Le Dieu de notre foi, La Très Sainte Trinité

 

21 mai 1978, Lectures : Exode 34,4b-6,8-9; II Corinthiens 13,11-13; Jean 3,16-18.

 

Ce Dieu de notre foi est un phénomène qui s’est dégénéré dans plusieurs hommes et plusieurs sociétés. De là provient qu’aujourd’hui nous voulions régler nos problèmes en nous fiant uniquement sur la force humaine ou encore parce que nous sommes trop bien installés, nous idolâtrons, comme si c’était un dieu, le bien-être, les richesses, les choses de la Terre. Cela aussi, c’est un matérialisme athée!

Il existe une autre forme fausse d’adorer Dieu et c’est celle que fustigea notre Seigneur lorsqu’Il se retrouva dans ce temple oĂą l’homme se devait d’aller rencontrer Dieu. Il y trouva une religion superficielle, lĂ©galiste, utilitaire. Quels coups de fouet moraux furent ceux du Divin MaĂ®tre qui dit : « Dieu ne s’adore pas dans ce temple ou dans un autre, Dieu, on l’adore partout, en esprit et en vĂ©ritĂ©. Â» Parce qu’Il est Esprit et cette vĂ©ritĂ© s’était dissipĂ©e dans un enchevĂŞtrement de lois, une casuistique, un ensemble de pratiques extĂ©rieures. Un dieu, fruit de la lĂ©galitĂ© comme si Dieu pouvait seulement se contenter de voir qu’ils se lavaient les mains, que les pharisiens bien vĂŞtus proclamaient son Nom sur les places publiques. JĂ©sus Christ leur dit : « Hypocrites, vous ĂŞtes semblables Ă  des sĂ©pulcres blanchis au-dehors, mais au-dedans, remplis de pourriture! Â»

 

 

Combien de façades de piété, qui à l’intérieur ne sont que des athées?

 

Combien de façons de prier, combien de pratiques religieuses simplement extĂ©rieures, rituelles et lĂ©galistes? Ce n’est pas lĂ  le culte que Dieu veut! Et ici, il importe que nous nous fassions cette accusation Ă  nous-mĂŞmes, les ministres du culte, qui souvent avons fait de notre culte un nĂ©goce. Le Seigneur pourrait venir nous dire avec son fouet dans le temple : « Ma maison est une maison de prière et vous en avez fait une caverne de voleurs. Â»

Ce dieu ritualiste, ce dieu d’extĂ©rioritĂ©, ce dieu de bigoterie, Dieu qui du fond du cĹ“ur de celui qui lui dit qu’il l’aime, reçoit l’outrage le plus grand de celui qui dĂ©sobĂ©it Ă  sa loi et fait consister sa religion, sa volontĂ© très sainte, en une chose simplement lĂ©galiste et humaine. Quelle attention nous devons porter, mes très chers frères prĂŞtres, religieux, religieuses, laĂŻcs et associations pieuses! Combien de fois face Ă  Dieu sommes-nous semblables Ă  l’homme de la prière qui ose s’approcher jusqu’à l’autel pour lui dire : «Je ne suis pas comme les autres hommes : adultère, injuste, ni comme ce publicain qui est lĂ  en train de se frapper la poitrine.» Et le Christ dit après cette prière hypocrite : «Les deux sortirent du temple, et l’humble publicain, celui qui ne se reconnaissait pas digne de lever le regard vers Dieu, sortit justifier. Pas l’autre, le pharisien, l’hypocrite, le superbe, le bigot qui dĂ©prĂ©ciait les autres, parce que celui qui se vante sera humiliĂ© et celui qui s’humilie sera Ă©levĂ©. 21/05/78, p.249-252, IV.

 

 

Le dieu spiritualiste

 

Une autre manière erronĂ©e d’adorer Dieu, semblable Ă  la première, est le dieu spiritualiste, le dieu dĂ©sincarnĂ©, le dieu du prĂŞtre et du LĂ©vite qui passèrent leur chemin lorsqu’ils virent le pauvre juif blessĂ© et n’en firent pas de cas. C’est le dieu de ceux qui se disent : « Ah l’Église s’est mise Ă  faire de la politique, elle parle seulement de socialisme, de choses terrestres! Â» Et c’est parce qu’ils voudraient qu’on ne parle pas de ces choses, que nous ne tenions pas compte de l’homme blessĂ©. Cela n’est pas de la religion pour eux! La religion pour eux est d’aller comme le prĂŞtre et le LĂ©vite au temple pour prier, sans avoir de temps pour rĂ©pondre aux besoins matĂ©riels de la Terre. Ils ont oubliĂ© que le Christ ne justifia pas cette fausse piĂ©tĂ© qui se dĂ©sintĂ©resse de l’être humain. Au contraire, Il louangea comme Ă©tant le vĂ©ritable prochain, le Samaritain, qui sans ĂŞtre prĂŞtre ou LĂ©vite, sans se glorifier de sa piĂ©tĂ©, descendit de sa monture et fit le bien au blessĂ© sans se soucier de qui il s’agissait.

