Le Christ, VĂ©ritable Roi et Pasteur de tous les peuples

 

Seizième dimanche du temps ordinaire; 22 juillet 1979; Lectures : JĂ©rĂ©mie 23,1-6; ÉphĂ©siens 2,13-18; Marc 6,30-34.

 

Dimanche dernier, notre rĂ©flexion a portĂ© sur le Christ prophète et le peuple participant. Nous faisons donc ici le lien avec notre rĂ©flexion de ce matin. Observez comment la rĂ©flexion dominicale nous fait connaĂ®tre toujours plus Ă  fond le personnage central que nous suivons et que nous aimons! N’oublions pas que ce personnage en qui nous avons placĂ© non seulement comme chrĂ©tien, mais Ă©galement comme patriote, nos espoirs, nos rĂŞves et la sĂ©curitĂ© de notre Salut, c’est le Fils de Dieu qui s’est fait homme : JĂ©sus-Christ, qui sous divers aspects nous profile dans l’âme par la prière. Puisse Dieu, qu’aujourd’hui comme auparavant, nous le considĂ©rions comme le Prophète, le grand Prophète qui apporte une rĂ©vĂ©lation de Dieu. Pour nous Ă©galement, que cette mission d’apporter ce message qu’Il a confiĂ© Ă  son peuple, non seulement Ă  partir de sa hiĂ©rarchie : le Pape, les Ă©vĂŞques, les prĂŞtres, sinon qu’également Ă  partir de son peuple baptisĂ©, Il veut accomplir sa mission. Nous disions que vous ĂŞtes Ă©galement un peuple prophĂ©tique qui participe Ă  la grande mission prophĂ©tique de JĂ©sus-Christ, le Grand Prophète.

Le Christ Roi-Pasteur dont les gouvernants et les pasteurs participent de son pouvoir.

 

Aujourd’hui, la figure du Christ nous est prĂ©sentĂ©e comme celle du Roi-Pasteur de tous les peuples du monde, de toute l’Histoire. Il possède la clĂ© de la solution de l’Histoire et des moments critiques des peuples. C’est seulement en Le regardant que les peuples pourront rencontrer la solution Ă  leurs problèmes. Si nous tournons le dos au Christ, nous continuerons de vivre dans cette absurditĂ© du « troupeau dispersĂ© Â». Ce qui est magnifique c’est que le Christ a voulu s’identifier avec son peuple de baptisĂ©s de tous les temps pour rĂ©aliser Ă©galement sa mission royale, sa mission de roi, et c’est Ă  nous, la hiĂ©rarchie et le peuple, que nous incombe de proclamer la rĂ©alitĂ© Ă©ternelle, unique, universelle du Christ et faire que tous les peuples, les familles et les hommes s’y soumettent. Il ne s’agit pas lĂ  cependant d’une domination despotique, c’est la domination de l’amour, c’est le but de notre libertĂ© comme disait saint Paul : « ĂŞtre libre pour aimer JĂ©sus-Christ. Â» 22/07/79, p.100, VII.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Pénurie des peuples mal gouvernés

2) Bons et mauvais pasteurs du peuple

3) Le Christ Roi-Pasteur

 

 

1) Pénurie des peuples mal gouvernés

 

 

A) Le prophète Jérémie et son temps (Châtiment d’Israël)

 

 

Jérémie s’adresse aux rois

 

Les lectures d’aujourd’hui nous invitent à voir la pénurie, la calamité, la misère des peuples lorsqu’ils ont de mauvais gouvernants et de mauvais pasteurs. Je veux vous rappeler que le prophète Jérémie se dirige dans la première lecture (23,1-6) d’aujourd’hui, aux gouvernants, aux rois de Judas. Le pauvre prophète Jérémie, qui sait le prophète à l’âme la plus sensible, celui qui par tempérament ne voulait pas de conflits, fut appelé par Dieu pour être un prophète polémique. Encore jeune, il se remplit d’illusions lorsque le roi Josias entreprit une restauration nationale, une rénovation religieuse à partir de la Parole de Dieu, tout allait bien, mais on tua Josias et c’est alors que débuta la calamité des rois incompétents à la recherche d’alliances, réalisant des actions politiques très erronées.

