L’Église Sainte mais qui a besoin de
purification.
Trente-et-unième dimanche ordinaire;
5 novembre 1978; Lectures : Malachie 1,14b-2,2b.8-10; Thessaloniciens
2,7b-9.13; Matthieu 23,1-12.
Tout ce chapitre 23 de saint Matthieu
est un modèle d’homélie, il est une dénonciation terrible contre la religion
officielle, contre les abus, contre les vanités, une réclamation
d’authenticité. Rappelez-vous que selon le schéma de saint Matthieu que nous
avons étudié durant toute l’année, nous sommes maintenant arrivés aux derniers
dimanches de l’année. Celui où le Christ se trouve au milieu d’une crise par où
doit passer le Royaume avant de pouvoir s’implanter : l’opposition, la
mauvaise interprétation, la calomnie, la tentation de ne pas vouloir entendre.
C’est dans cette ambiance qu’est écrit par saint Matthieu, le chapitre 23 qui
est non seulement un portrait biographique du Christ, mais qui est Ă©galement la
réflexion des premiers chrétiens sur les enseignements du Christ et comment
cette communauté judéo-chrétienne est en train de les vivre. Ils étaient juifs,
la majeure partie convertie au christianisme. Ils se sentaient épiés par les
autres juifs qui étaient demeurés fidèles au judaïsme, et par les prosélytes
gagnés par ces mêmes juifs qui étaient bien plus fanatiques que ceux-ci et qui
considéraient les chrétiens comme des renégats. Dans les mots d’aujourd’hui
nous dirions qu’ils étaient subversifs. Cette subversion suit le Christ
authentiquement en sachant qu’elle n’est pas une subversion, mais qu’elle est
la véritable fidélité au Seigneur, réfléchie en communauté. 05/11/78, p.273, V.
« Mes frères, je voudrais donner
à cette homélie un titre audacieux, presque sacrilège, mais le Concile Vatican
II en fait lui-même mention : l’Église sainte, mais qui a besoin de
Purification. » Cette parole se trouve dans le numéro 8 de Lumen Gentium et tout le texte dit
ceci : « Au contraire du Christ, saint innocent, immaculé qui ne
connut pas le péché, sinon qu’Il vint uniquement pour expier les péchés du
peuple, l’Église, elle, contient dans son propre sein les pécheurs. C’est ce
qui fait qu’elle est à la fois sainte et qu’elle ressent le besoin de
purification, qu’elle avance continuellement par le sentier de la pénitence et
de la rénovation. » Pour moi, c’est là le plus beau passage du
Concile. Nous ferions très mal de croire que le meilleur dans le monde est
l’Église. Plusieurs considèrent ainsi l’Église, incapable de péché, immaculée,
intouchable. Mais le Concile a dit non, en son sein existent des pécheurs.
Évêques, prêtres, religieuses, couples, nous nous appelons chrétiens, mais nous
sommes en même temps pécheurs, nécessiteux de la purification et pour nous le
véritable chemin demeure le sentier de la pénitence et de la rénovation. Malheur
au chrétien! Malheur à l’évêque! Malheur au prêtre qui se sent si parfait
qu’il peut tromper les autres. Comme il va être corrigé par Jésus-Christ
maintenant. Et dans cette pensée de l’homélie, l’Église sainte et nécessiteuse
de purification, comme de coutume, je vous présente ces trois points de
réflexions :
Plan de l’homélie :
1) Les péchés de l’Église
2) La Sainteté de l’Église
3) OĂą se trouve la source de cette
sainteté d’une Église pécheresse, mais qui aspire à la sainteté?
La source se situe dans ce que nous
dit saint Paul de l’Église (Th 2,13) : « Vous avez reçu la Parole de
Dieu comme Parole de Dieu et non comme une parole d’homme », c’est lĂ
qu’est le secret. 05/11/78, p.274-275, V.
