Retraite des catéchistes et des
responsables des communautés du néo-catéchuménat à l’Institut Girardi
22-25 novembre 1979.
Je me réjouis qu’en notre patrie,
concrètement dans ces deux diocèses, cette impulsion de l’Esprit Saint fleurit.
Je rends grâce au Seigneur en votre nom pour avoir été choisi pour cela en
notre pays : la rĂ©novation de quelque chose qui appartient intimement Ă
l’Évangélisation, mais qui, à cause des vicissitudes de l’histoire, s’était
perdue. Parmi les rénovations qu’a apportées le Concile Vatican II est celle de
donner au Catéchuménat son rang d’honneur qu’il a toujours eu dans
l’évangélisation.
De sorte que pour vous laisser un
message de ma visite, je vous invite à vivre cette catéchèse, ce catéchuménat
dans le sens que l’Église le propose. Vous savez qu’il y a deux ans, a eu lieu
à Rome un Synode des évêques précisément sur la Catéchèse. Et aujourd’hui, le
Pape a publié le résultat de cette consultation synodale dans un document sur
la catéchèse. Je crois que pour vous, il s’agit d’un document de premier ordre
que vous devez assimiler. Le Pape dit que le sens de la catéchèse suppose ces
connexions.
Plan de l’homélie :
1) Catéchèse et Kérygme
2) Catéchèse et Sacrement
3) Catéchèse et Communauté
1) Catéchèse et Kérygme
Le KĂ©rygme est, comme vous le savez,
la première annonce du message du Christ qui entre dans le cœur d’un homme et
parvient à le convertir de sorte qu’il se livre au Christ. C’est la première
annonce, le « viens et suis moi » de Jésus. Mais cette première
ferveur ne suffit pas; elle doit être aussitôt suivie de la catéchèse qui forme
cette foi qu’a suscitée le baptême et qui met à la suite de Jésus. Les évêques,
réunis à Rome, dirent qu’en leur pays - et parmi ceux-ci, les nôtres d’Amérique
latine - s’est perdu ce lien catéchétique entre ce premier appel perçu par
l’homme, qui se met alors à la suite du Christ et qui, ensuite, par la
catéchèse, s’efforce de connaître davantage Jésus-Christ à travers son message.
C’est ce que doit être la catéchèse, le Catéchuménat.
C’est ce qu’on propose, puisque
plusieurs furent baptisés sans recevoir le Catéchuménat qui est la préparation
à suivre Jésus. Plusieurs ont vécu sans jamais avoir entendu le Kérygme, même
en ayant reçu le baptême. Nous vivons une vie païenne. Il est nécessaire et
urgent de répondre à cet appel qui n’a pas été entendu avant et qui maintenant,
avec un catéchuménat bien fait, permet cette rencontre véritable avec le
Christ. Nous n’allons pas nier cette triste réalité qu’un grand nombre de
baptisés n’ont jamais entendu le Kérygme. Ils ont été baptisés seulement par un
rite, par une coutume. C’est pourquoi nous insistons tant, dans notre diocèse,
sur la nécessité de préparer, par des entretiens pré-baptismaux, ce grand
sacrement et qu’on n’aille pas imaginer qu’on puisse faire le catéchuménat
après le baptême. Mais, grâce à Dieu, nous parvenons à récupérer quelque chose
qui devrait se faire dans le sens contraire (Le catéchuménat avant le baptême).
Il n’est jamais trop tard pour connaître le Seigneur et pour tenter de réparer
par une vie plus fervente, ce que l’on ne fit pas avant. Nous ne l’avions pas
suivi, nous ne l’avions pas connu, nous n’avions pas entendu le Kérygme. Mais maintenant
le catéchuménat donne cette opportunité au catéchumène qui doit suivre le Kérygme;
il le favorise d’ une formation à ce sujet.
Je crois que le mouvement du
Catéchuménat remplit parfaitement cette tâche qui est de suppléer à cette
première annonce de l’Évangile à laquelle nous n’avions pas accordé l’attention
nécessaire lors de la formation systématique par la catéchèse. 25/11/79, p.8,
VIII.
2) Catéchèse et Sacrement
C’est également quelque chose que
nous devons amplifier de toute urgence dans notre pastorale, dans notre
évangélisation. La pratique de recevoir les sacrements sans catéchèse présente
un ritualisme vide. Pour combien le baptême n’est rien de plus qu’une cérémonie
sociale, rechercher des parrains, préparation de la fête. Pour peu de gens le
baptĂŞme signifie l’incorporation de l’enfant, de l’homme, Ă la vie du Christ, Ă
sa mort et à sa résurrection. Et il en est de même pour les autres sacrements.
Combien se marient sans connaître tout le sens profond de l’union du Christ
avec l’Église qui se fait présent dans l’union de l’homme et de la femme dans
le mariage.