 

 

Jérémie dut annoncer la dispersion du peuple

 

Le prophète JĂ©rĂ©mie dut annoncer des choses très dĂ©sagrĂ©ables. Il dut annoncer jusqu’à la dĂ©portation du peuple lorsque personne ne croyait que le peuple pourrait souffrir une humiliation si grande comme celle d’être châtiĂ© et amenĂ© en exil. C’est pourquoi il tomba mal, il aurait Ă©tĂ© plus facile de flatter les gouvernants et de leur dire : « Tout va bien, continuez ainsi! Â», mais le prophète, au nom de Dieu, dut dire : « Cela n’est pas bien! Cela est erronĂ©! Â» Et il dĂ©nonça les pĂ©chĂ©s de son temps. Ce prophète dut voir comment se prĂ©cipitait, chaque fois davantage, la menace sur son pays. Alors, il dut dĂ©crire avec ces mots que Dieu lui commanda de dire aux gouvernants de son pays : « Malheur aux pasteurs qui dispersent et qui laissent pĂ©rir les brebis de mon troupeau! Â»

 

 

Dispersion

 

Si nous voulons avoir une synthèse des calamités qui peuvent s’abattre sur un peuple mal gouverné, nous l’avons dans la prophétie d’aujourd’hui sur la dispersion. L’autorité qui se doit d’être une force morale pour unir, par ses erreurs se convertit en une force de dispersion, un troupeau sans pasteur. Jérémie condamne également ce péché qu’est l’expulsion. Les gouvernants qui, au lieu d’attirer les brebis vers un seul bercail, expulsent, répriment et ne les soignent pas.

 

 

La frayeur… l’épouvante

 

Le prophète dénonçait également la frayeur et l’épouvante. Un troupeau effrayé, un peuple qui vivait sous le régime de la terreur, un peuple intimidé. J’ai vécu cela hier dans les hameaux de Chalatenango. Quelle peur ressent-on chez les gens! Il y a des gens qui ne dorment plus dans leur maison, qui doivent demeurer dans la montagne, véritablement des brebis dispersées, effrayées!

 

 

Se perdre…

 

Pour finir, le prophète dit, les brebis qui se perdent. Il ne vous semble pas entendre ici l’écho de la voix des disparus? Les brebis qui devaient être soignées dans le bercail avec la tendresse du pasteur, sont persécutées, sont portées disparues, sont marginalisées. 22/07/79, p.101-102, VII.

 

 

B) Plainte de Jésus parce qu’Il voit la multitude comme un troupeau sans pasteur

 

Cela correspond bien au cadre que nous prĂ©sente l’Évangile du temps du Christ. Le Christ cherche un moment de tranquillitĂ©, mais les gens ont besoin de Lui, sont Ă  sa recherche et le trouvent. C’est une multitude que l’Évangile dĂ©crit par ces mots inĂ©galĂ©s (Mc 6,34) : « En dĂ©barquant, il vit une foule nombreuse et il en eut pitiĂ© parce qu’ils Ă©taient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit Ă  les enseigner longuement. Â» Il n’y avait plus de presse, Il ne ressentait plus la fatigue, Ă©tant donnĂ© que son troupeau Le rĂ©clamait. Celui-ci est vraiment le Bon Pasteur.

 

 

Peuple sans unité, sans identité…

 

Mais ce que le pauvre Jésus rencontre c’est un peuple qui a perdu son unité, sa mystique, qui recherche uniquement des solutions terrestres au problème de son temps. On a oublié Dieu et il n’existe plus personne qui les oriente vers sa recherche. Jésus se met à enseigner, à enseigner que l’unique solution est le Salut qui vient de Dieu, que Dieu nous aime, qu’Il ne nous a pas abandonnés, que nous devons nous aimer les uns les autres et ne pas nous disperser. Tel serait l’enseignement de notre Seigneur Jésus-Christ.

 

 

Peuple juif : haine, orgueil…

 

Saint Paul, dans la seconde lecture, dans son épître aux Éphésiens (2,13-18), en prenant un verset qui précède celui que nous avons lu aujourd’hui, nous présente l’humanité divisée entre les Juifs et les autres peuples. À cause de ce privilège qu’ont les Juifs de connaître la promesse et la révélation divines, ils sont devenus un peuple orgueilleux et égoïste qui a élevé un mur autour de son temple afin que les autres peuples n’y aient pas accès. Les gentils forment l’autre partie de l’humanité que les Juifs considèrent comme des chiens, des ennemis, et réciproquement, ces gentils haïssent les Juifs.