1) Les péchés de l’Église
Commençons par le premier
point : les péchés de l’Église. Déjà la première lecture d’aujourd’hui (Ml
1,14b-2,2b. 8-10), pour laquelle on essaie toujours de faire un parallèle avec
l’Évangile du jour, est prise du prophète Malachie. Avec quelle franchise
s’exprime-t-il en ce temps où se restructurait le culte du temple de Jérusalem,
alors qu’il y avait une certaine prospérité – c’est souvent cela le mal :
le bien-ĂŞtre dans l’Église amène un relâchement. Les prĂŞtres qui se sentent Ă
l’aise dans leur paroisse, faites très attention! Les chrétiens qui sentent que
l’Évangile ne les dérange pas : Faites bien attention à ce bien-être que
peut procurer le culte sans engagement auquel fait référence la terrible
prophétie de Malachie (2,1;7-9) : « Et maintenant à vous ce
commandement! Car c’est aux lèvres du prêtre de garder le savoir et c’est de sa
bouche qu’on recherche l’enseignement : il est messager de Yahvé. Mais
vous vous êtes éloignés de la voie; vous en avez fait trébucher un grand nombre
par l’enseignement. Et moi je vous ai rendus méprisables et vils pour tout le
peuple.» Il n’existe rien de pire qu’un mauvais prêtre. Si le sel devient
insipide, à quoi peut-il servir? disait le Christ, rien d’autre qu’à être jeté
au sol et foulé au pied par les hommes. Combien triste est la parole du prêtre
lorsqu’il a perdu sa crédibilité, elle est comme une boîte de métal qui sonne
vide.
Vous n’avez pas gardé mes voies, Dieu
se fie à des humains pour appliquer la loi, si c’est un tel, ou une telle, tant
mieux; si c’est un pauvre, un moins que rien, personne n’y prête attention.
L’Église des pauvres est un critère d’authenticité, parce que ce n’est pas une
Église de classe, cela ne signifie pas qu’elle déprécie les riches. Elle dit
aux riches que s’ils ne deviennent pas comme les pauvres dans leur cœur, ils ne
pourront pas entrer dans le Royaume des Cieux. Le véritable prédicateur du Christ
c’est l’Église des pauvres pour rencontrer dans la pauvreté, dans la misère;
dans l’espérance de celui qui prie dans le bidonville, dans la douleur, dans le
fait de ne pas être entendu, un Dieu qui écoute et c’est seulement en
s’approchant de cette voix que l’on peut également sentir la présence de Dieu.
Mais en plus de cette prophétie,
l’Évangile d’aujourd’hui (Mt 23,1-12) est bien plus terrible encore. Je ne
voudrais pas me limiter uniquement aux versets officiels de ce dimanche, j’ai
apporté la Bible pour que tout le chapitre 23, qui est une terrible
dénonciation de la première communauté chrétienne qui réfléchit sur ce que le
Christ nous a laissé comme enseignement, pour voir comment nous le vivions.
Mais dans le passage officiel d’aujourd’hui nous rencontrons déjà ces péchés de
l’Église (Mt 23,2-3). « Sur la chaire de Moïse se sont assis les scribes
et les pharisiens : faites donc et observez tout ce qu’ils pourront vous
dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font
pas. » Le premier péché de l’Église est lorsqu’il existe une contradiction
entre ce qui s’enseigne et ce qui se fait.
Les Ă©vĂŞques Ă©crivaient au mois de
mars de l’année dernière, dans un communiqué officiel : « Celui qui
dénonce doit être disposé à être dénoncé », et c’est à notre tour
maintenant. Aujourd’hui dans une réflexion de communauté, en toute franchise,
je vous invite en tant que peuple prophétique qui possède l’obligation de
dénoncer les injustices du monde, à ce que nous nous regardions nous-mêmes, des
pasteurs jusqu’aux fidèles, pour voir si notre dénonciation n’est parfois
qu’hypocrisie, nous disons, mais nous ne faisons rien.
Un autre péché dans la lecture
d’aujourd’hui (Mt 23,4) : « Ils lient des fardeaux et les imposent
aux Ă©paules des gens, mais eux-mĂŞmes se refusent Ă remuer le petit
doigt. » Cela est l’interprétation rigoureuse, parfois inhumaine de la loi. Plusieurs
moralistes, quelques professeurs ou conseillers : comme il nous est facile
d’imposer des fardeaux que nous ne serions pas capables de porter nous-mêmes!
Un autre péché plus épouvantable et
très fréquent chez les ecclésiastiques : la vanité et l’hypocrisie. Tout
ce qu’ils font c’est pour être vu des gens, ils allongent leurs phylactères –
les phylactères étaient des rubans qui se terminaient par une petite boîte où
étaient copiés des passages de la loi – afin d’accomplir sous une forme
matérielle un commandement de Dieu : « Porte la loi devant tes
yeux. » Mais ceux-ci l’entendaient d’une façon si matérielle qu’ils copiaient
dans des petites boîtes la loi et qu’ils se les collaient sur les yeux, ou sur
le front, ceux-là s’appelaient les phylactères. Ou bien ils remplissaient les
doublures de leur manteau – vêtements amples des pharisiens qui passaient sur
les places et à l’épaisseur de leur doublure se reconnaissait la majesté de
leur pouvoir sacré, de leur sagesse. Combien de vanité, et grâce à Dieu les
Papes modernes ont renoncé à la tiare, aux capes royales et à toute cette
emphase qui nous fit tant de mal par la vanité ecclésiastique.
