Christ est ressuscité! Christ est vivant!

 

Dimanche de Pâques; 26 mars 1978; Lectures : Actes 10,3a.37-43; Colossiens 3,1-4; Jean 20,1-9.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Oint de Dieu par la force de l’Esprit saint, Dieu est avec Lui

2) L’Église complète en ce monde l’œuvre du Christ

3) La Responsabilité de croire en un Rédempteur qui est mort mais qui est ressuscité!

 

 

1) Oint de Dieu par la force de l’Esprit saint, Dieu est avec Lui

 

Quelle synthèse plus belle que celle de saint Pierre dans la première lecture d’aujourd’hui (Ac 10,34a.37-43). Saint Pierre souffre une conversion. Il entend que le Christ n’est pas seulement mort pour les Juifs, mais aussi pour les autres peuples. Une vision d’animaux impurs qu’une voix lui ordonne de manger et Ă  qui il rĂ©pond : « Je n’ai jamais mangĂ© de viandes impures, je suis Juif, j’observe la Loi. Â» Mais la voix de l’Esprit lui dit : « N’appelle pas immonde ce que Dieu a purifiĂ©. Depuis que le Christ, le Fils de Dieu, est mort pour tous les hommes, il n’existe plus de distinctions entre les hommes. Â» Il n’y a plus de raisons pour qu’il ait des classes sociales, religieuses ou politiques, nous sommes tous frères, nous sommes tous appelĂ©s au Salut. Va, un gentil t’attend, Corneille avec sa famille. Â» Et Pierre s’en va chez Corneille et il s’aperçoit que ce dernier a eu la mĂŞme vision que lui et c’est devant cette famille paĂŻenne et non juive que Pierre prononce ce fameux discours que nous avons lu dans la messe d’aujourd’hui.

 

« Maintenant. je comprends, dit Pierre, que Dieu ne fait pas exception de personne. Â» Et il commence Ă  expliquer ce qu’était le thème central de la prĂ©dication des apĂ´tres et des premiers chrĂ©tiens : que le Christ est mort pour tous, qu’Il est l’oint de Dieu, que Dieu est avec Lui pour nous sauver tous. Et c’est ce que doit ĂŞtre notre pensĂ©e d’aujourd’hui. Frères, en regardant le Christ dĂ©jĂ  ressuscitĂ©, notre foi doit se remplir de gratitude, d’admiration et d’espĂ©rance pour que nous lui disions : Tu es le Dieu qui s’est fait homme et qui par amour pour les hommes, n’a pas eu honte de cacher ta grandeur divine, tu es venu en ce monde comme n’importe quel homme. Sans aucune distinction, plus encore, ils te confondirent avec les malfaiteurs, et Tu es mort sur une croix comme un assassin, ils t’enterrèrent dans le dĂ©potoir des crucifiĂ©s, au calvaire; mais de lĂ , des ordures, de la profondeur de l’abĂ®me oĂą Tu es descendu, aux royaumes de la mort et de l’ombre, surgit maintenant le Divin RĂ©dempteur, vĂ©ritablement oint de Dieu de la force de l’Esprit saint. 26/03/78, p.116-117, IV.

 

 

C’est ici que se couronne l’Incarnation du Christ

 

Cette Enfant Dieu que la Vierge eut entre ses mains. Cet enfant qu’elle cajola et allaita sur ses seins, celui que les hommes se sentirent le droit de lui cracher au visage et de le frapper, celui-lĂ  Ă©tait la chair de Dieu. La gloire de la RĂ©surrection Ă©tait nĂ©cessaire pour que nous comprenions que dans le Christ humiliĂ© et crucifiĂ©, qu’en le Christ qui pour nous est Dieu fait homme qui nous comprend, qu’Il ressent la fatigue et la sueur. Dans l’angoisse de l’être humain est cachĂ©e la dignitĂ© de Dieu. Maintenant, nous le voyons. Lorsque la gloire de Dieu transpire par tous ses pores, lorsque tout son visage et tout son ĂŞtre deviennent semblables Ă  un soleil resplendissant, nous comprenons ce que saint Paul assure de la RĂ©surrection : « Ce qu’on sema en ignominie se rĂ©colta en glorification; ce qui se sema dans un sĂ©pulcre mortel se rĂ©colta immortel, glorieux pour ne plus jamais mourir. Â» La mort ne le dominera pas. La jeunesse Ă©ternelle, la beautĂ© Ă©ternelle, l’éternel printemps, la vie qui ne connaĂ®tra pas la maladie ni le dĂ©clin, la joie complète, la fĂ©licitĂ©.

