Le Baptême, Épiphanie des richesses
messianiques.
Homélie du baptême du Seigneur. 13 janvier 1980; Lectures :
IsaĂŻe 42,1-4.6-7; Actes 10,34-38; Luc 3,15-16.21-22.
1) Introduction : La sérénité et
l’allégresse d’appartenir à la famille de Dieu
C’est la fête du baptême du Seigneur.
En parlant du baptĂŞme, je ressens la foi et la sĂ©rĂ©nitĂ© de celui qui arrive Ă
la maison et qui se souvient, avec sa famille, de son enfance, de ses origines
et qui regarde vers son berceau. Comme nous avons besoin aujourd’hui de sentir
cette sérénité familiale, lorsqu’autour de nous, il y a tant de turbulences!
C’est alors que nous ressentons davantage la nécessité d’être unis en famille,
lorsque frappent la persécution et la tempête.
Le baptĂŞme, berceau de cette famille
où naît le Peuple de Dieu.
Je vous invite, en ce jour oĂą nous
célébrons le baptême du Seigneur, à sentir également que ce baptême du Christ
est le berceau de toute cette Famille de Dieu. C’est là que nous sommes nés
comme Peuple de Dieu, comme Famille de Dieu. Et la messe du dimanche devrait
être comme cette fin de semaine en famille, auprès de notre Père, Dieu, auprès
de notre frère, Jésus-Christ, tous comme des frères. Nous avons tant besoin de
respirer cette atmosphère d’amour, de sérénité, d’allégresse, du foyer!
2) Citoyens d’un pays de la Terre, le
baptême fait de nous des citoyens du Règne de Dieu
Notre acte de naissance se trouve
dans une municipalité parce que nous sommes citoyens du peuple d’ici-bas. Mais
nous avons aussi un acte de baptĂŞme Ă la paroisse qui est comme le berceau oĂą
nous sommes nés. Cela ne veut pas dire qu’il y ait une juxtaposition entre le
domaine civil et religieux; cela signifie, au contraire, une complémentarité
que je m’efforce beaucoup de clarifier en ces temps où l’on mentionne
constamment le mot peuple.
Comme chrétiens, nous devons faire la
distinction entre le Peuple de Dieu et le peuple naturel. Non pas pour nous en
écarter, ni pour nous aliéner des problèmes civils, politiques, sociaux et
Ă©conomiques qui nous touchent aussi et que nous devons affronter en tant que
citoyens de cette Terre. En tant que Salvadoriens, nous ne pouvons pas demeurer
en marge de cette réalité. Mais en plus de cette réalité salvadorienne, avec un
acte de naissance ici dans la patrie, nous appartenons à un autre Règne qui ne
nous aliène pas de notre patrie mais qui nous rend forts, qui nous donne des
lumières spéciales, des critères nouveaux, originaux, pour qu’en travaillant
avec tous nos compatriotes de la Terre, nous sachions être le ferment du Règne
de Dieu dans la société, dans le peuple salvadorien.
Méditer aujourd’hui sur le baptême du
Christ et sur notre propre baptême doit signifier ceci : notre identité
propre comme nés pour le Règne de Dieu dans le baptême. Nous ne devons pas
trahir cette citoyenneté du Règne de Dieu. De même, certains, parce qu’ils
travaillent au règne de la Terre, veulent voir des contradictions entre l’être
chrétien et l’être citoyen politique. Ils n’ont pas bien compris la nature des
choses. Ils ne savent pas ce que c’est, qu’être chrétien. Ce jour du baptême
est très important pour que tous les baptisés, même s’ils sont engagés en
politique, sachent faire honneur à leur être chrétien. C’est un être qui porte,
imprimé en lui, un esprit impérissable parce qu’on ne peut effacer le caractère
baptismal.
3) Épiphanie
Le baptĂŞme manifeste qui est JĂ©sus,
quelle est sa mission, qui sont les chrétiens
Nous concluons, en ce dimanche, la
période de Noël qui a culminé dimanche dernier avec l’Épiphanie. L’Enfant, qui
est né à Noël, à Bethléem, se manifeste, parce qu’Il est venu, non pas pour
demeurer caché, mais pour se manifester et pour que tous les hommes Le
connaissent et Le suivent; parce qu’Il ne nous a pas été donné d’autre Nom en
qui nous puissions être sauvés. C’est pourquoi on L’exhibe, on Le présente et
qu’Il est porté en public. C’est notre mission de L’apporter partout, d’être
son Épiphanie, sa manifestation.
La fête d’aujourd’hui, le baptême du
Christ, se situe dans le contexte liturgique de l’Épiphanie. Le baptême est
l’endroit où Jésus se manifeste à nouveau, comme nous allons le voir
aujourd’hui. C’est ainsi que je désire présenter mon homélie de ce matin :
comme une application de la Parole de Dieu qui a été lue dans notre réalité,
dans notre vie concrète, ici, au Salvador.
