La Justification et la Foi

 

Dixième dimanche du temps ordinaire; 11 juin 1978; Lectures : OsĂ©e : 6,3b-6; Romains 1,18-25; Matthieu 9,9-13.

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) La Justification que Dieu offre aux humains

2) La Disposition que les humains doivent avoir pour recevoir cette justification de Dieu

3) La Mission de l’Église et des prophètes : disposer les humains Ă  recevoir la justification de Dieu

 

 

1) La Justification que Dieu offre aux humains

 

Pour comprendre ce Dieu que le Christ reflète, nous devons remonter jusqu’à l’Ancien Testament, Ă  toute la Bible. La ligne de Dieu est ici (Mt 9,13) : « C’est la misĂ©ricorde que je veux, non le sacrifice. Â» Nous devons remonter jusqu’au temps d’OsĂ©e (6,3b-6), le prophète qui vĂ©cut l’effondrement d’IsraĂ«l. Cette partie de la Palestine qui Ă©tait sĂ©parĂ©e de la JudĂ©e. Le Royaume du Nord eut un grand roi, JĂ©roboam II, lorsque commença la prĂ©dication d’OsĂ©e. Mais, en ce temps glorieux de l’Empire du nord d’IsraĂ«l, comme toujours lorsqu’advient la prospĂ©ritĂ© chez un peuple, il y avait beaucoup d’injustices sociales et d’abus de l’autoritĂ©. C’est ce que dĂ©nonce OsĂ©e. Lisez le livre d’OsĂ©e et observez comment les sermons de la cathĂ©drale demeurent prudents en comparaison de l’éloquence de ce prophète face aux rois, aux grands et aux puissants, pour leur jeter au visage leurs abus et leurs injustices. Lorsque tomba JĂ©roboam II, il advint une sĂ©rie de rois lâches qui tentèrent de se soumettre ou de faire alliance avec les autres peuples. OsĂ©e dĂ©nonça ces rois lâches d’avoir oubliĂ© leur Alliance avec Dieu, de rechercher davantage l’appui des hommes que celui de Dieu. OsĂ©e critiqua la politique de son royaume. Le prophète peut prĂŞcher contre la politique de son temps lorsque cette politique est contre la loi du Seigneur. C’est ce que dĂ©fendit OsĂ©e. Ă€ partir de sa mission prophĂ©tique, il dĂ©nonça les erreurs, les idolâtries, les fausses certitudes des politiciens de son temps. C’est le Dieu qu’annonça OsĂ©e pendant cette pĂ©riode aussi difficile que la nĂ´tre. IsraĂ«l Ă©tait tombĂ© dans l’idolâtrie d’adorer les baals (les baals Ă©taient des dieux de la fĂ©conditĂ©). Ils croyaient que les rĂ©coltes, la pluie, le soleil dĂ©pendaient du dieu Baal. Ils mĂ©langeaient l’idolâtrie de ces fausses divinitĂ©s avec le Dieu de la Bible. OsĂ©e Ă©tait lĂ  pour dĂ©fendre la puretĂ© de la Bible, de la RĂ©vĂ©lation de Dieu, contre les idoles qui se sont introduites dans la vĂ©ritable religion. La dĂ©nonciation de l’idolâtrie a toujours Ă©tĂ© la mission des prophètes et de l’Église.

 

Aujourd’hui, il ne s’agit plus du dieu Baal, mais il existe d’autres idoles tout aussi terribles en notre temps : le dieu de l’argent, le dieu du pouvoir, le dieu du luxe, le dieu de la luxure. Combien de dieux ont Ă©tĂ© intronisĂ©s dans notre culture! Et la voix d’OsĂ©e demeure actuelle maintenant aussi, pour dire aux chrĂ©tiens : « Ne mĂ©langez pas ces idolâtries Ă  l’adoration du Dieu vĂ©ritable. Â» On ne peut servir deux maĂ®tres : le Dieu vĂ©ritable et l’argent. On ne doit en suivre qu’un seul. Comme Matthieu qui s’est converti de l’idolâtrie de l’argent pour suivre son unique Seigneur JĂ©sus-Christ, nous devons dĂ©sirer nous convertir pour purifier la vĂ©ritable religion. Le Dieu qu’annonce OsĂ©e – observez Ă  quel point il s’est incarnĂ© dans son Ă©poque –, emprunte au langage des rituels idolâtriques de Baal, qui chantent Ă  l’aurore, qui chantent Ă  la pluie, qui chantent au soleil, pour orienter ce langage idolâtrique vers le Dieu vĂ©ritable. Il leur parle d’un Dieu qui tombe comme la pluie matinale pour fĂ©conder la terre; d’un Dieu qui dĂ©trempe la terre pour la rendre fĂ©conde. C’est le Dieu vĂ©ritable. Ce n’est pas Baal. Et Il leur parle d’un Dieu qui est fidèle, comme l’aurore qui fidèlement se lève tous les matins, de ce Dieu qui est clair et lucide comme le soleil qui Ă©claire tous les jours. Avec ce langage, que les idolâtres convertissaient en offense Ă  Dieu, le prophète annonce le vĂ©ritable Dieu et il leur parle en Ă©change, avec ce mĂŞme langage, de la faussetĂ© de leurs cultes. 11/06/78, p.30, V.

