans l’effort et dans la lutte pour surmonter
tout ce qui les condamne Ă demeurer en marge de la vie : la faim, les maladies
chroniques, l’analphabétisme, l’appauvrissement, l’injustice dans les relations
internationales et spécialement dans les échanges commerciaux, les situations
de néocolonialisme économique et culturel, parfois aussi cruel que le
politique, etc. L’Église, répétèrent les évêques, a le devoir d’annoncer la
libération de millions d’êtres humains, parmi lesquels se retrouvent nombre de
ses enfants; le devoir d’aider à ce que naisse cette libération, de donner
témoignage de celle-ci, de faire en sorte qu’elle soit totale. Tout cela n’est
pas étranger à l’évangélisation. »
Ce sont des mots du Pape qui n’ont
rien de communisme. C’est l’exigence de l’Évangile. C’est l’annonce
d’Isaïe : « La lumière de la justice brillera sur les ténèbres de
tant d’injustices en ce monde. » C’est le cri de Paul, que tous les hommes
et les femmes, que tous les peuples gentils sont appelés à participer à cette
libération du Christ. C’est les prémices des mages qui sont maintenant devenus
ce fleuve imposant de l’humanité croyante. Les cathédrales remplies comme
celle-ci, adorant le Seigneur, recherchant son espérance, sa foi dans le Christ
qui nous apporta comme une Épiphanie, l’amour salvateur du Seigneur! »
07/01/79, p. 100-102, VI.
3) Par la foi, nous ferons nĂ´tre le
Salut qui se révèle dans l’Épiphanie
La dernière pensée de mon homélie est
que toute cette vie humaine, toute cette histoire concrète du peuple, de la
famille de la personne, du Salvadorien ou de n’importe quel pays, est appelĂ©e Ă
la Rédemption mais une simple condition s’avère nécessaire : la foi.
L’obéissance de la foi
Le Concile Vatican II nous dit :
« Lorsque Dieu se révèle, nous devons lui prêter l’obéissance de la foi,
par celle que l’homme se confie entièrement et librement à Dieu, prêtant au
Dieu révélé l’hommage de la compréhension et de sa volonté, assistant
volontairement à la révélation faite par Lui. » Cela veut dire que la foi,
ce n’est pas seulement croire en des vérités avec la raison, c’est également un
dévouement, des sentiments et de l’obéissance. On parle de l’obéissance de la
foi quand Dieu parle comme lorsqu’Il dit à Abraham : « Quitte ta
parenté et marche vers la terre que je te montrerai. » L’acte de foi fut
de quitter sa famille et de marcher sans s’arrêter vers où Dieu lui enseignait
d’aller.
Se lancer dans le vide, mais sachant
qu’il y a une main de Dieu qui me soutient, c’est se mettre dans le danger en
sachant qu’il y a une main puissante qui me défend : c’est cela, la foi. La foi ne consiste
pas seulement à croire avec la tête, mais se livrer avec le cœur et avec la
vie.
Nous rencontrons ici un mystère et
croire ce n’est pas dire : deux et deux font quatre. C’est ainsi, cela ne
peut être autrement. Si c’est évident, il n’est pas nécessaire de croire. Mais
croire, c’est quand on dit à ces mages : cet enfant pauvre de Bethléem est
le Fils de Dieu. C’est un mystère! Cela n’est pas si évident! C’est pour cela
qu’existent ceux qui doutent. Ce sont les conflits de la foi. Ne vous surprenez
pas, mes frères, de vivre des conflits dans cette foi. Par exemple, quand l’on
regarde l’Église avec ses fautes et ses péchés, comment peut-elle être l’épouse
du Christ? C’est cela le doute, l’épreuve de la foi, mais lorsque l’homme de
foi se dévoue parce qu’ainsi l’a demandé Dieu, alors oui, je crois.
Nous ne sommes pas seuls dans cet
acte de foi, dans cet abandon dans les mains de Dieu, à l’intérieur de nous il
y a la grâce et l’inspiration de l’Esprit saint. C’est pourquoi le Concile
poursuit en disant une chose que nous ne devons pas perdre de vue : « Pour
enseigner cette foi, la grâce de Dieu qui nous prévient et nous aide, est
nécessaire, et l’aide interne de l’Esprit saint, lequel meut le cœur et le
convertit à Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne à tous la souplesse
d’accepter et de croire la vérité. Et pour que l’intelligence de la
révélation soit plus profonde, le même Esprit saint perfectionne constamment la
foi par ses dons. » La foi est un don. Remercions le Seigneur. Venir à la
messe adorer Dieu est un cadeau volontaire de la foi. Ce n’est pas évident
comme deux et deux font quatre que l’on doit venir à la messe, il doit avoir
des doutes, des difficultés. Mais dans ces difficultés, il y a la grâce de Dieu
qui nous aide à surmonter les doutes, ce qui ne paraît pas être évident. La foi
est un cadeau de l’intelligence et du cœur de Dieu qui se révèle et à ce Dieu
qui m’aime et se révèle, je ne peux rien refuser. 07/01/79, p.107-108, VI.