 

 

Sans espoir et sans Dieu en ce monde…

 

C’est ainsi qu’était la situation, il n’y avait pas de paix, il manquait d’unitĂ©. C’est de ce peuple que saint Paul nous dit aujourd’hui qu’il Ă©tait « exclu de la citoyennetĂ© de Dieu, Ă©tranger Ă  l’Alliance et Ă  la promesse, sans espĂ©rance et sans Dieu. Â» Que c’est triste, sans espĂ©rance et sans Dieu en ce monde! Il n’existe rien de plus horrible que lorsqu’un peuple a perdu la figure de Dieu, l’orientation de Dieu. C’est pour cela qu’une Église incarnĂ©e en ce monde me remplit d’espĂ©rance, mĂŞme si elle est l’objet de critiques.

 

 

C’est cela, un peuple mal gouverné

 

Si nous appliquons ces mĂŞmes critères, j’aimerais que nous observions un peu ce matin l’exemple que nous donne la RĂ©publique du Nicaragua. Le mĂ©contentement populaire coĂ»ta plus de 25 000 vies humaines. Un peuple qui n’était pas Ă©coutĂ© et qui pour se faire entendre dut se rendre jusqu’à ce bain de sang. C’est cela que provoque l’« absolutisation Â» du pouvoir, la divinisation du pouvoir! Un tyran se croyait indispensable et il ne lui importait pas de tuer tout son peuple. L’expĂ©rience du Nicaragua nous fait voir Ă©galement qu’un pouvoir ne peut se maintenir par la rĂ©pression, ni par la corruption de ses fonctions. Il arrive un moment oĂą le peuple se fatigue d’être exploitĂ© et opprimĂ©. Il s’agit d’une magnifique leçon pour ceux qui croient en cette force qui ne peut pas se maintenir. 22/07/79, p.102-103, VII.

 

 

2) Bons et mauvais pasteurs du peuple

 

Tout ceci nous fait penser que la réalisation d’un peuple est directement proportionnelle à ses gouvernants, à ses pasteurs. C’est en ce sens que nous entendons démontrer la seconde réflexion du thème de cette homélie qui est le Christ, véritable Roi-Pasteur de tous les peuples. Ce qui se démarque dans les lectures d’aujourd’hui c’est que ce Roi-Pasteur a besoin de la collaboration de tous les hommes. C’est ainsi que nous participons également de son pouvoir pour établir toutes choses sous la domination de la morale et de la loi de Dieu, les chrétiens et tous ceux qui, même sans l’être, mais qui ont une responsabilité en tant que gouvernements des peuples, comme pasteurs des peuples.

 

 

A) Les mauvais pasteurs.

 

 

Jérémie se réfère aux rois de Judas; applicable aux gouvernants et pasteurs de l’Église

 

C’est ce que le prophète envisage tant sous l’aspect civique que religieux, lorsqu’il dit : « Malheur aux pasteurs qui ne s’occupent pas de leur troupeau. Â» Il se rĂ©fère aux gouvernants et Ă©galement aux pasteurs de l’Église, Ă  tous ceux qui participent Ă  cette terrible responsabilitĂ©, nous devons analyser quelles sont les caractĂ©ristiques du bon et du mauvais pasteur.

 

 

Ils dispersent au lieu d’unir

 

JĂ©rĂ©mie reprend les faux pasteurs en leur disant (23,1-2) : « Malheur aux pasteurs qui perdent et dispersent les brebis de mon pâturage - oracle de YahvĂ©! C’est pourquoi ainsi parle YahvĂ©, le Dieu d’IsraĂ«l, contre les pasteurs qui ont Ă  paĂ®tre mon peuple : vous avez dispersĂ© mes brebis, vous les avez chassĂ©es et vous ne vous en ĂŞtes pas occupĂ©. Eh bien! Moi, je vais m’occuper de vous pour vos mĂ©faits, oracle de YahvĂ©! Â» Pensons bien Ă  cela, qu’au-dessus de la bontĂ© ou de la mĂ©chancetĂ© des gouvernements et des pasteurs il existe un Dieu qui incite le bon pasteur et le bon gouvernement, qui inspire les bonnes actions des hommes qui collaborent avec Lui, mais c’est un Dieu justicier qui menace de prendre en compte, en toute rigueur, les mauvaises actions qui auront Ă©tĂ© commises en ce rĂ´le sublime qu’est celui de gouverner.

