La confirmation
5 décembre 1977.
Le baptĂŞme
L’enfant qui vient de naître est
baptisé parce qu’il faut que l’enfant de la chair devienne l’enfant de Dieu.
Lorsque le Christ dit à Nicodème : « La chair ne sert de rien. Ce qui
est né de la chair est chair, ce qui est né de l’esprit est esprit ».
C’est cela le baptême : que l’enfant, né de la chair, enfant naturel,
marqué par le péché originel que tous les humains portent, soit lavé de ce
péché par le Christ qui lui applique sa Rédemption au moyen de son baptême pour
en faire un enfant de Dieu. Cela est urgent. Puisse Dieu que les familles ne négligent
pas le devoir qu’ils ont de faire baptiser leurs enfants dès que possible. Il
existe des familles très chrétiennes qui font baptiser leur enfant le même jour
qu’il naît. Je ne vous en demande pas tant, mais n’attendez pas des mois, voire
des années avant de les faire baptiser. Le baptême aussitôt que possible.
La confirmation dans la foi
La confirmation vient confirmer la
foi qui a été reçue par le baptême et doit être accomplie lorsque l’enfant en a
conscience. Confirmation signifie revendiquer. Cela veut dire ratifier sa
naissance dans le baptĂŞme au moyen de ce sacrement qui est le sacrement de la croissance. Ainsi,
il ne suffit pas de naître, encore faut-il être aimé et éduqué. Dès que
l’enfant est né, sa mère le nourrit et l’élève. La mère n’est pas peu fière
quand commence à grandir cet enfant qui est né de ces entrailles, en devenant
un jeune devant la vie qui pense à ses devoirs d’homme ou de femme. La
confirmation correspond donc Ă cette jeunesse, Ă cette croissance. Ce
sacrement, distinct du baptême, va les aider à entrer dans cette étape avec une
nouvelle force de Dieu.
Les sacrements, vie dans le désert
Les lectures de l’avent (non
spécifiées) que nous venons de faire, sont bien opportunes. La première lecture
est du prophète Isaïe qui a comparé la venue de Dieu en ce monde à une source
qui jaillit, puis à un ruisseau qui rend la terre fertile en plein cœur du
désert.
Dans le désert il n’y a pas de
végétation. Le désert est l’image de la mort, le désert c’est l’aridité, dans
le désert il n’y a pas de vie. Mais lorsqu’au milieu du désert jaillit une
source, la terre commence à devenir féconde et grâce à cette eau, le désert se
transforme en jardin qui produit des fleurs, des fruits et de l’ombre où peut
s’installer la vie. Ceci
est une image précieuse des sacrements : le baptême, la confirmation, la
pénitence et la communion sont les signes que Dieu est venu en ce monde et
l’être humain qui par sa propre nature est un désert ne peut produire des
fruits d’éternité. Les sacrements lui apportent la végétation, la fertilité et
la fécondité comme nous avons auparavant en employant les mots du Christ :
« Ce qui naît de la chair reste de la chair ». Il ne sert à rien
devant l’heureuse éternité de Dieu de naître, d’avoir beaucoup de potentiel, d’être
très belle pour une femme, très fort pour un homme ou très intelligent pour un
professionnel. Tout cela a énormément de valeur, mais devant l’éternité qui est
la vie de Dieu, cela ne vaut rien puisque tout cela demeure sur Terre. Les
personnes, pour davantage de qualités humaines que nous produisions, nous ne
sommes pas plus que le désert. Si Dieu désire recueillir de notre vie des
œuvres qui valent pour la vie éternelle, Il doit lui injecter la vie de Dieu.
C’est seulement lorsque le fils de la chair devient fils de Dieu qu’il commence
à produire des œuvres qui lui donnent la vie éternelle. C’est pour cela que le
Christ a inventé les sacrements. 05/12/77, p.28, III.
La confirmation, force de l’Esprit
La confirmation donne au baptĂŞme les
dons de l’Esprit saint, le renforce avec la force de Dieu afin qu’il produise
des fruits de vie éternelle. La confirmation est le sacrement des martyrs. Si
ce n’avait été de la force de l’Esprit saint que les premiers chrétiens
reçurent de leurs évêques et du pape, par le sacrement de la confirmation, ces
premiers chrétiens n’auraient pas pu endurer l’épreuve de la persécution. Ils
ne seraient pas morts pour le Christ. Aujourd’hui, mes frères, l’Église a
besoin de cette force de l’Esprit saint. Pour cela nous voulons que les jeunes,
les enfants, reçoivent ce sacrement, en se rendant compte de sa signification
pleine et entière. À quoi cela sert-il de recevoir la confirmation alors qu’ils
sont trop jeunes, sans qu’ils s’en rendent compte? Nous n’avons pas eu des
parents ou des parrains pour nous enseigner le sens de cette confirmation? Je
crois que ni les parents, ni les parrains eux-mêmes, n’ont su, bien souvent, le
pourquoi de la confirmation d’un enfant trop jeune pour comprendre. Si
eux-mêmes, les adultes, l’ignoraient, comment vont-ils pouvoir enseigner aux
jeunes ce qu’est le sacrement de la confirmation? Si nous avions des pères et
des mères de famille, des parrains et des marraines qui par leur parole et leur
exemple enseignaient aux jeunes la raison de cette confirmation, il n’y aurait
plus d’inconvénient à confirmer les jeunes enfants. Il vaut mieux qu’ils se
rendent compte par eux-mêmes de l’engagement qu’ils vont prendre au lieu
d’espérer en vain que leurs parents leur expliquent. 05/12/77, p.28, III.
