L’ImmaculĂ©e Conception de Marie

 

8 dĂ©cembre 1977; Lectures : GenĂšse 3,9-15; ÉphĂ©siens 1,3-6; Luc 1,26-38.

 

 

Le Péché originel

 

Il existe deux sortes de pĂ©chĂ© : le pĂ©chĂ© originel et le pĂ©chĂ© personnel. Le pĂ©chĂ© personnel est celui que tu commets avec ta propre volontĂ© en dĂ©sobĂ©issant Ă  un commandement de la loi de Dieu. Tu as pĂ©chĂ© et tu es responsable de ce pĂ©chĂ©, comme Adam et Ève qui dĂ©sobĂ©irent personnellement Ă  Dieu en commettant un pĂ©chĂ© personnel.

 

Qu’est-ce qui se produit lorsque je commets un pĂ©chĂ© personnel? On perd l’amitiĂ© avec Dieu, le pĂ©cheur est quelqu’un qui a dĂ©sobĂ©i Ă  la loi de Dieu. Tous ceux qui pĂšchent rompent leur relation d’amitiĂ© avec le Seigneur, ils prĂ©fĂšrent leur passion Ă  la volontĂ©, Ă  la loi du Seigneur. Ainsi, Adam et Ève prĂ©fĂ©rĂšrent atteindre le bonheur non pas par les chemins de la loi de Dieu mais par la tricherie du dĂ©mon qui se moqua d’eux aprĂšs les avoir fait tomber en tentation. Pour cela, Adam et Ève furent privĂ©s de la grĂące de Dieu. De ce couple ne peuvent naĂźtre que des enfants naturels. Si Dieu ne leur transmet pas aussi sa vie divine, si les parents ont perdu la vie de Dieu (la grĂące), ils ne peuvent plus la transmettre, ils transmettent seulement la vie naturelle. Mais la vie naturelle qu’Adam et Ève commencĂšrent Ă  transmettre Ă  leurs enfants, cette vie parvenue jusqu’à nous par notre pĂšre et notre mĂšre qui nous engendrĂšrent, est une vie privĂ©e de la grĂące de Dieu. Cela ne suppose pas une faute personnelle, mais un hĂ©ritage. Supposons qu’un monsieur, propriĂ©taire d’une hacienda dit Ă  l’administrateur : « comme rĂ©compense de la confiance que j’ai pour toi, tu vas ĂȘtre le propriĂ©taire de mes terres tant que tu m’obĂ©iras. Tous les enfants qui naĂźtront dans ta famille seront considĂ©rĂ©s comme des hĂ©ritiers de ces terres tant qu’ils m’obĂ©iront. Â»

 

Un jour, cet administrateur, se croyant le maĂźtre de tout, commença Ă  mal administrer l’hacienda et Ă  dĂ©sobĂ©ir Ă  son chef, Ă  son patron. Le patron lui dit : « Je t’ai tout donnĂ© Ă  condition que tu m’obĂ©isses; tu ne m’as pas obĂ©i, je suis dĂ©solĂ©, mais tu dois quitter mes terres, tu demeuras sans hĂ©ritage. Â» Et naturellement depuis ce temps, ces enfants qui bĂ©nĂ©ficiaient du bonheur de cette vie, naissent maintenant au-dehors de l’hacienda, dĂ©shĂ©ritĂ©s par leur patron. C’est le cas du pĂ©chĂ© originel. Adam et Ève commirent un pĂ©chĂ© personnel et Dieu les expulsa du Paradis, Il leur enleva son amitiĂ© divine et leurs enfants, nous demeurons privĂ©s de la GrĂące. Le pĂ©chĂ© originel n’est pas une faute, il provient d’un manque dans notre hĂ©ritage. Dieu n’est pas obligĂ© de nous donner son amitiĂ© divine alors que ceux qui la perdirent, la perdirent pour toute la famille, c’est un hĂ©ritage qui a Ă©tĂ© perdu. 08/12/77, p.36, III.