 

Une multitude sans autorité, c’est ce à quoi ressemblait le peuple que rencontra le Christ, une multitude sans pasteur. Je tiendrai compte de la méchanceté de vos actes. Cela doit être terrible de tomber entre les mains de Dieu lorsqu’on a autant divinisé le pouvoir et que l’on doit rendre compte à quelqu’un qui est au-dessus de tous pouvoirs.

 

 

Malgré les mauvais pasteurs, Dieu nous protège

 

Dieu prend soin de son peuple, nous dit Ă©galement la première lecture et cela nous remplit de consolation (Jr 23,3-4) : « Je rassemblerai moi-mĂŞme le reste de mes brebis de tous les pays oĂą je les aurai dispersĂ©es et je les ramènerai dans leur prairie : elles seront fĂ©condes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les feront paĂ®tre; elles n’auront plus crainte ni terreur; aucune ne se perdra, oracle de YahvĂ©! Â» Tout n’est pas perdu, des jours meilleurs viendront, le Seigneur suscitera, inspirera de meilleures orientations pour notre peuple qui ne sera plus un troupeau sans berger, sinon qu’il y aura alors un vĂ©ritable amour qui le gouvernera. 22/10/79, p.107-108, VII.

 

 

B) Origine et sens de l’autorité

 

Ă€ ce propos, je veux faire rĂ©fĂ©rence au Concile Vatican II lorsqu’il parle des origines des communautĂ©s politiques, de la naissance des pays, il dit : « Individus, familles, groupements divers, tous ceux qui constituent la communautĂ© civile, ont conscience de leur impuissance Ă  rĂ©aliser seuls une vie pleinement humaine et perçoivent la nĂ©cessitĂ© d’une communautĂ© plus vaste Ă  l’intĂ©rieur de laquelle tous conjuguent quotidiennement leurs propres forces en vue d’une rĂ©alisation toujours plus parfaite du bien commun. C’est pourquoi ils forment une communautĂ© politique selon des types institutionnels variĂ©s. Celle-ci existe donc pour le bien commun : elle trouve en lui sa pleine justification et sa signification et c’est de lui qu’elle tire l’origine de son droit propre. Â» (G.S.74,1) […]

 

« Mais les hommes qui se retrouvent dans la communautĂ© politique sont nombreux, diffĂ©rents, et ils peuvent Ă  bon droit incliner vers des opinions diverses. Aussi, pour empĂŞcher que, chacun opinant dans son sens, la communautĂ© politique ne se disloque, une autoritĂ© s’impose qui soit capable d’orienter vers le bien commun les Ă©nergies de tous : non d’une manière mĂ©canique ou despotique, mais en agissant avant tout comme une force morale qui prend appui sur la libertĂ© et le sens de la responsabilitĂ©. Â» (G.S.74,2)

 

« De toute Ă©vidence, la communautĂ© politique et l’autoritĂ© publique trouvent donc leur fondement dans la nature humaine et relèvent par lĂ  d’un ordre fixĂ© par Dieu, encore que la dĂ©termination des rĂ©gimes politiques comme la dĂ©signation des dirigeants soient laissĂ©es Ă  la libre volontĂ© des citoyens. Â» (G.S.74,3) « Il s’ensuit Ă©galement que l’exercice de l’autoritĂ© politique, soit Ă  l’intĂ©rieur de la communautĂ© comme telle, soit dans les organismes qui reprĂ©sentent l’État, doit toujours se dĂ©ployer dans les limites de l’ordre moral, en vue du bien commun (mais conçu d’une manière dynamique), conformĂ©ment Ă  un ordre juridique lĂ©gitimement Ă©tabli ou Ă  Ă©tablir. Alors, les citoyens sont en conscience tenus Ă  l’obĂ©issance. D’oĂą, assurĂ©ment, la responsabilitĂ©, la dignitĂ© et l’importance du rĂ´le de ceux qui gouvernent. Â» (G.S.74,4)

 

« Si l’autoritĂ© publique, dĂ©bordant sa compĂ©tence, opprime les citoyens, que ceux-ci ne refusent pas ce qui est objectivement requis par le bien commun mais qu’il leur soit cependant permis de dĂ©fendre leurs droits et ceux de leurs concitoyens contre les abus du pouvoir en respectant les limites tracĂ©es par la loi naturelle et la loi Ă©vangĂ©lique. Â» (G.S.74,5)

