Dieu choisit providentiellement les
hommes pour ses plans de Rédemption.
FĂŞte des saints innocents, 28
décembre 1977; Lectures : Matthieu 2,1-23.
Plan de l’homélie :
1) Tous les hommes sont des
instruments de Dieu
2) Comment la véritable innocence qui
sauve est celle que donne Jésus-Christ
3) Comment jusqu’aux erreurs et aux
crimes des hommes nous amènent au triomphe de Jésus-Christ et au développement
des desseins de Dieu
1) Tous les hommes sont des
instruments de Dieu
Nous avons pu observer dans
l’Évangile d’aujourd’hui plusieurs personnages dans lesquels nous pouvons
reconnaître notre histoire, en ce moment. Ainsi, nous avons lu l’Évangile (Mt
2, 1-23) non pas comme une histoire d’il y a vingt siècles, sinon comme une
incarnation de Dieu qui se fit homme à un moment précis de l’histoire, pour que
de ce moment nous apprenions aussi à vivre l’Évangile dans les moments que nous
vivons aujourd’hui. […] Dans les moments de problèmes de la famille, de la
patrie, de la propre vie, nous lisons toujours l’Évangile en ayant à l’esprit
les difficultés qui sont les nôtres afin de les éclairer de la Parole de Dieu,
afin d’illuminer ces heures d’afflictions et d’espérance.
A) Les personnages de l’Évangile
Quels sont les personnages que nous
rencontrons ici dans cette scène de l’Évangile?
Les mères et les enfants
Au centre, il y a les enfants de deux
ans et moins et avec eux leur mère, les défendant avec la bravoure unique avec
laquelle une mère défend son enfant lorsqu’il est en danger de mort, capable de
donner sa vie, prête à mourir à l’endroit de son enfant.
Hérode
Un autre personnage que nous
rencontrons c’est Hérode le sanguinaire. Flavio Josefo, un historien de
l’époque des évangélistes, des temps où l’Évangile fut écrit – nous avons ainsi
accès à des siècles d’histoire profane et une de ces histoires est celle de
Flavio Josefo –, celui-ci nous raconte qu’Hérode avait aussi une soif maladive
de pouvoir et qu’il soupçonnait tout le monde. C’est pour cela qu’il fit tuer
quelques-uns de ses propres parents qu’il soupçonnait de comploter pour lui
enlever le pouvoir. Tout ce qui portait ombrage Ă son pouvoir lui faisait peur
et c’est pourquoi il commandait ses assassinats. L’Évangile nous rapporte cette
attitude d’Hérode en précisant qu’il craint ce nouveau roi des juifs que
vinrent lui annoncer les rois mages. Hérode se remplit de terreur et il envoya
tuer tous les enfants de deux ans et moins pour éliminer celui qui représentait
une menace pour son trĂ´ne.
Saint Joseph
Il apparaît par contre comme un
personnage sympathique. Dans ses rêves il entendit le ciel l’avertir (Mt
2,13) : « Lève-toi, prends avec toi l’enfant et sa mère, fuis en
Égypte et reste là -bas jusqu’à je te dise de revenir. Car Hérode va rechercher
l’enfant pour le faire périr. » Et Joseph, qui est l’instrument de
Dieu pour sauver le Rédempteur, part pour l’Égypte et l’Évangile fait ce beau
commentaire (Mt 2, 14-15) : « Il se leva, prit avec lui l’enfant et
sa mère, de nuit, et se retira en Égypte, et il resta là jusqu’à la mort
d’Hérode, pour que s’accomplit cet oracle prophétique du Seigneur :
« D’Égypte j’ai appelé mon fils. »
C’est une prophétie qui ne se réfère
pas proprement à Jésus, elle se réfère au peuple d’Israël esclave en Égypte et
que Dieu libéra et conduisit à la terre promise. Mais observez bien dans
l’Évangile cette belle perspective : le Christ qui revient d’Égypte
protégé par Dieu est comme l’incarnation de tout le peuple d’Israël qui fut
également défendu par Dieu lorsqu’il fut libéré de l’esclavage et de
l’oppression. Et c’est cela la belle transposition que nous devons faire :
le Christ persécuté, mais protégé par Dieu. Se servant des hommes qui sont ses
instruments comme Joseph, le Christ retourne inconnu dans son pays.
Les soldats
Nous rencontrons également des
personnages cruels comme les émissaires, les envoyés, les soldats d’Hérode
accomplissant ces ordres immoraux. Lorsqu’un roi envoie tuer des enfants, tuer
des gens, les soldats ne sont pas tenus d’obéir. Il s’agit ici d’un ordre cruel
et immoral, mais les épées serviles tuent les innocents.
