L’Heure de la Glorification,
L’Ascension du Seigneur
7 mai 1978, Lectures : Actes
1,1-11; Éphésiens 1,17-23; Matthieu 28,16-20.
Introduction : L’œuvre du Christ
arrive Ă son couronnement
Nous assistons Ă notre liturgie
dominicale avec un esprit nouveau qui s’abreuve à cette source de sainteté, de
recueillement, d’allégresse profonde, notre chemin dans l’histoire. C’est
pourquoi celui qui prêche l’homélie doit prendre soin d’illuminer avec ce
mystère du Christ, qui demeure le même parce qu’il est éternel, les réalités
concrètes de l’histoire. C’est un devoir, souvent difficile parce que cette
lumière de la Rédemption qui illumine nos pas sur la Terre doit très souvent
éclairer des choses désagréables. Mais elle doit le faire sinon l’Évangile ne
serait pas la lumière du monde, la lampe qui éclaire nos pas.
Peu avant de mourir, le Jeudi saint,
le Christ fit cette prière (Jn 17,4-5) : « Je t’ai glorifié sur la
terre en menant à bonne fin l’œuvre que tu m’as donnée à faire. Et maintenant,
Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j’avais auprès de toi avant
que fut le monde. » Le Christ sentit, pendant la nuit du Jeudi saint, que
son heure de glorification était arrivée. Pour Jésus, l’humiliante passion qui
le conduit jusqu’à la croix et sa RĂ©surrection glorieuse qui l’amène jusqu’Ă
s’asseoir à la droite du Père, est la glorification complète. Des Pâques qui
sortent d’une tombe douloureuse, une croix humiliante qui fleurit en splendeur
de gloire. Un chrétien ne peut oublier que la gloire du Christ possède une base
douloureuse : la croix.
Et c’est pourquoi la souffrance de l’Église et la douleur des
chrétiens possèdent toujours une perspective de gloire et d’espérance. Ne
l’oublions pas.
Plan de l’homélie :
1) Le Christ est la glorification de
Dieu
2) Le Christ est la glorification de
l’homme
3) Le Christ est la glorification de
l’Univers
1) Le Christ est la glorification de
Dieu
Tout pouvoir m’a été donné au ciel et
sur la Terre.
Regardons-Le, ne nous fatiguons pas
de contempler cette figure que nous présente l’Évangile.
(Mt 28,18) : S’avançant, Jésus
leur dit ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la
Terre. » La première lecture d’aujourd’hui (Ac 1,1-11) nous décrit aussi
ce moment glorieux de la vie du Christ (Ac 1,9) : « Il s’éleva, et une
nuée le déroba à leurs yeux. » C’est le panorama qui ne doit pas
disparaître de notre regard aujourd’hui. Contemplons-le ainsi. Si nous ne
faisions rien d’autre que ce que faisaient les apôtres, Le regarder fixement
alors qu’Il s’élevait vers le Ciel en répétant : « Tout pouvoir m’a
été donné au ciel et sur la Terre » et se recouvrant jusqu’à ce qu’Il soit
assis à la droite du Père, ce dimanche marquerait notre vie en une heure de
contemplation. Il n’existe rien de plus beau que le Christ glorifié. Il n’y a
pas de pensée plus noble pour le cerveau de l’homme, il n’y a pas d’amour qui
ennoblit autant le cœur de l’homme et de la femme, comme la pensée et l’amour
qui sont à la recherche de ce Fils de l’Homme où Dieu habita dans sa plénitude.
07/05/78, p.213-214, IV.