 

Hommes de notre temps, angoissés de tant de problèmes, désespérés, ceux qui cherchent des paradis sur cette Terre, ne les recherchez pas ici, recherchez-le en Jésus Christ Ressuscité, en Lui nous soulageons nos peines, nos préoccupations, nos angoisses et en Lui mettons notre espérance. Il est tout pour l’humanité, Il est la source du bonheur. L’Oint de l’Esprit de Dieu possède dans son aspect humain et glorieux la réponse pour tous les hommes.

Ne doutons pas, comme saint Paul nous disait Vendredi saint devant le Christ humiliĂ©, aujourd’hui davantage qu’avant-hier nous pouvons dire : approchons-nous avec confiance au trĂ´ne de la grâce, de l’omnipotence, du bonheur et de la joie. Le Christ est la source qui Ă©panche toutes les sortes de soifs de ceux qui s’en approchent avec foi. 26/03/78, p.117, IV

 

Seul celui qui marche vers le Christ, trouvera le Salut!

Mais ce Christ, qui passa en faisant le bien et en qui Dieu était présent dans sa plénitude, est non seulement l’exemple moral à suivre. Bien plus encore, l’aspect théologique est ce qu’il m’importe de souligner ce matin. Ce Christ est le sacrement du divin, Il est le chemin, la vérité et la vie; seulement celui qui marche avec Lui rencontrera le Salut. C’est pour cela qu’il est venu, pour nous sauver.

Ce Salut auquel nous aspirons tant, aujourd’hui en AmĂ©rique latine, prend un nom moins suggestif : libĂ©ration, qui pourrait ĂŞtre confondue avec des rĂ©demptions terrestres. Comme on a voulu confondre si souvent l’Église comme si elle Ă©tait communiste, subversive; comme si la RĂ©demption n’avait pas plus d’horizons Ă  offrir que des libĂ©rations politiques, sociales et Ă©conomiques. C’est certain que l’Église s’intĂ©resse aussi Ă  ces aspects, parce que le Christ ne serait pas le RĂ©dempteur s’il ne s’était pas prĂ©occupĂ© de donner Ă  manger aux multitudes qui avaient faim, s’Il n’avait pas donnĂ© la vue aux aveugles, s’Il n’avait pas senti l’angoisse pour les multitudes marginalisĂ©es qui n’avaient personne pour les aimer, pour leur venir en aide. La promotion humaine, l’aspect politique et social intĂ©ressent Ă©galement le christianisme. La RĂ©demption ne serait pas complète si on ne prenait pas en compte ces aspects du Christ qui voulut ĂŞtre prĂ©cisĂ©ment l’exemple d’un opprimĂ© sous un empire puissant, sous une classe dirigeante de son peuple qui le mit en pièce dans sa renommĂ©e, dans sa gloire et le laissa clouer sur une croix.

 

Mais ce n’est pas seulement cela que le Christ nous offre. S’il s’agissait seulement d’un paradis sur Terre, Il n’aurait rien eu à offrir au bon larron sur la croix le Vendredi saint. Et plus encore, quand Il meurt victime d’un système, par une crucifixion comme c’était alors la manière de tuer les condamnés, ce Christ nous offre encore des paroles de libération. Ce n’est pas une utopie, ce n’est pas une fantaisie, il ne s’agit pas d’une consolation stérile; c’est qu’en vérité c’est le Roi de la gloire celui qui offre aux êtres humains le bonheur, non seulement le bonheur terrestre, mais principalement celui du ciel. Cela n’est pas se détacher des choses terrestres dans un sens d’aliénation, mais dans le sens qu’en semant sur Terre avec sa Résurrection, un sens de gloire et d’allégresse, Il demande aux systèmes, aux puissants de ce monde, aux gouvernants de la Terre, à ceux qui souffrent sur cette Terre, aux opprimés, que ce paradis, cette gloire, ce Ciel, appartiennent déjà à cette Terre. C’est dans l’histoire de cette Terre qu’Il put se présenter dans sa gloire comme Il sera dans l’éternité, mais déjà présent dans l’histoire humaine.

