L’Heure de la Glorification, L’Ascension du Seigneur

 

7 mai 1978, Lectures : Actes 1,1-11; ÉphĂ©siens 1,17-23; Matthieu 28,16-20.

 

Introduction : L’œuvre du Christ arrive Ă  son couronnement

Nous assistons à notre liturgie dominicale avec un esprit nouveau qui s’abreuve à cette source de sainteté, de recueillement, d’allégresse profonde, notre chemin dans l’histoire. C’est pourquoi celui qui prêche l’homélie doit prendre soin d’illuminer avec ce mystère du Christ, qui demeure le même parce qu’il est éternel, les réalités concrètes de l’histoire. C’est un devoir, souvent difficile parce que cette lumière de la Rédemption qui illumine nos pas sur la Terre doit très souvent éclairer des choses désagréables. Mais elle doit le faire sinon l’Évangile ne serait pas la lumière du monde, la lampe qui éclaire nos pas.

 

Peu avant de mourir, le Jeudi saint, le Christ fit cette prière (Jn 17,4-5) : « Je t’ai glorifiĂ© sur la terre en menant Ă  bonne fin l’œuvre que tu m’as donnĂ©e Ă  faire. Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de la gloire que j’avais auprès de toi avant que fut le monde. Â» Le Christ sentit, pendant la nuit du Jeudi saint, que son heure de glorification Ă©tait arrivĂ©e. Pour JĂ©sus, l’humiliante passion qui le conduit jusqu’à la croix et sa RĂ©surrection glorieuse qui l’amène jusqu’à s’asseoir Ă  la droite du Père, est la glorification complète. Des Pâques qui sortent d’une tombe douloureuse, une croix humiliante qui fleurit en splendeur de gloire. Un chrĂ©tien ne peut oublier que la gloire du Christ possède une base douloureuse : la croix. Et c’est pourquoi la souffrance de l’Église et la douleur des chrĂ©tiens possèdent toujours une perspective de gloire et d’espĂ©rance. Ne l’oublions pas.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Le Christ est la glorification de Dieu

2) Le Christ est la glorification de l’homme

3) Le Christ est la glorification de l’Univers

 

 

1) Le Christ est la glorification de Dieu

 

Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la Terre.

Regardons-Le, ne nous fatiguons pas de contempler cette figure que nous présente l’Évangile.

(Mt 28,18) : S’avançant, JĂ©sus leur dit ces paroles : « Tout pouvoir m’a Ă©tĂ© donnĂ© au ciel et sur la Terre. Â» La première lecture d’aujourd’hui (Ac 1,1-11) nous dĂ©crit aussi ce moment glorieux de la vie du Christ (Ac 1,9) : « Il s’éleva, et une nuĂ©e le dĂ©roba Ă  leurs yeux. Â» C’est le panorama qui ne doit pas disparaĂ®tre de notre regard aujourd’hui. Contemplons-le ainsi. Si nous ne faisions rien d’autre que ce que faisaient les apĂ´tres, Le regarder fixement alors qu’Il s’élevait vers le Ciel en rĂ©pĂ©tant : « Tout pouvoir m’a Ă©tĂ© donnĂ© au ciel et sur la Terre Â» et se recouvrant jusqu’à ce qu’Il soit assis Ă  la droite du Père, ce dimanche marquerait notre vie en une heure de contemplation. Il n’existe rien de plus beau que le Christ glorifiĂ©. Il n’y a pas de pensĂ©e plus noble pour le cerveau de l’homme, il n’y a pas d’amour qui ennoblit autant le cĹ“ur de l’homme et de la femme, comme la pensĂ©e et l’amour qui sont Ă  la recherche de ce Fils de l’Homme oĂą Dieu habita dans sa plĂ©nitude. 07/05/78, p.213-214, IV.

