L’Église, retour du Christ en Esprit

 

Cinquième dimanche de Pâques; 23 avril 1978; Lectures : Actes 6,1-7; I Pierre 2,4-9; Jean 14,1-12.

 

C’est cela, la liturgie, la PrĂ©sence du ministère sauveur du Christ dans l’histoire du peuple Ă  partir duquel l’on rĂ©flĂ©chit sur ce mystère. C’est pourquoi, le principal c’est le mystère lui-mĂŞme qui sauve et Ă  partir de celui-ci, nous voulons Ă©clairer la rĂ©alitĂ© qui nous entoure pour que ce soit un mystère qui nous sauve en ce moment. Nous recherchons Ă  travers notre espĂ©rance chrĂ©tienne, dans la figure centrale du Divin RĂ©dempteur, la force pour rĂ©soudre les problèmes si graves de notre patrie. Mais si nous ne nous prĂ©occupons que du contexte et que nous regardons seulement la Parole comme quelque chose de secondaire, il arrive alors qu’au lieu d’entendre avec foi, nous Ă©coutions comme les pharisiens Ă©coutaient le Christ : pour voir en quoi ils pourraient Le surprendre, pour savoir quelle accusation ils pourraient bien porter contre Lui. Grâce Ă  Dieu, en appelant au public qui m’écoute, je peux dire comme le Christ Ă  ses ennemis : J’ai parlĂ© en public, demandĂ© Ă  ceux qui m’ont entendu, nous verrons alors si ce n’est pas la vĂ©ritĂ© que vous tentez de cacher avec autant de calomnies. 23/04/78, p.177-178, IV.

 

Pâques, le mystère pascal, ces jours de rĂ©flexions de l’Église nous amènent Ă  faire ce lien entre les adieux du Christ de sa vie temporelle, avec la PrĂ©sence du Christ dans sa vie mystique et cĂ©leste. En d’autres mots, la fin de la vie temporelle du Christ est reliĂ©e aux origines de l’histoire de l’Église. L’Évangile de saint Jean (14,1-12), dans ces beaux chapitres des adieux de la dernière cène, nous prĂ©sente comme la constitution de l’Église, le Christ qui fait ses adieux aux siens. Quel honneur pour nous ce matin de pouvoir nous dire « ceux de JĂ©sus-Christ Â» et JĂ©sus-Christ qui regarde tous ceux qui assistent Ă  cette messe, Il les appelle les siens, ses disciples. C’est avec eux qu’Il va cĂ©lĂ©brer l’inauguration de l’Église qui va ĂŞtre le prolongement des disciples du Christ.

 

Son retour dans l’Esprit veut dire, avec cette parole avec laquelle Il commence l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 14,1) : « Que votre cĹ“ur ne se trouble pas, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Â» Devant la tristesse de ceux qui pendant trois ans ont partagĂ© nuits et jours les problèmes, les espoirs, les angoisses de leur Divin MaĂ®tre, Il leur offre cette tendre consolation. Il leur dit qu’ils ne vont pas demeurer seuls, que lĂ  oĂą Il va ils ne peuvent le suivre maintenant, mais qu’ils le suivront plus tard. Le passage de la mort et de l’ascension aux cieux sera aussi pour les siens, mais Il le fait en ce moment comme tĂŞte du corps mystique. Nous aussi sommes tous appelĂ©s Ă  le suivre un jour. 23/04/78, p. 181-182, IV.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Le Christ, Véritable Dieu et Homme Véritable, Retour dans l’Esprit!

2) Présence du Christ dans l’Église comme Construction, Peuple et Communauté

 

 

1) Le Christ, Véritable Dieu et Homme Véritable, Retour dans l’Esprit!

 

 

A) Christ, VĂ©ritable Dieu et Homme VĂ©ritable

 

