L’avent, le temps de l’Espérance heureuse

 

Premier dimanche de l’avent; 3 dĂ©cembre 1978; Lectures : IsaĂŻe 63,16b-17; 64,1.3b-6; I Corinthiens 1,3-9; Marc 13,33-37.

 

Nous tenterons d’imiter saint Pierre et ne prenez pas mal que l’évêque utilise la cathédrale pour prêcher l’Évangile. Non pas un Évangile désincarné, mais en l’incarnant, en illuminant la réalité de notre temps. Qui de vous n’attend pas aujourd’hui une parole de l’Évangile qui éclaire la mort de notre cher frère le Père Ernesto Barrera? Je dois la dire! Qui de vous ne s’attend pas aujourd’hui à ce que je parle de l’enlèvement d’un Hollandais et de deux Anglais dans notre pays? Il faut le dire également! Et cela, ce n’est pas laisser l’Évangile pour se mêler de politique. Au contraire, c’est apporter l’Évangile, comme Pierre, aux besoins de ceux qui l’entendent.

Aujourd’hui, je vais avoir l’opportunitĂ© de prĂŞcher, en tirant des lectures de la Bible (Is 63,16b-17; 64,1.3b-6; I Cor 1,3-9; Mc 13,33-37), sur les sentiments qu’un chrĂ©tien doit avoir en ce temps de l’avent. C’est pour cela que nous prĂŞchons dans l’Église, pour faire une orientation chrĂ©tienne, pour christianiser la vie de ceux qui Ă©coutent. Je n’ai pas d’autre prĂ©tention, je ne suis rien de plus qu’un prĂ©dicateur de la Parole de Dieu et je sais que la solution est en vous : dans la bonne volontĂ© avec laquelle vous recevez le message de Dieu et que vous vous efforcez de le rendre vivant. J’essaierai Ă©galement de vivre ces quatre semaines de l’avent, de prĂ©paration Ă  NoĂ«l, dans l’espĂ©rance heureuse, mais vivant ces vertus que nous signale maintenant la Parole du Seigneur.

 

 

Plan de l’homĂ©lie :

1) Pauvreté et faim de Dieu

2) Vigilance et Foi

3) Présence chrétienne et active dans le monde

 

C’est cela, l’avent! C’est cela le message de l’espérance heureuse de l’avent! Comme vous voyez, la Parole de l’Évangile nous apporte la joie, elle nous apporte l’optimisme sans nous éloigner de la dure réalité que nous vivons. Dans le cœur du chrétien, il y a de la joie, de l’espérance et de la force, et rien ne peut nous enlever l’heureuse Espérance du Seigneur. 03/12/78, p.10-11, VI.

 

 

1) Pauvreté et faim de Dieu

 

 

L’avent est un appel à l’esprit de pauvreté et à la faim de Dieu.

 

 

A) Temps de conversion

 

L’avent est la prĂ©paration de NoĂ«l, c’est un temps de conversion. Celui qui se convertit cherche Dieu. Mais comment pourrait-il rechercher Dieu, celui qui ignore qu’il a besoin de Dieu? Personne ne dĂ©sire la libertĂ© s’il n’est pas conscient d’être enchaĂ®nĂ©, esclave d’une situation. On ne peut dĂ©sirer la libertĂ© si on n’a pas conscience d’être opprimĂ©. Pourtant, c’est exactement cela la pauvretĂ©. Lorsque nous parlons de l’Église des pauvres, nous ne faisons pas de la dialectique marxiste, comme s’il y avait une autre Église, celle des riches. Ce que nous disons c’est que le Christ, inspirĂ© par l’Esprit de Dieu, a dit : « Le Seigneur m’a envoyĂ© pour Ă©vangĂ©liser les pauvres. Â» Cette Parole signifie que pour L’écouter il est nĂ©cessaire de se faire pauvre. La pauvretĂ© de l’avent consiste en une faim de Dieu. Le pauvre a faim et la faim que l’avent veut susciter c’est celle que vous avez entendue dans la première lecture (Is 63-64).

 

 

B) Situation du retour d’Exil.