Une religion d’ostentation, de ceux
qui aiment être salués. En Orient, lorsque le rang social de la personne est
plus grand, d’autant plus long sera le salut. Et l’on s’entretenait en de
longues salutations pour paraître important. Mais le Christ dit (Mt 23,
8) : « Pour vous, ne vous faites pas appeler Rabbi », car vous
n’avez qu’un Maître, et vous vous êtes des frères : car vous n’avez qu’un
Père céleste. »
Quelle rĂ©flexion ecclĂ©siastique! DĂ©jĂ
sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait : nous nous confondons avec les
titres qu’il nous faut donner aux prélats, excellence ou éminence, et nous ne
nous entendons plus. Cela apparaît souvent comme une plaisanterie :
Excellence, excellence. Alors combien plus beau est le simple nom de chrétien!
C’est pourquoi l’Évangile nous fustige et je voudrais en toute franchise
chrĂ©tienne que nous tous, en dĂ©butant par moi-mĂŞme, nous nous convertissions Ă
cette terrible diatribe de Notre-Seigneur JĂ©sus-Christ. (Mt 23,11) :
« Que le plus grand parmi vous se fasse votre serviteur. » C’est le
point de départ, c’est en cela que doit consister la véritable grandeur de
l’être humain. Lorsque plus grand, il possède davantage d’autorité, qu’il ne
manifeste pas en phylactère, ni en protocole, ni en vêtements, qu’il le
démontre par son service, par la simplicité, en étant le premier à offrir.
Parce que celui à qui Dieu a donné autorité, Il lui a donné la grâce pour
servir ce peuple non pas pour le malmener, pour l’outrager, ou pour lui mettre
des charges, mais pour l’aider et le servir. 05/11/78, p.275-276, V.
Après cette lecture officielle de
l’Évangile, le verset 13 et les suivants comprennent sept terribles menaces du
Christ que je ne veux pas perdre ce matin pour que nous priions ensemble pour
ne pas tomber dans ces malédictions du Seigneur. (Mt 23, 13) :
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui fermez aux hommes
le Royaume des cieux! Vous n’entrez certes pas vous-mêmes, et vous ne laissez
même pas entrer ceux qui le voudraient! » Il se réfère aux Juifs enfermés
dans leurs synagogues qui expulsaient ceux qui se faisaient chrétiens et qu’ils
considéraient comme des renégats. C’est pourquoi le Christ leur dit :
« Pour avoir rejeté le Christ, vous n’entrerez pas dans le Royaume des
Cieux et Ă ceux qui veulent entrer vous leur fermez les portes. Vous avez les
clés de la connaissance, vous connaissez mieux la loi, mais vous n’avez pas su
reconnaître le Christ qui est l’accomplissement de la loi. » Ne nous fions
pas trop à notre sagesse théologique, à nos connaissances religieuses, si ce
n’est de l’humilité qui accepte le Christ, rien ne sert cette connaissance de
la loi.
Deuxièmement (Mt 23,15) :
« Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui parcourez mers et
continents pour gagner un prosélyte, et, quand vous l’avez gagné, vous le
rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous. » En ces
premières années du christianisme, les juifs parcouraient toutes les terres
connues – quelque chose de semblable à ce que font les protestants actuellement
à la recherche de prosélytes – et lorsqu’ils y parvenaient, ils les rendaient
plus fanatiques qu’eux-mêmes dans leur haine envers les chrétiens. C’est
pourquoi le Christ dit qu’ils les rendent deux fois plus condamnables
qu’eux-mêmes. À quoi sert de gagner un homme pour la perdition?
Troisièmement (Mt 23,16-22) :
« Malheur à vous, guides aveugles, qui dites : “Si l’on jure par le sanctuaire, cela ne compte pas;
mais si l’on jure par l’or du sanctuaire, on est tenu.” Insensés et aveugles! Quel est donc le plus digne,
l’or ou le sanctuaire qui a rendu cet or sacré? Vous dites encore : “Si l’on jure par l’autel, cela ne compte pas; mais
si l’on jure par l’offrande qui est dessus, on est tenu.”
Aveugles! Quel est donc le plus
digne, l’offrande ou l’autel qui rend cette offrande sacrée? Aussi bien jurer
par l’autel, c’est jurer par lui et par tout ce qui est dessus; jurer par le
sanctuaire, c’est jurer par lui et par Celui qui l’habite; jurer par le ciel,
c’est jurer par le trône de Dieu et par Celui qui y siège. »
C’était typique des pharisiens et des
scribes dans un grand nombre de cas, mais la plupart du temps, il s’agissait de
faux motifs pour échapper aux engagements. C’est à cela que se réfère le
Christ : vous avez inventé des formules et vous ne vous êtes pas aperçus
que l’intention de celui qui dit une formule est de jurer ou de ne pas jurer.