Plan de l’homélie :
1) Le Baptême de Jean prépara les
origines du Peuple messianique
2) Le BaptĂŞme de JĂ©sus est une
Épiphanie de sa Mission messianique
3) Le Baptême des chrétiens,
participation vitale aux richesses messianiques
1) Le Baptême de Jean prépara les
origines du Peuple messianique
Aujourd’hui, nous touchons à trois
contextes du baptĂŞme qui sont souvent confondus. Ceci servira, en quelque sorte,
de catéchèse, de préparation sacramentelle, si nécessaire de nos jours. Dans
aucune paroisse, on ne doit baptiser sans avoir instruit les parents et les
parrains, de l’engagement solennel de la dignité baptismale.
A) Mission de Jean
Premièrement, concentrons-nous sur le
baptême de Jean parce qu’il est mentionné, dans les lectures d’aujourd’hui, (Lc
3,15-16.21-22) que, pendant que Jean baptisait le peuple, JĂ©sus vient aussi se
faire baptiser. C’est ici que se situe la première confusion des gens :
« Je ne fais pas baptiser mon petit enfant parce que le Christ se fit
baptiser, une fois adulte. » Quelle confusion! Ce n’est pas le baptême de
Jean que nous donnons de nos jours dans l’Église catholique.
Atmosphère psychologique du baptême
de Jean
Situons-nous dans l’atmosphère
psychologique où se situe l’Évangile d’aujourd’hui. Le peuple était dans l’expectative
et tout le monde se demandait si ce n’était pas Jean, le Messie.
La réponse de Jean précise sa mission
et la portée de son baptême.
Il prit la parole et dit (Lc
3,16) : « Pour moi, je vous baptise avec de l’eau, mais vient le plus
fort que moi et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales; lui
vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » C’était un mouvement qui
avait été suscité dans le peuple. Un mouvement spirituel que Jean Baptiste
suscita et qui attira des gens de toutes catégories sociales vers les rives du
Jourdain pour se faire baptiser.
Avec cette phrase de l’Évangile
d’aujourd’hui, le peuple était dans l’expectative et tous s’interrogeaient. Est
exprimée ici, la psychologie de cette atmosphère qui entourait Jean, celle d’un
mouvement populaire qui était à la recherche d’une réponse, de quelque chose.
On attendait Celui qui devait venir, l’Annoncé des prophètes : Serait-ce
ce Jean merveilleux, avec sa prédication, avec son autorité, avec son humilité,
avec son austérité? »
B) Mission de Jean :
« Préparer un Peuple parfait pour le Seigneur. »
Et Jean vient nous dire :
« Je ne suis pas le Messie. Le Messie se trouve déjà parmi nous et ma
tâche est de Lui préparer un Peuple messianique. Celui qui va venir fonder le
Peuple messianique, Celui qui va venir accomplir les promesses de tant de
prophètes, est déjà parmi nous mais je ne le suis pas. Je ne suis rien d’autre
que son précurseur. Je lui prépare le chemin; ma mission est de convertir les
gens. Mon baptême n’est pas un baptême qui donne la Vie éternelle. Mon baptême
est un rite extérieur pour exprimer, avec ce lavement des eaux du Jourdain, le
repentir du cœur. »
Quel Ă©tait le baptĂŞme de Jean?
« Mon baptême, plus que tout,
est un acte intérieur de celui qui veut se faire baptiser. Personne ne peut se
faire baptiser ici s’il ne fait pas un acte de conversion de ses péchés. »
L’Évangile nous dit aussi que toutes sortes de gens s’approchaient pour lui
demander (Lc 3,10-14) : « Que devons-nous faire? » Il leur
répondait : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui
n’en a pas et que celui qui a de quoi manger fasse de même. » Des
publicains aussi vinrent se faire baptiser et lui dirent : « Maître,
que nous faut-il faire? » Il leur dit : « N’exigez rien au-delà de ce
qui vous est prescrit. » Des soldats aussi l’interrogeaient, en
disant : « Et nous, que nous faut-il faire? » Il leur dit :
« Ne molestez personne, n’extorquez rien, et contentez-vous de votre
solde. »
C’est ainsi qu’avec l’intégrité d’un
homme qui prĂ©pare les chemins de Dieu, au nom de la loi de Dieu, il dit Ă
chacun ce qu’il doit lui dire, mĂŞme s’il s’agit du roi. Et il dit Ă
Hérode : « Il n’est pas licite de vivre avec la femme de ton frère;
c’est un péché. » Il parle ainsi même s’il pressent que cela va lui coûter
la vie parce qu’il n’existe pas de fauve plus horrible qu’une femme blessée dans
son amour propre. La femme d’Hérode, l’adultère, profitant de la grâce de sa
propre fille aux yeux d’Hérode, envoie chercher la tête de Jean Baptiste. Il
meurt mais il triomphe parce que la vérité triomphe toujours.