 

 

Le Chrétien régénéré

 

C’est ce que nous dit la premiĂšre lecture d’aujourd’hui (Gn 3,9-15), de telle sorte que Marie, Ă©galement fille d’Adam devait naĂźtre dĂ©shĂ©ritĂ©e de la grĂące de Dieu, dans le pĂ©chĂ©. Cependant, aujourd’hui nous cĂ©lĂ©brons l’ImmaculĂ©e Conception de Marie. Elle fut conçue sans pĂ©chĂ©. Comment est-ce possible? Saint Paul (Ep 1,3-6; 11-12) nous apporte aujourd’hui l’explication. Si aujourd’hui nous, chrĂ©tiens, avons la chance de nous retrouver Ă  nouveau dans la grĂące de Dieu, c’est parce qu’un prĂȘtre nous l’administra par le baptĂȘme. Et le fils du pĂ©chĂ© originel qui fut l’enfant qui naquit, qui fut moi, fut rachetĂ© par le baptĂȘme, par le sang du Christ sur la croix. Cet enfant est devenu enfant de Dieu, le paradis a Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ© grĂące au Christ. Et si, par disgrĂące, moi baptisĂ© je commets un pĂ©chĂ© personnel, une dĂ©sobĂ©issance Ă  la loi de Dieu, le Christ m’a laissĂ© un sacrement de rĂ©conciliation. Le prĂȘtre dans le confessionnal a le pouvoir de rendre le paradis Ă  plusieurs Ăąmes qui ont perdu l’amitiĂ© avec Dieu.

 

FrĂšres, si vous avez expĂ©rimentĂ© le bonheur d’une bonne confession, vous comprenez ce que je suis en train de dire : c’est comme retourner au Paradis. Le jeune, la jeune, l’époux infidĂšle, l’enfant qui a dĂ©sobĂ©i, quiconque a commis un pĂ©chĂ© sent le reproche de Dieu dans sa conscience, il n’est pas heureux. Ceux qui dans cette assemblĂ©e sont dans le pĂ©chĂ© ne me trompent pas avec leur apparence de bonheur, lĂ  dans leur cƓur ils portent le remords, ils portent la faute, ils portent la perte du Paradis. Ils ne seront heureux que lorsqu’ils se seront repentis et obĂ©iront Ă  l’Évangile du Christ; qu’ils viennent demander pardon Ă  Dieu et qu’au nom de Dieu, un prĂȘtre les accueillera dans le paradis de son Église. Comme si on leur enlevait un voile sur le cƓur, comme s’ils sortaient de la tombe oĂč ils Ă©taient enterrĂ©s dans la pourriture. L’ñme dans le pĂ©chĂ© est retournĂ©e au Paradis. Pourquoi le pardon des pĂ©chĂ©s? Parce que JĂ©sus-Christ vient de nous dire saint Paul, parce que le Christ seul est le RĂ©dempteur des pĂ©chĂ©s. 08/12/77, p.36-37, III

 

 

Marie préservée du péché

 

Pie IX, le 8 dĂ©cembre 1854, dĂ©clara : « Le Christ est le RĂ©dempteur de tous les hommes. Â» Marie aussi est sauvĂ©e, mais il y a deux sortes de RĂ©demption : une RĂ©demption qui sauve de la chute celui qui est tombĂ©, qui le sort du trou, de l’abĂźme oĂč il est tombĂ©. C’est ainsi que le Christ nous a tous rachetĂ©s parce que nous sommes tous tombĂ©s dans l’abĂźme du pĂ©chĂ© originel, nous sommes tous nĂ©s marquĂ©s de cette dĂ©sobĂ©issance d’Adam. Mais il existe une autre sorte de RĂ©demption qui consiste Ă  ne pas tomber. Marie te recueille dans ses bras avant que tu ne succombes, elle te soutient hors du danger. Comme tous ceux qui sont tombĂ©s, tu devrais avoir succombĂ©, mais tu n’es pas tombĂ© grĂące Ă  son amour spĂ©cial.