 

Demandons Ă  Dieu qu’Il nous illumine, qu’Il nous donne un esprit de sagesse et de rĂ©vĂ©lation pour que nous le connaissions. Ce Christ qui monte au ciel est la gloire du Père, la gloire de Dieu, la gloire dans l’Esprit saint. C’est pour cela que la seconde lecture (Ep 1,17-23) de saint Paul analyse cette glorification du Christ et nous invite Ă  beaucoup prier (1,17) : « Daigne le Dieu de Notre Seigneur JĂ©sus-Christ, le Père de la gloire vous donner un esprit de sagesse et de rĂ©vĂ©lation, qui vous le fasse vraiment connaĂ®tre. Â»

 

Frères, je vous le dis en toute confiance ce matin, ce que je demande le plus Ă  Dieu dans mon humble prière et ce que je demande Ă  mon peuple lorsque je vous implore de prier pour moi, c’est qu’Il me fasse l’instrument de cette rĂ©vĂ©lation. Je ne veux pas prĂŞcher autre chose que la connaissance du Christ notre Seigneur. Si de cette connaissance du Christ je dois illuminer les rĂ©alitĂ©s de ma patrie, ce n’est pas le chemin du pèlerin de la Terre qui est le principal sinon la vision que nous avons du Christ qui illumine notre pèlerinage. Ne Le perdons pas de vue. Et j’attire encore une fois l’attention de mon auditoire, surtout de ceux qui m’écoutent pour enquĂŞter, pour voir si je tombe, qu’ils sachent que le principal de ma prĂ©dication veut ĂŞtre de prĂ©senter la RĂ©vĂ©lation du Christ et que c’est lĂ  mon devoir, de prĂŞcher le Christ. Je Lui demande, comme saint Paul (Ep 1,17,19-20), « de vous donner un esprit de sagesse et de rĂ©vĂ©lation qui vous le fasse vraiment connaĂ®tre! Et quelle extraordinaire grandeur sa Puissance revĂŞt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force, qu’il a dĂ©ployĂ©e en la Personne du Christ, le ressuscitant d’entre les morts et le faisant siĂ©ger Ă  sa droite. Â» 07/05/78, p.214, IV.

 

 

En Jésus-Christ, Dieu est glorifié

 

Nous n’avons pas une idĂ©e exacte du Christ tant que nous ne comprenons pas qu’Il est l’Homme qui incarna la relation avec le Père cĂ©leste et fait ce qu’Il faisait : prier beaucoup, rendre grâce au Père, faire dĂ©pendre de Lui tout ce que nos possĂ©dons. C’est la grande rĂ©vĂ©lation que le Christ apporta. Il nous enseigna les relations de l’homme avec Dieu. C’est pourquoi, lorsqu’au moment culminant, lorsque se dĂ©noue toute sa vie de pauvretĂ© et de sacrifice, Dieu Le glorifie, Le ressuscite et L’assoit Ă  sa droite – une expression biblique qui signifie qu’Il Le fait participant intime de son pouvoir. Nous voyons alors que Dieu est glorifiĂ© en JĂ©sus-Christ comme Il l’avait demandĂ© lors de la dernière Cène : « Père, je t’ai glorifiĂ©, maintenant donne-moi la mĂŞme gloire que J’avais avant la crĂ©ation. Â» Avant que le monde fut crĂ©Ă©, le Christ existait dĂ©jĂ  comme Dieu, comme ĂŞtre humain Il commença Ă  vivre dans les entrailles de la Vierge Marie, mais comme Dieu, dit saint Jean dans le prologue de son Évangile (1,2) : « Il Ă©tait au commencement avec Dieu. Â» Un passĂ© qui nous parle de sa permanence Ă©ternelle : « Il vivait dĂ©jĂ  dans le sein de Dieu, glorifiĂ© en Dieu. Â» Si c’est par amour des humains qu’Il se vĂŞtit en homme, maintenant l’Ascension glorifie cette humanitĂ©, cette âme et ce corps crĂ©Ă©s le jour de l’Incarnation dans les entrailles de la Vierge Marie. Cet homme est enveloppĂ© dans la gloire de ce Fils qui vit dans l’éternitĂ©. « Glorifie-moi avec la gloire que j’avais avant la crĂ©ation. Â» Et toute cette splendeur de l’éternitĂ© enveloppe la gloire du corps et de l’âme du Christ. LĂ  dans le ciel, Ă  la droite du Père, participant du pouvoir de Dieu, il existe un homme avec des mains comme les nĂ´tres, avec une tĂŞte comme la nĂ´tre, un homme glorifiĂ©, c’est cela l’Ascension. 07/05/78, p.214-215, IV.