C’est cela, le baptême de Jean :
dire la vérité, prêcher contre le péché, appeler au repentir. Et autour de Jean
se forma une Ă©cole, un peuple de gens convertis, de gens qui cherchaient le
Règne du Seigneur. C’était cela le véritable carême de Jean. J’ai lu dans un
commentaire cette précieuse pensée : « Jean a conduit les hommes jusqu’au
moment du Salut du monde; il les a préparés pour qu’ils se convertissent en un
Peuple messianique, eschatologique de Dieu. » Nous dirions que Jean a
préparé la matière première pour que le Christ vienne inspirer, avec son
baptême d’Esprit, la vie de Dieu que Jean ne pouvait pas donner. Mais il a
préparé la pâte, il a préparé les consciences. Quel honneur! Nous ne faisons
rien d’autre dans notre évangélisation, parce qu’aucun pécheur ne peut donner
la grâce de Dieu, mais il peut ouvrir les chemins de la conversion à Dieu qui
lui donne sa grâce.
Quel honneur ce serait pour moi, très
chers frères, chères sœurs, chers auditeurs à la radio, si vous ne m’écoutiez
pas par curiosité, mais comme on écoutait Jean Baptiste : « Que
devons-nous faire pour rencontrer le Règne de Dieu? » Je sais, et je rends
grâce au Seigneur, qu’un grand nombre s’est converti parce qu’ils recherchent
sincèrement ce que la Parole de Dieu a à dire : le refus du péché et
l’acquiescement de la vertu. Je ne désire pas être autre chose; et, si, sur
cette tribune, nous devons dénoncer les abus, les outrages, les péchés et les
injustices, c’est parce que nous voulons poursuivre la mission de Jean :
préparer le peuple pour qu’il reçoive le Christ, pour qu’il fasse partie du
Peuple messianique.
C) L’esprit de ce Peuple que recevra
le Règne sera communautaire
L’esprit de ce Peuple fut
merveilleusement défini par le Concile Vatican II. Pour que vous voyez que la
prédication de Jean conserve une terrible actualité, nous pourrions dire que le
Concile recueille la doctrine du baptiste pour préparer au Christ son peuple
qui, en 1980, continue d’être le Peuple qui a besoin de Lui; ce peuple qui cherchait
sur les rives du Jourdain le Règne de Dieu qu’il ne pouvait trouver en Jean
mais que celui-ci leur indiquait. (L.G. 9) : « de tous temps et chez
toute nation, celui qui craint Dieu et pratique la justice Lui fut agréable.
Cependant, Dieu n’a pas voulu sanctifier et sauver les hommes individuellement
sans qu’aucun rapport n’intervienne entre eux, mais plutôt, faire d’eux un
peuple qui le reconnaisse vraiment et le serve dans la sainteté. »
Surnaturel
Lorsque le Pape Pie XI, en 1925,
établit la fête du Christ Roi, il écrivit une précieuse encyclique qui s’intitule
Quas Primas, dans laquelle il
décrivit le Règne de Dieu, comme Jean baptiste le décrivait : « Son
Règne n’est pas de ce monde. Cela ne signifie pas qu’Il n’ait pas de droit sur
les règnes de ce monde; cela veut dire qu’il ne s’agit pas d’un règne de style
mondain, qu’il s’agit d’un Règne particulier. On y entre par la pénitence et le
baptême. Il s’oppose au règne de Satan; il professe la justice et les autres
vertus, il exige l’abnégation. » Le Règne de Dieu, vous le connaissez tous
parce que le Christ disait aux chrétiens : « Le Règne de Dieu est
au-dedans de vous. »
Comme c’est différent d’être
simplement Salvadorien, peuple naturel, que d’être Peuple de Dieu, exigeant
dans ses vertus, dans ses renoncements, dans sa sainteté! Nous pouvons dire
qu’au Salvador, tous ceux qui forment le Peuple de Dieu sont Salvadoriens mais
nous ne pouvons affirmer le contraire; ce ne sont pas tous les Salvadoriens qui
sont membres du Peuple de Dieu. Prenons cela en compte, parce que Jean Baptiste
aussi, dans son peuple, Ă©tait citoyen de Palestine; cependant, ce ne sont pas
tous les Palestiniens de ce temps qui se convertirent et se prĂ©parèrent Ă
recevoir le Christ. Ces prémices que le Christ put rencontrer lorsqu’Il vint
pour prĂŞcher, ceux-lĂ Ă©taient le Peuple de Dieu : Palestiniens de tout
cœur mais chrétiens convertis de tout cœur également.