 

C’est cela le vĂ©ritable Dieu. C’est pourquoi le Christ leur demanda : « Quel est le premier commandement de la loi? Â» Ils rĂ©pondirent les deux prĂ©ceptes ensemble : « Le premier est : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cĹ“ur, de toute ta volontĂ© et de tout ton ĂŞtre. Et le second est : tu aimeras ton prochain comme toi-mĂŞme. Â» Lorsque l’Église enseigne un Dieu dĂ©sincarnĂ©, lorsque nous les prĂ©dicateurs de l’Évangile, nous disons que nous ne devons pas nous prĂ©occuper des choses de la Terre, mais seulement adorer Dieu, lorsque des sectes protestantes prĂŞchent un Évangile et critiquent l’Église catholique parce qu’elle rĂ©clame le respect des droits humains, c’est une façon erronĂ©e d’adorer Dieu, mĂŞme si c’est dans un temple catholique.

 

Le vĂ©ritable culte Ă  Dieu est celui-ci : il doit s’incarner dans cette terreur, dans cet amour, dans cette adoration, dans cette foi dans l’absolu, dans le transcendant, dans l’histoire du temps, dans le moment prĂ©sent. C’est Ă  partir de la force de Dieu qui transcende notre faiblesse, que devient toute puissante la voix de l’Église pour dĂ©noncer, pour ne pas laisser passer le pĂ©chĂ© des hommes qui offensent Dieu. Ce serait un faux dieu celui dont nous ferions l’éloge sans que lui importe que les humains pĂŞchent contre Lui. Ce sont les faux concepts du Dieu de notre foi. 21/05/78, p.252, IV.

Quel est donc le véritable Dieu de notre foi?

 

1) Le Dieu de MoĂŻse

A) Un Dieu monothéiste

Qu’est-ce que cela veut dire? MonothĂ©iste, un seul Dieu. L’Ancien Testament ne connaissait pas la Sainte TrinitĂ©, il connaissait le Dieu unique. La Sainte TrinitĂ© nous a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par le Christ, mais l’Ancien Testament qui tentait d’éduquer un peuple qui vivait au milieu d’un polythĂ©isme Ă©pouvantable; polythĂ©isme se nomme le phĂ©nomène d’avoir plusieurs dieux, un système qui fonctionne avec plusieurs dieux. N’importe lequel phĂ©nomène possède son dieu : le dieu de la tempĂŞte, le dieu de la fĂ©conditĂ©, le dieu de la colère, etc. Il y en avait tellement que dans le panthĂ©on de Rome oĂą les Romains recueillaient les dieux de tous les peuples conquis, il n’y avait plus d’espace. Et c’est le danger qu’affrontait MoĂŻse, conduisant le peuple d’IsraĂ«l qui sortait de l’Égypte polythĂ©iste, de l’Égypte oĂą il y avait plusieurs formes de divinitĂ©s. C’est MoĂŻse qui a reçu du Dieu vĂ©ritable la mission d’éduquer dans le monothĂ©isme, dans la foi en un seul Dieu. Dieu lui rĂ©vĂ©la cette forme lorsqu’il rĂ©pond Ă  MoĂŻse : « Tu diras Ă  ton peuple que Je suis Celui qui est, YahvĂ©. Â»

 

Que signifie cette phrase? Il existe deux courants qui l’expliquent. Un courant philosophique voudrait prĂ©senter l’essence mĂŞme de Dieu, l’être. L’autre courant plus gĂ©nĂ©ralement acceptĂ© aujourd’hui dans le monde, est celui de l’explication historico-salvatrice, c’est-Ă -dire : « Je suis Celui qui est au milieu de mon peuple, Je suis l’espĂ©rance, l’activitĂ©, la protection. Je ne suis pas un Ă©tranger parmi vous, Je suis au milieu de vous. Â» C’est cela le Dieu de MoĂŻse. C’est pour cela que nous disons un Dieu monothĂ©iste, un seul Dieu. 21/05/78, p.253-254, IV.