Enfin, mes frères, il y a un ensemble
de personnages dans lesquels nous devons reconnaître notre propre histoire, les
mauvais personnages afin de ne jamais devenir comme eux. C’est le péché que
l’Église répudie. L’Église est le Règne de Dieu qui tente de graver dans les
coeurs, le bon qui se trouve dans l’Évangile pour éliminer de la société, de la
famille, de l’homme, tout le mal que l’Évangile répudie.
C’est pour cela que l’Église, en
pensant aux personnages de l’Évangile, en cette histoire des Saints Innocents,
doit annoncer le Règne de Dieu pour dire à tous : chers pèlerins des
Saints Innocents, soyons comme Joseph, soyons comme Marie, soyons comme les
hommes providentiels que Dieu emploie pour réaliser ses plans de Rédemption. De
ceux qui sont ici, tous chrétiens, nous avons tous reçu la vocation d’être
bons, d’être de bons pères de famille, de bonnes mères de famille, de bons
collaborateurs dans l’implantation du Règne de Dieu. Tous les chrétiens qui
sont ici présents doivent s’engager, ce matin, à être des collaborateurs de
Dieu. Dieu a besoin d’hommes, Dieu a besoin d’instruments qui soient comme Joseph,
comme les anges, qui collaborent avec Dieu pour développer ses desseins
d’amour, de Salut et d’espérance sur la terre. Bienheureux
les chrétiens qui savent sanctifier leur vie avec l’Évangile et se font, comme
Joseph, instrument du Salut de Dieu. 28/12/77, p.104-106, III.
B) Le péché d’Hérode se répète
aujourd’hui de diverses manières, mais l’Église fait appel à la conversion.
À partir de cette page de l’Évangile,
l’Église se doit également de recueillir le triste héritage du péché pour dire
aux hommes d’aujourd’hui : ne soyez pas sanguinaire comme Hérode, ne soyez
pas serviles comme les soldats qui obéissent aux ordres d’Hérode d’aller tuer
les Innocents, ne soyez pas cruels, ne torturez pas, ne maltraitez pas, ne
faites pas des Mères comme sainte Jeanne, qui pleurent la disparition de leurs
fils sans savoir où ils sont. Ne soyez pas cruels, Dieu ne veut pas le péché.
Il est nécessaire de donner à notre patrie et à notre environnement davantage
de tranquillité, d’espérance et de sécurité. Ceux qui commettent la violence,
ceux qui assassinent, ceux qui font courir tant de sang ne seront pas aimés de
Dieu tant qu’ils ne cesseront de faire ces choses mauvaises. De là , mes frères,
qu’à partir des Saints Innocents, crie la justice contre les injustices, l’innocence
contre le péché, la bonté contre la méchanceté. […]
En ce jour des Innocents, la voix de
l’Église fait sienne la voix de ceux qui ne peuvent parler, de ceux qui furent
assassinés de manière si cruelle, si vile, si immorale, pour crier vers Dieu :
Seigneur, pardonne-les! Parce que ces crimes sont sans doute la raison pour
laquelle viennent tant de châtiments à notre terre. Pardonne-nous et fais que
les pécheurs se repentissent aussi, pour qu’ils reviennent vers Toi et qu’il
n’y ait plus de sang et de violence parmi nous. 28/12/77, p.106-107, III.
2) Comment la véritable innocence qui
sauve est celle que donne Jésus-Christ
Les mérites du Christ sauvent le
monde
Plusieurs peuvent se demander quels
mérites pouvaient bien avoir ces enfants s’ils ne pouvaient pas parler, s’ils
n’avaient pas conscience, pourquoi les vénérons-nous aujourd’hui comme des
saints sur les autels? Quels mérites avaient ces enfants pour jouir aujourd’hui
du ciel avec les saints qui firent de grandes œuvres et qui souffrirent le
martyre d’une manière plus consciente? Quels mérites?
Frères, cette parole nous apporte ce
message en ce jour des innocents. Les enfants de deux ans et moins méritent
l’allégresse et la joie de Dieu que nous attendons, nous adultes, que nous
allons gagner sur la base de nos bonnes œuvres. Non, il ne s’agit pas seulement
de nos bonnes œuvres. Nos mérites personnels, l’effort d’être bon, le repentir
de nos péchés sont quelque chose d’humain qui n’aurait aucune importance si ce
n’était d’une main qui ouvre le ciel, impossible. C’est pour cela que saint
Paul nous dit dans son épître aux Romains : « Nous ne nous sauvons
pas par nos bonnes œuvres, mais par notre foi en Jésus-Christ. » Les deux
choses : de bonnes œuvres comme conditions de mérite humain pour que le
Christ nous donne ses mérites divins. Ce qui sauve le monde ce sont les mérites
du Christ le Rédempteur.