 

 

Le gouvernant est le mandataire de Dieu…

 

Pardonnez-moi cette longue citation, mais c’est qu’elle Ă©claire beaucoup ce que nous comprenons souvent de travers : « Tout pouvoir vient de Dieu! Â» C’est certain, personne ne peut gouverner si le pouvoir ne lui a Ă©tĂ© donnĂ© de Dieu. C’est ce que dit aussi le Christ Ă  Ponce Pilate, lorsque ce dernier voulait se moquer du pouvoir du Christ alors qu’il pouvait le condamner Ă  mort (Jn 19,11) : « Tu n’aurais aucun pouvoir s’il ne t’avait Ă©tĂ© donnĂ© d’en haut. Â» C’est-Ă -dire qu’un gouvernement sera reprĂ©sentant du Pasteur et Roi Ă  condition qu’il interprète la pensĂ©e et l’amour de ce Dieu pour qu’Il soit Ă  la base de lois justes. Mais lorsque quelqu’un fait de son pouvoir un absolu et s’érige en idole du pouvoir et qu’il se retourne contre les lois de Dieu, contre les droits humains, qu’il outrage le peuple, alors nous ne pouvons pas affirmer que cette autoritĂ© provient de Dieu. Si elle n’est pas lĂ©gitimement orientĂ©e selon la volontĂ© divine, vers le peuple, par amour au bien commun comme objectif qui donne sa raison d’être Ă  la nation, nous devons obĂ©ir jusqu’à certaines limites, mais en conservant toujours le droit Ă  de justes revendications. Nous en avons ici l’exemple très proche et puisse Dieu que nous nous retournions Ă  temps, vers la source de toute autoritĂ© qu’est notre Seigneur JĂ©sus-Christ. 22/07/79, p.108-109, VII.

 

 

Venez-vous reposer en ce lieu tranquille

 

C’est pourquoi le geste de l’Évangile d’aujourd’hui m’apparaĂ®t une partie indispensable de notre rĂ©flexion lorsque le Christ dit Ă  ses apĂ´tres qu’Il a choisis comme pasteurs pour reprĂ©senter le Divin Pasteur parmi les hommes : « Venez et reposons-nous un peu. Â» Ce repos du Christ trouve son sens profond dans la prière. La prière est le rapprochement d’avec Dieu, cela doit ĂŞtre l’office de tous ceux qui gouvernant, que ce soit dans le domaine civil ou ecclĂ©siastique. Si un pasteur, si un gouvernent s’éloigne de Dieu, qu’il n’unit pas son pouvoir Ă  Dieu, alors au lieu d’être une force d’union, comme nous dit le Concile, il se transforme en une force de dispersion, et alors au lieu du bien, on fait le mal.

 

Il est alors nécessaire de faire un appel à tout le Peuple de Dieu, qui depuis le baptême participe à cette prérogative du Christ-Roi, pour faire que les structures de la Terre, les consciences des hommes, des familles, tout ce qu’est le monde, la société, nous l’orientons pour le soumettre à l’empire de Dieu, et la politique elle-même, pour qu’elle ne dévie pas de son véritable objectif, sinon qu’il oriente vers Dieu le grand rôle d’être chrétien. Entendre le Christ qui nous appelle à de fréquentes réflexions pour voir dans quelle direction se dirigent nos responsabilités et notre vie, pour faire de celles-ci un engagement qui soit véritablement une collaboration au Règne du Christ dans le monde, et non pas au contraire, un éloignement du Christ pour soumettre notre pouvoir à l’empire du péché, à l’idole de l’argent, à l’idole de l’abus. Sinon que le Dieu véritable qui nous demandera des comptes sur cette participation qu’Il nous a accordée à son pouvoir divin, se satisfera et se réjouira de ses fils qui auront uni leur pouvoir au sien, gouvernant et recherchant que la création s’oriente vers Dieu. 22/07/79, p.110, VII.