Mais, en premier lieu, qui est le Christ, pour pouvoir annoncer que mĂŞme après sa mort Il reviendra vivre avec nous? Nous pourrions dire que cela est la première idĂ©e pour croire en JĂ©sus-Christ. C’est ce qui apparaĂ®t dans le dialogue de l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 14,1-12), avec les deux apĂ´tres, Thomas et Philippe. Quand ils Le questionnèrent, tous deux encore ignorants de ce grand mystère, parce que le Christ n’est pas encore revenu en Esprit, ce ne sont que des hommes qui ont Ă©coutĂ© ces mystères si sublimes qu’ils ne purent les comprendre et l’un d’eux Lui demande (14,5) : « Seigneur, nous ne savons pas oĂą tu vas. Comment saurions-nous le chemin? Â» Et JĂ©sus lui rĂ©pond cette phrase qui synthĂ©tise tout l’Évangile et toute sa vie (Jn 14,  6) : « Je suis le Chemin, la VĂ©ritĂ© et la Vie. Â» Et l’autre disciple lui demande alors (14,8) : « Seigneur, montre-nous le Père et cela nous suffit. Â» C’était lĂ  toute l’attente de l’Ancien Testament : connaĂ®tre Dieu. Montre-nous Dieu. La rĂ©ponse du Christ est toute une christologie, un traitĂ© thĂ©ologique du Christ (14,9) : « VoilĂ  si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe?  Qui m’a vu a vu le Père! […] Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi? Â»

 

Frères, tant que nous n’avons pas assimilĂ© cette idĂ©e que le Christ est un vĂ©ritable Dieu et un homme vĂ©ritable, nous n’avons pas compris le mystère de notre Église, ni le mystère du Salut du Seigneur. C’est pour cela qu’Il s’est fait homme, pour qu’au moyen de la figure de cet Homme-Dieu, nous pĂ©nĂ©trions en ce mystère du divin. « Je suis le Chemin. Personne ne peut venir au Père sinon par moi. Â» Dieu n’est venu sauver les hommes et les femmes que par moi. L’unique mĂ©diateur c’est JĂ©sus-Christ. Bienheureux celui qui L’a connu et qui croit en Lui. Bienheureux celui qui sait encore, mĂŞme en ces heures obscures de notre histoire, que le Christ vit, qu’Il vit puissamment comme Dieu et qu’Il est comprĂ©hensif comme un humain. Il est l’homme de nos chemins, Il est comme l’homme de cette chanson Ă  la mode : le Dieu qui apparaĂ®t comme un ouvrier, comme celui qui passe dans le parc, comme celui qui travaille sur les routes et rĂ©pare des crevaisons dans les stations-service. Dieu est incarnĂ© dans chaque homme et comprend chaque travailleur, chaque homme qui veut L’aimer et le suivre. C’est pourquoi Il a dit : « Tout ce que vous faites Ă  l’un d’eux, c’est Ă  moi que vous l’avez fait. Â» C’est le chemin pour connaĂ®tre l’homme, ainsi que celui pour connaĂ®tre Dieu. Personne ne peut arriver Ă  Dieu sinon au travers de ce pont, de ce chemin qu’est Notre Seigneur JĂ©sus-Christ.

 

 

B) Le Christ vient à son Église à la Pentecôte

 

Ce Christ-Dieu, Celui que le Père exalta à l’heure de Pâques, c’est le Christ qui vient à la Pentecôte. La venue de l’Esprit saint, entendons-le bien, est le retour du Christ en esprit, c’est l’Esprit du Christ qui vient à son Église. Esprit du Christ avec toute sa force rédemptrice, avec tout son amour, avec tout son amour, avec tout son courage pour dénoncer le péché, avec toute sa force pour dire aux humains quel est l’unique chemin par où nous pouvons être sauvés et signaler les larges voies par où l’on peut se perdre.

 

Ce Christ vient et dit dans la dernière partie de l’Évangile d’aujourd’hui (Jn 14,12) : « Celui qui croit en moi fera, lui aussi, les Ĺ“uvres que Je fais; et il en fera mĂŞme de plus grandes… Â» Qu’est-ce que cela veut dire? Que toute la puissance rĂ©demptrice qu’Il apporta de Dieu, Il va la confier Ă  ce groupe qui forme dĂ©jĂ  son Église naissante et qu’au travers des siècles et des peuples, cette Église fera des choses bien plus grandes que le Christ au sens gĂ©ographique et numĂ©rique parce qu’Il sauve le monde avec une RĂ©demption objective, mourant sur la croix en nous laissant, dirions-nous, la source de la RĂ©demption. Ses disciples doivent rĂ©pandre par le monde entier, cette Ĺ“uvre salvatrice de sorte, qu’Il voit dans son Église des choses plus grandes encore que celles qu’Il fit personnellement.