C’est le cas de Marie qui a Ă©tĂ© prĂ©servĂ©e du pĂ©chĂ©. Elle devrait ĂȘtre tombĂ©e dans le pĂ©chĂ© originel parce qu’elle est l’hĂ©ritiĂšre d’Adam et Ève. Elle aussi appartient Ă  notre race des pĂ©cheurs et c’est pourquoi le Christ l’a rachetĂ©e avec cette RĂ©demption si luxueuse, la RĂ©demption de prĂ©servation. Elle est l’unique Ă  avoir Ă©tĂ© rachetĂ©e d’une telle RĂ©demption qui l’a protĂ©gĂ©e du pĂ©chĂ© originel. Et vous allez entendre dans quelques instants lorsque nous allons chanter la prĂ©face de cette messe de l’ImmaculĂ©e Conception, oĂč l’Église dit : « ImmaculĂ©e et pure devait ĂȘtre la chair de celle qui devait donner naissance au RĂ©dempteur de l’humanitĂ©, parce que le Christ voulait une mĂšre qui n’aurait pas la gĂȘne de dire : « J’ai Ă©tĂ© conçue dans le pĂ©chĂ©. Â» Il devança les mĂ©rites de sa RĂ©demption. MĂšre, Je vais te prĂ©server parce que tes entrailles sont pures. Je vais me faire chair en toi, Moi le RĂ©dempteur. 08/12/77, p.37-38, III.

 

 

Marie, Image de l’Église

 

Nous approcher de ce mystĂšre du pĂ©chĂ© originel et de la RĂ©demption de Marie, c’est s’approcher de la source de l’Église. Vous allez entendre Ă©galement dans le chant de prĂ©face d’aujourd’hui que Marie est l’origine et l’image de l’Église. Saint Paul dit que le Christ demeura clouĂ© sur la croix pour se faire une Ă©pouse : l’Église. Marie ImmaculĂ©e est l’image de ce que nous sommes tous une Église dirigĂ©e par cette parole que prĂȘchent l’évĂȘque, les prĂȘtres, les religieuses et qu’enseignent les catĂ©chistes et les cĂ©lĂ©brants de la Parole. Nous ne faisons pas autre chose que prĂȘcher cette RĂ©demption du Christ, nous ne faisons pas autre chose que dĂ©noncer le pĂ©chĂ©. 08/12/77, p.38, III.

 

 

Ce qui intéresse le Christ

 

Si le Christ avait recherchĂ© la grandeur humaine et la grandeur Ă©conomique en choisissant sa mĂšre, il aurait fait d’elle la femme la plus riche. Si le Christ avait placĂ© son enthousiasme dans le pouvoir politique, il aurait fait de Marie une grande reine, dominatrice d’un grand empire. Si le Christ avait considĂ©rĂ© la beautĂ© comme le considĂšrent aujourd’hui tant de femmes et tant d’hommes, il aurait fait sa mĂšre avec un joli visage, dans un beau corps, il aurait fait de Marie une beautĂ© comme il n’en existe pas. Mais le Christ a choisi prĂ©cisĂ©ment de sauver du pĂ©chĂ©, toutes ces choses qui sont belles, en faisant Marie sans pĂ©chĂ©. C’est ce qui intĂ©resse le Christ et c’est ce qu’Il a laissĂ© comme responsabilitĂ© Ă  l’Église. Prenez garde au pĂ©chĂ©! Il mourut sur la croix pour avoir dĂ©noncĂ© le pĂ©chĂ©, Il mourut sur la croix parce qu’Il s’est rendu responsable du pĂ©chĂ© des hommes et pour qu’ils soient pardonnĂ©s. Dieu ne chĂątie pas avec cet Ă©pouvantable tourment de la crucifixion. Comme l’affirme le prophĂšte IsaĂŻe : « Il porte sur ses Ă©paules toutes nos iniquitĂ©s et pour cela sa chair est bĂ©nite. Â» Dieu chĂątie tous nos pĂ©chĂ©s, et Il laissa la charge Ă  l’Église de libĂ©rer le monde du pĂ©chĂ©. Â» 08/12/77, p.38-39, III.

 

 

L’Église, purificatrice du pĂ©chĂ©

 

C’est cela la grande mission de l’Église. C’est pour cela que le Christ a fait Marie sans pĂ©chĂ©. Il veut que son Église soit chargĂ©e de se purifier du pĂ©chĂ© et de purifier le monde du pĂ©chĂ©. Ce sont lĂ  les grands conflits de l’Église parce qu’elle dĂ©nonce le pĂ©chĂ©, parce qu’elle dit aux riches : « N’abusez pas, ne pĂ©chez pas avec votre argent Â», parce qu’elle dit aux puissants : « N’abusez pas de la politique, n’abusez pas des armes, n’abusez pas de votre pouvoir. Vous ne voyez donc pas que c’est pĂ©chĂ©! Â» Parce qu’elle dit aux pĂ©cheurs, Ă  ceux qui torturent : « Ne torturez pas, vous ĂȘtes en train de pĂ©cher, d’offenser Dieu, vous ĂȘtes en train d’implanter le rĂšgne de l’Enfer sur la Terre. « C’est parce que l’Église condamne tout ce qui est pĂ©chĂ©, que surgissent contre elle de grands conflits, mais elle ne peut se taire. Â» L’Église ne sera authentique et persĂ©cutĂ©e que lorsqu’elle sera davantage unie Ă  Marie ImmaculĂ©e et sans pĂ©chĂ©.