D) Jean fait le lien entre les
préparations de l’Ancien Testament et les prémices du Nouveau Testament
Comme est précieux le spectacle que
nous raconte l’Évangile de saint Jean, dans le premier chapitre (35-36) :
« Jean se tenait là , de nouveau, avec deux de ses disciples. Regardant
Jésus qui passait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. »
Les premiers disciples Ă©taient issus
de l’école de Jean
(Jn 1,37-42) : « Les deux
disciples entendirent ses paroles et suivirent JĂ©sus. JĂ©sus se retourna et,
voyant qu’ils le suivaient, leur dit : « Venez et voyez. » Ils
vinrent donc et virent où il demeurait, et ils demeurèrent auprès de lui ce
jour là . C’était environ la dixième heure. André, le frère de Simon-Pierre,
était l’un des deux qui avait entendu les paroles de Jean et suivit Jésus. Il
rencontre, en premier lieu, son frère Simon et lui dit : « Nous avons
rencontré le Messie », ce qui veut dire le Christ. Il l’amena à Jésus.
Je vous ai lu ce passage parce qu’ici
vous pouvez voir comment Jean, en prêchant la conversion, prépara au Christ la
matière première pour initier son Règne. Ces premiers disciples du
christ : Jean, André et Simon, proviennent de l’école de Jean le Baptiste.
Et sans doute, les premières communautés chrétiennes étaient des disciples de
la pénitence que Jean enseignait. C’est pourquoi j’ai intitulé cette première
pensée : Jean Baptiste, par son baptême, prépara les origines du Peuple
messianique. Il ne fit pas le Peuple de Dieu mais il le prépara pour que le
Christ fasse, de ces hommes convertis, le Règne de Dieu.
2) Le BaptĂŞme de JĂ©sus est une
Épiphanie de sa Mission messianique
3) Le Baptême des chrétiens,
participation vitale aux richesses messianiques
A) Il n’avait pas besoin d’être
baptisé
Ce Christ s’approche pour se faire
baptiser parmi les pécheurs qui allaient au Jourdain. C’était là un des
problèmes des premières communautés chrétiennes. Comment expliquer que le
Christ se fasse baptiser s’Il n’était pas pécheur? Si vous lisez les évangiles,
vous verrez qu’on ne met pas trop l’accent sur ce problème du baptême du
Christ. Même dans ce passage de l’Évangile de Luc, il est écrit
indirectement : « Pendant que Jean baptisait le peuple, le Christ est
baptisé. » Et Luc nous Le présente aussitôt en prière, comme s’il voulait
passer rapidement sur ce problème qu’il ne savait pas résoudre. Cependant, la
théologie nous donne une précieuse solution. Le Christ n’avait pas besoin
d’être baptisé; ce dernier s’en servit pour recevoir quelque chose, comme pour
nous, lorsque nous nous faisons baptiser. Ce n’est pas l’expression d’un
repentir pour recevoir le pardon parce qu’Il n’en a pas besoin. Il est le Saint
par excellence.
Son baptême révèle ce qu’Il porte
déjà en Lui.
Qu’était-ce donc ce baptême que nous
célébrons aujourd’hui en ce second dimanche de l’Épiphanie? Ce baptême du
Christ, plus qu’un acte pénitentiel, est une Épiphanie glorieuse, une
révélation, une manifestation.
« Celui-ci est mon Fils! »
Cette manifestation du baptĂŞme du
Christ pourrait être résumée en ces mots qui ont été lus aujourd’hui, lorsque
saint Luc, dans son Évangile, a dit (3,21-22) : « Et au moment où
Jésus, baptisé lui aussi, se trouvait en prière, le ciel s’ouvrit et l’Esprit Saint
descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Et une voix
partit du ciel : « Tu es mon Fils; moi, aujourd’hui, je t’ai
engendré. »
Christ se fit baptiser non pas pour
se faire Fils de Dieu, mais pour révéler qu’Il est le Fils de Dieu. Le Christ
se fit baptiser non pas pour répondre à un besoin qu’Il ressentait, mais à un
besoin que nous avions qu’Il se révèle, qu’Il se présente à nous. C’est
pourquoi je vous disais : Quelle prétention plus ignorante que celle de
celui qui dit : « Je veux que mon enfant se fasse baptiser lorsqu’il
aura atteint l’âge du Christ. » Mais ton fils n’est pas le Fils de Dieu;
il est fils de la chair; il a besoin d’être baptisé pour devenir fils de Dieu.
Par contre, le Christ était, dès sa conception dans les entrailles de Marie, un
fils de Dieu qui n’avait pas besoin du baptême. S’il alla aux eaux du Jourdain,
ce fut uniquement pour exprimer ce qu’Il était déjà et pour dire aux hommes ses
richesses messianiques : « En moi s’accomplit tout ce qu’ont annoncé
les prophètes du messie. » Le baptême de Jésus est donc une Épiphanie.