 

 

En cet Homme, Dieu a montré son pouvoir

 

Le pouvoir de Dieu c’est de voir le Christ crucifié, c’est le pouvoir de l’amour. En le faisant sortir de sa tombe, victorieux sur ses ennemis, c’est le pouvoir de Dieu qui vainc et qui L’élève jusqu’aux cieux, Le glorifiant et Le faisant dépositaire de toute sa puissance! Le Christ est la gloire du Père, Le Christ est la gloire de la divinité, Il est l’homme qui renferme la richesse de Dieu.

 

Frères, si avec seulement cela je dois prĂŞcher, pourquoi chercherai-je les choses mesquines de la Terre? Pourquoi l’Église chercherait-elle des rivalitĂ©s avec les pouvoirs de la Terre, avec ses richesses, si nous possĂ©dons Celui qui existait avant que n’existent les hommes et les choses, si nous possĂ©dons Celui qui est tout et en qui repose toute la puissance de Dieu! Celui qui ne comprend pas le Christ, ne pourra avoir une voix libĂ©ratrice, ni ne pourra non plus sentir la grandeur que tout homme doit sentir par-dessus toutes les petitesses de la terre. C’est cela le Christ : gloire du Père, gloire de Dieu qui se reflète en Lui. C’est pourquoi saint Paul demande au Seigneur qu’Il donne aux chrĂ©tiens la grâce de le connaĂ®tre et de connaĂ®tre le pouvoir avec lequel Dieu montra ses merveilles en notre Seigneur JĂ©sus-Christ. 07/05/78, p.215, IV.

 

 

Dieu veut que les histoires des peuples coĂŻncident avec son Histoire du Salut

 

C’est pourquoi ce Dieu qui a des desseins d’amour et de Salut pour l’humanité, veut que les histoires des peuples coïncident avec son Histoire du Salut. Ce n’est pas la même chose, mais Il se prévaut de l’histoire des peuples pour y injecter son Histoire du Salut. Il veut sauver avec sa puissance de sauveur qu’Il a montrée en Jésus-Christ aux hommes de toutes les nations, pour qu’ils vivent une histoire nettoyée du péché.

 

Et cela nous le voyons dans la première lecture d’aujourd’hui (Ac 1,1-11) lorsque les apĂ´tres s’approchent du Christ pour lui faire cette demande un peu insolente (1,6-8) : « Seigneur, est-ce maintenant, le temps oĂą tu vas restaurer la royautĂ© en IsraĂ«l? Â» Il leur rĂ©pondit : « Il ne vous appartient pas de connaĂ®tre les temps et moments que le Père a fixĂ©s de sa seule autoritĂ©. Mais vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes tĂ©moins Ă  JĂ©rusalem, dans toute la JudĂ©e et la Samarie, et jusqu’aux extrĂ©mitĂ©s de la Terre. Â» Ou encore, il existe deux histoires, l’Histoire de Dieu qui ne coĂŻncide pas avec les dates et les calculs des hommes et l’histoire des hommes qui devraient se prĂ©occuper de s’insĂ©rer dans l’Histoire du Salut, croire en Dieu. MalgrĂ© les noirceurs de notre histoire, Dieu possède son Histoire et Il fera resplendir sa gloire dans l’obscuritĂ© de notre histoire nationale.

