Sainte Marie, mère de Dieu
1er janvier 1978;
Lectures : Nombres 6,22-27; Galates 4,4-7; Luc 2,16-21.
Nomination de l’évêque auxiliaire
En ce sens je vous dis que,
lorsqu’ils nommèrent Monseigneur Rivera, Ă©vĂŞque de Santiago de MarĂa, il s’agit
là de l’expression de la confiance du Pape envers cette personne désignée, et
tout autant de la garantie que la prédication de ces évêques est véritablement
en accord avec la doctrine actuelle de l’Église que nous devons tous mettre Ă
jour dans la pensée d’une Église qui veut être toujours davantage incarnée dans
les réalités du peuple.
Plan de l’homélie :
1) Dieu présente sa pensée au sujet
de l’Ancien Testament : toute l’histoire d’Israël
2) Marie, Instrument de Dieu pour
incarner son Fils dans l’Histoire
3) Marie, Signe de la présence de
Jésus
1) Dieu présente sa pensée au sujet
de l’Ancien Testament : toute l’histoire d’Israël
Que ressent Dieu pour son peuple? Que
ressent le peuple de Dieu pour son Dieu? Qui est Israël dans la Bible?
Qu’est-ce que l’Ancien Testament? C’est une histoire d’amour de Dieu envers ce
peuple qui prépare par ses saintes promesses la Rédemption des hommes. Il
voulut les préparer pendant de nombreux siècles à cet avènement du Fils de Dieu
qui vient sauver l’humanité, afin que l’humanité prenne conscience de ce qu’est
le Dieu Sauveur. 01/01/78, p.121, III.
Un Peuple fondé sur la foi en qui,
par sa descendance, les autres peuples seront bénis
Le sens du mot « peuple »
est grandiose. Lorsque nous disons le mot « peuple », ne le profanons
pas. Le peuple est l’ensemble des hommes qui développent au cours de l’histoire
cette vocation divine. Chaque peuple possède une vocation. […] Je crois contre
toute espérance. C’est un peuple qui va se fonder sur la foi, dans la foi
d’Abraham. Et Il lui promet que par sa descendance seront bénis tous les
peuples. 01/01/78, p.121, III.
Marie, Incarnation de l’histoire
d’Israël
Elle s’est sentie l’incarnation de
toute une histoire. Personne n’a été aussi nationaliste que Marie envers son
peuple. C’est un exemple! Frères, je voudrais qu’en ce jour de Marie, Mère de
Dieu, nous soulignions cet aspect : la Patriote, celle qui aima son
peuple, celle qui vibra avec son peuple, celle qui connaissait les traditions,
celle qui ne trahit pas les signes patriotiques. Elle a vraiment le cœur d’une
patriote! Quel plus beau signe?
En cette heure oĂą la nation
salvadorienne a besoin de véritables esprits patriotiques, ne trahissons pas le
véritable intérêt du peuple, la véritable Rédemption, pour nous accommoder à des
situations politiques, économiques ou sociales. 01/01/78, p.122, III.
Appel de la Vierge
Appel de la Vierge pour que nous
soyons comme Elle : Aimez votre patrie, étudiez votre histoire, connaissez
votre idiosyncrasie, soyez profondément Salvadoriens. Peut-être n’avons-nous
pas l’entière responsabilité, ni toute la faute de ne pas aimer notre patrie
aussi profondément que Marie aima sa patrie. Parfois, nous la voyons si laide,
nous nous sentons si désorientés à l’intérieur de notre propre patrie que
plusieurs préfèrent s’exiler. Ne sentez-vous pas le foyer, la tradition, la
joie de votre propre sang, de vos paysages, de la beauté de cette terre, de ce
pays si beau du Salvador! Marie vibrait avec les paysages de son pays,
d’Israël, elle vibrait avec l’histoire d’Abraham, de Moïse, de David, des
grandes femmes de sa patrie, toute l’histoire d’Israël palpitait dans son cœur
de Vierge patriote, en amour avec sa terre. 01/01/78, p.122, III.
