Homélie des funérailles du père Alfonso Navarro Oviedo

 

12 mai 1977 et la Messe Unique du 20 mars 1977 à l’occasion de l’assassinat du père Rutilio Grande.

 

 

La vie est sacrée

 

La vie est sacrée et l’Église est du côté de sa défense, sans aucune considération politique et sans recevoir des ordres de qui que ce soit. Tout simplement parce que c’est un péché d’enlever la vie, péché contre la Loi de Dieu.

 

Le cinquième commandement pèse maintenant comme une excommunication sur les auteurs intellectuels et matériels de cet assassinat. L’excommunication est la répudiation de tout un peuple. Du Peuple de Dieu qui marche en conformité avec les lois de Dieu. Et ce geste de répudiation du peuple excommunié est sans haine, comme l’est le cri de rejet de la violence. C’est comme le cri du Christ qui dit : « Convertissez-vous, revenez sur le droit chemin. Â» […] Ce n’est pas par les chemins du péché et de la violence que nous construirons un monde nouveau, sinon par les chemins de l’amour. […]

 

Dans chaque prêtre assassiné, il y a une nouvelle impulsion d’espérance, de joie et de ferveur à l’intérieur de laquelle se vit le sacerdoce. […] Nous allons inhumer un frère, mais nous ne battrons pas en retraite; nous sentons qu’il manque un soldat dans nos rangs, mais nous sentons que chacun d’entre nous se doit de remplir ce vide qui demeure, parce que la prédication de la parole et du magistère telle que le veut l’Église d’aujourd’hui, comme de toujours, est une exigence comme celle qui faisait trembler les prophètes devant leur terrible mission, mais ils se devaient d’être fidèles à Dieu et de ne jamais trahir son message. […]

 

« J’aime à penser en cette heure, aux forces spirituelles que cette persécution de l’Église éveille dans plusieurs familles, dans plusieurs communautés. Ceci, non pas dans le but de nous diviser en deux Églises, mais plutôt pour n’en faire qu’une, qui lutte pour cette résurrection du Christ, qui apporte la Rédemption non seulement dans l’au-delà, mais ici aussi sur la Terre afin que nous luttions pour un monde plus juste, plus humain. Luttons pour une plus grande sensibilité sociale qui se fait sentir dans tous les milieux. Luttons contre la violence, contre le crime. Ah si nous nous faisons aujourd’hui ce serment d’unir les forces morales! Non seulement celles qui appartiennent à l’Église catholique, mais également toutes les forces qui même si elles ne croient pas en l’Église, ont peur de mourir comme est mort Alfonso Navarro et qui ne veulent pas se soumettre à la banderole de la haine et de la violence. De grâce, cessez de propager des calomnies. Cessez de persécuter la mission de l’Église. Cessez de semer les discordes et les rancÅ“urs. Cessez de répandre cette philosophie de la méchanceté, de la vengeance. Unissons-nous tous pour faire de notre patrie, une patrie plus tranquille où il n’y a pas tant de méfiance les uns envers les autres. Où nous n’avons pas à fuir comme si nous étions dans une jungle de fauves! Où nous vivons en vérité comme des frères, si ce n’est par la foi en la résurrection du Christ, tout au moins, par sentiment patriotique, par sentiment humain, dans un sens de fraternité. Â» 12/05/77, p.40-43, I-II.