Dans les trois lectures d’aujourd’hui (Is 42,1-4.6-7; Ac 10,34-38; Lc
3,15-16.21-22) nous retrouvons comme les commentaires de cette brève
révélation : « Tu es mon Fils bien-aimé. »
Le témoignage de l’infériorité de
Jean
Dans ce même Évangile nous retrouvons
le témoignage de Jean Baptiste, alors qu’on le confondait avec le Christ (Lc
3,16) : « Pour moi, je vous baptise avec de l’eau, mais vient le plus
fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses
sandales. » Je ne suis même pas digne d’être son esclave.
Le témoignage de Jean :
« Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »
Il marque avec le feu du jugement tous
ceux qui se laissent baptiser. Il marque l’homme de l’éternité du jugement de
Dieu; c’est ce que ça veut dire : se faire baptiser dans le feu. Cette
expression : « le feu », signifie, dans la Bible, non seulement
la purification mais Ă©galement le jugement de Dieu. Ainsi, tout comme le feu
démarque ce qui brûle de ce qui demeure, ainsi en est-il pour l’être humain; sa
conscience lui dicte de faire des choses solides, des choses qui ne servent pas
uniquement Ă ce monde transitoire.
Le baptĂŞme que le Christ donne, est
un baptême de feu qui purifie l’être humain et lui donne aussi la consistance
de pouvoir résister au jugement de Dieu. Il baptise en Esprit Saint parce que
Celui-ci L’a oint, faisant de Lui le Fils de Dieu dès les entrailles de Marie.
C’est le même Esprit Saint qui sanctifie l’enfant qui va être baptisé. Et cet enfant
chrétien qui grandit fidèle à son baptême, porte le souffle de l’Esprit Saint,
le souffle de la vérité. Le chrétien qui se laisse porter par son baptême,
parvient à être saint ou héros. Il n’existe pas d’homme plus vaillant parmi les
citoyens d’un pays que ceux qui sont baptisés, lorsqu’ils sont fidèles à leur
baptĂŞme.
Ce sont les chrétiens salvadoriens
que nous voulons. C’est pourquoi nous prêchons de la sorte, parce que nous
voudrions secouer une routine qui encercle nos baptisés et qui les rend pratiquement
païens et idolâtres de leur argent, de leur pouvoir. Quels baptisés sont-ils?
Celui qui veut porter la marque de l’Esprit et du feu avec lesquels le Christ
baptise, doit s’exposer à renoncer à tout et à rechercher uniquement le Règne
de Dieu et sa justice. Le Salvadorien qui est marqué du baptême du Christ qui
est Esprit et feu, doit être un être d’espérance éternelle; il ne doit pas se
laisser vaincre par le pessimisme. Il ne doit pas non plus laisser ses idéaux
d’éternité et de triomphe dans la foi, s’épuiser dans un projet politique de la
Terre. Il doit flotter au-dessus de tous les désespoirs politiques de la Terre;
c’est la grande espérance des salvadoriens baptisés.
C’est pourquoi, nous voulons aussi
conclure par là , que tout Salvadorien baptisé qui travaille en politique, dans
les circonstances actuelles si terribles que nous connaissons au Salvador, doit
regarder l’amplitude du Règne de Dieu. Il ne doit pas se fanatiser dans de
petits groupes politiques ou des partis et ne plus voir tout le panorama
politique du bien commun de notre peuple, que par la fente Ă©troite de sa seule
organisation, de son seul projet. Il doit ĂŞtre un citoyen qui, depuis la
perspective de l’espérance chrétienne, puisse comprendre celui qui a un autre
projet politique, et, entre tous, il doit rechercher le Règne de Dieu pour
qu’il s’incarne, pour qu’il s’intronise au Salvador.
Le témoignage de Pierre
Dans la lecture d’aujourd’hui, le
témoignage de Pierre qui commente cette révélation, cette Épiphanie du
baptême : « Tu es mon Fils. »
Le Seigneur de tous
Dans la lecture d’aujourd’hui, saint
Pierre dit (Ac 10,36) : « Le Christ est le Seigneur de tous. »
Il dit aussi (10,38) : « Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de
puissance »; de même, il dit que Dieu était avec Lui, qu’Il était Dieu.
Le témoignage des prophètes
Mais surtout, je veux que nous nous
concentrions sur le témoignage des prophètes de la première lecture
d’aujourd’hui (Is 42,1-4.6-7). Cette magnifique lecture du prophète Isaïe est
le meilleur commentaire de la révélation de Dieu sur le Christ dans le
Jourdain : « Tu es mon Fils », dit Dieu.
Serviteur… Fils élu
Le prophète Isaïe dit (42,1) :
« Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui mon âme se complaît.
J’ai mis sur lui mon Esprit. » C’est pourquoi, en ce jour du baptême, nous
faisons mention de ces paroles d’Isaïe : « Sur lui J’ai posé mon
Esprit. » C’est ce en quoi consiste l’onction qui fait du Christ un oint.