La catéchèse annonce comment vivre le
sacrement parce qu’une catéchèse sans sacrement ne serait qu’une spéculation,
une rationalisation sans rien de plus. Mais lorsque la catéchèse se rencontre
avec le sacrement, elle prépare à recevoir le signe de ceux qui sont avec le
Seigneur. Quel résultat plus riche qu’un catéchuménat, une catéchèse qui nous
apporte les signes efficaces de la Présence de Dieu et de sa grâce, la
rencontre avec le Christ! Vous êtes les éléments très vaillants pour que nous
parvenions à revitaliser toute une catéchèse qui oriente vers les sacrements
afin que ceux-ci soient reçus en pleine conscience, avec respect, avec
adoration pour le Seigneur qui se rencontre en ces signes sacramentaux. Que ce
ne soit pas uniquement des réflexions, des apprentissages de mémoire mais une
catéchèse. Il ne peut y avoir simplement l’évangélisation, ou comme l’on disait
avant, la sacramentalisation. Les deux sont nécessaires. La véritable
évangélisation nous amène à cette rencontre avec le Christ dans le signe de
l’Église et de ses sacrements. 25/11/79, p.8-9, VIII.
3) Catéchèse et Communauté
Il ne s’agit pas de vivre une
religion individualiste, mais plutôt en communauté. Le catéchuménat se
préparait autrefois en communauté, et aujourd’hui, grâce à Dieu, cette pratique
revient. C’est la communauté qui présente ses fils à Dieu. Il est si
merveilleux de voir cette Église qui apparaît semblable à une vierge qui
continuant d’être vierge, est continuellement féconde d’enfants auxquels elle
donne vie dans les sacrements, dans le baptĂŞme. La nuit de la Vigile Pascale
est l’accouchement de l’Église, Vierge et Mère, qui dans le baptême s’enrichit
d’une nouvelle génération par ses nouveaux enfants. L’Église comme communauté,
comme paroisse, comme diocèse, sent l’obligation de protéger la foi de ses
enfants qui lui sont nés et de leur donner également cette chaleur du foyer
pour vivre la foi et la vie chrétienne communautairement. Nous ne pouvons
jamais considérer un catéchuménat, un christianisme qui désire vivre sa foi
isolément. Nous devons nous préoccuper de faire des communautés et que
celles-ci croissent en profondeur de foi et en extension missionnaire. Nous ne
devons pas nous conformer à la situation actuelle où tant de baptisés ne
connaissent pas encore la richesse de leur baptême. C’est ce que faisaient les
apôtres : apporter ce trésor et le répandre en créant des communautés qui
vivaient en communauté.
Ce sentiment communautaire nous en
avons besoin de toute urgence dans notre pays. Il existe une confusion entre la
communauté chrétienne et le groupe politique. Parfois on ne sait pas faire la
distinction parce que les membres d’une communauté n’approfondissent pas leur
foi et se confondent. Je répète plusieurs fois dans ma lettre pastorale (août
79) que souvent nos gens, surtout les jeunes, sont arrivés plus vite à une
maturité politique que chrétienne et qu’ils donnent à leur vie une dimension
plus politique que chrétienne. Comme si l’unique dimension de leur vie était la
politique et qu’il ne leur restait plus de temps pour le christianisme, alors
qu’au contraire, le christianisme est le plus important et que c’est à partir
du christianisme qu’il faut rechercher chacun sa place dans le pays en accord
avec la vocation que Dieu donne à chacun. Si Dieu vous a donné une vocation
politique, vivez-la mais comme chrétien. Ainsi nous aurons les hommes dont nous
avons besoin maintenant. Qu’ils mûrissent au sein d’une communauté chrétienne,
qu’ils mûrissent dans l’Évangile, dans leur foi, dans leur engagement avec le
Christ, dans leur suite du Seigneur qui ne leur permet pas de trahir ni les
lois, ni les coutumes du pays et de la politique. Qu’ils soient les grands
agents des transformations dont la patrie a tant besoin maintenant. Nous avons
tant besoin de chrétiens engagés avec le Christ, de communautés qui soient
comme Peuple de Dieu, qui soient, comme nous dit la Bible, comme une lumière
sur la montagne.
Aujourd’hui, alors qu’il y a tant de
confusion, tant de groupes, tant de réclamations, on doit voir briller la
communauté chrétienne. Qu’elle donne sa lumière, son orientation à tous ces
événements qui se succèdent en notre milieu. Je vous demande avec tout mon cœur
de pasteur, oĂą que vous soyez, dans les paroisses oĂą vous vivez, que vous vous
efforciez d’apporter au catéchuménat, à la réflexion biblique, votre sens du
sacrement, celui de votre engagement chrétien à construire des communautés qui
ne se referment pas dans la complaisance de soi, mais une communauté qui est
Église et qui porte Jésus-Christ. Pour servir le monde, une communauté
s’efforce de s’éclairer de la lumière de Dieu pour la répandre autour d’elle. Chaque
jour elle est engagée avec le Christ pour être toujours davantage engagée dans
sa Rédemption au milieu du peuple, au cœur du monde. 22-25/11/79, p. 9-10,
VIII.