 

La première lecture d’IsaĂŻe nous dĂ©crit une situation sociale et religieuse des juifs qui reviennent d’exil, mais qui en arrivant Ă  JĂ©rusalem, retrouvent un temple abandonnĂ©, ils rencontrent le vide. Ils ne rencontrent pas ce Ă  quoi ils s’attendaient : une communautĂ© humaine pleine de chaleur et de joie. Alors, un homme pieux parmi ceux qui revenaient d’exil, en voyant cette solitude, ces rues abandonnĂ©es, les dĂ©chets d’une oppression Ă©trangère qui a dĂ©truit la citĂ©, se regarde lui-mĂŞme et tous ceux qui comme lui sont les survivants de l’exil et il les voit pessimistes et nombre d’entre eux, pĂ©cheurs. Vous n’avez pas appris la leçon! Dieu nous a châtiĂ©s pour nos pĂ©chĂ©s!

 

 

Surgit alors – lisez en entier les chapitres 63 et 64 d’IsaĂŻe oĂą apparaĂ®t cette belle requĂŞte de laquelle, aujourd’hui nous n’avons entendu qu’un court extrait (Is 63,17-19) : « Pourquoi, YahvĂ©, nous laisser errer loin de tes voies et endurcir nos cĹ“urs en refusant ta crainte? Reviens, Ă  cause de tes serviteurs et des tribus de ton hĂ©ritage. Pour bien peu de temps, ton peuple saint a joui de son hĂ©ritage; nos ennemis ont piĂ©tinĂ© ton sanctuaire. Nous sommes, depuis longtemps, des gens sur qui tu ne règnes plus et qui ne portent plus ton nom. Ah! si tu dĂ©chirais les cieux et descendais – devant ta face, les montagnes seraient Ă©branlĂ©es. Â» Ça, c’est la faim de Dieu! L’homme qui sent le vide et qui s’oppose Ă  l’homme autosuffisant. En ce sens, le riche signifie l’homme orgueilleux, le riche cela peut ĂŞtre un pauvre qui mĂŞme s’il ne possède pas de grands biens, mais qui croit qu’il n’a pas besoin de personne, ni de Dieu.

 

C’est cela la richesse qui est abominable aux yeux de Dieu, celle dont parle la Vierge, humble, mais Ă©nergique : « Il a renvoyĂ© les riches les mains vides – ceux qui croient qu’ils ont tout – et par contre Il a rempli de biens les affamĂ©s – ceux qui ont besoin de Dieu. Â» C’est cela, la première vertu de l’avent. Je vous supplie de faire l’effort de vous libĂ©rer de vos propres autosuffisances, car cela est une vertu qui correspond Ă  la prĂ©paration de NoĂ«l. Il faut attendre le prĂ©sent de NoĂ«l non pas des richesses de la Terre, mais de l’unique riche qui soit, de Dieu qui vient pour remplir le vide que ne peuvent remplir tous les cadeaux quand il y a de l’orgueil et de la vanitĂ© dans le cĹ“ur.

 

Examinons notre cĹ“ur pour voir si nous avons des sentiments de pauvre, si nous faisons vĂ©ritablement honneur Ă  l’Église des pauvres, de ceux qui ont faim de Dieu, de ceux qui sentent que sans Dieu tout est vide, tout est impure. Quand le psalmiste dit : « Nous Ă©tions tous impurs, notre justice est comme un linge sale, nous flĂ©trissons comme des feuillages, nos fautes nous emportent comme le vent. Â» Quelle belle prière pour les Salvadoriens! Comme la paix nous fait dĂ©faut, combien de sang, combien de crime, combien de terreur! Et quand nous disons terroristes, nous ne pensons pas seulement Ă  ceux qui persĂ©cutent ceux qui portent des uniformes, mais Ă©galement le terrorisme officiel qui est aussi horrible, qui tue et remplit de peur…

 

 

C) Le motif de notre EspĂ©rance : la FidĂ©litĂ© du Seigneur

 

