L’Église, retour du Christ en Esprit
Cinquième dimanche de Pâques; 23
avril 1978; Lectures : Actes 6,1-7; I Pierre 2,4-9; Jean 14,1-12.
C’est cela, la liturgie, la Présence
du ministère sauveur du Christ dans l’histoire du peuple à partir duquel l’on
réfléchit sur ce mystère. C’est pourquoi, le principal c’est le mystère
lui-même qui sauve et à partir de celui-ci, nous voulons éclairer la réalité
qui nous entoure pour que ce soit un mystère qui nous sauve en ce moment. Nous
recherchons à travers notre espérance chrétienne, dans la figure centrale du
Divin Rédempteur, la force pour résoudre les problèmes si graves de notre
patrie. Mais si nous ne nous préoccupons que du contexte et que nous regardons
seulement la Parole comme quelque chose de secondaire, il arrive alors qu’au
lieu d’entendre avec foi, nous écoutions comme les pharisiens écoutaient le
Christ : pour voir en quoi ils pourraient Le surprendre, pour savoir
quelle accusation ils pourraient bien porter contre Lui. Grâce à Dieu, en
appelant au public qui m’écoute, je peux dire comme le Christ à ses
ennemis : J’ai parlé en public, demandé à ceux qui m’ont entendu, nous
verrons alors si ce n’est pas la vérité que vous tentez de cacher avec autant
de calomnies. 23/04/78, p.177-178, IV.
Pâques, le mystère pascal, ces jours
de réflexions de l’Église nous amènent à faire ce lien entre les adieux du
Christ de sa vie temporelle, avec la Présence du Christ dans sa vie mystique et
céleste. En d’autres mots, la fin de la vie temporelle du Christ est reliée aux
origines de l’histoire de l’Église. L’Évangile de saint Jean (14,1-12), dans
ces beaux chapitres des adieux de la dernière cène, nous présente comme la
constitution de l’Église, le Christ qui fait ses adieux aux siens. Quel honneur
pour nous ce matin de pouvoir nous dire « ceux de Jésus-Christ » et
JĂ©sus-Christ qui regarde tous ceux qui assistent Ă cette messe, Il les appelle
les siens, ses disciples. C’est avec eux qu’Il va célébrer l’inauguration de
l’Église qui va être le prolongement des disciples du Christ.
Son retour dans l’Esprit veut dire,
avec cette parole avec laquelle Il commence l’Évangile d’aujourd’hui (Jn
14,1) : « Que votre cœur ne se trouble pas, vous croyez en Dieu,
croyez aussi en moi. » Devant la tristesse de ceux qui pendant trois ans
ont partagé nuits et jours les problèmes, les espoirs, les angoisses de leur
Divin Maître, Il leur offre cette tendre consolation. Il leur dit qu’ils ne
vont pas demeurer seuls, que lĂ oĂą Il va ils ne peuvent le suivre maintenant,
mais qu’ils le suivront plus tard. Le passage de la mort et de l’ascension aux
cieux sera aussi pour les siens, mais Il le fait en ce moment comme tĂŞte du
corps mystique. Nous aussi sommes tous appelés à le suivre un jour. 23/04/78,
p. 181-182, IV.
Plan de l’homélie :
1) Le Christ, VĂ©ritable Dieu et Homme
Véritable, Retour dans l’Esprit!
2) Présence du Christ dans l’Église
comme Construction, Peuple et Communauté
1) Le Christ, VĂ©ritable Dieu et Homme
Véritable, Retour dans l’Esprit!
A) Christ, VĂ©ritable Dieu et Homme
VĂ©ritable
Mais, en premier lieu, qui est le
Christ, pour pouvoir annoncer que même après sa mort Il reviendra vivre avec
nous? Nous pourrions dire que cela est la première idée pour croire en
Jésus-Christ. C’est ce qui apparaît dans le dialogue de l’Évangile
d’aujourd’hui (Jn 14,1-12), avec les deux apôtres, Thomas et Philippe. Quand
ils Le questionnèrent, tous deux encore ignorants de ce grand mystère, parce
que le Christ n’est pas encore revenu en Esprit, ce ne sont que des hommes qui
ont écouté ces mystères si sublimes qu’ils ne purent les comprendre et l’un
d’eux Lui demande (14,5) : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas.