C’est cela la libération authentique, mes frères; celle qui se préoccupe des libérations des esclavages indignes dans lesquelles tant de gens sont engagés audacieusement; mais aussi celle qui annonce qu’il ne s’agit pas là de la libération pleine et entière qui puisse se réaliser dans le temps et dans l’espace; si elle n’est pas complète, chrétienne, celle que le Christ nous offre dans sa personne. Il n’y a pas d’exemples plus beaux que l’homme libre, indépendant de toutes les autorités des systèmes de la Terre, que ce Christ qui se présente face au monde complètement autonome, indépendant, même s’il appartient à une classe, à une catégorie, à un monde qui se nomme l’humanité. C’est pour cela que le Christ sait que sa Rédemption n’est pas encore terminée avec cet épisode de la Résurrection. Il s’agit de quelque chose de plus grand. 26/03/78, p.118, IV.

 

 

2) L’Église complète en ce monde l’œuvre du Christ

 

 

Le Christ a commandé à l’Église d’annoncer sa Résurrection

 

La seconde pensĂ©e de ce matin se tourne avec allĂ©gresse, avec gratitude et avec foi vers la Sainte Église de Notre Seigneur JĂ©sus-Christ. Chaque fois que j’ai a parlĂ© de l’Église, je le fais avec un sentiment de rĂ©paration parce que celle-ci est souvent offensĂ©e, parce que certains accusent l’Église de nombreuses calomnies. Et c’est Ă  la lumière du Christ ressuscitĂ© que l’Église prĂ©sente le visage du Christ patient, encore exposĂ© aux crachats, aux gifles et Ă  la diffamation. Mais elle sait, au fond d’elle-mĂŞme, dans son cĹ“ur, qu’elle porte l’espĂ©rance, la grande mission de Notre Seigneur JĂ©sus-Christ, celle dont la lecture d’aujourd’hui nous a dit : « Que le Christ chargea son Église d’annoncer sa RĂ©surrection. Â»

 

Ils ne le virent pas tous, comme nous non plus nous n’avons pas vu le Christ ressuscitĂ©, et pour cela plusieurs se moquent de nous : pauvres illusionnĂ©s! Vous croyez Ă  un ressuscitĂ© qui n’a jamais existĂ©!  Mais saint Pierre nous a dit aujourd’hui (Ac 10, 40-43) : les tĂ©moins que Dieu choisit dans ses desseins Ă©ternels continuent la ligne des prophètes de l’Ancien Testament, Il les a chargĂ©s d’être les tĂ©moins, les hommes qui annonceront la RĂ©surrection du Seigneur et que cette RĂ©surrection est la cause du pardon de plusieurs pĂ©chĂ©s. « Il se livra pour nos pĂ©chĂ©s, dit saint Paul, et ressuscita pour notre justification. Â» Et comme les prophètes l’annoncèrent, les prophètes et les apĂ´tres continuent de proclamer que la RĂ©surrection du Christ est comme le titre de l’omnipotence de Dieu qui marque la rupture des esclavages; parce que tous ceux qui accepteront cette rĂ©surrection et cette vie Ă©ternelle seront libĂ©rĂ©s de leurs pĂ©chĂ©s.