La seconde lecture nous parle du motif de notre EspĂ©rance, de cette faim de Dieu. Pourquoi est-ce que nous espĂ©rons tout de Dieu? Serait-ce de l’aliĂ©nation comme le prĂ©tendent les matĂ©rialistes ? : Vous ne luttez pas sur la Terre parce que vous attendez tout de Dieu. Non! Nous travaillons, mais nous espĂ©rons tout de Dieu parce que le Seigneur est fidèle, nous a rappelĂ© saint Paul aujourd’hui (I Cor 1,3-9). Et tout vient de lĂ -haut : la vie, l’intelligence, les qualitĂ©s humaines qui peuvent rendre une patrie meilleure, l’intelligence que plusieurs emploie pour dĂ©truire et opprimer, pour s’enrichir Ă©goĂŻstement et non pour ĂŞtre des instruments de Dieu pour le bonheur de tous… C’est pourquoi la vertu de ce temps est une attitude qui espère tout de Dieu, mais qui travaille Ă©galement et collabore, ce que comme ĂŞtre humain nous devons faire. 03/12/78, p.11-13, VI.

 

 

2) Vigilance de la Foi

 

 

Vigilance active

 

La seconde vertu qui apparaĂ®t aujourd’hui dans les lectures bibliques est celle que le Christ nous dit dans l’Évangile de saint Marc (13,33-37). Ici avec un profond respect nous nous inclinons devant le nouveau livre de l’annĂ©e avec une page qui est comme l’origine et la synthèse de ce que nous allons dire tout au long de l’annĂ©e. L’Évangile de saint Marc est le plus bref parce que cette Parole est brève et nĂ©cessaire (13,33-34) : « Soyez sur vos gardes, veillez, car vous ne savez pas quand ce sera le moment. Il en sera comme d’un homme parti en voyage : il a quittĂ© sa maison, donnĂ© pouvoir Ă  ses serviteurs, Ă  chacun sa tâche, et au portier il a recommandĂ© de veiller. Â» C’est ce que je dis Ă  tous : veillez! C’est le mot d’ordre de l’avent : veillez! Je vais vous expliquer maintenant le sens liturgique de ce mot si merveilleux : avent!

 

 

A) L’avent est une Venue

 

L’avent est le nom que nous donnons Ă  ces semaines de prĂ©paration de NoĂ«l parce que notre esprit est en attente de Celui qui vient. Saint Paul, dans la lecture d’aujourd’hui (I Cor 1,3-9), nous dit de nous prĂ©parer Ă  cette Venue. L’avent nous rappelle la première Venue du Christ qu’avaient prĂ©sagĂ© les prophètes de l’Ancien Testament en annonçant la Venue d’un Dieu qui viendrait pour nous sauver dans la douleur et l’humilitĂ©. L’avent recueille toutes les pages des prophètes. L’avent actualise dans l’appĂ©tit de Dieu des hommes et des femmes d’aujourd’hui, tous les soupires des prophètes : « Puisse Dieu le Seigneur venir pour sauver son peuple! Â» L’avent, c’est cĂ©lĂ©brer la Venue du Salut que le Christ rĂ©alisa il y a vingt siècles, mais ce n’est pas de l’histoire passĂ©e, c’est le futur.

 

L’avent signifie également la seconde Venue du Christ quand Il viendra juger, lorsqu’Il viendra commencer son œuvre. Maintenant nous sommes en train de réaliser cette œuvre dans l’Église en bâtissant le Règne de Dieu. Hors de l’Église aussi, tout homme qui lutte pour la justice, tout homme qui fait la promotion de justes revendications dans une ambiance injuste est en train de travailler pour le Règne de Dieu et cela se peut fort bien qu’il ne soit pas chrétien. L’Église ne contient pas tout le Règne de Dieu. Celui-ci est plus au-dehors des frontières de l’Église et, pourtant, l’Église apprécie tout ce qui correspond à sa lutte pour implanter le Règne de Dieu. Une Église qui s’efforce uniquement de demeurer pure, sans se contaminer, cela ne serait pas une Église de Dieu au service des hommes.

 

L’Église authentique est celle qui ne craint pas de discuter avec les prostitués et les publicains comme le Christ avec les pécheurs, avec les marxistes, avec ceux du Bloc Populaire Révolutionnaire, avec les membres des différents groupes, dans le but de leur apporter le véritable message du Salut. Le Christ vient pour sauver l’être humain, peu importe où il se trouve. Il veut sortir à tous les carrefours, Il veut sortir de son Église, de ses chrétiens, dans l’attente du Jugement final, quand l’Histoire va être consommée, quand seront créés les Cieux nouveaux où il n’y aura plus d’injustice; où celles-ci seront conduites à l’endroit qui leur convient, parce que c’est au Seigneur qu’appartiendra le dernier mot.