Demandons à Dieu qu’Il nous illumine,
qu’Il nous donne un esprit de sagesse et de révélation pour que nous le
connaissions. Ce Christ qui monte au ciel est la gloire du Père, la gloire de
Dieu, la gloire dans l’Esprit saint. C’est pour cela que la seconde lecture (Ep
1,17-23) de saint Paul analyse cette glorification du Christ et nous invite Ă
beaucoup prier (1,17) : « Daigne le Dieu de Notre Seigneur
Jésus-Christ, le Père de la gloire vous donner un esprit de sagesse et de
révélation, qui vous le fasse vraiment connaître. »
Frères, je vous le dis en toute
confiance ce matin, ce que je demande le plus à Dieu dans mon humble prière et
ce que je demande à mon peuple lorsque je vous implore de prier pour moi, c’est
qu’Il me fasse l’instrument de cette révélation. Je ne veux pas prêcher autre
chose que la connaissance du Christ notre Seigneur. Si de cette connaissance du
Christ je dois illuminer les réalités de ma patrie, ce n’est pas le chemin du
pèlerin de la Terre qui est le principal sinon la vision que nous avons du
Christ qui illumine notre pèlerinage. Ne Le perdons pas de vue. Et j’attire
encore une fois l’attention de mon auditoire, surtout de ceux qui m’écoutent
pour enquêter, pour voir si je tombe, qu’ils sachent que le principal de ma
prédication veut être de présenter la Révélation du Christ et que c’est là mon
devoir, de prĂŞcher le Christ. Je Lui demande, comme saint Paul (Ep 1,17,19-20),
« de vous donner un esprit de sagesse et de révélation qui vous le fasse
vraiment connaître! Et quelle extraordinaire grandeur sa Puissance revêt pour
nous, les croyants, selon la vigueur de sa force, qu’il a déployée en la
Personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts et le faisant siéger à sa
droite. » 07/05/78, p.214, IV.
En Jésus-Christ, Dieu est glorifié
Nous n’avons pas une idée exacte du
Christ tant que nous ne comprenons pas qu’Il est l’Homme qui incarna la
relation avec le Père céleste et fait ce qu’Il faisait : prier beaucoup,
rendre grâce au Père, faire dépendre de Lui tout ce que nos possédons. C’est la
grande révélation que le Christ apporta. Il nous enseigna les relations de
l’homme avec Dieu. C’est pourquoi, lorsqu’au moment culminant, lorsque se
dénoue toute sa vie de pauvreté et de sacrifice, Dieu Le glorifie, Le
ressuscite et L’assoit à sa droite – une expression biblique qui signifie qu’Il
Le fait participant intime de son pouvoir. Nous voyons alors que Dieu est
glorifié en Jésus-Christ comme Il l’avait demandé lors de la dernière Cène :
« Père, je t’ai glorifié, maintenant donne-moi la même gloire que J’avais
avant la crĂ©ation. » Avant que le monde fut crĂ©Ă©, le Christ existait dĂ©jĂ
comme Dieu, comme être humain Il commença à vivre dans les entrailles de la Vierge Marie, mais
comme Dieu, dit saint Jean dans le prologue de son Évangile (1,2) :
« Il était au commencement avec Dieu. » Un passé qui nous parle
de sa permanence éternelle : « Il vivait déjà dans le sein de Dieu,
glorifié en Dieu. » Si c’est par amour des humains qu’Il se vêtit en
homme, maintenant l’Ascension glorifie cette humanité, cette âme et ce corps
créés le jour de l’Incarnation dans les entrailles de la Vierge Marie. Cet
homme est enveloppé dans la gloire de ce Fils qui vit dans l’éternité.
« Glorifie-moi avec la gloire que j’avais avant la
création. » Et toute cette splendeur de l’éternité enveloppe la
gloire du corps et de l’âme du Christ. Là dans le ciel, à la droite du Père,
participant du pouvoir de Dieu, il existe un homme avec des mains comme les
nôtres, avec une tête comme la nôtre, un homme glorifié, c’est cela
l’Ascension. 07/05/78, p.214-215, IV.
En cet Homme, Dieu a montré son
pouvoir
Le pouvoir de Dieu c’est de voir le
Christ crucifié, c’est le pouvoir de l’amour. En le faisant sortir de sa tombe,
victorieux sur ses ennemis, c’est le pouvoir de Dieu qui vainc et qui L’élève
jusqu’aux cieux, Le glorifiant et Le faisant dépositaire de toute sa puissance!
Le Christ est la gloire du Père, Le Christ est la gloire de la divinité, Il est
l’homme qui renferme la richesse de Dieu.