Comment saurions-nous le chemin? » Et Jésus lui répond cette phrase qui
synthétise tout l’Évangile et toute sa vie (Jn 14, 6) : « Je
suis le Chemin, la Vérité et la Vie. » Et l’autre disciple lui demande
alors (14,8) : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous
suffit. » C’était là toute l’attente de l’Ancien Testament :
connaître Dieu. Montre-nous Dieu. La réponse du Christ est toute une
christologie, un traité théologique du Christ (14,9) : « Voilà si longtemps
que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe? Qui m’a vu a vu
le Père! […] Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en
moi? »
Frères, tant que nous n’avons pas
assimilé cette idée que le Christ est un véritable Dieu et un homme véritable,
nous n’avons pas compris le mystère de notre Église, ni le mystère du Salut du
Seigneur. C’est pour cela qu’Il s’est fait homme, pour qu’au moyen de la figure
de cet Homme-Dieu, nous pénétrions en ce mystère du divin. « Je suis le
Chemin. Personne ne peut venir au Père sinon par moi. » Dieu n’est
venu sauver les hommes et les femmes que par moi. L’unique médiateur c’est
Jésus-Christ. Bienheureux celui qui L’a connu et qui croit en Lui. Bienheureux
celui qui sait encore, mĂŞme en ces heures obscures de notre histoire, que le
Christ vit, qu’Il vit puissamment comme Dieu et qu’Il est compréhensif comme un
humain. Il est l’homme de nos chemins, Il est comme l’homme de cette chanson Ă
la mode : le Dieu qui apparaît comme un ouvrier, comme celui qui passe dans
le parc, comme celui qui travaille sur les routes et répare des crevaisons dans
les stations-service. Dieu est incarné dans chaque homme et comprend chaque
travailleur, chaque homme qui veut L’aimer et le suivre. C’est pourquoi Il a
dit : « Tout ce que vous faites à l’un d’eux, c’est à moi que vous
l’avez fait. » C’est le chemin pour connaître l’homme, ainsi que celui
pour connaître Dieu. Personne ne peut arriver à Dieu sinon au travers de ce
pont, de ce chemin qu’est Notre Seigneur Jésus-Christ.
B) Le Christ vient à son Église à la
PentecĂ´te
Ce Christ-Dieu, Celui que le Père
exalta à l’heure de Pâques, c’est le Christ qui vient à la Pentecôte. La venue
de l’Esprit saint, entendons-le bien, est le retour du Christ en esprit, c’est
l’Esprit du Christ qui vient à son Église. Esprit du Christ avec toute sa force
rédemptrice, avec tout son amour, avec tout son amour, avec tout son courage
pour dénoncer le péché, avec toute sa force pour dire aux humains quel est
l’unique chemin par où nous pouvons être sauvés et signaler les larges voies
par où l’on peut se perdre.
Ce Christ vient et dit dans la
dernière partie de l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 14,12) : « Celui qui
croit en moi fera, lui aussi, les Ĺ“uvres que Je fais; et il en fera mĂŞme de
plus grandes… » Qu’est-ce que cela veut dire? Que toute la puissance
rĂ©demptrice qu’Il apporta de Dieu, Il va la confier Ă ce groupe qui forme dĂ©jĂ
son Église naissante et qu’au travers des siècles et des peuples, cette Église
fera des choses bien plus grandes que le Christ au sens géographique et
numérique parce qu’Il sauve le monde avec une Rédemption objective, mourant sur
la croix en nous laissant, dirions-nous, la source de la RĂ©demption. Ses
disciples doivent répandre par le monde entier, cette œuvre salvatrice de
sorte, qu’Il voit dans son Église des choses plus grandes encore que celles
qu’Il fit personnellement.