Nous sommes encore dans le mois de
l’Immaculée Conception de Marie. Marie fut immaculée, elle ne tomba pas dans le
péché originel par ses mérites. Marie n’avait pas de mérites avant de naître,
mais la théologie enseigne : « Par attention aux mérites du Christ,
le Christ l’a rendue immaculée, avant sa naissance, Il la prévint de tomber
dans le péché originel, ainsi, également, les enfants qui se sauvent. Les
enfants doivent être baptisés parce que ce n’est pas le mérite personnel du
baptisé qui le fait chrétien sinon la Rédemption du Christ qui s’applique à ses
enfants, même s’il ne possède pas la raison. Les mérites du Christ appliqués aux
innocents de deux ans et moins sont ce qui a rendu possible que ce martyre des
Innocents se convertisse en âmes glorifiées. N’allons pas nous imaginer que
là -haut dans le ciel ces enfants sont demeurés à l’âge de deux ans. L’âme qui
se développe là -haut dans le ciel est égale à celle des enfants qui viennent de
naître avec celle d’un sage qui a acquis une grande sagesse sur la terre, parce
que ce n’est pas la sagesse de la terre qui les rend heureux dans le ciel,
sinon la vision de Dieu qu’ils ont acquise grâce aux mérites de Notre Seigneur
Jésus-Christ. 28/12/77, p.107, III.
Nous avons aussi besoin de bonnes
œuvres
En ce sens, mes frères, le message
des innocents est un reproche à l’orgueil des adultes. Nous nous pensons si
grands, nous croyons que tout le monde nous est redevable et que nous allons
nous sauver par nos seuls mérites. Non, réalisons de bonnes œuvres parce que si
nous ne faisons pas de bonnes œuvres nous n’allons pas nous sauver, nous allons
nous condamner comme dit l’Évangile : « J’ai eu faim et vous ne
m’avez pas donnĂ© Ă manger, j’ai eu soif et vous ne m’avez pas donnĂ© Ă
boire. » Tout le mal que vous avez commis, toutes les bonnes œuvres
que vous n’avez pas faites, sont la cause de cette malédiction :
« Allez, maudits, au feu éternel. » Certes, il est nécessaire d’avoir
des bonnes œuvres pour se sauver, mais non seulement les bonnes œuvres sinon
qu’il faut leur ajouter les mérites infinis de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Une artiste était sur le point de
mourir lorsqu’elle appela un confesseur, le prêtre. Et pleurant, cette femme
qui avait gagné beaucoup d’argent, de nombreux applaudissements, beaucoup de
gloire, lui dit : « Père, je me sens vide. » Et elle se
remettait à pleurer. «J’ai très mal parce que maintenant je vais me présenter
devant Dieu les mains vides. » Voyez, mes frères, à rien ne sert la
renommée de la terre, le pouvoir, l’argent, la gloire du monde. Où vont-ils?
Ils demeurent avec la mort.
Tous les mérites que nous avons pu avoir comme être humain ne
valent rien pour accéder au ciel, les mains sont vides si nous ne l’avons pas
fait par amour à Dieu. Mais alors, ce confesseur eut l’heureuse idée pour
consoler cette femme mourante, d’ôter son crucifix et de le lui mettre entre
les mains en disant : « Ne dites plus que vous avez les mains vides
maintenant.
Vous avez le Christ entre vos mains.
Présentez-vous avec Lui au tribunal de Dieu parce que nous ne nous sauvons pas
par nos propres mérites, par notre argent, par nos applaudissements, par notre
renommée, nous nous sauvons par le Christ qui donna son sang pour nous.
Confiez-vous en Lui, Il remplira le vide que ressent actuellement votre esprit.
Laissez toutes les choses de la terre qui ne valent rien et livrez-vous au
Christ. Comblez votre vide en vous fiant Ă Lui et Il vous comblera. 28/12/77,
p. 107-108, III.
3) Comment jusqu’aux erreurs et aux
crimes des hommes nous amènent au triomphe de Jésus-Christ et au développement
des desseins de Dieu
C’est pour cela, mes frères, que ma
troisième pensée est la suivante : tout ce qui se produit dans l’histoire
participe Ă la gloire du Christ Notre Seigneur. Et cela nous procure une grande
consolation et une grande espérance malgré les embûches que les hommes comme
Hérode et les soldats veulent mettre au Règne du Christ en cherchant à l’éliminer
dans son enfance. Tout cela mûrira pour le bien, parce que ce Christ qui fuit
en Égypte va revenir pour accomplir les promesses du Père. Personne ne peut
l’empêcher, le projet de Dieu doit se réaliser malgré les obstacles des hommes
ou mieux dit, Dieu se prévaut des crimes des humains, Il s’en sert comme de ses
instruments pour faire sentir sa Présence au monde. Combien vide est ce monde
lorsqu’on n’y sent pas la présence de Dieu! Le Christ triomphera, Il triompha
des mauvaises intentions de ceux qui voulaient le tuer, son Règne triomphera,
ses projets sont la victoire parce qu’ils se confient dans la foi. C’est cela la victoire
qui a vaincu la foi, l’espérance chrétienne. 28/12/77, p. 108-109, III.