 

Il ne s’agit pas d’une justification d’apparence. Luther s’est trompĂ© Ă  ce sujet et plusieurs de nos frères sĂ©parĂ©s suivent cette doctrine, non pas tous, grâce Ă  Dieu. Plusieurs comprennent la justification comme si Dieu couvrait la mĂ©chancetĂ© de l’être humain, peu importe si ce dernier continue d’être mauvais. Non, la doctrine dont saint Paul nous parle aujourd’hui (Rm 1,18-25) est celle de la « justification Â». C’est-Ă -dire qu’elle donne Ă  l’homme non seulement une apparence, mais qu’elle efface aussi vĂ©ritablement son pĂ©chĂ©. Elle fait disparaĂ®tre tout son passĂ©, elle le lave de toutes les souillures qu’il a contractĂ©es. Et, ici nous avons l’exemple de Matthieu face au Christ, ce n’est plus un pĂ©cheur, le Christ l’a appelĂ© et il Lui a rĂ©pondu. Dieu l’a justifiĂ©; il est dĂ©jĂ  un saint.

 

Lorsque Marie-Madeleine, cĂ©lèbre prostituĂ©e repentie, arrive au banquet pour oindre le Seigneur, les convives continuent de la dĂ©crier comme une femme de mauvaise vie. Mais le Christ dit : « Cela suffit, aujourd’hui elle a trouvĂ© grâce devant Dieu (elle est justifiĂ©e), parce qu’elle a aimĂ© jusqu’au repentir et qu’aujourd’hui elle s’est repentie de ses fautes. Â» C’est cela, la justification de Dieu, cette justice, la Loi ne l’atteint pas. L’effort humain ne l’atteint pas, il doit l’arracher Ă  Dieu, c’est un don gratuit, c’est un prĂ©sent inestimable du Seigneur. C’est ce que les pharisiens ne pouvaient pas comprendre. Ils se croyaient très supĂ©rieurs Ă  Matthieu et aux publicains parce qu’ils Ă©taient les gardiens de la Loi. Mais Saint Paul leur dit : « Cela n’est rien. C’est une apparence qui peut valoir beaucoup aux yeux des hommes, mais devant Dieu qui veut la misĂ©ricorde, sens profond de notre abandon Ă  Lui, ce qui intĂ©resse Dieu, c’est cette justice qu’Il nous donne et que nous recevons de Lui. Â» La justification que Dieu nous offre nous fait participer Ă  sa Vie Divine, elle fait de nous les frères de son Fils unique, JĂ©sus-Christ, elle fait de nous les hĂ©ritiers et les participants de sa gloire Ă©ternelle, c’est la satisfaction intime que sent le pĂ©cheur lorsqu’on lui pardonne ses pĂ©chĂ©s. C’est cette parole que j’ai eu la joie de connaĂ®tre Ă  HĂ©bron, lĂ  oĂą l’on dit qu’est la tombe d’Abraham. Sur celle-ci il n’y a qu’un seul mot, « El Kalil Â», qui signifie « l’Ami Â». Abraham est l’ami de Dieu parce que Dieu le justifia. Et tout homme que Dieu justifie peut ĂŞtre appelĂ© « El Kalil Â», l’ami de Dieu. MĂŞme s’il a Ă©tĂ© un pĂ©cheur, Dieu l’a dĂ©jĂ  justifiĂ©. C’est cela la justification que Dieu nous offre. Si ce n’est pas l’effort humain, si ce n’est pas la Loi, si c’est un don, l’initiative gratuite de Dieu, de justifier celui qu’Il veut, non pas quelqu’un qui voudrait pour satisfaire son propre orgueil monter jusqu’à Dieu. Impossible! Seulement Dieu appelle Ă  cette justification, mais ce Dieu n’est pas un Dieu que nous ne pouvons pas rencontrer. C’est cela le plus beau : Dieu s’est fait homme et Il est venu sur les chemins des hommes et des femmes pour les rencontrer. Dans le Christ se trouve la justification de Dieu, le Christ est le Dieu qui pardonne, le Dieu qui justifie, le Christ est le Dieu qui est venu non pas pour condamner, mais pour pardonner, le Christ est le pasteur qui marche Ă  la rencontre des brebis Ă©garĂ©es pour qu’elles viennent partager la joie de son troupeau, celui des justifiĂ©s. Il n’exclut personne, et avec quelle tristesse Il disait : « J’ai des brebis qui ne sont pas au bercail, il est nĂ©cessaire de les y conduire. Â»