Le Christ n’eut pas devant sa
personne physique une multitude comme j’ai actuellement devant moi dans la
cathédrale, ni cet auditoire radiophonique que je sais très nombreuse en cette
heure. C’est véritablement le Christ qui parle à travers moi et qui me
dit : tu fais des choses bien plus grandes que Moi parce que ce que J’ai
dit tu le répètes par le miracle de la radio, dans l’attention de la multitude
tu répètes mes paroles, tu sauves le monde en leur indiquant le chemin, et
comme Moi également tu reçois la calomnie. À Moi aussi on me lança des pierres,
à Moi aussi ils M’ont persécuté, dans mon temps aussi il y eut des gens qui,
mĂŞme si Je leur signalais par des miracles la puissance de Dieu, ne crurent pas
en moi, me condamnèrent, me crucifièrent parce que ma doctrine les dérangeait;
ainsi que la tienne dérange également, mais tu réalises des choses très grandes
parce que c’est Mon œuvre que tu poursuis. Et chaque prêtre, aussi humble que
soit sa paroisse, réalise des choses plus grandes que le Christ dans le sens de
l’Évangile d’aujourd’hui. Nous pouvons dire la même chose du catéchiste, du
père de famille, du prédicateur de la Parole, les siens, ses disciples, tous
ceux qui apportent au monde l’œuvre rédemptrice du Seigneur.
C’est l’Esprit du Christ qui nous
convoque, c’est l’Esprit du Seigneur qui tous les dimanches regarde ses Églises
remplies pour transmettre sa vérité et sa vie. Le Christ est ici, et lorsque dans
l’hostie consacrée nous L’adorons sans Le voir, ne doutons pas, c’est un retour
du Christ en Esprit, c’est L’Esprit du Seigneur qui m’a oint prêtre pour dire
les paroles qu’Il prononça au soir de son dernier repas : « Ceci est
mon corps », et élever à la vue de tous pour que soit adoré la présence du
Christ parmi nous. […]
Le Christ continue de s’exprimer avec
des voix et des inflexions distinctes, selon ses instruments, mais c’est ce
même Christ qui parle, et c’est Lui-même qu’on atteint lorsqu’on calomnie et
qu’on déprécie son Église. 23/04/78, p.182-184, IV.
2) Présence du Christ dans l’Église
comme Construction, Peuple et
Communauté
A) L’Église comme une maison de Dieu
En premier lieu, une Église qui est
une construction de pierres vivantes. L’image est belle. La lecture (I P 2,4-9)
d’aujourd’hui nous dit que le Christ est la pierre fondamentale et que, fondés
sur cette pierre, vous tous, chrétiens, êtes des pierres vivantes. Vous n’êtes
pas des pierres mortes et matérielles, chacun avec ses qualités, avec ses
charismes, avec son degré de sainteté est une pierre vivante. Nous construisons
un temple et lorsqu’un chrétien meurt, cette pierre est posée dans le temple de
la gloire. La
splendeur de Dieu illumine ce sanctuaire fait d’hommes et de femmes des
carrières de la terre, illuminés de la lumière de l’Esprit, avec du sang du
baptême qui est le sang du Christ. Quelle belle destinée que la vie humaine!
Chaque personne est une pierre vivante.
Pensons que mĂŞme lorsque nous
vieillissons, que nous devenons malades et que nous nous sentons inutiles,
pauvres et marginalisés, nous sommes des pierres que le Divin constructeur
travaille pour se faire un temple qui a déjà commencé à resplendir sur cette
terre. « Mais pour vous, dit saint Pierre, cette pierre qui est le Christ
est la pierre fondamentale. » Par contre, nombreux sont ceux qui
l’abandonnèrent, qui La jugèrent inutile à leurs intérêts, ils préfèrent les
ténèbres, le matériel, pour eux le Christ sera un obstacle sur lequel ils
buteront. Comme c’est terrible! Ce Christ qui s’est offert comme base pour
construire la vie des êtres humains, plusieurs la rejetèrent parce qu’ils
veulent fonder leur existence sur d’autres fondements, sur d’autres idoles, sur
d’autres valeurs. Le Christ ne s’insère pas bien dans leur construction.