 

 

B) Présence du Christ dans le monde actuel

 

Vigilance de la foi, une vigilance qui rend présent le Christ au sein du monde actuel. Celui-ci est déjà à l’œuvre dans la préparation des Cieux nouveaux. Le chrétien n’est pas un homme qui espère tout du futur, il sait que le Christ, depuis vingt siècles déjà, travaille au cœur de l’humanité. L’humanité qui se convertit au Christ est l’homme nouveau dont a besoin la société pour organiser le monde selon le cœur de Dieu.

 

La restauration du monde est dĂ©jĂ  initiĂ©e, dit le Concile solennellement : « Depuis que le Christ est venu en apportant la vie de Dieu pour l’injecter dans le cĹ“ur de l’histoire, la levure divine est Ă  l’œuvre dans l’humanitĂ© et bienheureux ceux qui la rencontrent et s’incorporent Ă  elle. Â» C’est pourquoi on critique une Église qui tente de rendre prĂ©sent le Christ au sein des pĂ©chĂ©s et des erreurs actuelles. On veut conserver un Évangile si dĂ©sincarnĂ© que, pour le moins, il ne se mĂ©lange en rien avec le monde qu’il faut sauver. Le Christ est dĂ©jĂ  prĂ©sent dans l’Histoire, le Christ est dĂ©jĂ  dans les entrailles du peuple, Il est dĂ©jĂ  en train d’engendrer les Cieux nouveaux et la Terre nouvelle et le travail de l’avent est prĂ©cisĂ©ment cette vigilance et cette foi pour savoir dĂ©couvrir ce Christ qui vient Ă  nous continuellement.

 

 

C) L’avent : Vie de l’Église

 

L’avent, ce n’est pas seulement les quatre semaines prĂ©paratoires de NoĂ«l, sinon que l’avent est la vie de l’Église. L’avent est la prĂ©sence du Christ qui se prĂ©vaut de ses prĂ©dicateurs, de ses prĂŞtres, de ses catĂ©chètes, de ses collèges catholiques, de toute Ĺ“uvre qui tend Ă  rĂ©aliser le vĂ©ritable Règne de Dieu, pour dire aux hommes que la prophĂ©tie d’IsaĂŻe est dĂ©jĂ  accomplie : Emmanuel, Dieu avec nous! […]

 

La liturgie n’est pas de l’histoire ancienne, ce n’est pas un simple mémorial. La liturgie possède la capacité de rendre présent le mystère du Christ. Par exemple, cette période de l’avent signifie pour nous, catholiques, que tout l’Esprit du Christ qui vient pour sauver le monde veut se faire présence, espérance et force chez le peuple salvadorien et que le Seigneur peut nous sauver aujourd’hui, parce que tout ce mystère salvateur est présent si nous savons en profiter. […]

 

L’avent devrait appeler mon attention pour que je sache découvrir en chaque frère que je salue, en chaque ami auquel je donne la main, en chaque mendiant qui me demande du pain, en chaque ouvrier qui veut user du droit d’organisation syndicale, en chaque paysan qui va chercher du travail dans les plantations, le visage du Christ. Je ne serais pas capable alors de le voler, de le dénoncer, de lui nier ses droits, parce que c’est le Christ et tout ce que je Lui fais, le Christ en tiendra compte comme s’il s’agissait de sa personne. C’est cela l’avent, le Christ qui vit en nous. 03/12/78, p.13-15, VI.

 

 

3) Présence chrétienne et active dans le monde

 

 

A) Le mystère de l’homme s’éclaircit seulement dans le mystère du

 

 

Verbe Incarné

 

Finalement, frères, l’avent est la présence chrétienne en ce monde. Nous célébrons le geste infiniment amoureux de Dieu qui a tant aimé le monde qu’Il donna son propre Verbe, sa propre Parole, son Propre Fils, pour qu’Il se fasse homme dans les entrailles de Marie. Celle-ci est un personnage central de l’avent. Grâce à cette femme très pure, Dieu rencontra dans le sein d’une femme très sainte, un endroit où le Très Saint Verbe de Dieu se fit homme. Mais remarquez bien que le Christ se fit homme de son peuple et de son temps, Il vécut comme un juif, Il travailla comme un ouvrier de Nazareth et dès lors, Il continue de s’incarner chez tous les hommes. Si plusieurs se sont éloignés de l’Église, c’est précisément parce que l’Église s’est aliénée un peu de l’humanité. Mais une Église qui sait sentir comme sien tout ce qui est humain et qui veut s’incarner dans la douleur, l’espérance, l’angoisse de tous ceux qui souffrent et se réjouissent, cette Église sera le Christ aimé et espéré, le Christ présent et cela dépend de nous.