 

L’Église porte cette charge de rĂ©concilier le monde et de prĂŞcher ce message d’espĂ©rance Ă  tous les hommes. De lĂ  vient qu’une des principales prĂ©occupations de l’Église est de garantir le fait de la RĂ©surrection. Si nous avons portĂ© attention aux lectures du Nouveau Testament – les trois lectures d’aujourd’hui proviennent du Nouveau Testament – la première des Actes des ApĂ´tres (10,34a. 37-43); la seconde de l’ÉpĂ®tre aux Colossiens (3,1-4) et la troisième de l’Évangile de Jean ((20, 1-9). Ces apĂ´tres rĂ©flĂ©chissaient avec les premières communautĂ©s chrĂ©tiennes de l’évĂ©nement de la RĂ©surrection du Christ, ils pouvaient dĂ©jĂ  entendre les calomnies, les diffamations qui Ă©taient colportĂ©es sur le RessuscitĂ©. C’est pourquoi, ils insistaient sur l’aspect apologĂ©tique dans leurs prĂ©dications, ils s’efforçaient de dĂ©montrer que le Christ Ă©tait vraiment ressuscitĂ© et que sa RĂ©surrection constituait la preuve apologĂ©tique de la vĂ©ritĂ© qu’ils prĂŞchaient. Saint Paul en vint Ă  dire : « Parce que si ce que nous prĂŞchons est faux, si le Christ n’est pas ressuscitĂ©, alors nous sommes les plus misĂ©rables de tous les hommes et nous vivons d’une espĂ©rance illusoire. Â» Si le Christ est mort et n’est pas ressuscitĂ©, nous prĂŞchons un mensonge et nous aurions trompĂ© l’histoire pendant des siècles. 26/03/78, p.119-120, IV.

 

 

Un Sépulcre vide et le témoignage de ceux qui L’ont vu et qui ont mangé avec Lui

 

 

Mais il y a deux faits que mĂŞme les contemporains des apĂ´tres, les mĂŞmes contemporains des Ă©vĂ©nements de ce premier Vendredi saint qu’ils ne purent rĂ©futer : le sĂ©pulcre vide. Et deuxièmement, le tĂ©moignage inĂ©galable de ceux qui Le virent et mangèrent avec Lui, avec le RessuscitĂ©. C’est ainsi que Pierre put dire : « Tous ne L’ont pas vu, mais nous qui avons Ă©tĂ© prĂ©destinĂ©s par Dieu pour ĂŞtre tĂ©moins de cet Ă©vĂ©nement, nous L’avons entendu, nous avons mangĂ© avec Lui, Il est vivant! Â»

 

En fin de compte, nous avons ces deux faits, les tĂ©moignages dignes de foi de ceux qui disent : « Nous l’avons vu! Â» et le spectacle offert aux yeux de tous, mĂŞme des incrĂ©dules et des ennemis, lĂ  se trouve le sĂ©pulcre vide. Peut-ĂŞtre L’ont-ils dĂ©robĂ©, mais la garde de Ponce Pilate se trouvait lĂ , il s’agit de l’autoritĂ© de JĂ©rusalem, il avait le pouvoir de fouiller toutes les maisons et les remises. OĂą est-Il? Nul ne put nier pendant des siècles que ce sĂ©pulcre Ă©tait vĂ©ritablement vide et que ces tĂ©moins qui tĂ©moignèrent Ă  visage dĂ©couvert, Ă  la lumière du jour, qu’ils avaient mangĂ© et bu avec Lui, personne ne put leur dire en pleine face : trompeurs, menteurs. Mais la communautĂ© grandissait dans cette foi admirable de laquelle nous vivons Ă©galement nous aussi : la foi du RessuscitĂ©, la foi qui ne s’appuie pas sur des Ă©vĂ©nements historiques, mais, surtout, en la Parole de Dieu qui annonça et accomplit le grand fait de la RĂ©surrection.