Être chrétiens, c’est être valeureux
Être chrétien c’est être courageux.
Je le répète, mes chers frères, être chrétien est une chose très difficile,
comme sont en train de le démontrer les gens de notre pays. Il demeure peu de
chrétiens authentiques, lorsqu’être chrétien signifie être persécuté. Quand
pour nous réunir, pour échanger la Parole de Dieu et réfléchir sur le véritable
sens de la Bible, dans les engagements du christianisme, cela suppose, de notre
part, qu’il y ait beaucoup de vigilance, de prévention bien que d’autres
croient que nous nous réunissons pour faire de la politique, pour faire du
communisme, mais ils se trompent. Nous nous réunissons pour prendre conscience
de la sérieuse responsabilité que suppose l’être chrétien. Nous nous réunissons
pour être chrétiens, pour que demain nous ne soyons pas des traîtres à cette
religion. Il y a aujourd’hui beaucoup de lâches. Plusieurs personnes préfèrent
ĂŞtre bien sur la Terre, peu importe le jugement de Dieu qui va venir leur
demander des comptes sur leur vie. Être chrétien cela veut dire être vaillant
et avant d’obéir aux persécuteurs de l’Église, avoir la valeur d’obéir à Dieu.
Peu importe que l’on nous conduise Ă
la persécution, à la torture, à la diffamation et à la calomnie. Vous
savez, mes frères, comment en ce moment même on calomnie votre évêque. On le
traite de subversif numéro un, on le qualifie de prédicateur de la subversion.
[…] Mais être chrétien en cette heure signifie avoir la valeur que l’Esprit
saint donne par sa confirmation pour ĂŞtre de vaillants soldats du Christ Roi,
pour faire régner sa doctrine, pour parvenir aux cœurs des hommes et leur
prêcher la valeur qu’il faut avoir pour défendre la loi de Dieu. 05/12/77,
p.29, III.
J’ai mal à l’âme
C’est ce que veut dire le prophète
Isaïe : lorsque cette vie de Dieu est absente, l’humain est comme un
désert, sans fleur, sans fruit, sans ombre. Combien arides sont les êtres
humains lorsque l’Esprit saint n’est pas en eux? Combien cruels deviennent-ils
lorsque l’Esprit de Dieu ne les anime plus, mais que l’esprit de demeurer Ă
l’aise les habite? Mon âme souffre beaucoup de savoir comment on torture nos
gens, de savoir comment on viole les droits de l’image de Dieu. Cela ne devrait
pas exister. C’est que l’homme, la femme, sans Dieu est un fauve. L’être humain
sans Dieu est un désert. Son cœur n’est pas davantage que le persécuteur
pervers de ses frères et sœurs. C’est pourquoi il existe des cœurs capables de
trahir leurs frères, de les dénoncer, à qui il importe peu qu’on amène leurs
frères à la torture et à l’assassinat! De quel cœur s’agit-il, lorsqu’il n’est
pas animé par Dieu dans le véritable amour de l’être humain? C’est ce qui
arrive lorsque l’on oublie le véritable sens du baptême, et le véritable sens
de la confirmation.
Les humains recommencent à être des déserts et des steppes,
des troncs arides. 05/12/77, p.30, III.
Le blé et l’ivraie
La hache est déjà à la base de
l’arbre. Dieu commence à abattre l’arbre de la vie et malheur à l’arbre qui
tombe du côté de l’enfer pour ne pas s’être repenti à temps. Saint Jean
Baptiste disait hier également : Le Christ est déjà en train de
moissonner, comme lorsque l’on cueille le café et que dans le sac sont mélangés
le café et les déchets. Le vent souffle pour séparer les déchets et les grains
de café. C’est ainsi que le Christ procède dit saint Jean-Baptiste en soufflant
sur le blé. On bat le blé pour le séparer de ses résidus. C’est ainsi que sera
le jugement final. Comme un fort vent, un vent tempétueux qui va séparer les
déchets, les résidus; un homme qui n’a pas voulu se convertir en bon grain, et
demeurera le blé, les bonnes œuvres, la récolte pour Dieu. C’est pourquoi mes
frères, contre les outrages je vous dis : convertissez-vous, faites
pénitence à temps, convertissez-vous en grain de blé, Dieu vous attend.
Constituez-vous en communauté d’amour, construisez des communautés ecclésiales.
L’Église n’est pas communiste ni subversive. L’Église est le Règne de Dieu qui
médite la Parole divine, qui accueille dans son cœur cette parole et qui nous
apporte la vie divine, la grâce, les sacrements. Elle nous fait sentir la
beauté d’être des jardins au lieu d’être des déserts. 05/12/77, p.31, III.