 

Son dessein de Salut ne coïncide pas avec nos préoccupations. Il sauvera ceux qui croient en Lui, ceux qui se livrent à ses desseins, ceux qui aiment son Christ sans se préoccuper des dates, des heures, des projets, de la politique que les hommes construisent. Le politicien chrétien, le sociologue chrétien, le technicien chrétien doit avoir la préoccupation de faire coïncider la politique de sa patrie, l’histoire de sa patrie, la technique de son sol, avec le grand projet de Dieu pour élever les Salvadoriens jusqu’au divin, pour donner à notre histoire, une force de Salut. Il n’y aura pas de Salut pour les Salvadoriens s’ils ne mettent pas leur espérance et leur foi en Celui qui est le Seigneur de l’Histoire, en Celui qui est la clé du Salut de tous les problèmes.

 

C’est pourquoi le Concile Vatican II dit qu’il ne faut pas confondre le progrès temporel avec la croissance du Règne de Dieu. C’est certain. Le progrès temporel est une chose, qu’il y ait de beaux édifices à San Salvador, qu’il y ait de bonnes routes dans le pays, des aéroports, etc. Oui, dit le Concile, mais l’Église se préoccupe que tout ce progrès temporel coïncide avec le Règne de Dieu, parce que combien davantage progresse un peuple humainement, il se dispose également à être la matière première que Dieu sauve. C’est pour cela que nous ne faisons pas la volonté de Dieu lorsque le progrès matériel du peuple se détourne de ses desseins pour sauver le monde. Beaucoup de progrès oui, mais peu de moral. On oublie que l’homme et Dieu doivent demeurer le but premier du progrès. 07/05/78, p.216-217, IV.

 

 

2) Le Christ est la glorification de l’homme

 

Tous les hommes ont étés glorifiés en Jésus-Christ.

 

Le Christ, glorification de l’homme. Dans la prière de la messe d’aujourd’hui nous exprimons ceci, en latin cela est plus laconique et plus expressif : Co procesit gloria captis, eo spes vocatur et corporis. Ce qui veut dire : « LĂ  oĂą la tĂŞte est dĂ©jĂ  arrivĂ©e Ă  la gloire, vers lĂ  tendent en espĂ©rance tous les membres du corps. Â» C’est comme une tĂŞte qui est dĂ©jĂ  entrĂ©e dans la gloire et qui Ă  sa suite attire tous ses membres, tous ses chrĂ©tiens. Le Christ est montĂ© aux cieux non seulement pour ĂŞtre glorifiĂ© Lui, sinon pour que tous les humains se glorifient en Lui. Ceux qui meurent, s’ils dĂ©cèdent amis du Christ, unis Ă  sa grâce et Ă  sa vĂ©ritĂ©, incorporĂ©s Ă  Lui, son ciel leur est dĂ©jĂ  promis. L’Ascension n’est pas terminĂ©e, chaque fois que meurt un chrĂ©tien il y a une ascension.

 

Mais en mĂŞme temps qu’Il nous appelle Ă  l’espĂ©rance dans le ciel, le Christ demeure avec nous sur la terre. Ainsi, comme la tĂŞte est la vie du corps et du pied, mĂŞme si le pied a sa plante sur le sol, il possède la mĂŞme vie que la tĂŞte. Et cela doit nous remplir d’allĂ©gresse lorsque notre tĂŞte est montĂ©e au ciel, nous autres, ses pieds qui sont en pèlerinage sur cette terre, nous sentons que le Christ est prĂ©sent. Nous rencontrons cela Ă©galement dans les lectures d’aujourd’hui et je pourrais dire : il y a une transformation de la prĂ©sence du Christ. DĂ©jĂ , les apĂ´tres ne le verront plus par sa prĂ©sence physique qui leur permettait de le toucher, de manger avec Lui, de connaĂ®tre son regard, sa manière de marcher. Ils ne nous laissèrent mĂŞme pas un portrait du Christ. Comment Ă©tait-Il? Nous l’ignorons, mais peut-ĂŞtre est-ce providentiel que nous ne Le connaissions pas physiquement, parce que ce jour de l’Ascension, le Christ transforma sa PrĂ©sence en ce monde. D’une prĂ©sence physique, Il est devenu une PrĂ©sence que nous appellerons mystique. Ce Corps mystique du Christ est l’Église parce qu’Il vit ici, en nous. 07/05/78, p.217-218, IV.