Cela veut dire : Christ ou Messie. Messie est une parole d’origine
orientale qui signifie la même chose que le mot grec Christ ou le mot français
Oint. C’est la même chose : Messie, Christ, Oint. L’Esprit saint L’a oint,
c’est-à -dire qu’Il Le pénètre de sa divinité, qu’Il L’élève au rang divin.
Mais doux…
Dans la lecture d’aujourd’hui, je
voudrais que nous nous concentrions sur cette caractéristique du Christ (Is
42,2) : « Il ne crie pas, il n’élève pas le ton, il ne fait pas
entendre sa voix dans les rues. » Comme cela est différent des cris de la
démagogie que nous entendons ces temps-ci, parmi nous. À propos, je voudrais
supplier les leaders politiques qui parlent dans les microphones, de ne pas
commettre la faute que je commets : de crier trop fort quand nous avons un
micro devant nous. Si cette invention sert à quelque chose, c’est qu’elle nous
aide à préserver notre gorge. Parce que lorsqu’on entend quelqu’un crier dans
un microphone comme un démagogue, on se demande à quoi peut bien lui servir
d’avoir un microphone devant lui? « Il ne crie pas, ni n’élève le ton, ni
ne fait entendre sa voix dans les rues. » Il y a un dicton qui dit :
« N’élève pas le ton, mais renforce tes raisons. »
Ces jours-ci, en Ă©coutant certains
discours à caractère politique, je ne rencontre aucune idée constructive.
Beaucoup de cris pour aplatir et frapper davantage, mais aucune expression qui
nous fasse connaître un quelconque projet, un idéal serein pour construire le
bien dans le pays. C’est ainsi que devait être la voix du Christ lorsqu’Il
parlait, avec une sérénité que le prophète Isaïe annonçait déjà :
« Il ne criera pas. »
Et après, il décrit l’attitude du
Christ. (Is 42,3) : « Il ne brise pas le roseau froissé, il n’éteint
pas la mèche qui faiblit. » Nous sommes impatients; si nous voyons un
roseau froissé, nous achevons de le briser et nous le jetons. Si une mèche
s’éteint, nous nous fâchons et nous la jetons. Le Christ n’éteint pas la mèche
qui fume encore. Il demeure encore une petite lueur d’espoir, il y a encore
quelque chose à faire. Ne disons pas que toutes les portes se sont refermées
alors qu’il y a encore des hommes qui peuvent raisonner.
Imitons le Christ qui est précisément
venu pour nous racheter, nous qui étions ce roseau froissé. Comment cela
aurait-il été si le Christ avait procédé comme nous agissons envers les autres?
Combien le Christ a eu à nous supporter au cours de toutes ces années et nous
ne nous sommes pas corrigés. Il continue d’espérer et d’attendre parce que
peut-être qu’à la dernière heure, le fils prodigue reviendra et le père
l’embrassera avec la même tendresse avec laquelle Il embrassa le fils de sa
maison qui fut toujours fidèle. C’est ainsi que Dieu nous aime, c’est ainsi que
nous devrions nous aimer. En cette heure oĂą nous avons envie de tout rejeter,
de quitter le pays, de tout abandonner, rappelez-vous cette attitude du
Christ : « Il ne brise pas le roseau froissé, ni n’éteint la mèche
qui fume encore. »
Frères, sœurs, il ne va pas sortir de
cette crise du Salvador un paradis céleste, jamais! Il devra en sortir un
rapiéçage. Tout ce qui se produit dans l’Histoire est un rapiéçage de
l’humanité pécheresse. Il n’y a qu’une phase de rénovation absolue et c’est
« l’éternité », les cieux nouveaux de la Terre nouvelle; celle-ci
sera la véritable transformation. Tant que nous irons dans l’Histoire, nous
devrons faire comme le Christ : raccommoder le roseau froissé et souffler
doucement sur le tison qui fume encore. Nous ne voulons pas faire un paradis
sur Terre parce que c’est impossible.
Il porte la sécurité de Dieu
C’est cela, le Christ qui se présente
dans l’Épiphanie d’aujourd’hui. Mais cette force qu’Il porte avec tendresse et
douceur, compte sur la sécurité de Dieu (Is 42,6) : « Moi, Yahvé, je
t’ai appelé dans la justice, je t’ai saisi par la main, et je t’ai modelé, j’ai
fait de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations. » Comment se
pourrait-il que nous ne marchions pas avec confiance dans le Christ, si Dieu Le
tient par la main et que nous, par notre baptĂŞme, sommes une seule chose en
Lui?
Leader de la Libération
Il est le véritable Leader de la Libération.