Frères, si avec seulement cela je
dois prĂŞcher, pourquoi chercherai-je les choses mesquines de la Terre? Pourquoi
l’Église chercherait-elle des rivalités avec les pouvoirs de la Terre, avec ses
richesses, si nous possédons Celui qui existait avant que n’existent les hommes
et les choses, si nous possédons Celui qui est tout et en qui repose toute la
puissance de Dieu! Celui qui ne comprend pas le Christ, ne pourra avoir une
voix libératrice, ni ne pourra non plus sentir la grandeur que tout homme doit
sentir par-dessus toutes les petitesses de la terre. C’est cela le
Christ : gloire du Père, gloire de Dieu qui se reflète en Lui. C’est
pourquoi saint Paul demande au Seigneur qu’Il donne aux chrétiens la grâce de
le connaître et de connaître le pouvoir avec lequel Dieu montra ses merveilles
en notre Seigneur JĂ©sus-Christ. 07/05/78, p.215, IV.
Dieu veut que les histoires des
peuples coĂŻncident avec son Histoire du Salut
C’est pourquoi ce Dieu qui a des
desseins d’amour et de Salut pour l’humanité, veut que les histoires des
peuples coïncident avec son Histoire du Salut. Ce n’est pas la même chose, mais
Il se prévaut de l’histoire des peuples pour y injecter son Histoire du Salut.
Il veut sauver avec sa puissance de sauveur qu’Il a montrée en Jésus-Christ aux
hommes de toutes les nations, pour qu’ils vivent une histoire nettoyée du
péché.
Et cela nous le voyons dans la
première lecture d’aujourd’hui (Ac 1,1-11) lorsque les apôtres s’approchent du
Christ pour lui faire cette demande un peu insolente (1,6-8) :
« Seigneur, est-ce maintenant, le temps où tu vas restaurer la royauté en
Israël? » Il leur répondit : « Il ne vous appartient pas de
connaître les temps et moments que le Père a fixés de sa seule autorité. Mais
vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit saint qui descendra sur vous.
Vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et
jusqu’aux extrémités de la Terre. » Ou encore, il existe deux histoires,
l’Histoire de Dieu qui ne coïncide pas avec les dates et les calculs des hommes
et l’histoire des hommes qui devraient se préoccuper de s’insérer dans
l’Histoire du Salut, croire en Dieu. Malgré les noirceurs de notre histoire,
Dieu possède son Histoire et Il fera resplendir sa gloire dans l’obscurité de
notre histoire nationale.
Son dessein de Salut ne coĂŻncide pas
avec nos préoccupations. Il sauvera ceux qui croient en Lui, ceux qui se
livrent à ses desseins, ceux qui aiment son Christ sans se préoccuper des
dates, des heures, des projets, de la politique que les hommes construisent. Le
politicien chrétien, le sociologue chrétien, le technicien chrétien doit avoir
la préoccupation de faire coïncider la politique de sa patrie, l’histoire de sa
patrie, la technique de son sol, avec le grand projet de Dieu pour Ă©lever les
Salvadoriens jusqu’au divin, pour donner à notre histoire, une force de Salut.
Il n’y aura pas de Salut pour les Salvadoriens s’ils ne mettent pas leur
espérance et leur foi en Celui qui est le Seigneur de l’Histoire, en Celui qui
est la clé du Salut de tous les problèmes.
C’est pourquoi le Concile Vatican II
dit qu’il ne faut pas confondre le progrès temporel avec la croissance du Règne
de Dieu. C’est certain. Le progrès temporel est une chose, qu’il y ait de beaux
édifices à San Salvador, qu’il y ait de bonnes routes dans le pays, des aéroports,
etc. Oui, dit le Concile, mais l’Église se préoccupe que tout ce progrès
temporel coïncide avec le Règne de Dieu, parce que combien davantage progresse
un peuple humainement, il se dispose également à être la matière première que
Dieu sauve. C’est pour cela que nous ne faisons pas la volonté de Dieu lorsque
le progrès matériel du peuple se détourne de ses desseins pour sauver le monde.
Beaucoup de progrès oui, mais peu de moral. On oublie que l’homme et Dieu
doivent demeurer le but premier du progrès. 07/05/78, p.216-217, IV.