 

 

B) Un Dieu vivant

 

Ce Dieu est un et unique, c’est un Dieu vivant. Un Dieu qui vit l’histoire, un Dieu qui n’est pas un lointain absolu, un Dieu que le peuple sent parmi les vicissitudes de l’histoire et il sait, ce peuple qui a sa propre histoire, que Dieu l’a choisi comme un père à son enfant. Ainsi se nomme Israël dans la Bible, le peuple premier-né, le plus désiré, celui qui sent Dieu présent comme un Père qui l’accompagne dans toutes les situations difficiles ou glorieuses de l’Histoire. […]

 

Le Concile Vatican II dit ceci : « Le peuple de Dieu mĂ» par la foi qui le pousse Ă  croire que Celui qui le conduit est L’Esprit du Seigneur. Celui qui remplit l’univers, procure le discernement dans les Ă©vĂ©nements, exigences et dĂ©sirs desquels participent Ă©galement avec ses contemporains, les signes vĂ©ritables de la prĂ©sence et des plans de Dieu. La foi qui illumine tout d’une lumière nouvelle et manifeste le plan divin sur l’entière vocation de l’homme. C’est pour cela qu’elle oriente la pensĂ©e vers des solutions pleinement humaines. Â» Quelle prĂ©cieuse thĂ©ologie des signes des temps! Ces mĂŞmes signes des temps, nous les vivons ceux qui ont la foi en Dieu et ceux qui n’ont pas foi en Dieu. Le Salvador, ce petit pays, est composĂ© de croyants et d’incroyants, d’hommes de foi et d’hommes sans foi. Les uns et les autres vivent les mĂŞmes signes, les uns et les autres vivent les rĂ©alitĂ©s dont je ferai rĂ©fĂ©rence Ă  la fin, les uns et les autres ont senti cette semaine les sĂ©questrations, les violences, et les injustices. Pour celui qui n’a pas la foi, tout cela semble un cul-de-sac, un Ă©chec de l’histoire, tandis que pour celui qui a la foi, dit le Concile, sachant que le peuple croyant est conduit par l’Esprit de Dieu, interprète d’une manière plus humaine les Ă©vĂ©nements de l’histoire.

 

C’est ce Dieu vĂ©ritable, le Dieu vivant, le Dieu de MoĂŻse, le Dieu de l’Histoire qui non seulement sauve dans l’histoire d’IsraĂ«l, mais qui sauve aussi dans celle du Salvador. Il a placĂ© l’Église pour qu’elle proclame cette foi dans le Dieu vĂ©ritable et purifie du pĂ©chĂ© l’histoire, pour qu’elle sanctifie l’histoire pour la convertir en vĂ©hicule du Salut. C’est cela que veut l’Église du Salvador : faire de l’histoire de notre patrie non pas une histoire de perdition, non pas une histoire d’athĂ©isme, non pas une histoire d’abus et d’injustices; mais construire une histoire qui correspond aux idĂ©aux de Dieu qui aime les Salvadoriens. Si MoĂŻse avait Ă©tĂ© salvadorien en 1978, il aurait entendu près du buisson ardent la mĂŞme voix de YahvĂ© qu’il entendit lorsque celui-ci l’envoya sortir son peuple de la tyrannie du Pharaon. 21/05/78, p.254-255, IV.

 

 

2) Le Dieu du Christ

 

Nous avons ici la troisième lecture d’aujourd’hui (Jn 3:16-18), l’Évangile oĂą le Christ nous fait cette grande rĂ©vĂ©lation : « Dieu a tant aimĂ© le monde qu’Il lui a livrĂ© son Fils afin que ne pĂ©risse aucun de ceux qui croient en Lui mais pour qu’ils aient la vie Ă©ternelle. Â» C’est pour cela qu’est venu le messager de la vie Ă©ternelle, le Fils unique de Dieu, Celui qui par son essence divine a reçu en qualitĂ© du Verbe, de Fils, toute la nature Ă©ternelle de Dieu, toute la vie qui n’a pas de fin, la lumière de toutes les tĂ©nèbres, la solution de tous les problèmes, l’amour de tous les dĂ©sespoirs, la joie de toutes les tristesses. Celui qui a ce Fils de Dieu ne manque de rien. 21/05/78, p.255, IV.