 

 

3) Le Christ Roi-Pasteur

 

 

A) Le promis. QualitĂ©s : Justice et Droit

 

La première lecture d’aujourd’hui nous offre comme une promesse bĂ©nie du Seigneur qu’Il fera surgir un roi juste (Jr 23,5) : « Voici venir des jours, oracle de YahvĂ©, oĂą je susciterai Ă  David un germe juste; un roi rĂ©gnera et sera intelligent, exerçant dans le pays le droit et la justice. En ces jours, Judas sera sauvĂ© et IsraĂ«l habitera en sĂ©curitĂ©. Voici le nom qu’on lui donnera : “YahvĂ©-notre-justice.” Â»

 

 

B) La grande Ĺ“uvre : unir ces deux peuples, paix, homme nouveau et rĂ©conciliation

 

La seconde lecture de saint Paul nous prĂ©sente prĂ©cisĂ©ment le Christ comme le Roi-Pasteur qui unit ces deux peuples divisĂ©s. (Ep 2,14-18) : « Car c’est Lui qui est notre paix, Lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un, dĂ©truisant la barrière qui les sĂ©parait, supprimant en sa chair la haine, cette Loi des prĂ©ceptes avec ses ordonnances, pour crĂ©er en sa personne les deux en un seul Homme Nouveau, faire la paix, et les rĂ©conciliant avec Dieu, tous deux en un seul Corps, par la Croix : en sa personne il a tuĂ© la Haine. Alors, il est venu proclamer la paix, paix pour vous qui Ă©tiez loin et paix pour ceux qui en Ă©taient proches : par Lui nous avons en effet tous deux, en un seul Esprit, libre accès au Père. Â»

 

C’est cela le fondement du Peuple de Dieu. J’ai toujours voulu que nous distinguions bien le Peuple de Dieu du peuple en général. Et lorsque nous prêchons toutes ces promesses de Dieu, cette richesse de la participation du Christ Prophète, Prêtre et Roi, je me dirige à vous, communautés baptisées, chrétiens. Par ce titre de baptisés nous sommes appelés à être responsables d’un monde que nous devons sauver. Comme Peuple de Dieu, comme peuple prophétique qui participe de la royauté du Roi Pasteur, chacun des baptisés, nous nous devons de réviser nos activités afin qu’elles ne soient pas en contradiction au Règne de Dieu et à sa Loi, sinon qu’au contraire, pour que nous soyons des collaborateurs fidèles, un reflet du Règne de Dieu sur cette Terre. 22/07/79, p.110-111, VII.

 

 

Pensée qui nous amène à la communion

 

De la sorte, nous rĂ©visons notre agir comme communautĂ© d’Église et Ă©galement notre vie nationale Ă  laquelle cette Église appartient par les intĂ©rĂŞts mutuels qui la rendent solidaire Ă  ceux de la patrie. Nous ne devons pas ĂŞtre deux entitĂ©s antagoniques sinon complĂ©mentaires, mais cela doit se faire sur la base de nous inspirer l’un et l’autre de l’unique Roi et Pasteur : Le Christ Notre Seigneur. Un peuple pourra vĂ©ritablement ĂŞtre un peuple lorsqu’il sera dignement traitĂ© en tant que tel, respectĂ© dans ses droits, lorsque ses gouvernements et le peuple dans son entier, toutes ses forces vives, regarderont vers le Ciel et espĂ©reront de Celui qui est notre Roi, notre justice, et notre paix. Le Christ Notre Seigneur. Il n’existe pas d’autre solution. Vouloir construire en tournant le dos au Christ, c’est vouloir Ă©difier sur le sable.

 

Les vents, les violents dérivent de tout cela, seul celui qui édifie sur le roc de la foi, sur l’inspiration du Roi que Dieu a placé pour gouverner les hommes dans leur vocation sur Terre et dans leur vocation au Ciel, c’est uniquement ainsi que les gouvernements, les évêques, les pères de famille, les gouvernants, les collaborateurs, les agents de pastorale et tous ceux qui travaillent pour l’Église et pour la Patrie, dans l’inspiration du Christ qui possède la compassion envers la multitude et en qui, même si notre collaboration fait défaut, ils ne manqueront pas de rencontrer les ressources divines pour les aider à gouverner le peuple.

 

Puisse le Seigneur que cette réflexion nous amène à prendre notre place dans la société, où notre vocation nous situe et que nous gardions notre regard tourné vers Notre Seigneur et notre inspiration, afin que nous sachions donner à notre vie son sens véritable, où chacun contribue à l’édification de la patrie et de l’Église. 22/07/79, p.113, VII.