2) Le Christ est la glorification de
l’homme
Tous les hommes ont étés glorifiés en
JĂ©sus-Christ.
Le Christ, glorification de l’homme.
Dans la prière de la messe d’aujourd’hui nous exprimons ceci, en latin cela est
plus laconique et plus expressif : Co
procesit gloria captis, eo spes vocatur et corporis. Ce qui veut
dire : « Là où la tête est déjà arrivée à la gloire, vers là tendent
en espérance tous les membres du corps. » C’est comme une tête qui est
déjà entrée dans la gloire et qui à sa suite attire tous ses membres, tous ses
chrétiens. Le Christ est monté aux cieux non seulement pour être glorifié Lui,
sinon pour que tous les humains se glorifient en Lui. Ceux qui meurent, s’ils
décèdent amis du Christ, unis à sa grâce et à sa vérité, incorporés à Lui, son
ciel leur est déjà promis. L’Ascension n’est pas terminée, chaque fois que
meurt un chrétien il y a une ascension.
Mais en même temps qu’Il nous appelle
à l’espérance dans le ciel, le Christ demeure avec nous sur la terre. Ainsi, comme
la tĂŞte est la vie du corps et du pied, mĂŞme si le pied a sa plante sur le sol,
il possède la même vie que la
tête. Et cela doit nous remplir d’allégresse lorsque notre
tête est montée au ciel, nous autres, ses pieds qui sont en pèlerinage sur
cette terre, nous sentons que le Christ est présent. Nous rencontrons cela
également dans les lectures d’aujourd’hui et je pourrais dire : il y a une
transformation de la présence du Christ. Déjà , les apôtres ne le verront plus
par sa présence physique qui leur permettait de le toucher, de manger avec Lui,
de connaître son regard, sa manière de marcher. Ils ne nous laissèrent même pas
un portrait du Christ. Comment était-Il? Nous l’ignorons, mais peut-être est-ce
providentiel que nous ne Le connaissions pas physiquement, parce que ce jour de
l’Ascension, le Christ transforma sa Présence en ce monde. D’une présence
physique, Il est devenu une Présence que nous appellerons mystique. Ce Corps
mystique du Christ est l’Église parce qu’Il vit ici, en nous. 07/05/78,
p.217-218, IV.
Présence mystique du Christ sur la
terre
L’Évangile d’aujourd’hui nous dit,
répétant les paroles du Christ (Mt 28,20) : « Et voici que je suis
avec vous jusqu’à la fin du monde. » Quelle consolation plus grande! Je
suis avec vous. Mais un jeune m’a demandé : « Où est-il? Je veux le
voir. Oui, tu le vois, lui dis-je, c’est l’Église, c’est le prédicateur, c’est
le confesseur qui absout les péchés, c’est la main du prêtre qui baptise, c’est
la parole et le conseil, la présence d’un chrétien, d’un peuple à la messe,
c’est le Christ qui est ici en cette cathédrale et dans toutes les communautés
où la foi des chrétiens les unit autour de l’Autel, le Christ qui est dans
l’hostie que je vais élever pour que nous l’adorions. »
« Je suis avec vous tous les
jours jusqu’à la consommation du monde. »
Et il existe quelque chose d’encore
plus beau. Comment est cette Présence mystique du Christ sur la Terre? Je vous
invite à lire cette semaine avec affection l’épître de Paul aux Éphésiens et
voyez lĂ dans les versets 17 Ă 19 du chapitre premier, oĂą Paul demande la
connaissance de la foi pour les chrétiens (1,18-19) : « Puisse-t-il
illuminer les yeux de votre cœur pour vous faire voir quelle espérance vous
ouvre son appel, quels trésors de gloire renferme son héritage parmi les
saints, et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revĂŞt pour nous, les
croyants, selon la vigueur de sa force. » Nous ne voyons plus le
Christ marcher sur cette Terre avec ses pieds physiques, mais le Christ
continue de marcher et sa Présence parmi nous c’est tout cela : espérance,
richesse de gloire, grandeur de pouvoir. C’est pourquoi l’Église demeure si
confiante, qu’elle ne s’appuie pas sur les pouvoirs de la Terre, sur les
richesses des hommes. L’Église s’appuie en Jésus-Christ qui est son espérance,
la richesse de sa gloire, la force de son pouvoir.
