Ordination sacerdotale
10 décembre 1977; Luc 1,26-38.
Le Christ, le personnage principal
Le personnage principal de cette
cérémonie, n’est ni ceux qui vont être ordonnés, ni l’évêque, ni les prêtres
qui président, le personnage principal c’est le Christ, l’éternel et l’unique
prêtre. Il n’y a qu’un seul prêtre qui réconcilia le ciel et la terre, mourant
sur la croix et ressuscitant, qui vit éternellement en chantant la gloire et
sauvant l’humanité entière au moyen de son Église dans le monde. Dieu l’envoya
s’incarner dans les entrailles d’une femme vierge. Il l’oint là même, dès le
premier instant de son être. De sorte que Marie est l’unique femme qui donna
naissance Ă un fils prĂŞtre.
Nos mères nous donnèrent naissance
simplement comme des fils de la chair, après vint l’onction sacerdotale qui fit
de ces fils de la chair, des ministres de Dieu. Marie eut l’immense honneur que
le Christ, son fils, se consacra dès l’instant de sa conception, à l’intérieur
de ses entrailles. C’est la seule qui peut se dire mère d’un prêtre. Elle Lui
donna naissance et commença à en prendre soin, à L’allaiter, à L’élever
jusqu’au jour où auprès de la croix, elle Le vit célébrer sa messe. C’est la
messe unique, celle du calvaire oĂą le Christ demeura suspendu dans la douleur
de la crucifixion et de la mort, pour racheter par un acte de soumission
profonde au Père éternel, l’humanité pécheresse qui s’était égarée. Il n’existe
qu’un seul prêtre éternel, mais Il voulut faire de ses rachetés un peuple
sacerdotal. 10/12/77, p.43-44, III.
Ministre de la Parole
Vous, les élus du peuple, aurez une
aide spéciale de Dieu pour qu’en chaque moment de l’Histoire vous prêchiez
cette Parole en conformité avec les besoins du moment, incarnant cette Parole
dans les nécessités, les péchés, les vertus du peuple dont vous serez
responsables. C’est cela, le grand ministère de la Parole, si difficile, si
incompréhensible que souvent le dialogue que l’Église veut établir avec le
monde pour l’éclairer par la Parole de Dieu, provoque une persécution, une offense
parfois si grossière, comme celle dont souffre présentement le ministère de la Parole. Nous
pourrions dire qu’Elle vint pour les siens, que brilla la lumière, mais que les
ténèbres ne voulurent pas la
recevoir. Le ministère de l’iniquité, le ministère du péché,
l’Église s’efforcent de l’arracher du monde et de l’histoire. C’est pourquoi
ces derniers tentent d’étouffer la Parole de Dieu.
Non Ă une parole sans engagement
Pour cela, frères prêtres, vous qui
arrivez au sommet de votre ordination sacerdotale pour prĂŞcher une parole qui
brûle, que comme les prophètes vous sentiez en vos entrailles un feu dévorant
que nous voudrions plutĂ´t rejeter. Je ne dis pas cet honneur, mais cette charge
prophétique d’aller annoncer au peuple la révélation authentique. Très chers
frères, qu’il ne soit pas faux, votre service qui provient de la Parole de
Dieu. Il est très facile d’être serviteur de la Parole sans déranger le monde,
d’enseigner une parole très spirituelle, une parole sans engagement dans
l’histoire, une parole qui pourrait être dite n’importe où dans le monde
puisqu’elle ne serait de nulle part; une telle parole ne crée pas de problèmes
et n’est pas à l’origine de conflits. Ce qui génère les persécutions, ce qui
marque l’Église authentique, c’est lorsque la parole brûlante comme celle du
prophète, annonce au peuple les merveilles de Dieu pour qu’ils les croient et
les adorent, et dénonce les péchés des hommes qui s’opposent au Règne de Dieu
pour qu’ils l’arrachent de leur cœur, de leurs sociétés, de leurs lois, de
leurs organismes qui oppriment, qui emprisonnent, qui violent les droits de
Dieu et de l’humanité. C’est cela le difficile service de la Parole. Mais l’Esprit
de Dieu marche avec le prophète, marche avec le prédicateur parce qu’il est le
Christ qui se prolonge en annonçant son Règne aux hommes de tous les temps.