 

C’est cela, le cĹ“ur du Christ, cĹ“ur de Dieu qui palpite dans un cĹ“ur humain. Amour infini du Seigneur qui, par tous les chemins de la vie de chacun d’entre nous, nous suit, nous recherche, et lorsque plus Ă©garĂ©s nous marchons, lorsque nous sommes plus Ă©loignĂ©s de la foi, lorsque nous sommes plus orgueilleux et idolâtres des choses vaines, c’est lĂ , tout près, que se trouve le Seigneur, nous offrant la justification en nous disant : « Rien ne sert d’avoir beaucoup d’argent, d’avoir beaucoup de pouvoir, d’avoir beaucoup de luxe, si tu ne t’es pas converti Ă  Dieu, si Dieu ne te donne pas la justification, tu es l’homme le plus pauvre, le plus misĂ©rable. Sans la justification de Dieu, tout n’est qu’apparence. C’est cette justice intime, celle que Dieu t’offre. Ou encore, dans un langage plus moderne : La Grâce, le pardon, la rĂ©conciliation avec Dieu, pour qui il n’existe pas d’impossibilitĂ© Ă  cette rĂ©conciliation. 11/06/78, p.31-32, V.

 

 

2) La Disposition que les humains doivent avoir pour recevoir cette justification de Dieu

 

Dans mon second point, la difficultĂ© se trouve dans la disposition de la personne humaine. Si Dieu est disposĂ© Ă  donner, lamentablement, les humains ne sont pas disposĂ©s Ă  recevoir. Et dans les lectures d’aujourd’hui (OsĂ©e 6,3b-6; Rom 1,18-25; Mt 9,9-13) apparaissent les trois dispositions indispensables. Sans elles, Dieu ne peut justifier personne, parce que l’homme est libre. Dimanche dernier (04/06/78), nous disions : « Face Ă  toi, il existe deux chemins : celui qui conduit Ă  la bĂ©nĂ©diction, Ă  la justification, Ă  la fidĂ©litĂ© Ă  ton Dieu et, celui qui conduit Ă  la malĂ©diction, Ă  l’infidĂ©litĂ©, Ă  l’idolâtrie, Ă  la rĂ©pudiation de Dieu, le rejet de sa foi. Â» 11/06/78, p.32, V.

 

« Abraham croit. Qu’est-ce que croire? Croire, c’est lorsque Dieu dit jusqu’à l’impossible et l’homme accepte cette parole. Il se convainc qu’il s’agit de la vĂ©ritĂ©, et il vit de cette parole. La foi, c’est se livrer Ă  Celui qui lui dit quelque chose. Croire, c’est ne pas douter. L’acte d’Abraham est hĂ©roĂŻque, je dirais divin. Il comprend que tout provient de l’initiative de Dieu. Les conditions humaines n’importent pas : vieux et stĂ©rile, il paraĂ®t mort, mais Dieu qui fait ressusciter les morts et donne vie aux dĂ©serts, sera capable de faire aussi de sa stĂ©rilitĂ© et de sa vieillesse, de sa mort, un peuple nombreux; et pour le comble, un peuple d’oĂą proviendront la RĂ©demption et la vie Ă©ternelle. Â» […]

Mes frères, cette foi est nĂ©cessaire. Ce n’est pas la loi; ce n’est pas l’effort humain; c’est croire en ce Dieu. La première disponibilitĂ© de l’homme pour que Dieu le justifie, c’est de croire : mais cela ne suffit pas. Le prophète OsĂ©e nous parle, et le Christ Ă©galement face aux pharisiens, de la nĂ©cessitĂ© d’une autre condition : la conversion. Se convertir, cela veut dire, abandonner la mauvaise vie et devenir bons. Se convertir cela veut dire « changer de mentalitĂ© Â». Pourquoi se scandalise-t-on du changement d’esprit lorsque ce changement est nĂ©cessaire pour le mieux? On peut s’être trompĂ©; on peut avoir adorĂ© de fausses passions; on peut s’être installĂ© dans les commoditĂ©s; on peut avoir aimĂ© les avantages de ce monde; on peut avoir Ă©tĂ© de ceux, et le Christ le dit dans son Évangile, qui ne voulurent pas perdre leur vie, parce que les avantages, les occasions de la Terre les attirent davantage. Mais si ce Dieu appelle Ă  une conversion, Ă  penser d’une autre manière, il est nĂ©cessaire de se convertir. C’est ici que nous comprenons pourquoi le Christ dit que les pharisiens sont hypocrites : non parce qu’ils s’efforcèrent d’accomplir la Loi, mais parce que, pour eux, tout consiste en un système humain, comme si lĂ  Ă©tait toute la perfection que Dieu veut.