Le Christ vit ici, non d’une présence
physique limitée à un petit village de Palestine, le Christ vit maintenant dans
chaque canton, dans chaque village, dans chaque famille où il y a un cœur qui a
placé en Lui son espérance, où il y a un affligé qui attend que passe l’heure
de la douleur, où il y a un torturé, jusque dans la prison, Il est présent dans
le cœur de celui qui espère et qui prie. Le Christ est présent maintenant d’une
présence beaucoup plus vive que lorsqu’Il marcha 33 ans parmi nous. Le Christ
est présent et Il vit dans son Église, glorifié à la droite du Père, présent,
fait espérance et force parmi ses pèlerins de la terre. C’est cela la
glorification de l’homme en Jésus-Christ. 07/05/78, p.218, IV.
JĂ©sus-Christ reviendra
Quelle affliction peut-il y avoir
pour nous alors que nous sommes le Christ de l’Histoire? Et je vois aussi cette
présence, frères, et cela m’a beaucoup rempli le cœur de vous la rappeler dans
la première lecture (Ac 1,1-11). Lorsque les anges descendent pour avertir les
apôtres qui sont demeurés immobiles, contemplant ce Christ qu’une nuée a
emporté comme dirait le grand poète espagnol Luis de Granada : « La
nuée envieuse qui enleva au regard des humains la beauté de ce Christ. »
Nous ne le verrons plus, mais les anges leur dirent une grande parole qui
inaugure une histoire (Ac 1,11) : « Hommes de Galilée, pourquoi
restez-vous ainsi à regarder le ciel? Celui qui vous a été enlevé viendra comme
cela, de la même manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. » Il
reviendra, cette belle parole qui inspire toute la mystique de
l’espérance : l’Église qui marche à la rencontre du Seigneur. Il
reviendra, elle sait qu’Il reviendra, non pas pour souffrir et être humilié, Il
reviendra comme juge de l’Histoire, Il reviendra pour remplir de réalité
l’espérance de ceux qui se sont confiés en Lui. Il reviendra rempli d’amour
pour embrasser dans un amour éternel celui qui aura vécu en l’aimant.
Cela vaut la peine d’être chrétien
parce que le Christ reviendra.
Depuis l’Ascension du Seigneur s’est
inaugurée la phase ultime de l’Histoire. Nous y sommes déjà depuis près de
vingt siècles. Cette réalité apparaissait si proche aux premiers chrétiens qu’ils
pensaient que sa venue Ă©tait imminente. Et saint Paul dut les corriger :
« Nous ignorons le moment. » Des siècles passeront, mais il est sûr
que la fin du monde est déjà inaugurée. Depuis que le Christ est monté au ciel
et qu’Il a laissé les hommes dans l’espérance de son retour, l’Histoire vit son
heure ultime, la phase définitive, l’heure de l’Église.
C’est l’Église en effet qui est
chargée de maintenir chez les humains cette espérance. Dans quelques instants
nous allons, là devant l’hostie consacrée, nous allons dire cette parole de
ceux qui espèrent : « Viens, Seigneur Jésus! » C’est l’épouse
bien-aimée qui espère le retour de voyage de l’époux pour s’embrasser et vivre
ensemble dans l’allégresse qui n’aura pas de fin. C’est vers là que marche
notre Église en pèlerinage. 07/05/78, p.218-219, IV.