C’est ainsi que nous Le présente la première lecture d’aujourd’hui :
« Je T’ai formé et J’ai fait de Toi l’alliance de mon peuple pour que Tu
ouvres les yeux des aveugles, que Tu fasses sortir les détenus de la prison et
des cachots ceux qui vivent dans les ténèbres. » C’est un langage que nous
pouvons entendre et qui se traduirait en langage moderne par : les
opprimés! Le Christ est venu pour les opprimés de toute sorte. Et tous ceux qui
désirent libérer le peuple de l’oppression, ne peuvent rencontrer un autre
leader plus grand que le Christ, l’unique Libérateur…
D) Le Christ se fit baptiser non par
nécessité, mais pour mettre dans l’eau toute sa richesse messianique : la
force de sa croix et de sa RĂ©surrection.
Parce qu’Il est Dieu qui vient avec
ces charges que je viens d’expliquer, à savoir d’implanter la justice,
d’accomplir la Rédemption, de sauver le monde avec la tendresse d’un
Rédempteur. C’est pour cela qu’Il a souffert l’humiliation la plus épouvantable
qu’Il dut endurer en mourant sur une croix. Mais il porte aussi la gloire que
nul n’a pu recevoir : de ressusciter et d’être placé à la droite de Dieu.
Cette mort humiliante et cette RĂ©surrection glorieuse sont la source de notre
espérance et le baptisé se signe de cette mort et de cette Résurrection. Quel
honneur de penser que vous tous, que j’ai devant moi, êtes le Christ! Jusqu’au
plus humble des paysans qui m’écoute à la radio : tu es le Christ parce
que ton baptême t’a identifié avec la mort et la Résurrection du Seigneur.
2) Le BaptĂŞme de JĂ©sus est une
Épiphanie de sa Mission messianique
3) Le Baptême des chrétiens,
participation vitale aux richesses messianiques
Vous voyez donc comment notre baptĂŞme
n’est pas celui que recevait de Jean ceux qui se repentaient de leurs péchés,
ni celui qu’a reçu le Christ qui n’en avait pas besoin et qui se fit baptiser
uniquement pour manifester qui Il était. Notre baptême est celui des pécheurs
qui vont Ă la source baptismale et qui trouvent le pardon, en plus de toutes
les richesses que le Christ a fait nĂ´tres.
A) Le seconde lecture (Ac 10,34-38)
d’aujourd’hui, nous raconte précisément le cas du premier païen qui se fit
baptiser. Un païen nommé Corneille, qui priait à sa façon. Dieu lui révéla
d’envoyer quérir Pierre parce qu’Il avait un message à lui dire. Mais Corneille
eut peur parce que les Juifs ne pouvaient se mĂŞler aux gentils. Pierre est Juif
et le centurion Corneille est Romain; c’est un gentil. Cependant, parce que
l’Esprit l’a ordonné à Pierre, celui-ci entre et s’entretient avec Corneille.
Modèle de pastorale baptismale
Nous avons dans le Livre des Actes,
chapitre 10, tout le discours que Pierre prononça dans cette famille et duquel
nous avons pris un fragment aujourd’hui. Pierre dit (10,34-35) : « Je
constate en vérité que Dieu ne fait pas acception des personnes, mais qu’en
toute nation, celui qui le craint et pratique la justice lui est
agréable. » Et il leur parle du Christ. Si vous voulez savoir comment
prêchaient les apôtres et voir si nous prêchons de manière semblable à eux,
prenez ces discours que nous retrouvons dans le Livre des Actes. LĂ , vous
trouverez aujourd’hui, dans le chapitre 10, le discours entier de Pierre en
train de dire au centurion Corneille, comment est la religion chrétienne, que
nous devons croire en un Christ, Fils de Dieu qui vint, qui mourut et qui
ressuscita. Tout le catéchisme! C’est une préparation sacramentelle qu’il leur
donna.
D’abord la foi, puis le baptême et la
manifestation de l’Esprit
(Ac 10,44-48) : « Pierre
parlait encore quand l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui écoutaient la parole.
Et tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre, furent stupéfaits
de voir que le don du Saint Esprit avait été répandu aussi sur les païens. Ils
les entendaient en effet parler en langue et magnifier Dieu. Alors Pierre
déclara : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ceux qui ont reçu
l’Esprit Saint aussi bien que nous? » Et il ordonna de les baptiser au nom de
Jésus-Christ. » Le baptême est la venue de l’Esprit Saint après avoir
accepté par la foi, la Rédemption qu’il nous prêche. C’est cela, le schéma du
travail d’évangélisation : Annoncer le Règne du Christ. Ceux qui veulent l’acceptent
et pour manifester qu’ils l’acceptent, ils doivent se laisser baptiser.
B) Effet du baptĂŞme
L’Esprit Saint est dans le baptême et
toute la richesse messianique du Christ qui a été manifestée dans le Jourdain,
est communiquée à l’enfant qui se fait baptiser. C’est pourquoi, on dit que les
fonts baptismaux sont comme le berceau d’où naît un homme nouveau dans le Règne
de Dieu. L’effet du baptême est ce que nous dit la Bible aujourd’hui :
« L’Esprit Saint tomba sur eux. » Cela veut dire que l’Esprit, qui
animait le Christ, ce dont nous parla le prophète Isaïe, nous animera aussi.