Frères, aimons notre patrie,
aimons-la comme Marie qui n’ignorait pas les péchés de son peuple et demandait
pour cela miséricorde à Dieu. Aimons-la dans la grandeur de sa vocation de
peuple de Dieu. […] Marie a été choisie pour sa sainteté et pour son
patriotisme. Marie est la Mère du Christ parce que ce Christ doit être le fils de
tout un peuple. Marie est l’expression de tout un peuple […]
Les miracles et toute l’histoire de
l’Ancien Testament n’ont pas d’autre objectif que de former l’histoire d’un
peuple spécialement béni de Dieu, afin que de ce peuple puisse naître le Rédempteur,
la source de bénédictions de tous les peuples de la Terre. […] Lorsque les faux
Israélites se dévièrent du chemin tracé par Dieu, lorsqu’ils trahirent Dieu
dans leurs desseins de vocation comme peuple de Dieu, lorsque leurs chefs les
vendirent aux pouvoirs étrangers, lorsqu’ils se mirent à adorer le veau d’or,
ces péchés offensèrent Dieu au point qu’Il dit à son peuple la douleur qu’Il
ressentait comme un mari trahi par sa femme. C’est ainsi qu’Il ressentait les
péchés de son peuple. […]
Les Salvadoriens qui s’affairent Ă
cette Église l’aiment. Ils travaillent avec elle, ils en sont le noyau, le
reste, le petit groupe de fidèles d’Israël. C’est à partir de là , de l’Église,
que Dieu veut sauver notre peuple. Soyons Église, soyons comme Marie, l’âme qui
conserve la vocation de son peuple afin que lorsque viendront des jours
meilleurs, nous connaissions Dieu parce que nous avons été fidèles à la
vocation mĂŞme de notre patrie. 01/01/78, p.122-123, III.
2) Marie, Instrument de Dieu pour
incarner son Fils dans l’Histoire
Le second point se rapporte Ă la
seconde lecture, l’épître de saint Paul aux Galates (4,4-7) où il dit :
« Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une
femme. »
Marie nous donne la règle pour
comprendre qui est le Christ.
Lorsqu’arriva l’heure où ce peuple
devait offrir une femme pour que d’elle naisse le Fils de Dieu, Marie fut
l’élue de Dieu parce qu’elle L’incarnait déjà dans sa foi et dans son esprit.
C’est pour sa sainteté que Dieu l’a choisie. Et l’ange vint lui dire :
« Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de
Dieu. » Parmi des millions de femmes qui formèrent le peuple
d’Israël, tu es bénie entre toutes les femmes, tu vas être la mère du
Rédempteur. Et Marie demande une explication pour sauver sa virginité et elle
comprend une parcelle du Mystère : celui qui naîtra de toi sera Saint.
L’Esprit saint accomplira cette œuvre, c’est pour cela que ce peuple a été
créé. Pour qu’ainsi, comme des vieux et stériles qu’étaient Abraham et Sara,
naisse un peuple nombreux, de ta virginité, incomparable, en demeurant vierge
pour toujours, tu vas être la mère de Celui qui va être le centre de l’histoire
chrétienne dans le monde. » Marie nous fournit la mesure pour comprendre
le Christ.
Marie est proclamée Mère de Dieu
Vers le IVe siècle
surgirent des doctrines erronées à l’endroit du Christ. Elles affirmaient que
Marie avait seulement donné la vie à un homme, un enfant ordinaire que Dieu
assuma pour en faire son Fils, comme nous qui naissons fils de la chair, mais
qui par le baptême, devenons fils de Dieu. L’Église d’alors, chargée de
préserver les vérités révélées par Dieu, se réunit en Concile à Éphèse pour
proclamer que Marie avait donné la vie à un Dieu qui s’était incarné dans ses
entrailles. C’est pourquoi on devait l’appeler Mère de Dieu. Theotokos signifie
en grec « la Mère de Dieu ». Elle fut non seulement la mère d’un
homme qui est Dieu, mais Mère d’un Dieu qui s’incarna dans ses entrailles. Le
Christ possède la nature divine parce qu’Il est Dieu et Il possède également la
nature humaine parce qu’Il se forma dans les entrailles d’une femme, mais Il ne
possède qu’une seule personne, la personne Divine, la seconde personne de la Très Sainte Trinité.
De sorte que la nature divine comme Dieu et la nature humaine comme homme,
converge en une seule et mĂŞme personne : Dieu.