 

 

Présence mystique du Christ sur la terre

 

L’Évangile d’aujourd’hui nous dit, rĂ©pĂ©tant les paroles du Christ (Mt 28,20) : « Et voici que je suis avec vous jusqu’à la fin du monde. Â» Quelle consolation plus grande! Je suis avec vous. Mais un jeune m’a demandĂ© : « OĂą est-il? Je veux le voir. Oui, tu le vois, lui dis-je, c’est l’Église, c’est le prĂ©dicateur, c’est le confesseur qui absout les pĂ©chĂ©s, c’est la main du prĂŞtre qui baptise, c’est la parole et le conseil, la prĂ©sence d’un chrĂ©tien, d’un peuple Ă  la messe, c’est le Christ qui est ici en cette cathĂ©drale et dans toutes les communautĂ©s oĂą la foi des chrĂ©tiens les unit autour de l’Autel, le Christ qui est dans l’hostie que je vais Ă©lever pour que nous l’adorions. Â»

 

 

« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du monde. Â»

 

Et il existe quelque chose d’encore plus beau. Comment est cette PrĂ©sence mystique du Christ sur la Terre? Je vous invite Ă  lire cette semaine avec affection l’épĂ®tre de Paul aux ÉphĂ©siens et voyez lĂ  dans les versets 17 Ă  19 du chapitre premier, oĂą Paul demande la connaissance de la foi pour les chrĂ©tiens (1,18-19) : « Puisse-t-il illuminer les yeux de votre cĹ“ur pour vous faire voir quelle espĂ©rance vous ouvre son appel, quels trĂ©sors de gloire renferme son hĂ©ritage parmi les saints, et quelle extraordinaire grandeur sa puissance revĂŞt pour nous, les croyants, selon la vigueur de sa force. Â» Nous ne voyons plus le Christ marcher sur cette Terre avec ses pieds physiques, mais le Christ continue de marcher et sa PrĂ©sence parmi nous c’est tout cela : espĂ©rance, richesse de gloire, grandeur de pouvoir. C’est pourquoi l’Église demeure si confiante, qu’elle ne s’appuie pas sur les pouvoirs de la Terre, sur les richesses des hommes. L’Église s’appuie en JĂ©sus-Christ qui est son espĂ©rance, la richesse de sa gloire, la force de son pouvoir.

 

Le Christ vit ici, non d’une présence physique limitée à un petit village de Palestine, le Christ vit maintenant dans chaque canton, dans chaque village, dans chaque famille où il y a un cœur qui a placé en Lui son espérance, où il y a un affligé qui attend que passe l’heure de la douleur, où il y a un torturé, jusque dans la prison, Il est présent dans le cœur de celui qui espère et qui prie. Le Christ est présent maintenant d’une présence beaucoup plus vive que lorsqu’Il marcha 33 ans parmi nous. Le Christ est présent et Il vit dans son Église, glorifié à la droite du Père, présent, fait espérance et force parmi ses pèlerins de la terre. C’est cela la glorification de l’homme en Jésus-Christ. 07/05/78, p.218, IV.