 

C’est ce que sera le grand travail de l’Église, apporter cette nouvelle, cette bonne nouvelle que j’ai l’honneur de vous annoncer ce matin : Le Christ est ressuscitĂ©, le Christ est vivant! Frères et sĹ“urs chrĂ©tiens, nous sommes les disciples d’un homme rĂ©dempteur qui mourut, mais ressuscita et vit une vie qui ne se terminera jamais. Ah! si nous vivions vĂ©ritablement l’allĂ©gresse et l’espĂ©rance de ce message sublime, il n’y aurait pas de tristesse en ce monde. MĂŞme les angoisses les plus lourdes, mĂŞme les problèmes qui semblent insolubles, rencontreraient ici une tranquillitĂ© du Samedi saint oĂą la tombe du Christ ne prĂŞche pas le pessimisme, mais la sĂ©rĂ©nitĂ©. Il a dit qu’Il allait ressusciter. Et comme Marie, pleine d’espĂ©rance, nous attendrions comme nous espĂ©rons ce soir, en cette CathĂ©drale, le spectacle magnifique de la Vigile pascale. Lorsque dans la nuit obscure apparaĂ®t Ă  la porte de la CathĂ©drale, le cierge allumĂ© : Il est ressuscitĂ©! Et nous allumons tous alors nos chandelles, en croyant en cette lumière, nous faisons de la lumière toute la nuit et nous nous rĂ©jouissons tandis que le cierge continue de nous Ă©clairer jusqu’à ce que le jour se lève et que nous cĂ©lĂ©brions l’office du matin.

 

En cette nuit de l’histoire oĂą il y a tant d’intrigues, tant d’ombres et de pĂ©chĂ©s, tant de crimes qui demeurent cachĂ©s, tant de disparus dont il semble que personne ne rendra des comptes pour eux, l’Église Ă©claire avec sa petite lampe dans la nuit : la vĂ©ritĂ© et la justice brilleront, le Seigneur reviendra et personne ne demeurera sans recevoir son juste salaire. La mission de l’Église est d’annoncer cette prĂ©sence vivante du RessuscitĂ©.

 

 

La mission de l’Église est de continuer de répandre la Vie divine que le Christ apporta au monde

 

La mission de l’Église est d’annoncer cette prĂ©sence vivante du RessuscitĂ©. La mission de l’Église est de continuer de rĂ©pandre la vie divine que le Christ a amenĂ©e en ce monde. Combien de cĹ“urs ont rencontrĂ© pendant cette Semaine sainte le pardon, la paix, la joie? Pour combien est ouvert le trĂ©sor de la RĂ©demption du Christ? Pour tous ceux qui le veulent. Nous avons lu ces jours-ci une belle page d’IsaĂŻe qui disait : « Vous qui ĂŞtes assoiffĂ©s, vous qui cherchez Ă  satisfaire votre soif dans les plaisirs de la chair, du vice de ce monde, venez Ă  la source, je vous donnerai l’eau vive. Â» Venez boire Ă  cette source, le Christ vous offre ici dans le sein de l’Église, la RĂ©demption, l’allĂ©gresse, l’espĂ©rance et la vie! 26/03/78, p. 120-121, IV.

 

 

3) La Responsabilité de croire en un Rédempteur qui est mort mais qui est ressuscité!

 

C’est pourquoi saint Paul dit : « Tout baptisĂ© porte la marque de la mort et de la rĂ©surrection du Christ. Â» Hier soir, ici dans la cathĂ©drale, de mĂŞme que dans toutes les vigiles pascales, nous avons vĂ©cu cette rĂ©alitĂ© de notre baptĂŞme qui est le Sceau de la passion, de la mort et de la RĂ©surrection. Et avec le Christ ressuscitĂ©, nous entendons aujourd’hui notre grande responsabilitĂ© (Col.3,1-4) : « Si vous ĂŞtes ressuscitĂ© avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, non pas celles de la terre. Â»

 

Mais comprenons bien ces paroles. Saint Paul ne fomente pas ici une dichotomie comme si les choses de la Terre ne valaient rien et qu’il fallait se conformer de n’importe quelle manière en espérant les choses du Ciel. Il ne veut pas dire cela. Ce qu’il veut dire à ceux qui lisent ce passage de l’épître aux Colossiens, c’est qu’il met ceux-ci en garde contre une erreur religieuse qui s’était introduite à Colosse selon laquelle il existait des forces célestes qui dominaient et qu’il fallait rejeter parce qu’elles représentaient le péché, le mal de la terre. Et à cause de ces choses célestes mal comprises, ils se désintéressaient également des choses de la terre.