Ce que le Christ fait en tant que
Dieu, nous pourrions dire que c’est Dieu qui le fait, mais aussi, ce que fait
le Christ comme être humain, demeure uni à Dieu, de sorte que c’est Dieu qui le
fait. C’est pourquoi, dit le Concile, Dieu se fit homme et depuis lors, nous
sentons que notre nature a été élevée en Lui. Il pense avec une pensée d’homme,
mais c’est Dieu qui pense; Il aime avec le cœur d’un homme, mais c’est Dieu qui
aime et travaille avec des mains d’hommes, c’est pourquoi, quand il meurt sur
la croix, son sacrifice est d’une valeur infinie parce que ce n’est pas le
sacrifice d’un simple homme, sinon celui d’un homme qui est Dieu en même temps;
et sa douleur et son sang possèdent une valeur de Rédemption pour payer les
péchés de toute l’humanité. Comme le Christ est grand!
Maintenant, depuis les années 1960, a surgi une nouvelle
inquiétude pour la théologie pour étudier plus en profondeur le sens de cette
christologie. Il existe deux grands courants, un que l’on nomme la christologie
à partir du haut et l’autre à partir du bas. Du haut au sens de Dieu qui s’est
fait homme et, du bas, au sens de l’homme qui dans le Christ s’est fait Dieu.
[…]
Il n’y a pas de doute qu’un Noël où
il n’y aurait pas cette femme qui est une mère avec l’Enfant dans ses bras,
serait un Noël d’un Dieu qui s’est fait homme, mais sans la tendresse d’une
mère. Ainsi comme au pied de la croix, une victime qui donna sa vie pour les
péchés du monde, mais qui n’aurait pas eu les bras d’une mère pour le recevoir,
serait, certes, l’amour infini d’un Dieu qui se livra pour nous, mais Il lui
manquerait ce que savent donner les femmes : la tendresse, l’amour, la compassion. La
passion du Christ se fait plus douce, plus belle quand nous pensons à sa mère
souffrante, et Noël est bien plus enchanteur quand nous pensons à la mère de
l’enfant Jésus. 01/01/78, p. 124-125, III.
3) Marie, signe de la présence de
Jésus
Ainsi comme l’aurore est le signal
que le soleil va paraître, lorsque l’on sent Marie, c’est le signe que le
Christ est proche. Marie conduit au Christ, c’est sa raison d’être. Comme
pendant nos nuits de pleine lune, surtout aujourd’hui que nous l’avons
explorée, la lune n’est rien d’autre qu’un immense tas de pierres, pierres
mortes, mais lorsque le soleil l’illumine, cette immense pierre reflète sa
lumière splendide sur la
Terre. Comme sa lumière est belle! C’est cela Marie, par
nature, une femme humaine, mais lorsqu’elle est investie par la beauté du
divin, Marie devient la lune précieuse qui lance sa sereine lumière de
tendresse, de mère sur nos nuits et sur nos jours.
En Marie, nous nous référons toujours
au Christ. Marie est le signe de la présence du Christ. L’Église et Marie sont
la présence du Christ. Si l’Église sauve, c’est parce qu’elle prolonge la
mission « salvatrice » du Christ. Si Marie est source
d’inspiration et d’amour dans notre prière, c’est parce qu’elle manifeste le
pouvoir, la tendresse, la Rédemption de notre Seigneur Jésus-Christ. Marie est
le signe de la présence du Christ. […] Lorsque la dévotion à la Vierge souffre
des éclipses, s’éclipse également la lumière du soleil divin : le Christ
Notre Seigneur. Mais lorsque dans le cœur du peuple, de la famille, de chaque
chrétien il y a la tendresse, la confiance, l’amour qui prie Marie, le Christ
est proche et cette âme n’est pas perdue. 01/01/78, p.126, III.
RĂ©cupĂ©rons la vĂ©ritable dĂ©votion Ă
Marie
Déjà dans plusieurs foyers on a cessé
de faire le rosaire. Déjà dans plusieurs familles on n’invoque plus Marie et,
jusque dans certaines communautés chrétiennes, j’ai senti avec tristesse que
bien souvent on sait faire de belles prières spontanées, mais qu’on ne dit plus
le rosaire. N’oublions pas que la présence de Marie est le signal que le Christ
est avec nous, qu’Il est proche. 01/01/78, p.127, III.