 

Dieu est la vie; Dieu est Ă©volution, Dieu est nouveautĂ©, Dieu marche avec l’Histoire du peuple. Et le peuple croyant en Dieu ne doit pas s’affairer Ă  des coutumes, Ă  des traditions, surtout lorsque ces coutumes, ces traditions voilent le vĂ©ritable Évangile de notre Seigneur et Sauveur JĂ©sus-Christ. Vous devez demeurer toujours attentif Ă  la voix de l’Esprit : convertissez-vous, allez dans la paix de l’Évangile, de cet appel du Seigneur! […]

 

Dieu a devant Lui l’éternité. La sécurité provient seulement de Dieu. Nous n’avons qu’à suivre humblement où Dieu désire nous conduire, et bienheureux celui qui se sait fidèle aux chemins que Dieu lui inspire; non pas pour plaire aux autres, demeurant la conscience inquiète, là où les autres croient qu’ils sont en sécurité. Quitte ta parenté, dépossède-toi de tes fausses sécurités, convertis-toi au Seigneur, c’est cela le chemin interminable du pèlerinage de notre foi.

 

 

Nous avons Ă©galement besoin d’autre chose afin de recevoir la grâce que le Seigneur nous offre. La fameuse phrase : « Je ne veux pas des sacrifices, mais de la MisĂ©ricorde. Â» Quelle parole merveilleuse! Ce n’est pas que Dieu rejette le sacrifice de notre messe, mais Il nous dit : cette messe, ce sacrifice ne sert Ă  rien si ceux qui viennent me l’offrir n’ont pas de misĂ©ricorde dans leur cĹ“ur. Je prĂ©fère la misĂ©ricorde. Â» 11/06/78, p.32-34, V.

 

Qu’est-ce que la miséricorde? La miséricorde est l’expression la plus complète de l’amour. L’amour qui se donne, qui est compassion, qui est pardon, qui est compréhension, qui est justice, qui est de s’entendre avec tous. Miséricorde signifie non pas l’orgueil des pharisiens qui déprécient les marginaux, mais l’accueil du Dieu qui, de riche qu’Il était, est venu chercher les pauvres, ceux qui ne peuvent s’asseoir à leur table et manger avec eux (les pharisiens). La miséricorde, c’est la bonté exprimée par des actes, non en paroles. Miséricorde, chacun d’entre vous le comprend mieux que je ne peux l’exprimer parce que tous, je crois, nous avons déjà posé un petit geste de miséricorde pour quelqu’un d’autre, et surtout, nous avons nous-mêmes été objets de la miséricorde. Si Dieu n’avait pas eu miséricorde alors que nous étions tombés dans tant de fautes, où serions-nous? Si Dieu n’avait pas eu la miséricorde de nous pardonner avant de mourir, où irions-nous?

 

Peut-être que dans nos relations humaines nous avons eu beaucoup de gestes de miséricorde posés par nous ou encore reçus par nous. Bienheureux celui qui peut compter dans sa vie plusieurs actes de miséricorde. C’est ce que veut Dieu!

 

C’est pour cela que l’Église enseigne la justice sociale, l’amour chrĂ©tien, de nous comprendre comme des frères; qu’elle rejette la violence comme chemin pour rĂ©gler les choses, qu’elle n’accepte pas la corruption, qu’elle n’accepte pas les sĂ©questrations ni aucune de ces choses qui sont Ă  la mode et auxquelles nous nous accoutumons lamentablement. L’Église ne peut ĂŞtre d’accord avec cela parce que c’est un refus de la misĂ©ricorde. « C’est la misĂ©ricorde que Je veux, non des sacrifices. Tes prières qui proviennent d’un cĹ“ur rempli de rancĹ“ur ne me sont pas agrĂ©ables; ne me prie pas, ne m’offre pas de messes si tu viens avec tes injustices, les mains tachĂ©es de sang, de haine, de violence. C’est d’abord la misĂ©ricorde que Je veux. Â» Quelle belle rĂ©clamation de notre Seigneur, et comme elle apparaĂ®t opportune pour notre temps! Le Christ et l’Église continuent de dire que les choses de la patrie vont s’arranger, non pas par la rĂ©pression, non par la force, ni par les lois injustes et arbitraires, mais lorsque dans le cĹ“ur de tous les hommes et de toutes les femmes surgira ce que Dieu veut : « La misĂ©ricorde est ce que Je veux Â», non pas autre chose. Ce qui restaure, ce qui justifie l’homme, c’est prĂ©cisĂ©ment ce chemin du Seigneur. 11/06/78, p. 34-35, V.