 

 

JĂ©sus-Christ reviendra

 

Quelle affliction peut-il y avoir pour nous alors que nous sommes le Christ de l’Histoire? Et je vois aussi cette prĂ©sence, frères, et cela m’a beaucoup rempli le cĹ“ur de vous la rappeler dans la première lecture (Ac 1,1-11). Lorsque les anges descendent pour avertir les apĂ´tres qui sont demeurĂ©s immobiles, contemplant ce Christ qu’une nuĂ©e a emportĂ© comme dirait le grand poète espagnol Luis de Granada : « La nuĂ©e envieuse qui enleva au regard des humains la beautĂ© de ce Christ. Â» Nous ne le verrons plus, mais les anges leur dirent une grande parole qui inaugure une histoire (Ac 1,11) : « Hommes de GalilĂ©e, pourquoi restez-vous ainsi Ă  regarder le ciel? Celui qui vous a Ă©tĂ© enlevĂ© viendra comme cela, de la mĂŞme manière dont vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. Â» Il reviendra, cette belle parole qui inspire toute la mystique de l’espĂ©rance : l’Église qui marche Ă  la rencontre du Seigneur. Il reviendra, elle sait qu’Il reviendra, non pas pour souffrir et ĂŞtre humiliĂ©, Il reviendra comme juge de l’Histoire, Il reviendra pour remplir de rĂ©alitĂ© l’espĂ©rance de ceux qui se sont confiĂ©s en Lui. Il reviendra rempli d’amour pour embrasser dans un amour Ă©ternel celui qui aura vĂ©cu en l’aimant.

 

Cela vaut la peine d’être chrétien parce que le Christ reviendra.

Depuis l’Ascension du Seigneur s’est inaugurĂ©e la phase ultime de l’Histoire. Nous y sommes dĂ©jĂ  depuis près de vingt siècles. Cette rĂ©alitĂ© apparaissait si proche aux premiers chrĂ©tiens qu’ils pensaient que sa venue Ă©tait imminente. Et saint Paul dut les corriger : « Nous ignorons le moment. Â» Des siècles passeront, mais il est sĂ»r que la fin du monde est dĂ©jĂ  inaugurĂ©e. Depuis que le Christ est montĂ© au ciel et qu’Il a laissĂ© les hommes dans l’espĂ©rance de son retour, l’Histoire vit son heure ultime, la phase dĂ©finitive, l’heure de l’Église.

 

C’est l’Église en effet qui est chargĂ©e de maintenir chez les humains cette espĂ©rance. Dans quelques instants nous allons, lĂ  devant l’hostie consacrĂ©e, nous allons dire cette parole de ceux qui espèrent : « Viens, Seigneur JĂ©sus! Â» C’est l’épouse bien-aimĂ©e qui espère le retour de voyage de l’époux pour s’embrasser et vivre ensemble dans l’allĂ©gresse qui n’aura pas de fin. C’est vers lĂ  que marche notre Église en pèlerinage. 07/05/78, p.218-219, IV.

 

 

3) Le Christ est la glorification de l’Univers

 

 

Le Christ est la clé de l’univers entier

 

Le Christ est la glorification de l’univers parce que dans les derniers versets de la lecture de saint Paul (Ep 1,17-23), dit de Dieu (Ep 1,19-21) : « Selon la vigueur de sa force, qu’il a dĂ©ployĂ© en la personne du Christ, Le ressuscitant d’entre les morts et Le faisant siĂ©ger Ă  sa droite, dans les cieux, bien au-dessus de toute PrincipautĂ©, Puissance, Vertu, Seigneurie, et de tout autre nom qui se pourra nommer, non seulement dans ce siècle-ci, mais encore dans le siècle Ă  venir. Â» Cela signifie que le Christ est la clĂ© non seulement de l’Histoire universelle, mais qu’Il est la clĂ© de l’univers tout entier. Tout ce qui existe fut crĂ©Ă© par Lui et pour Lui. N’oublions pas que le Christ est l’explication ultime de tout ce qui existe. C’est pourquoi la RĂ©demption que le Christ vint opĂ©rer est non seulement pour nous sauver du pĂ©chĂ©, mais Ă©galement pour libĂ©rer de l’esclavage du pĂ©chĂ© la crĂ©ation entière, qui comme nous dit saint Paul gĂ©mit sous le poids du pĂ©chĂ© des hommes.