 

Saint Paul nous enseigne ici que cette RĂ©surrection du Christ vient rĂ©parer toutes ces erreurs, que n’existent plus ces esprits, que seulement il existe un Roi de la gloire qui s’est fait homme et que, pour cela, nous devons rechercher en Lui les choses d’en haut. Cela veut dire : celles que le Christ a apportĂ©es, celles que le Christ – en s’incarnant et en vivant dans – a dĂ©jĂ  placĂ© dans l’histoire les germes des choses cĂ©lestes. Vivre des choses d’en haut signifie : la justice, la paix, l’amour, les droits humains, le respect du prochain. Vivre les choses d’en haut veut dire que la vie nouvelle du ressuscitĂ©, nous devons la vivre dĂ©jĂ  sur cette Terre. Cela ne signifie pas dĂ©laisser les choses de la Terre, mais manĹ“uvrer les choses de la Terre selon les critères de la justice du Ciel. 26/03/78, p. 123-124, IV.

 

La Résurrection est un message de libération des choses de la Terre

Je voudrais pour terminer vous lire ce prĂ©cieux passage de la pensĂ©e du Concile (Constitution de l’Église sur le monde actuel) : « Le Christ souffrant la mort pour nous tous, pĂ©cheurs, nous enseigne par son exemple Ă  porter la Croix que la chair et le monde placent sur les Ă©paules de ceux qui recherchent la paix et la justice. ConstituĂ© Seigneur par sa rĂ©surrection, Christ, celui Ă  qui a Ă©tĂ© donnĂ© toute puissance dans le Ciel et sur la Terre, est Ă  l’œuvre dĂ©jĂ  par la vertu de son Esprit dans le cĹ“ur de l’homme, non seulement en Ă©veillant le dĂ©sir du siècle futur, mais aussi en encourageant, purifiant et renforçant Ă©galement ce dĂ©sir, ces gĂ©nĂ©reuses propositions avec lesquelles la famille humaine tente de rendre plus lĂ©gère sa propre vie et de soumettre la Terre Ă  cette fin. Â» C’est-Ă -dire que la RĂ©surrection est Ă©galement un message de libĂ©ration des choses de la Terre.

Pour cela, frères, l’Église ne peut demeurer sourde ni muette devant la clameur de millions d’hommes et de femmes qui crient libĂ©ration, opprimĂ©s de mille esclavages; mais elle leur dit quelle est la vĂ©ritable libĂ©ration qu’ils doivent rechercher : celle que le Christ a inaugurĂ©e sur cette Terre en ressuscitant et en rompant les chaĂ®nes du pĂ©chĂ©, de la mort et de l’enfer. ĂŠtre comme le Christ, libre du pĂ©chĂ©, en ĂŞtre vĂ©ritablement libre par la vĂ©ritable libĂ©ration. Et celui qui avec cette foi placĂ©e dans le RessuscitĂ© travaille pour un monde plus juste, rĂ©clame contre les injustices du système actuel, contre les violations d’une autoritĂ© abusive, contre les dĂ©sordres des hommes qui exploitent d’autres hommes, celui qui lutte Ă  partir de la RĂ©surrection du grand LibĂ©rateur, seulement lui est un chrĂ©tien authentique.

 

C’est pourquoi la Résurrection doit donner à l’être humain courage et intégrité; loin de toute lâcheté, le chrétien doit être comme le Christ disposé à s’exposer devant Ponce Pilate, devant Hérode, devant les persécuteurs; et avec la sérénité de l’agneau qu’on envoie à l’abattoir, attendre aussi dans le sépulcre de son martyr l’heure à laquelle Dieu le glorifiera; ce n’est pas l’heure que les hommes choisissent, c’est l’heure d’un Dieu qui est le seul à pouvoir nous sauver; mais espérer en Lui en s’appuyant sur le Christ est le secret de la véritable libération. 26/03/78, p.124-125, IV.