 

« Celui qui croira en moi ne sera pas condamnĂ©. Â»

 

« Le Règne de Dieu est dĂ©jĂ  au-dedans de vous, disait le Christ, si vous l’acceptez. Â»

C’est pourquoi cette terrible parole qui termine aujourd’hui l’Évangile : « Celui qui croit en Lui ne sera pas condamnĂ©, mais celui qui ne croit pas au Fils de Dieu… Â» Celui qui ne croit pas au Christ, celui qui ne croit pas en cette Église qui est son Ă©pouse et sa prolongation, qu’arrive-t-il avec lui? On ne parle pas au futur qu’il sera condamnĂ©, mais on transpose du futur au prĂ©sent cette condamnation. « Celui qui ne croit pas est dĂ©jĂ  condamnĂ© parce qu’Il n’a pas cru dans le nom du Fils unique de Dieu. Â» C’est dĂ©jĂ  l’enfer dans le cĹ“ur de celui qui ne croit pas. Je ne sais pas comment peuvent vivre les hommes sans foi. Je ne sais pas comment peuvent vivre les matĂ©rialistes.

 

J’ignore comment peuvent vivre les idolâtres de la Terre, ceux qui, pour défendre les choses mesquines, passagères de ce monde qu’ils devront abandonner à leur mort, cessent d’aimer et de croire en Celui qui apporte la vie éternelle et nous demande comme condition pour nous la donner, que nous croyions en Lui et que nous nous donnions comme le Père nous a donné son Fils en signe de son amour. […] Croire, c’est se livrer, ce n’est pas seulement un objet de réflexion.

Saint Jacques nous dit que le diable lui-mĂŞme croit que Dieu existe, mais il ne se sauvera jamais. Croire, ce n’est pas seulement une chose thĂ©orique, croire est un acte de volontĂ©, croire est Marie lorsqu’elle dit Ă  l’ange : « Je suis l’esclave du Seigneur, qu’il soit fait selon ta parole. Â» C’est cela, la foi : se donner.

 

Celui qui se livre, celui qui ne perd pas la foi, même dans les heures les plus difficiles, croit et espère, celui-là ne sera pas condamné; mais celui qui ne croit pas, celui qui ne veut pas faire confiance au Christ parce qu’il est davantage préoccupé par les choses de ce monde, celui qui n’a pas confiance en Dieu, qui ne croit pas que Dieu marche avec l’Histoire et qu’Il va nous sauver, celui-là est déjà condamné, parce que déjà sa vie est un enfer. C’est pourquoi peut-être y a-t-il tant d’enfers dans notre environnement, parce que ce sont des actions diaboliques celles dont nous souffrons présentement. 21/05/78, p.255-256, IV.

 

Dieu est amour auquel participent trois personnes : le Père, le Fils et l’Esprit.

 

Le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ est un Dieu unique et solitaire. C’est ici que vient la grande révélation qui donne son nom aux grandes festivités de ce dimanche, dimanche de la Très Sainte Trinité. C’est le Christ qui est venu nous dire qu’Il était le Fils d’un Père; et qu’avec ce Père, Il nous enverra après sa mort et sa résurrection, un Esprit saint qui viendra nous enseigner la vérité y fortifier son Église. Dieu n’est pas un être solitaire, Dieu est trois, Dieu est famille, Père, Fils et Esprit saint. […]

 

C’est au Christ que nous devons cette grande révélation que Dieu est amour, que ce n’est pas un être égoïste et solitaire. Il est amour parce qu’Il se transmet et donne entièrement sa nature divine. Sans la perdre, le Père la donne au Fils et à l’Esprit saint; sans la perdre, le Fils la donne au Père et à l’Esprit; et sans la perdre, l’Esprit la donne au Fils et au Père. Le grand mystère, que seulement lorsque Dieu nous concède la lumière de sa gloire pour que nous comprenions les choses surnaturelles afin que nous puissions voir quelle immense source de lumière, de joie, d’amour, doit être la Très Sainte Trinité.

 

Seulement lorsque nous apercevons le Dieu de notre Seigneur illuminant nos aurores, nos mers, et nos volcans, alors oui nous comprenons que Dieu a créé ce monde par amour pour le donner à ses fils, avec qui Il veut établir une communion de famille. Ainsi, l’on comprend que la Terre gémit sous le poids du péché, parce que les hommes n’ont pas su comprendre que tout ce qui a été créé l’a été pour la félicité de tous les humains et non pour s’installer confortablement sur cette Terre. 21/05/78, p.256-257, IV.