C’est ainsi que s’explique pourquoi
l’Église, construction de Dieu, ne s’intègre pas à cette construction
matérielle du monde, comme ne prend pas le béton armé avec la boue. Les matières
s’opposent lorsqu’elles ne sont pas faites pour s’intégrer. Tout homme qui
n’est pas de l’Esprit du Christ est de la boue, de la terre glaise, il est une
construction fragile, il ne peut pas subsister sur le rocher inamovible de
celui qui construit dans la sincérité, dans l’amour, dans la vérité, dans la
justice, dans tout ce qu’est la sincérité.
Il ne peut bâtir sur la base du
Christ et le Christ dérange celui qui vit dans le mensonge, celui qui vit de
l’hypocrisie, celui qui emploie sa plume pour distiller son venin, sa haine et
sa diffamation. Cette construction est faite de haine et elle est fragile comme
la terre qui ne peut ĂŞtre du Christ.
B) L’Église, Peuple de Dieu
L’autre belle image que nous avons de
l’Église est le Peuple de Dieu. Dans la seconde lecture d’aujourd’hui, la
première épître de saint Pierre (2,4-9), nous rencontrons cet écho de l’Ancien
Testament parlant d’Israël, attributs qui sont devenus ceux du peuple chrétien.
Frères, je voudrais que se gravent profondément dans votre vie ces quatre
phrases qui sont comme les quatre honneurs insignes du véritable chrétien.
Saint Pierre nous dit aujourd’hui que par notre baptême nous sommes :
1. La race Ă©lue
2. Un sacerdoce royal
3. Une nation consacrée
4. Un peuple de rachetés pour
raconter les merveilles du Seigneur
C’est notre devoir, c’est la mission
de l’Église comme Peuple de Dieu.
1. Une race Ă©lue
C’est merveilleux si vous lisez
l’épître de saint Pierre dont nous avons lu un passage aujourd’hui, il la dédie
aux chrétiens qui sont dans la
dispersion. C’est une phrase pour leur dire que, en tant que
baptisés, les chrétiens constituent une race élue. Quelle que soit la couleur
de leur peau, quelle que soit leur classe sociale, quelles que soient leurs
idées politiques, ils appartiennent à une race élue. C’est comme les Israélites
lorsqu’ils durent émigrer de leur patrie et vivre dans la diaspora. Peu
importe où ils étaient, ils se rappelaient leurs origines et la destinée de
leur histoire. Ainsi, tout chrĂ©tien, oĂą qu’il soit, doit se sentir appartenir Ă
cette race élue : par le baptême j’ai été fait membre de la race de Dieu,
par le baptĂŞme je suis un consanguin du Christ, je porte dans mon sang, dans
mes veines, dans ma vie, cette dynastie de Dieu. Quel honneur!
2. Sacerdoce Royal
Cela signifie que ce peuple de
baptisés possède de véritables fonctions sacerdotales. Comme j’aimerais avoir
le temps pour vous décrire en quoi consiste la fonction sacerdotale du peuple.
À partir du jour où un enfant est baptisé, il est incorporé à un peuple placé
dans le monde pour rendre un culte à Dieu. C’est cela, le sacerdoce, rendre un
culte. Et saint Pierre dit que nous sommes des prĂŞtres pour rendre un culte
spirituel à Dieu. La vie du baptisé, quelle que soit sa profession, est un
culte Ă Dieu.