 

Le Christ n’eut pas devant sa personne physique une multitude comme j’ai actuellement devant moi dans la cathĂ©drale, ni cet auditoire radiophonique que je sais très nombreuse en cette heure. C’est vĂ©ritablement le Christ qui parle Ă  travers moi et qui me dit : tu fais des choses bien plus grandes que Moi parce que ce que J’ai dit tu le rĂ©pètes par le miracle de la radio, dans l’attention de la multitude tu rĂ©pètes mes paroles, tu sauves le monde en leur indiquant le chemin, et comme Moi Ă©galement tu reçois la calomnie. Ă€ Moi aussi on me lança des pierres, Ă  Moi aussi ils M’ont persĂ©cutĂ©, dans mon temps aussi il y eut des gens qui, mĂŞme si Je leur signalais par des miracles la puissance de Dieu, ne crurent pas en moi, me condamnèrent, me crucifièrent parce que ma doctrine les dĂ©rangeait; ainsi que la tienne dĂ©range Ă©galement, mais tu rĂ©alises des choses très grandes parce que c’est Mon Ĺ“uvre que tu poursuis. Et chaque prĂŞtre, aussi humble que soit sa paroisse, rĂ©alise des choses plus grandes que le Christ dans le sens de l’Évangile d’aujourd’hui. Nous pouvons dire la mĂŞme chose du catĂ©chiste, du père de famille, du prĂ©dicateur de la Parole, les siens, ses disciples, tous ceux qui apportent au monde l’œuvre rĂ©demptrice du Seigneur.

 

C’est l’Esprit du Christ qui nous convoque, c’est l’Esprit du Seigneur qui tous les dimanches regarde ses Églises remplies pour transmettre sa vĂ©ritĂ© et sa vie. Le Christ est ici, et lorsque dans l’hostie consacrĂ©e nous L’adorons sans Le voir, ne doutons pas, c’est un retour du Christ en Esprit, c’est L’Esprit du Seigneur qui m’a oint prĂŞtre pour dire les paroles qu’Il prononça au soir de son dernier repas : « Ceci est mon corps Â», et Ă©lever Ă  la vue de tous pour que soit adorĂ© la prĂ©sence du Christ parmi nous. […]

 

Le Christ continue de s’exprimer avec des voix et des inflexions distinctes, selon ses instruments, mais c’est ce même Christ qui parle, et c’est Lui-même qu’on atteint lorsqu’on calomnie et qu’on déprécie son Église. 23/04/78, p.182-184, IV.

 

 

2) Présence du Christ dans l’Église comme Construction, Peuple et

 

 

Communauté

 

 

A) L’Église comme une maison de Dieu

 

En premier lieu, une Église qui est une construction de pierres vivantes. L’image est belle. La lecture (I P 2,4-9) d’aujourd’hui nous dit que le Christ est la pierre fondamentale et que, fondés sur cette pierre, vous tous, chrétiens, êtes des pierres vivantes. Vous n’êtes pas des pierres mortes et matérielles, chacun avec ses qualités, avec ses charismes, avec son degré de sainteté est une pierre vivante. Nous construisons un temple et lorsqu’un chrétien meurt, cette pierre est posée dans le temple de la gloire. La splendeur de Dieu illumine ce sanctuaire fait d’hommes et de femmes des carrières de la terre, illuminés de la lumière de l’Esprit, avec du sang du baptême qui est le sang du Christ. Quelle belle destinée que la vie humaine! Chaque personne est une pierre vivante.

 

Pensons que mĂŞme lorsque nous vieillissons, que nous devenons malades et que nous nous sentons inutiles, pauvres et marginalisĂ©s, nous sommes des pierres que le Divin constructeur travaille pour se faire un temple qui a dĂ©jĂ  commencĂ© Ă  resplendir sur cette terre. « Mais pour vous, dit saint Pierre, cette pierre qui est le Christ est la pierre fondamentale. Â» Par contre, nombreux sont ceux qui l’abandonnèrent, qui La jugèrent inutile Ă  leurs intĂ©rĂŞts, ils prĂ©fèrent les tĂ©nèbres, le matĂ©riel, pour eux le Christ sera un obstacle sur lequel ils buteront. Comme c’est terrible! Ce Christ qui s’est offert comme base pour construire la vie des ĂŞtres humains, plusieurs la rejetèrent parce qu’ils veulent fonder leur existence sur d’autres fondements, sur d’autres idoles, sur d’autres valeurs. Le Christ ne s’insère pas bien dans leur construction.