3) Le Christ est la glorification de
l’Univers
Le Christ est la clé de l’univers
entier
Le Christ est la glorification de
l’univers parce que dans les derniers versets de la lecture de saint Paul (Ep
1,17-23), dit de Dieu (Ep 1,19-21) : « Selon la vigueur de sa force,
qu’il a déployé en la personne du Christ, Le ressuscitant d’entre les morts et
Le faisant siéger à sa droite, dans les cieux, bien au-dessus de toute
Principauté, Puissance, Vertu, Seigneurie, et de tout autre nom qui se pourra
nommer, non seulement dans ce siècle-ci, mais encore dans le siècle Ă
venir. » Cela signifie que le Christ est la clé non seulement de
l’Histoire universelle, mais qu’Il est la clé de l’univers tout entier. Tout ce
qui existe fut créé par Lui et pour Lui. N’oublions pas que le Christ est
l’explication ultime de tout ce qui existe. C’est pourquoi la Rédemption que le
Christ vint opérer est non seulement pour nous sauver du péché, mais également
pour libérer de l’esclavage du péché la création entière, qui comme nous dit
saint Paul gémit sous le poids du péché des hommes.
L’argent est bon, mais les hommes
égoïstes l’ont rendu mal et pécheur. Le pouvoir est bon, mais l’abus des hommes
a fait du pouvoir une chose terrible. Tout a été créé par Dieu, mais les hommes
ont soumis la création au péché. C’est pour cela que l’Ascension du Christ
annonce que la création entière sera aussi rachetée en Lui parce ce qu’Il
donnera l’explication de tout ce que Dieu a créé et Il les déposera aux pieds
de Dieu, Ă la fin des temps, au jugement final, lors du grand discernement
entre le bien et le mal. Le mal pour être éliminé définitivement et le bien
pour être assumé dans la glorification éternelle du Christ ou encore,
l’Ascension du Seigneur marque aussi la glorification de l’univers.
L’univers se réjouit, l’argent se
réjouit, le pouvoir se réjouit, toutes les choses matérielles : les
fermes, les plantations, tout se réjouit parce que vient le jour où le Juge
Suprême rachètera du péché, de l’esclavage, de l’ignominie tout ce que Dieu a
créé. En attendant, l’être humain emploie l’univers pour le péché, pour
l’offense de son propre frère. La Rédemption est déjà décrétée et Dieu a remis
son pouvoir entre les mains de Notre Seigneur Jésus-Christ. Cette Présence du
Christ au ciel est un témoignage de la justice finale. 07/05/78, p.219-220, IV.
La glorification opérée en
Jésus-Christ a été confiée dans l’Histoire à son Église
Nous disons finalement que cette
glorification de Dieu, de l’homme et de l’univers, opérée en Jésus-Christ, a
été confiée à l’Église sur la
Terre. C’est pourquoi saint Paul nous dit à la fin de la
lecture d’aujourd’hui (Ep 1,22-23) : « Il a tout mis sous ses pieds
et Il L’a constitué, au sommet de tout, Tête pour l’Église, laquelle est son
corps, la Plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout. » L’Église est
comme la plénitude du Christ. Nous rendons présent le Christ parce que nous
sommes son Église. Et son Église, dirions-nous, est la zone où la gloire du
Christ qui est la gloire de Dieu, gloire de l’homme et gloire du monde, est
déjà réalisée. Dans cette zone, même si elle n’est pas la plus remarquée de
l’univers, même s’il s’agit d’un petit point dans l’Histoire, le peuple de Dieu
que le Christ a constitué par le baptême, forme le dépositaire de cette gloire
du Christ. C’est pourquoi l’Église annonce le Règne de Dieu déjà présent sur
cette Terre, parce que vous et moi, hommes de l’histoire avec les pieds dans la
poussière, avec les afflictions de nos situations sociales, politiques et
économiques, nous sommes les hommes concrets, nous sommes la création concrète
que le Christ est en train de sauver dans son Église. Et l’Église se doit de
prêcher ce Règne de Dieu, cette glorification du Christ déjà présente dans
l’Histoire et dans le monde. C’est pourquoi je vous invite à ce que nous
terminions ces considérations en formant dans notre cœur une pensée
magnanime : collaborons avec le Christ pour construire un monde meilleur.
Faisons du progrès de notre patrie un progrès qui soit un piédestal de la
gloire de la création, le faisant chrétien. Travaillons avec un esprit
chrétien. Aimons-nous mutuellement, construisons une société basée sur une paix
qui se cimente dans la justice comme Dieu le veut et que nous allons proclamer par
notre foi. 07/05/78, p.220-221, IV.