 

 

3) Le Dieu de Saint Paul (II Co 13,11-13)

 

Si Dieu est un Dieu vivant, un Dieu de notre histoire, un Dieu de notre Église, nous devons approfondir ce que fait ce Dieu Père, Fils et Esprit saint? Il n’est pas seulement en train de converser heureux dans son ciel en oubliant la Terre, comme trois grands seigneurs qui subliment heureux, ne se soucieraient pas de la caravane de pèlerins qu’ils ont créée. Au contraire, ce Dieu oriente toutes ses capacités sur cette communauté qui veut être Église; l’Église, ce ferment de la communauté de toute l’humanité.

 

Regardez ce que dit saint Paul : « La grâce de Notre Seigneur JĂ©sus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit saint soient toujours avec vous. Â» L’Église est le mont SinaĂŻ oĂą est descendue la Très Sainte TrinitĂ© dans ces trois dons que saint Paul mentionne aujourd’hui : « La grâce de notre Seigneur JĂ©sus-Christ Â», le Fils en premier lieu parce qu’Il fut le messager et par Lui nous connaissons le premier. Il nous a donnĂ© la grâce. Grâce veut dire le pardon des pĂ©chĂ©s; grâce signifie nous avoir fait fils de Dieu; grâce signifie le baptĂŞme qui fit de ton fils, un enfant de la chair, un fils de Dieu; grâce veut dire la main du confesseur qui t’enlève toute la charge de tes pĂ©chĂ©s; je t’absous de tes pĂ©chĂ©s. La grâce de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ est ma main qui dans un instant va vous donner la communion, le Corps du Christ, la Vie de Dieu. Cette parole n’est pas mienne, mais celle de Dieu et si elle pĂ©nètre le cĹ“ur de plusieurs qui ont besoin de lumière, de consolation, de joie, d’espĂ©rance, ce n’est pas par ma vertu, c’est Dieu qui par ma voix est en train de vous communiquer la grâce de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ.

 

L’amour de Dieu, l’amour du Père, c’est de lĂ  que tout provient. Dieu a tant aimĂ© le monde, nous ne nous sommes pas rachetĂ©s parce qu’il n’avait jamais existĂ© avant le Christ un seul homme digne d’arracher Ă  Dieu son pardon et sa rĂ©conciliation. Tout provient d’une origine divine, ne l’oublions pas. Lorsque nous nous sentons meilleurs que les autres, ne nous enorgueillissons pas parce que tout procède de Dieu. Toi qui n’es pas tombĂ© dans les crimes que tu critiques, tu le dois Ă  Dieu qui ne t’a pas laissĂ© tomber. Au pĂ©cheur qui est tombĂ© dans les abĂ®mes les plus profonds, sache que ta RĂ©demption ne dĂ©pend pas de toi, mais de Dieu. Demande-lui sa misĂ©ricorde. C’est pourquoi nous disons au dĂ©but de la messe : « Dieu, prends pitiĂ© de nous. Â» L’initiative de Dieu, d’oĂą provient son dĂ©sir de nous envoyer son Fils, est l’amour du Père. Et lorsque le Père envoie son Fils, Celui-ci sauve le monde en mourant sur la croix et de retour au ciel, Il nous envoie la communion de l’Esprit saint. La communion est une vie commune, un lien qui unit la vie de Dieu et la vie de l’homme. Un courant qui circule de Dieu Ă  l’humanitĂ© et de l’humanitĂ© vers Dieu. C’est cela la religion, c’est cela l’Église. « L’Église, dit le Concile, est le sacrement qui unit les hommes Ă  Dieu et les hommes entre eux. Â»

 

C’est pourquoi il y a ses Ă©nergies dans l’Église : la Grâce de notre Seigneur, l’Amour du Père et la Communion de l’Esprit saint. Regardez comment la Très Sainte TrinitĂ© parvient alors Ă  faire des hommes la communion, la communautĂ©. C’est cela l’Église.

Je pense en cet instant à cette communauté de l’archidiocèse, à ses communautés de base où les hommes, les femmes, les jeunes, se connaissent de plus en plus intimement et sentent dans leur cœur que ce qui les unit, c’est l’amour du Père, la grâce du Fils (le Salut) et la communion de l’Esprit saint (l’Église). C’est pourquoi j’insiste pour qu’il y ait de plus en plus de communautés de base. Il ne s’agit pas d’une invention de ces derniers temps, mais de la grande nécessité que les chrétiens ont de se connaître, de s’aimer, et de vivre ensemble afin de se conscientiser dans cette énergie divine. 21/05/78, p.257-259, IV.