 

L’argent est bon, mais les hommes égoïstes l’ont rendu mal et pécheur. Le pouvoir est bon, mais l’abus des hommes a fait du pouvoir une chose terrible. Tout a été créé par Dieu, mais les hommes ont soumis la création au péché. C’est pour cela que l’Ascension du Christ annonce que la création entière sera aussi rachetée en Lui parce ce qu’Il donnera l’explication de tout ce que Dieu a créé et Il les déposera aux pieds de Dieu, à la fin des temps, au jugement final, lors du grand discernement entre le bien et le mal. Le mal pour être éliminé définitivement et le bien pour être assumé dans la glorification éternelle du Christ ou encore, l’Ascension du Seigneur marque aussi la glorification de l’univers.

 

L’univers se rĂ©jouit, l’argent se rĂ©jouit, le pouvoir se rĂ©jouit, toutes les choses matĂ©rielles : les fermes, les plantations, tout se rĂ©jouit parce que vient le jour oĂą le Juge SuprĂŞme rachètera du pĂ©chĂ©, de l’esclavage, de l’ignominie tout ce que Dieu a crĂ©Ă©. En attendant, l’être humain emploie l’univers pour le pĂ©chĂ©, pour l’offense de son propre frère. La RĂ©demption est dĂ©jĂ  dĂ©crĂ©tĂ©e et Dieu a remis son pouvoir entre les mains de Notre Seigneur JĂ©sus-Christ. Cette PrĂ©sence du Christ au ciel est un tĂ©moignage de la justice finale. 07/05/78, p.219-220, IV.

 

 

La glorification opérée en Jésus-Christ a été confiée dans l’Histoire à son Église

 

Nous disons finalement que cette glorification de Dieu, de l’homme et de l’univers, opĂ©rĂ©e en JĂ©sus-Christ, a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  l’Église sur la Terre. C’est pourquoi saint Paul nous dit Ă  la fin de la lecture d’aujourd’hui (Ep 1,22-23) : « Il a tout mis sous ses pieds et Il L’a constituĂ©, au sommet de tout, TĂŞte pour l’Église, laquelle est son corps, la PlĂ©nitude de Celui qui est rempli, tout en tout. Â» L’Église est comme la plĂ©nitude du Christ. Nous rendons prĂ©sent le Christ parce que nous sommes son Église. Et son Église, dirions-nous, est la zone oĂą la gloire du Christ qui est la gloire de Dieu, gloire de l’homme et gloire du monde, est dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ©e. Dans cette zone, mĂŞme si elle n’est pas la plus remarquĂ©e de l’univers, mĂŞme s’il s’agit d’un petit point dans l’Histoire, le peuple de Dieu que le Christ a constituĂ© par le baptĂŞme, forme le dĂ©positaire de cette gloire du Christ. C’est pourquoi l’Église annonce le Règne de Dieu dĂ©jĂ  prĂ©sent sur cette Terre, parce que vous et moi, hommes de l’histoire avec les pieds dans la poussière, avec les afflictions de nos situations sociales, politiques et Ă©conomiques, nous sommes les hommes concrets, nous sommes la crĂ©ation concrète que le Christ est en train de sauver dans son Église. Et l’Église se doit de prĂŞcher ce Règne de Dieu, cette glorification du Christ dĂ©jĂ  prĂ©sente dans l’Histoire et dans le monde. C’est pourquoi je vous invite Ă  ce que nous terminions ces considĂ©rations en formant dans notre cĹ“ur une pensĂ©e magnanime : collaborons avec le Christ pour construire un monde meilleur. Faisons du progrès de notre patrie un progrès qui soit un piĂ©destal de la gloire de la crĂ©ation, le faisant chrĂ©tien. Travaillons avec un esprit chrĂ©tien. Aimons-nous mutuellement, construisons une sociĂ©tĂ© basĂ©e sur une paix qui se cimente dans la justice comme Dieu le veut et que nous allons proclamer par notre foi. 07/05/78, p.220-221, IV.