 

C’est ainsi que s’explique pourquoi l’Église, construction de Dieu, ne s’intègre pas à cette construction matérielle du monde, comme ne prend pas le béton armé avec la boue. Les matières s’opposent lorsqu’elles ne sont pas faites pour s’intégrer. Tout homme qui n’est pas de l’Esprit du Christ est de la boue, de la terre glaise, il est une construction fragile, il ne peut pas subsister sur le rocher inamovible de celui qui construit dans la sincérité, dans l’amour, dans la vérité, dans la justice, dans tout ce qu’est la sincérité.

 

Il ne peut bâtir sur la base du Christ et le Christ dérange celui qui vit dans le mensonge, celui qui vit de l’hypocrisie, celui qui emploie sa plume pour distiller son venin, sa haine et sa diffamation. Cette construction est faite de haine et elle est fragile comme la terre qui ne peut être du Christ.

 

 

B) L’Église, Peuple de Dieu

 

L’autre belle image que nous avons de l’Église est le Peuple de Dieu. Dans la seconde lecture d’aujourd’hui, la première Ă©pĂ®tre de saint Pierre (2,4-9), nous rencontrons cet Ă©cho de l’Ancien Testament parlant d’IsraĂ«l, attributs qui sont devenus ceux du peuple chrĂ©tien. Frères, je voudrais que se gravent profondĂ©ment dans votre vie ces quatre phrases qui sont comme les quatre honneurs insignes du vĂ©ritable chrĂ©tien. Saint Pierre nous dit aujourd’hui que par notre baptĂŞme nous sommes :

1. La race Ă©lue

2. Un sacerdoce royal

3. Une nation consacrée

4. Un peuple de rachetés pour raconter les merveilles du Seigneur

C’est notre devoir, c’est la mission de l’Église comme Peuple de Dieu.

 

 

1. Une race Ă©lue

 

C’est merveilleux si vous lisez l’épĂ®tre de saint Pierre dont nous avons lu un passage aujourd’hui, il la dĂ©die aux chrĂ©tiens qui sont dans la dispersion. C’est une phrase pour leur dire que, en tant que baptisĂ©s, les chrĂ©tiens constituent une race Ă©lue. Quelle que soit la couleur de leur peau, quelle que soit leur classe sociale, quelles que soient leurs idĂ©es politiques, ils appartiennent Ă  une race Ă©lue. C’est comme les IsraĂ©lites lorsqu’ils durent Ă©migrer de leur patrie et vivre dans la diaspora. Peu importe oĂą ils Ă©taient, ils se rappelaient leurs origines et la destinĂ©e de leur histoire. Ainsi, tout chrĂ©tien, oĂą qu’il soit, doit se sentir appartenir Ă  cette race Ă©lue : par le baptĂŞme j’ai Ă©tĂ© fait membre de la race de Dieu, par le baptĂŞme je suis un consanguin du Christ, je porte dans mon sang, dans mes veines, dans ma vie, cette dynastie de Dieu. Quel honneur!

 

 

2. Sacerdoce Royal

 

Cela signifie que ce peuple de baptisés possède de véritables fonctions sacerdotales. Comme j’aimerais avoir le temps pour vous décrire en quoi consiste la fonction sacerdotale du peuple. À partir du jour où un enfant est baptisé, il est incorporé à un peuple placé dans le monde pour rendre un culte à Dieu. C’est cela, le sacerdoce, rendre un culte. Et saint Pierre dit que nous sommes des prêtres pour rendre un culte spirituel à Dieu. La vie du baptisé, quelle que soit sa profession, est un culte à Dieu.

 

La messe ne se célèbre pas seulement le dimanche en cathédrale, la messe c’est celle d’un homme qui fait de sa vie un culte au Seigneur, qui jamais de ses lèvres ne sort le mensonge, qui jamais ne porte le ressentiment, la haine, dans sa conscience, qui exécute son travail, aussi humble soit-il, à la gloire de Dieu. C’est ainsi que célèbre la messe le ferblantier, le charpentier, le balayeur, la vendeuse du marché, l’étudiant, le professionnel, toutes les catégories professionnelles qui m’écoutent présentement. Je dis à vous tous que vous êtes des prêtres qui célébrez dans votre propre profession, dans votre propre vie. Ne perdez pas le sens divin de votre existence.