Si vous avez promis sous serment, vous êtes obligés, ne recherchons pas une
casuistique pour échapper aux engagements que nous avons contractés avec Dieu.
Quatrième malédiction (Mt 23,
23) : «Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui acquittez la
dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les
plus graves de la loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi; c’est ceci
qu’il fallait pratiquer, sans négliger cela. » Il existait une loi qui
consistait à payer la dîme pour les biens que Dieu nous donne sur la Terre,
mais ces hommes de la loi en étaient arrivés à tant de méticulosités qu’ils se
confiaient en ces petites choses du cumin et de la menthe et qu’ils
n’accomplissaient plus le plus difficile et le plus important de la loi. C’est pourquoi le
Christ emploie cette terrible comparaison : « Guides aveugles, vous
arrêtez au filtre le moustique et vous engloutissez le chameau. » (Mt
23,24).
« Malheur à vous, scribes et
pharisiens hypocrites, qui purifiez l’extérieur de la coupe et de l’écuelle,
quand l’intérieur est rempli par rapine et intempérance! Pharisien aveugle!
Purifie d’abord l’intérieur de ta coupe et de l’écuelle, afin que l’intérieur
aussi devienne pur. Hypocrites qui ressemblez à des sépulcres blanchis :
au-dehors, ils ont belle apparence, mais au-dedans, ils sont pleins d’ossements
de morts et de toute pourriture. Vous de mĂŞme, au-dehors vous offrez aux yeux
des hommes l’apparence de justes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie
et d’iniquité. » (Mt 23,25-28)
Quelles belles comparaisons! Combien
d’apparences remplies de rapines et d’injustice? Comme est divertissante une
société où chacun vêtu de soie et de sandales se salue avec courtoisie, et qui
de l’intérieur se détesterait les uns les autres. Comme sont belles les
officines, la bureaucratie, les tables des tribunaux! Mais là comparaît un
homme entre deux gardes nationaux avec des marques Ă©videntes de tortures, qui
doit répéter ce qu’on l’a forcé à dire sous la torture, parce que le juge est
incapable d’éloigner les gardes pour que le pauvre homme puisse dire la vérité. Comme sont
belles les façades de nos prisons, celles de nos bases militaires! Mais lĂ
au-dedans c’est l’enfer : de véritables sépulcres où l’on meurt comme
disparus.
Malheur Ă vous les scribes et les
pharisiens hypocrites, qui bâtissez les sépulcres des prophètes et décorez les
tombeaux des justes, tout en disant : « Si nous avions vécu du temps
de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour verser le sang des
prophètes. » Ainsi, vous en témoignez contre vous-mêmes, vous êtes les
fils de ceux qui ont assassiné les prophètes! Eh bien! Vous comblez la mesure
de vos pères! (Mt 23,29-32)
Quelle pensée profonde du Christ! À
quoi sert-il de chanter l’éloge des prophètes que nos ancêtres ont tués surtout
si nous continuons à tuer les prophètes? C’est pourquoi le Christ dit qu’ils
comblent la mesure de leurs pères : « Serpents, race de vipères,
comment pourrez-vous échapper à la condamnation de la géhenne? » (Mt
23,33). « Vous comblez la mesure » signifie que le Christ est
l’expression maximum des prophètes. Il ne parle pas du passé, mais du présent
parce que les scribes et les pharisiens trament déjà comment le faire
crucifier. Ils vont ainsi combler cette mer de sang et de crimes, d’hypocrisie
et de pourriture, qu’ont commis leurs ancêtres. L’iniquité de votre injustice
arrive à son comble, serpents, races de vipères. 05/11/78, p.277-278, V.
C’est pourquoi je vous envoie, et ici
le Christ se réfère au Nouveau Testament qui est l’histoire que nous
connaissons. Quelle tristesse que le Salvador se trouve taché aussi par cette
parole du Christ (Mt 23,34-36) : « C’est pourquoi voici que j’envoie
vers vous des prophètes, des sages et des scribes : vous en tuerez et
mettrez en croix, vous en flagellerez dans vos synagogues et les pourchasserez
de ville en ville, pour que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur
la terre, depuis le sang de l’innocent Abel jusqu’au sang de Zacharie, fils de
Barachie, que vous avez assassiné entre le sanctuaire et l’autel. En vérité, je
vous le dis, tout cela va retomber sur votre génération. » Cela se passe
près de l’année soixante-dix de notre ère. Déjà , les Romains planifient le siège
de Jérusalem. Déjà ce comble de l’ingratitude des hommes qui ne voulurent pas
recevoir les envoyés de Dieu, dont le plus grand, le Fils de Dieu fait homme
qui prêcha l’amour, la justice, la liberté. Il ne fut pas compris, Lui aussi ils le
tuèrent.