Pour les adultes également
Je profite de cette occasion pour
dire également aux adultes : vivons notre baptême, prenons conscience de
notre confirmation. […] Peut-être n’avons-nous pas pris conscience de la valeur
de la confirmation que nous avons reçue? Cet Esprit saint qui se donne dans la
confirmation par l’imposition des mains de l’évêque, successeur des apôtres,
est un Esprit saint qui a été caché en nous. Peut-être est-Il mort? S’il n’a
pas produit en nous les fruits de l’Esprit de Dieu, c’est que nous n’avons pas
cessé d’être les fils et les filles de la chair. Le baptême, la confirmation, la pénitence,
l’eucharistie que nous avons reçus, n’ont pas produit.
Évangélisation et Sacrements
C’est cela la grande déficience du
peuple chrétien, qui, grâce à Dieu, depuis le Concile Vatican II, s’efforce de
corriger cette déficience. Jusqu’alors, nous avions donné beaucoup de
sacrements au peuple. Nous baptisions tous les enfants, nous donnions la
confirmation à tous ceux qui se présentaient, nous les confessions, sans leur
exiger de pénitence, nous donnions la communion à tous, nous donnions des
sacrements à profusion, mais nous n’évangélisions pas beaucoup. Maintenant,
grâce à Dieu, nous ne rejetons pas les sacrements, ils demeurent nécessaires,
ils sont les canaux par oĂą Dieu nous donne une Vie Divine. Mais ce sont
maintenant des sacrements vécus avec une catéchèse préparatoire mieux adaptée,
avec une réflexion de la Bible plus profonde. Nous savons que nous devons nous
confesser d’une manière plus consciente. Nous exigeons maintenant, avant le
baptême, une catéchèse pré-baptismale pour instruire les parents qui demandent
ce sacrement pour leur enfant. Il ne s’agit pas là d’un simple événement
social, afin que votre enfant reçoive des cadeaux de son parrain, afin d’avoir
quelqu’un avec qui partager la responsabilité de son éducation. Le baptême ne
signifie pas d’abord avoir un parrain et une marraine, il signifie surtout la
conscience que ce fils ou cette fille de la chair se fait enfant de Dieu et
qu’il va prendre un engagement, lui et sa famille, que l’enfant assumera peu Ă
peu en grandissant. L’Évêque ne désire plus donner la confirmation à la
multitude d’enfants trop jeunes et non préparés.
Catéchèse pré-sacramentelle
C’est pourquoi, maintenant que nous
vivons à l’heure de la rénovation de l’Église, je vous supplie de ne pas
prendre mal cette exigence. Le prêtre ou la religieuse qui ne l’exige pas
n’accomplit pas son devoir. Avant le baptême, avant la première communion,
avant de recevoir un sacrement, il doit y avoir une catéchèse. Il doit y avoir
une réflexion, pour que les gens prennent conscience de ce qu’ils sont en train
de faire. C’est pourquoi je suis heureux d’être ici ce matin pour donner la
confirmation à ces enfants qui savent qu’ils vont maintenant recevoir l’Esprit
saint, de même qu’il tomba des langues de feu sur les apôtres, au jour de la Pentecôte. Ceux-ci
furent remplis de l’Esprit saint et ils sortirent pour prêcher le Christ. Ils
n’avaient plus peur des autorités qui voulaient les faire taire et ils
disaient, ces hommes craintifs devenus vaillants grâce à l’Esprit saint :
« Si vous voulez que nous ne parlions pas du Christ, pardonnez-nous, mais
nous ne pouvons vous obéir parce que nous devons obéir à Dieu qui nous ordonne
de prêcher ce que nous avons vu, le Salut en Jésus Christ. » Nul ne peut
retenir cette parole qui provenait de la force de l’Esprit saint. Renouvelons
maintenant en nous la grâce de la confirmation.
Sacrement de martyre, si cela est
nécessaire
Que cette cérémonie soit pour nous
une rénovation de notre Esprit saint, de la valeur que nous devons avoir comme
chrétien et, si cela est nécessaire, que la confirmation se convertisse pour
nous en un sacrement de martyre. Soyons disposés à donner notre vie pour le
Christ, à ne pas le trahir avec la lâcheté des faux chrétiens d’aujourd’hui.
Nous allons donner ce sacrement de vie, où le Christ Rédempteur nous dit :
« Je suis la Vie, Je suis la Source, Je suis l’Eau vive qui convertit le
désert en un jardin qui apporte à la vie des hommes et des femmes, la Vie de
Dieu, c’est-à -dire, l’Esprit de Dieu, pour qu’Il anime les cœurs humains. Je vais,
au moyen de mon ministère d’Évêque de San Salvador, vous donner la force et la
grâce de l’Esprit saint. Ravivons-Le tous, en ce moment, afin que nous sachions
être ce que nous devons être : des hommes et des femmes qui ont reçu la
force du Très-Haut pour donner témoignage, avec courage, que Dieu existe, que
le Christ est une réalité et que son Église sur la Terre ne fait pas le mal,
mais le bien et ayons le courage de la répandre et la défendre comme nous
défendons le bien. » 05/12/77, p. 31-33, III.