Frères, nous sommes tous un peuple baptisé; nous sommes un peuple prophétique,
un peuple sacerdotal; nous sommes le Christ. Faisons honneur Ă cette
participation que notre baptême nous a donnée.
C) Deux images des lectures
d’aujourd’hui, interprétées par la plus authentique tradition
Le Serviteur de Yahvé… n’est pas
seulement Jésus, mais la communauté qu’Il représente : Israël… le peuple
chrétien. La première figure est celle qui parle du Serviteur de Yahvé qui est
une figure très typique dans les lectures d’Isaïe, le serviteur de Dieu. C’est
un personnage mystérieux; mais les interprètes parviennent à l’identifier avec
le Christ, un Christ non seulement individuel mais un Christ communauté. Le
Serviteur de Yahvé est le Christ et la communauté chrétienne est le peuple
chrétien. Le Serviteur de Yahvé, lorsque nous le lisons avec ce critère, nous
donne de nombreuses lumières sur le Livre d’Isaïe. Quand, quelque part,
quelqu’un souffre, ici nous avons les chrétiens du Salvador, ils sont le
Serviteur de Yahvé, le Christ souffrant les difficultés et les persécutions
avec ses chrétiens.
Toute cette Épiphanie est nôtre
Quand nous serons heureux et allègres,
Serviteur de Yahvé qui a reçu l’Épiphanie ou l’allégresse de Dieu, et lorsque
nous aurons la chance de nous en aller au Ciel avec le Christ, nous serons, avec
Lui, un seul Serviteur de Yahvé, un seul Peuple de rachetés avec le Christ
comme tĂŞte; et nous tous comme tĂŞte et nous tous comme membres de ce Christ
glorieux. Quel honneur, quel destin plus sublime que celui de la personne qui
se fit baptiser et qui s’incorpora au Christ! Elle ne se sépare plus de Lui, ni
même pour l’éternité, à moins qu’elle ne le veuille par le péché.
La colombe n’est pas l’Esprit Saint,
c’est la communauté qui entoure Jésus
L’autre figure merveilleuse des
lectures d’aujourd’hui, c’est la colombe qui vient se poser sur le Christ. On
interprète généralement qu’il s’agit là de l’Esprit Saint; mais ne vous
scandalisez pas de ce que je vais vous dire : nulle part ailleurs dans la
Bible, il n’est fait mention de l’Esprit Saint sous la forme d’une colombe.
Plus encore, la tradition, pour interpréter cette colombe qui descend, dit
qu’il s’agit de la communauté. L es premiers Pères de l’Église, en analysant
certaines phrases bibliques, qui comparent le peuple d’Israël à une tourterelle
dans les mains de Dieu, y voient un symbole de la communauté. Ainsi, il semble
que dans le baptĂŞme du Christ, cette colombe signifiait que ce titre
« Fils de Dieu », allait être porté par toute sa communauté. Nous
formons, à nous tous, comme l’ornement du Christ Notre Seigneur. Nous sommes
son Peuple; nous sommes véritablement ce que saint Paul appelle la
« Plérome », le complément, ce qui recouvre le Christ, ce qui revêt
le Christ Notre Seigneur.
D) Par le baptĂŞme, les richesses de
la croix et de la Résurrection se font les richesses de l’humanité.
En ce sens, cette interprétation nous
dit que le baptême nous incorpore au Christ et nous fait communauté du Christ
et que la vie du Christ circule Ă travers nous. Toutes les belles comparaisons
de l’Église, Corps mystique du Christ, tout cela signifie que la vie du Christ
circule parmi nous. Par le baptĂŞme, donc, nous faisons nĂ´tre la richesse
messianique du Seigneur.
Rappelons-nous alors la signification
de ces gestes que le prĂŞtre accomplit dans les fonts baptismaux. Avec le pouce,
il oint la couronne de la tête avec le Saint Chrême et il nous dit qu’à partir
de ce moment, nous sommes membres du Peuple du Christ : peuple sacerdotal,
prophétique et royal. Le jour de la confirmation – c’est pourquoi nous voulons
donner une conscience à la confirmation. -, le jeune, déjà conscient de ce
qu’il veut faire, présente son front pour que l’évêque le marque du signe du
Christ afin de devenir consciemment collaborateur du Christ RĂ©dempteur,
prophète, prêtre et roi. C’est ce que nous sommes les chrétiens, au Salvador.
Là où il y a des chrétiens, il existe un Peuple de Dieu qui ne se distingue pas
du peuple naturel, mais qui, à l’intérieur du peuple, vit des réalités et des
espérances que n’ont pas ceux qui n’ont pas la foi, ou ceux qui, ayant été
baptisés, vivent un baptême si incolore, si mort, si moribond, que ce serait la
même chose pour eux d’être demeurés païens.