Frères, Dieu est infiniment bon, mais
aussi infiniment juste et tout ce sang, tous ces crimes, toutes ces
hypocrisies. Et ici depuis le début je vous dis que je ne me réfère pas
uniquement à ce qui se produit à l’extérieur de l’Église, nous sommes dans une dénonciation
intime de nous-mêmes. Toute notre iniquité de pasteur, toute notre hypocrisie
de prêtre, tous nos manques de sainteté, de vie consacrée, tout le manque de
fidélité de tant de ménages chrétiens, mais adultères, de tant de jeunes qui ne
vivent pas la pureté qui correspond à ce que Dieu leur demande, de tant de
sociétés où l’on ouvre des bordels, où existent tous les centres du vice; de
tant d’apparences! Tout cela ne peut demeurer ainsi. Ce serait un Dieu
maquereau et injuste si tout cela devait demeurer sans connaître un jour la
colère du Seigneur. Et elle arrive, nous dit le Christ. 05/11/78, p. 278-279,
V.
2) La Sainteté de l’Église
Saint Paul dans la seconde lecture
(Th 2,7b-9.13) affirme qu’il ne travaille pas pour son profit personnel. Avec
quelle tendresse il écrit aux gens de Thessalonique : « Nous nous
sommes faits tout aimables au milieu de vous. Comme une mère nourrit ses
enfants et les entoure de soins, telle Ă©tait notre tendresse pour vous que nous
aurions voulu vous livrer en même temps que l’Évangile de Dieu, notre propre
vie. » S’il demeure certain que l’Évangile est la première lecture qui ait
été une terrible mise en garde contre les mauvais pasteurs, dans la sainte
Église qui a toujours besoin de purification, il y a également un riche arsenal
de sainteté.
Qu’il est réconfortant de savoir
qu’en ces derniers mois, alors que l’Église avait besoin de Papes, elle put
trouver parmi ses pasteurs deux hommes méconnus qui étaient riches comme saint
Paul. Et comme Paul, il y a non seulement des pasteurs, mais Ă©galement des
religieux, des prêtres, des laïcs, qui peuvent dirent qu’ils aiment le peuple
comme une mère et qui se donnent pour lui. 05/11/78, p.286-287, V.
3) OĂą se trouve la source de cette
sainteté d’une Église pécheresse, mais qui aspire à la sainteté?
Je termine en répondant à cette
question : où se trouve le secret de cette conversion, de cette rénovation
de l’Église? Dans la seconde lecture d’aujourd’hui, saint Paul dit :
« Voilà pourquoi, de notre côté, nous ne cessons de rendre grâce à Dieu de
ce que, une fois reçue la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous
l’avez accueillie, non comme une parole d’hommes, mais comme ce qu’elle est
réellement, la Parole de Dieu. Et cette parole reste active en vous, les croyants. »
C’est le secret de la sainteté. Dans le
sein de l’Église, nous avons beaucoup de pécheurs, mais lorsque ceux-ci
accueillent cette parole de pardon, d’espĂ©rance et de foi, nous commençons Ă
nous convertir. Peu importe le pĂ©chĂ© quand la Parole de Dieu a commencĂ© Ă
rendre un homme nouveau. Grâce à Dieu, il en existe beaucoup dans notre
archidiocèse. Je peux dire, comme saint Paul à plusieurs, non pas à tous, mais
à plusieurs : je rends grâce à Dieu parce que vous recevez ma parole pour
ce qu’elle est en vérité, la Parole de Dieu. Cependant, de nombreux autres la
reçoivent comme une parole d’homme, comme la parole d’un ennemi, comme une
parole de subversion, comme une parole qui veut le mal. C’est la triste
destinée de celui qui prêche la Parole de Dieu, être comme le Christ un signe
de contradiction. Mais béni soit Dieu. Même si ce que je dis ne sert que de
pauvres véhicules. Ce qui importe, c’est ce qui se trouve à l’intérieur de ce
véhicule : la Parole de Dieu qui est accueillie dans les cœurs et qui y
opère la sainteté et la vie. C’est
pourquoi nous retrouvons de nombreux signes de sainteté à l’intérieur de nos
communautés. 05/11/78, p.287, V.