L’Onction de l’Esprit saint

 

Jeudi saint; 7 avril 1977; Lectures : IsaĂŻe 61,1-3a.6a.8b-9; Apocalypse 1,5-8; Luc 4,16-21.

 

Si ce n’avait été qu’une force de Dieu inonda le Christ, le monde n’aurait pas été sauvé. Et si ce n’avait été de cet Esprit du Christ qui s’est diffusé par Pâques à ses ministres qui doivent apporter sa Rédemption au monde, ce monde qui la reçoit à travers des sacrements. Si ce n’avait été de cela, la mort rédemptrice et la Résurrection du Seigneur n’auraient pas de sens non plus.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Le Christ, Œuvre de l’Esprit

2) Le Peuple oint par l’Esprit

3) Le Presbytère, Œuvre de l’Esprit

 

 

1) Le Christ, Œuvre de l’Esprit

 

L’œuvre première de l’Esprit saint est le Christ Lui-mĂŞme. Autrement dit, le fait que la seconde personne de la Sainte TrinitĂ© soit devenue homme, qu’Il ait Ă©tĂ© uni Ă  un corps et Ă  une âme humaine dans les entrailles virginales de la Vierge Marie, sans qu’elle perde sa virginitĂ©. C’est l’œuvre de l’Esprit saint. Non pas tant par le miracle de la conception virginale, mais avant tout, parce que cette ambiance virginale Ă©tait celle qui correspondait au grand mystère du Verbe de Dieu qui oint par l’œuvre de l’Esprit saint la nature humaine de cet Homme-Dieu qui naĂ®t de Marie. Homme et Dieu, il est l’œuvre de l’Esprit saint. C’est pourquoi l’ange dit Ă  Marie : « Celui qui naĂ®tra de toi sera l’œuvre de l’Esprit de Dieu et Il sauvera le monde de ses pĂ©chĂ©s, parce qu’il est oint de la toute-puissance de Dieu. Â»

 

Cet enfant qui naît de Marie, oint par l’Esprit saint, est homme et Dieu, qui lorsqu’il arrivera à la plénitude de son âge, sera cloué sur une Croix pour sacrifier sa chair bénie par l’Esprit de Dieu pour la Rédemption du monde; Il deviendra alors le Pontife de la Nouvelle Alliance.

 

 

Ce Christ mort sur la Croix et ressuscité, qui porte dans sa gloire les cicatrices de la passion, est un homme oint de Dieu d’une onction unique. Il n’y aura pas d’autre sacerdoce que le sien. L’unique est celui du Christ Rédempteur, celui de l’Alliance qu’Il rétablit entre Dieu et les hommes. Il n’y aura pas d’autre nom donné sur la Terre, en dehors du nom de Jésus, par lequel les hommes pourront être sauvés. C’est l’œuvre maîtresse de l’Esprit saint, avoir oint cette humanité de la puissance de Dieu pour qu’Il soit le Pontife de l’Alliance éternelle, pour être la cause de notre Rédemption. Mais ce Pontife éternel et unique ne demeure pas à l’écart de l’Histoire. 07/04/77, p.11, I-II.

 

 

2) Le Peuple oint par l’Esprit

 

Vous qui n’êtes ni religieux ni prêtres de l’autel, mais prêtres dans le monde, vous êtes prophètes dans le monde, vous êtes des rois qui doivent travailler pour que l’empire du Christ règne dans la société, dans les structures, dans le monde. Vous devez annoncer comme les prophètes, comme peuple prophétique oint par l’Esprit qui a oint le Christ, merveille de Dieu dans le monde, vous devez animer le bien qui existe dans le monde et aussi dénoncer énergiquement le mal qui se fait en ce monde. C’est pour cela qu’il y a des prophètes, pour annoncer et animer la bonté et pour dénoncer et condamner le mal. C’est ce que comprend toujours davantage ce peuple qui porte l’onction puissante de l’Esprit saint pour ne pas seulement observer l’évêque et les prêtres pour voir ce qu’ils font, mais qu’eux-mêmes se sentent responsables de cette Église prophétique, royale et sacerdotale.

 

Je me réjouis, mes frères, en faisant cette réflexion avec vous, en commémorant notre baptême commun. Elles sont déjà nombreuses les communautés dans notre diocèse qui éveillent en elle ce sens du baptême où nous allons vivre cette responsabilité d’être membre de l’Église, du Peuple de Dieu oint de la puissance pascale de Notre Seigneur Jésus-Christ. Continuons de travailler et de prendre conscience, ne nous contentons pas de demeurer de simples spectateurs de l’activité de l’Église, mais sentons-nous Église, parce que nous le sommes, parce que l’Esprit de Dieu nous a oints et nous a rendus capables de porter comme le Christ, une mission sacerdotale qui consacre le monde à Dieu, une mission prophétique qui annonce Dieu au monde, et une mission royale qui fait dominer le Christ sur tout ce qui existe sur la Terre. 07/04/77, p.12, I-II.

 

 

3) Le Presbytère, Œuvre de l’Esprit

 

 

Ministère de la Parole

 

La parole qui sauve n’est pas une parole d’homme, mais la Parole de Dieu; et c’est pourquoi nous devons prendre garde de maintenir notre parole en syntonie parfaite avec ce que Dieu veut, avec ce que Dieu demande. En cette heure de conversion, il nous revient Ă  nous autres, prĂŞtres, de nous convertir Ă  la vĂ©ritable Parole de Dieu afin que ni par excès ni par dĂ©faut, Elle ne se convertisse en parole d’humains. Cela doit ĂŞtre une conversion Ă  ce que Dieu veut, Ă  ce que Dieu dit. Cette Parole de Dieu possède une mission religieuse, dit le Concile, mais aussi une mission humaine et, pour ĂŞtre religieuse, elle est dirigĂ©e vers Dieu; mais pour ĂŞtre humaine, elle cherche aussi Ă  rĂ©soudre et Ă  aider les humains dans leurs problĂ©matiques terrestres. Comme a dit le Pape Paul VI, c’est une Ă©vangĂ©lisation qui possède une relation intime avec la libĂ©ration et la promotion humaine. C’est en ce sens que nous concerne la conversion des prĂŞtres Ă  une authentique recherche de ce que Dieu veut dans notre prĂ©dication : qu’elle soit une vĂ©ritable Ă©vangĂ©lisation de Dieu et qu’elle soit Ă©galement la promotion authentique que Dieu veut en ce monde parce que sĂ©parĂ©es ces deux choses ce serait oublier le grand prĂ©cepte de l’amour : Amour du prochain qui se prĂ©occupe de ses nĂ©cessitĂ©s, de sa situation concrète, d’aider comme le bon Samaritain l’a fait pour le pauvre blessĂ© qui Ă©tait sur son chemin.

 

C’est une parole divine, parce qu’elle vient de Dieu, mais qui possède également ses racines humaines et ses applications dans les problèmes concrets de la Terre. Vouloir se désincarner et ne plus penser aux problèmes de la Terre ne serait pas la Parole de Dieu. Cette alimentation de la Parole divine se propage et culmine lorsqu’elle se trouve, dit Paul VI, dans le grand signe de la rencontre avec Dieu que sont l’Église et ses sacrements; ou autrement dit, que le prêtre est fait pour répartir les sacrements qui sont les fruits d’une conscience convertie à Dieu, en un lieu de rencontre avec le Seigneur. 07/04/77, p.14, I-II.