 

C’est Ă  partir de sa puretĂ© qu’elle tente de purifier, qu’elle essaie Ă©galement de laver les autres de leurs pĂ©chĂ©s, car elle ne dĂ©sire pas condamner, comme le Christ le dit : « Je ne suis pas venu pour vous perdre, Je veux vous sauver, Je veux que ceux qui manƓuvrent l’argent, la politique, les armes, le pouvoir et la beautĂ© de la Terre, se sauvent. N’abusez pas de ces choses, mais usez-en selon la volontĂ© de Dieu parce qu’on peut ĂȘtre riche, politicien ou militaire sans pĂ©cher. L’Église veut purifier ces hommes qui prĂ©cisĂ©ment font de leur charge, assez souvent, un art du pĂ©chĂ©, de la grossiĂšretĂ©, de l’inhumanitĂ©. Â» 08/12/77, p.39, III.

 

 

Pleine de grĂące Ă©galement

 

Lorsque l’Église dĂ©nonce le pĂ©chĂ©, c’est pour dire Ă  l’humanitĂ© de ne pas placer leur enchantement dans les choses terrestres. Élevez-vous, faites la promotion des choses du ciel, des valeurs cĂ©lestes, gagnez-vous l’amitiĂ© de Dieu avec les richesses de la Terre. Usez de ces biens conformĂ©ment Ă  la volontĂ© de Dieu. Repentez-vous de vos pĂ©chĂ©s et au lieu de mettre votre joie dans les plaisirs du sexe, de la chair, du vice, de la boisson, des choses qui transforment les hommes en bĂȘtes. Élevez-vous Ă  ĂȘtre des hommes de vĂ©ritĂ©, fils de Dieu comme Marie qui ne mit jamais son enchantement dans les joies terrestres et pĂ©cheresses, mais dans les joies du ciel. 08/12/77, p.40, III.

 

 

La grande tñche de l’Église

 

C’est la promotion de l’humanitĂ© que l’Église est en train de mener Ă  terme. C’est pourquoi, mes frĂšres, l’Église, un jour comme celui-ci, s’est immergĂ©e dans la source pure qu’est Marie ImmaculĂ©e. À partir de cette Ăąme bĂ©nite, sans le pĂ©chĂ© du monde, l’Église cherche Ă  remplir les ĂȘtres humains de la grĂące, de la force et de la consolation de la Vierge Marie. Et je dis Ă  nos prĂȘtres bien-aimĂ©s, Ă  nos religieuses, aux agents de la Parole, aux catĂ©chĂštes : soyez courageux, au-devant de nous se dresse cette grande mission de laver le monde du pĂ©chĂ© et de le remplir de la grĂące de Dieu. Il n’existe pas de tĂąche semblable Ă  la nĂŽtre. Et je dis Ă©galement Ă  ceux qui comprennent mal cette mission de l’Église, ceux qui nous espionnent en pensant que nous sommes devenus subversifs et communistes, Ă  ceux qui persĂ©cutent et nous calomnient : « Soyez conscients que c’est le Christ que vous persĂ©cutez. C’est le Christ qui continue de prĂȘcher la RĂ©demption aux hommes. Ne l’empĂȘchez pas, laissez-le prĂȘcher pour votre propre bien, gouvernants et puissants. C’est pour votre propre bien qu’il y a des chrĂ©tiens promus par la grĂące de Dieu qui prĂȘchent pour arracher le pĂ©chĂ© de notre sociĂ©tĂ©. Il y aura davantage d’honnĂȘtetĂ©, il n’y aura plus de terreur, de crimes et de vices lorsqu’on Ă©coutera le vĂ©ritable message de l’Église qui travaille pour le bien vĂ©ritable et la grandeur vĂ©ritable de la Patrie. Â» 08/12/77, p.40-41, III.