 

Et quand la douleur nous Ă©prouve, vous, mes chers malades qui m’écoutez, je sais que, comme Jean XXIII, vous pouvez dire : « Mon lit aussi est un autel et c’est moi maintenant qui suis la victime de cet autel. Â» Quel merveilleux concept! Ainsi peut dire le travailleur, l’employĂ© qui s’en va au travail : mon travail est aussi un autel et en ce cas je suis la victime sacrĂ©e de cet autel, je vais travailler avec ardeur, je vais accomplir mon devoir.

 

Dites-moi, frères, si cela c’est de la subversion. Dites-moi si cela n’est pas rĂ©soudre les problèmes et mettre les choses Ă  leur place, de dire aux politiciens : vous aussi, vous ĂŞtes des hosties consacrĂ©es par Dieu si vous accomplissez votre travail politique dans un vĂ©ritable sens chrĂ©tien. De dire Ă©galement Ă  celui qui possède la richesse et les terres : toi aussi tu peux ĂŞtre la victime sacrĂ©e de Dieu, si tu es baptisĂ©, tu seras Ă©galement une hostie consacrĂ©e si tu donnes un sens de justice sociale, de christianisme, de fraternitĂ© Ă  tes relations humaines. C’est cela ĂŞtre chrĂ©tien, ĂŞtre baptisĂ©, ĂŞtre peuple de Dieu, race Ă©lue, sacerdoce royal, nation consacrĂ©e, placĂ©e dans le monde pour y proclamer les merveilles du Seigneur, peuple rachetĂ© par Dieu.

 

Le Christ nous a rachetĂ©s par son sang, nous ne nous appartenons plus, le Christ est notre propriĂ©taire, notre Roi, et Il doit rĂ©gner sur nous. Si quelqu’un ne veut pas que le Christ règne sur lui, il ferait bien de dire – comme disent les chrĂ©tiens en Allemagne, oĂą ils sont obligĂ©s de payer un impĂ´t pour aider leur propre religion, et lorsqu’ils ne veulent plus payer cet impĂ´t – : « Je ne suis plus chrĂ©tien, rayez-moi du registre des baptĂŞmes. Â» Il serait prĂ©fĂ©rable, non parce qu’on ne leur fera plus payer cet impĂ´t, mais parce je ne veux pas faire ma part en cette heure oĂą le Peuple de Dieu doit ĂŞtre un peuple choisi, une nation consacrĂ©e, communautĂ© vaillante pour proclamer les merveilles de Dieu et dĂ©noncer les injustices du peuple qui nous entoure. Il serait prĂ©fĂ©rable de faire enlever son nom du livre de la paroisse et de ne plus s’appeler chrĂ©tien que de se dire baptisĂ© et de rĂ©pandre l’ignominie des paĂŻens et des pĂ©cheurs. BaptisĂ©s, mais paĂŻens dans le cĹ“ur.

 

C’est à cela que sert la fête de la Pentecôte, à raviver cette conscience chrétienne de notre peuple, à dire comme saint Pierre dans la lecture d’aujourd’hui que nous nous souvenons de notre dignité de race élue, de sacerdoce royal, de nation consacrée et de peuple racheté.

 

 

C) L’Église comme une Communauté de Diaconats

 

La communautĂ©, la communion, c’est cela, la caractĂ©ristique de l’Église. C’est pour cela que le Concile Vatican II nous invite Ă  nous instruire en surpassant une Ă©ducation individualiste : « mon âme et mon Dieu. Â» Et d’entrer par contre, dans une spiritualitĂ© de peuple. Nous sommes un peuple, nous sommes communautĂ©, une communion. En grec, les premiers chrĂ©tiens disaient nous sommes une « Koinonia Â». Belle parole qui aujourd’hui revient Ă  la mode dans les communautĂ©s de base, dans les communautĂ©s paroissiales qui dĂ©chiffrent la signification de ce mot : « Koinonia Â», communautĂ©, une vie de famille. Et cette vie de famille possède ses caractĂ©ristiques.

 

 

L’Ordre des Diacres

 

Pourquoi naquit l’Ordre des Diacres?

 

Le livre des actes des ApĂ´tres (6,1-7) nous l’a racontĂ© aujourd’hui. Il y avait des mĂ©contentements et dĂ©jĂ  des divisions commençaient dans l’Église entre HĂ©breux et Grecs. Les uns disaient aux autres : « Dans le service quotidien, on nĂ©gligeait leurs veuves. Â» La division dans l’Église dĂ©bute toujours par un motif Ă©goĂŻste ou matĂ©rialiste, c’est le premier trait, la première nouvelle de l’histoire de l’Église. Ne nous Ă©tonnons pas, frère : « Ă‰glise d’hommes avec des manières humaines. Â» Cela ne doit pas nous scandaliser, au contraire, observons comment on surmonta cette crise.