La messe ne se célèbre pas seulement
le dimanche en cathédrale, la messe c’est celle d’un homme qui fait de sa vie
un culte au Seigneur, qui jamais de ses lèvres ne sort le mensonge, qui jamais
ne porte le ressentiment, la haine, dans sa conscience, qui exécute son
travail, aussi humble soit-il, à la gloire de Dieu. C’est ainsi que célèbre la
messe le ferblantier, le charpentier, le balayeur, la vendeuse du marché,
l’étudiant, le professionnel, toutes les catégories professionnelles qui
m’écoutent présentement. Je dis à vous tous que vous êtes des prêtres qui
célébrez dans votre propre profession, dans votre propre vie. Ne perdez pas le
sens divin de votre existence.
Et quand la douleur nous Ă©prouve,
vous, mes chers malades qui m’écoutez, je sais que, comme Jean XXIII, vous
pouvez dire : « Mon lit aussi est un autel et c’est moi maintenant
qui suis la victime de cet autel. » Quel merveilleux concept! Ainsi peut
dire le travailleur, l’employé qui s’en va au travail : mon travail est
aussi un autel et en ce cas je suis la victime sacrée de cet autel, je vais
travailler avec ardeur, je vais accomplir mon devoir.
Dites-moi, frères, si cela c’est de la subversion. Dites-moi
si cela n’est pas résoudre les problèmes et mettre les choses à leur place, de
dire aux politiciens : vous aussi, vous êtes des hosties consacrées par
Dieu si vous accomplissez votre travail politique dans un véritable sens
chrétien. De dire également à celui qui possède la richesse et les
terres : toi aussi tu peux être la victime sacrée de Dieu, si tu es
baptisé, tu seras également une hostie consacrée si tu donnes un sens de
justice sociale, de christianisme, de fraternité à tes relations humaines.
C’est cela être chrétien, être baptisé, être peuple de Dieu, race élue,
sacerdoce royal, nation consacrée, placée dans le monde pour y proclamer les
merveilles du Seigneur, peuple racheté par Dieu.
Le Christ nous a rachetés par son
sang, nous ne nous appartenons plus, le Christ est notre propriétaire, notre
Roi, et Il doit régner sur nous. Si quelqu’un ne veut pas que le Christ règne
sur lui, il ferait bien de dire – comme disent les chrétiens en Allemagne, où
ils sont obligés de payer un impôt pour aider leur propre religion, et
lorsqu’ils ne veulent plus payer cet impôt – : « Je ne suis plus
chrétien, rayez-moi du registre des baptêmes. » Il serait préférable, non
parce qu’on ne leur fera plus payer cet impôt, mais parce je ne veux pas faire
ma part en cette heure oĂą le Peuple de Dieu doit ĂŞtre un peuple choisi, une
nation consacrée, communauté vaillante pour proclamer les merveilles de Dieu et
dénoncer les injustices du peuple qui nous entoure. Il serait préférable de
faire enlever son nom du livre de la paroisse et de ne plus s’appeler chrétien
que de se dire baptisé et de répandre l’ignominie des païens et des pécheurs.
Baptisés, mais païens dans le cœur.
C’est à cela que sert la fête de la
Pentecôte, à raviver cette conscience chrétienne de notre peuple, à dire comme
saint Pierre dans la lecture d’aujourd’hui que nous nous souvenons de notre
dignité de race élue, de sacerdoce royal, de nation consacrée et de peuple
racheté.
C) L’Église comme une Communauté de
Diaconats
La communauté, la communion, c’est
cela, la caractéristique de l’Église. C’est pour cela que le Concile Vatican II
nous invite Ă nous instruire en surpassant une Ă©ducation individualiste :
« mon âme et mon Dieu. » Et d’entrer par contre, dans une
spiritualité de peuple. Nous sommes un peuple, nous sommes communauté, une
communion. En grec, les premiers chrétiens disaient nous sommes une
« Koinonia ». Belle parole qui aujourd’hui revient à la mode dans les
communautés de base, dans les communautés paroissiales qui déchiffrent la
signification de ce mot : « Koinonia », communauté, une vie de
famille. Et cette vie de famille possède ses caractéristiques.
L’Ordre des Diacres
Pourquoi naquit l’Ordre des Diacres?