10/12/77, p. 45, III.
Entre deux grands abîmes
Voyez comment le sacerdoce est un
dialogue continu entre la miséricorde infinie de Dieu et la misère infinie des
hommes. Comme est terrible la position du prĂŞtre, entre deux grands
abîmes : celui de la miséricorde qui aspire à pardonner aux hommes et
celui de dénoncer les ombres qui portent préjudice à la société, pour qu’elles
se convertissent et reçoivent ce pardon de Dieu.
Culmination en Jésus-Christ
Et un jour, nous rapporte les
lectures sacrées d’aujourd’hui (Lc 1,26-38), tout ce peuple cultivé par le
ministère des prêtres, sera emporté à sa culmination. Un jour il n’y aura plus
de messe, il n’y aura plus besoin de prêtres temporels parce que tous, au
travers du travail des prêtres, des évêques, des catéchistes, des célébrants de
la Parole, auront obtenu que l’humanité s’incorpore au Christ et le Christ sera
le prêtre unique formé dans sa plénitude historique et éternelle par tous ceux qui
se seront unis Ă Lui en un seul sacerdoce, une seule offertoire, une seule
messe qui durera éternellement pour chanter la gloire de Dieu. C’est cela la
destinée, l’objectif pour lequel travaillent les prêtres dans l’histoire. C’est
pourquoi lĂ , dans la gloire Ă©ternelle, les prĂŞtres unis Ă notre peuple dĂ©jĂ
glorifié, nous sentirons l’immense satisfaction d’avoir collaboré avec le
Christ pour faire de l’humanité le temple vivant de Dieu, l’image vivante de
l’Esprit de Dieu dans l’éternité.
Appel final
Laissons-nous conduire par les
prĂŞtres. Soyons chaque jour davantage membre du peuple sacerdotal. Soyons
chaque jour plus saints et sanctifions par notre exemple, par notre poussée,
par notre appel au prêtre pour qu’il soit saint comme le peuple en a besoin et
comme Dieu le veut. […]
Prévaut ici un appel affectueux de
pasteur à tous les chers prêtres, ceux qui forment le presbytère, et qui en ce
moment ne peuvent être avec nous physiquement parce qu’ils travaillent,
éparpillés dans tout le diocèse, suivant une même vocation. J’aimerais leur
dire que je les remercie de leur esprit de solidarité et de travail, parce que
nous travaillions toujours pour la gloire de Dieu et du Christ. J’aimerais dire
également à ceux qui malheureusement se sont éloignés de la communion
sacerdotale, sans doute ont-ils découvert qu’ils ne s’y sentaient pas heureux.
Qu’ils n’oublient pas cependant qu’ils sont marqués pour toujours, même s’ils
se sont marié et ont choisi une vie laïque, ils portent la marque du sacerdoce
pour toujours. Ces malheureux qui non seulement se sont éloignés pour répondre
à l’appel de la sainteté dans une autre vocation, mais par esprit de rébellion,
dans un sens anticonformiste, l’Église continue de les aimer. Ce sont ses
prêtres, et elle continue de les attendre pour qu’ils viennent former avec le
sacerdoce éternel du Christ et avec le peuple sacerdotal, la grande famille de
Dieu qui marche vers cette glorification de l’éternel sacerdoce du
Christ. Ne demeurez pas séparés de l’unité que nous donne le triste
contre témoignage de Judas qui trahit la communion. Soyez
tous appelés frères, que le Seigneur reçoive cette requête du peuple et des
nouveaux prêtres. Qu’Il ait miséricorde de notre unité ecclésiale qui croît
toujours davantage et que chacun de nous, par sa propre vocation, soit un
fidèle disciple du Christ, Prêtre Éternel. 10/12/77, p.46-47, III.