 

La hiĂ©rarchie, Pierre et les apĂ´tres, appela la communautĂ© et ils leur dirent (Ac 6,2-3) : « Il ne sied pas que nous dĂ©laissions la Parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutĂ´t parmi vous, frères, sept hommes de bonne rĂ©putation, remplis de l’Esprit et de sagesse. Â» Et ils en choisirent sept, parmi eux le proto-martyr, saint Étienne, et ils leurs imposèrent les mains. Voyez, frères, quel beau geste de l’Église, la hiĂ©rarchie proposant la manière, la communautĂ© participe en Ă©lisant et les Ă©lus reçoivent le pouvoir de la hiĂ©rarchie! Encore une fois, l’Église… la hiĂ©rarchie. Ne l’oublions jamais, parce que le jour oĂą nous ne donnerons Ă  la communautĂ© qu’un sens charismatique, un sens d’amour et de communion et que nous oublierons l’autoritĂ© qu’est le Pape, les Ă©vĂŞques, les prĂŞtres, nous dĂ©truirons la colonne vertĂ©brale de cette communautĂ©.

 

 

Qu’est que le Diaconat?

 

Une autre parole qu’il nous apprendre en ce temps, pour ceux qui veulent ĂŞtre Ă  jour avec la science de l’Église. Le diaconat est une parole grecque qui signifie aussi service. Les diacres et toute la hiĂ©rarchie sont un diaconat. Les Ă©vĂŞques ne nous dirigent pas dans un sens despotique. Cela ne doit pas ĂŞtre ainsi. L’ÉvĂŞque est le plus humble serviteur de la communautĂ© parce que le Christ dit aux apĂ´tres, les premiers Ă©vĂŞques : « Celui qui veut ĂŞtre le plus grand parmi vous, qu’il se fasse le plus humble, qu’il soit le serviteur d’entre vous tous. Â» Notre mandat est un service, notre direction, notre parole est un service. […]

 

Frères, je vous remercie pour de si beaux tĂ©moignages de solidaritĂ©, surtout de simples gens qui me donnent envie de prier comme le Christ : Père, je te rends grâce parce que ce service de la Parole que je tente de rĂ©aliser, est compris des humbles de cĹ“ur et des gens sensibles, alors qu’il se transforme en diatribe, en offense et qu’il suscite, qu’il fait Ă©clater les calomnies de tous ceux qui se croient autosuffisants, orgueilleux, retrancher dans leur propre manière de penser et qui ne veulent pas que personne ne leur arrive avec la vĂ©ritable doctrine de l’Évangile authentique.

 

 

Le Signe de cette CommunautĂ© : l’Amour

 

« En cela vous reconnaĂ®trez qu’ils sont mes disciples. Â» Je vous invite tous pour terminer cette rĂ©flexion, que nous tentions de rĂ©viser notre propre cĹ“ur. S’il s’y trouve encore un peu d’amour pour ceux qui nous offensent, alors vous ĂŞtes chrĂ©tiens. BĂ©ni soit Dieu! Si nous gardons rancĹ“ur, une rancune contre celui qui dĂ©range ma situation que je sais ne pas ĂŞtre chrĂ©tienne, cela mĂŞme te dit que tu n’es pas chrĂ©tien. Si tu paies pour Ă©crire ou pour faire dire Ă  la radio des offenses contre ton frère ou ton Ă©vĂŞque, tu n’es pas chrĂ©tien. Toi qui gagnes ta vie, qui par nĂ©cessitĂ© Ă©conomique vends ta plume ou ta langue pour dire des mensonges, pour servir des intĂ©rĂŞts mesquins, tu n’es pas chrĂ©tien, mais cela est comprĂ©hensible, tu as faim et tu dois vendre ce que tu possèdes mĂŞme s’il s’agit de ta propre rĂ©putation. Prenez garde, mes frères, de ne pas vous vendre Ă  personne. Nous avons Ă©tĂ© rachetĂ©s par le Christ et son amour est celui qui doit rĂ©gner parmi nous. 23/04/78, p.184-190, IV.