Le livre des actes des ApĂ´tres
(6,1-7) nous l’a racontĂ© aujourd’hui. Il y avait des mĂ©contentements et dĂ©jĂ
des divisions commençaient dans l’Église entre Hébreux et Grecs. Les uns
disaient aux autres : « Dans le service quotidien, on négligeait
leurs veuves. » La division dans l’Église débute toujours par un motif
égoïste ou matérialiste, c’est le premier trait, la première nouvelle de
l’histoire de l’Église. Ne nous étonnons pas, frère : « Église d’hommes
avec des manières humaines. » Cela ne doit pas nous scandaliser, au
contraire, observons comment on surmonta cette crise.
La hiérarchie, Pierre et les apôtres,
appela la communauté et ils leur dirent (Ac 6,2-3) : « Il ne sied pas
que nous délaissions la Parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt
parmi vous, frères, sept hommes de bonne réputation, remplis de l’Esprit et de
sagesse. » Et ils en choisirent sept, parmi eux le proto-martyr, saint
Étienne, et ils leurs imposèrent les mains. Voyez, frères, quel beau geste de
l’Église, la hiérarchie proposant la manière, la communauté participe en
élisant et les élus reçoivent le pouvoir de la hiérarchie! Encore une fois,
l’Église… la
hiérarchie. Ne l’oublions jamais, parce que le jour où nous
ne donnerons à la communauté qu’un sens charismatique, un sens d’amour et de
communion et que nous oublierons l’autorité qu’est le Pape, les évêques, les
prêtres, nous détruirons la colonne vertébrale de cette communauté.
Qu’est que le Diaconat?
Une autre parole qu’il nous apprendre
en ce temps, pour ceux qui veulent être à jour avec la science de l’Église. Le
diaconat est une parole grecque qui signifie aussi service. Les diacres et
toute la hiérarchie sont un diaconat. Les évêques ne nous dirigent pas dans un
sens despotique. Cela ne doit pas être ainsi. L’Évêque est le plus humble
serviteur de la communauté parce que le Christ dit aux apôtres, les premiers
évêques : « Celui qui veut être le plus grand parmi vous, qu’il se
fasse le plus humble, qu’il soit le serviteur d’entre vous tous. » Notre
mandat est un service, notre direction, notre parole est un service. […]
Frères, je vous remercie pour de si
beaux témoignages de solidarité, surtout de simples gens qui me donnent envie
de prier comme le Christ : Père, je te rends grâce parce que ce service de
la Parole que je tente de réaliser, est compris des humbles de cœur et des gens
sensibles, alors qu’il se transforme en diatribe, en offense et qu’il suscite,
qu’il fait éclater les calomnies de tous ceux qui se croient autosuffisants,
orgueilleux, retrancher dans leur propre manière de penser et qui ne veulent
pas que personne ne leur arrive avec la véritable doctrine de l’Évangile
authentique.
Le Signe de cette Communauté :
l’Amour
« En cela vous reconnaîtrez
qu’ils sont mes disciples. » Je vous invite tous pour terminer cette
réflexion, que nous tentions de réviser notre propre cœur. S’il s’y trouve
encore un peu d’amour pour ceux qui nous offensent, alors vous êtes chrétiens.
Béni soit Dieu! Si nous gardons rancœur, une rancune contre celui qui dérange
ma situation que je sais ne pas être chrétienne, cela même te dit que tu n’es
pas chrétien. Si tu paies pour écrire ou pour faire dire à la radio des
offenses contre ton frère ou ton évêque, tu n’es pas chrétien. Toi qui gagnes
ta vie, qui par nécessité économique vends ta plume ou ta langue pour dire des
mensonges, pour servir des intérêts mesquins, tu n’es pas chrétien, mais cela
est compréhensible, tu as faim et tu dois vendre ce que tu possèdes même s’il
s’agit de ta propre réputation. Prenez garde, mes frères, de ne pas vous vendre
à personne. Nous avons été rachetés par le Christ et son amour est celui qui
doit régner parmi nous. 23/04/78, p.184-190, IV.