 

 

3) La Mission de l’Église et des prophètes : disposer les humains Ă  recevoir la justification de Dieu

 

Quelle est la mission de l’Église? Quelle est la mission des prophètes?

 

Nous avons la rĂ©ponse chez OsĂ©e (6, 3b-6) et du Christ Lui-mĂŞme (Mt 9,9-13), au milieu des pĂ©cheurs et nous l’avons aussi chez saint Paul (Rm 1,18-25) annonçant l’exemple d’Abraham. La mission de l’Église est de proclamer les merveilles de la misĂ©ricorde de Dieu. C’est sa première mission, mais avec celle-ci en vient une autre : appeler les humains Ă  la foi, Ă  la conversion et Ă  la misĂ©ricorde. Et en troisième lieu, dĂ©noncer tout pĂ©chĂ© qui va contre cette relation avec Dieu, contre cette foi, contre cette vĂ©ritĂ©, contre cette misĂ©ricorde, contre tout ce qui nous empĂŞche d’être disposĂ©s Ă  recevoir Dieu. La mission de l’Église est celle de Jean Baptiste : aller prĂ©parer les chemins par lesquels Dieu veut arriver Ă  justifier les humains. Et dans cette cathĂ©drale, nous dĂ©nonçons le pĂ©chĂ© de la sociĂ©tĂ©, le pĂ©chĂ© de l’autoritĂ©, le pĂ©chĂ© de la famille, non pas pour faire de la dĂ©magogie facile. Ă€ personne, il n’en coĂ»te autant de dire les mĂ©chancetĂ©s de son propre peuple, comme Ă  moi, mes frères, qui ai le devoir pastoral de signaler (par mandat de l’Évangile et de JĂ©sus-Christ qui enlève les pĂ©chĂ©s du monde) ce qu’est le pĂ©chĂ© afin qu’il ne puisse rĂ©gner et d’indiquer vers oĂą nous devons marcher. La conversion, la foi, la misĂ©ricorde sont ce que j’ai toujours prĂŞchĂ©. Seule l’indigne et vile calomnie peut rencontrer autre chose dans mes paroles. Mais la parole d’OsĂ©e, la parole de Paul, la parole du Christ, la parole de l’Église est celle dont je veux me faire l’écho pour annoncer Ă  mon peuple bien-aimĂ©, Ă  tous sans exception (aux pĂ©cheurs Ă©galement), comme le Christ le faisait lui-mĂŞme lorsque celui-ci reprenait ces contemporains. Il ne les haĂŻssait pas, Il les aimait, Il voulait les dĂ©livrer des liens de l’idolâtrie, de fausses positions, pour leur indiquer le vĂ©ritable chemin par oĂą ils rencontreraient la misĂ©ricorde que Dieu leur offre pour les pardonner et les justifier. 11/06/78, p.35, V.

 

Après avoir mĂ©ditĂ© avec vous la Parole de Dieu, et illuminĂ© avec elle quelques Ă©vĂ©nements de notre rĂ©alitĂ©, je vous demande Ă  nouveau : Qui est-ce qui dispose sa vie pour que Dieu le justifie et le sauve? Qui, dans le tourbillon de notre patrie, est Ă  l’envers et tourne le dos Ă  Dieu en dĂ©sobĂ©issant Ă  ses lois et en violentant son image qu’est l’être humain? Alors, sachant oĂą Dieu veut nous conduire pour nous justifier, mon homĂ©lie se termine en nous orientant vers l’Eucharistie. Nous sommes venus Ă  la messe pour participer au Sacrifice du Christ. N’oublions pas son langage de feu : « Je ne veux pas de sacrifices lorsqu’il n’y a pas de misĂ©ricorde. Â» Et puissent tous ceux qui vont participer Ă  ce sacrifice sur cet autel du Divin Sauveur du Monde connaĂ®tre la valeur suprĂŞme que possèdent par-dessus tout la charitĂ©, l’amour et la misĂ©ricorde. Amen. 11/06/78, p.39, V.