 

 

B) Nous nous enrichissons dans le Christ : profusion des charismes

 

Nous sommes ceux qui allons rendre présent le Christ. […]

L’avent est un appel pour dire que mĂŞme dans le monde le plus pourri on peut vivre la joie la plus intime et on peut ĂŞtre un tĂ©moin du Christ devant une sociĂ©tĂ© corrompue. Devant un monde qui a besoin d’évidentes transformations sociales, comment n’allons-nous pas demander aux chrĂ©tiens qui incarnent la justice du christianisme, qui la vivent dans leur foyer, de s’efforcer d’être des agents de changement, d’être des hommes nouveaux? Parce que comme dit MedellĂ­n : « Rien ne sert de changer les structures si nous n’avons pas des hommes nouveaux qui manĹ“uvrent ces structures. Â» Des hommes avec les mĂŞmes vices, avec les mĂŞmes Ă©goĂŻsmes…, si nous changeons les structures, si nous rĂ©alisons des transformations agraires, mais que nous en usons avec cette mĂŞme mentalitĂ© Ă©goĂŻste, ce que nous aurons ce sera de nouveaux riches, de nouvelles situations d’outrages, de nouvelles offenses. Les changements de structures ne suffisent pas. C’est cela le christianisme et c’est sur cela que j’insiste. Comprenez bien que le changement que prĂŞche l’Église se rĂ©alise Ă  partir du cĹ“ur de l’homme. Des hommes nouveaux qui savent ĂŞtre ferment d’une sociĂ©tĂ© nouvelle. […]

 

Le Pape Paul VI disait : « Je n’insisterai jamais suffisamment sur le fait que l’évangĂ©lisation ne s’épuise pas dans la prĂ©dication et dans les enseignements d’une doctrine parce que cela doit conduire Ă  la vie, Ă  la vie naturelle, Ă  celle qui donne un sens nouveau grâce aux perspectives Ă©vangĂ©liques qui l’ouvrent et Ă  la vie surnaturelle qui n’est pas une nĂ©gation, sinon une purification et une Ă©lĂ©vation de la vie naturelle. Cette vie surnaturelle rencontre sa plus vive expression dans les sept sacrements et dans l’admirable fĂ©conditĂ© de la grâce et de la saintetĂ© qu’ils contiennent. Mais si les sacrements sont administrĂ©s sans le solide apport d’une catĂ©chèse sacramentelle et d’une catĂ©chèse globale, on finira par leur enlever une grande part de leur efficacitĂ©. Â» C’est ce qui est lamentable parmi nous, que nous ayons habituĂ© notre peuple Ă  recevoir des sacrements sans conscience. 03/12/78, p.15-18, VI.

 

Ma troisième lettre pastorale : l’Église et les organisations politiques populaires, fait rĂ©fĂ©rence au rĂ´le du prĂŞtre et c’est la norme qui est exigĂ©e de tous : « Il est normal et frĂ©quent que les prĂŞtres eux-mĂŞmes et leurs plus intimes collaborateurs laĂŻcs, prĂ©cisĂ©ment parce qu’ils s’intĂ©ressent Ă  rĂ©aliser une Ă©vangĂ©lisation incarnĂ©e et engagĂ©e, sentent au vif les problèmes politiques et que, comme personnes et citoyens, ils ressentent davantage de sympathie pour un parti ou une organisation populaire que pour une autre. Il est comprĂ©hensible Ă©galement que lorsqu’on leur demande d’orienter chrĂ©tiennement la direction d’activitĂ©s politiques des chrĂ©tiens en faveur de la justice, ils collaborent. Mais c’est notre devoir de leur rappeler et de leur demander que dans n’importe quel travail sacerdotal ou pastoral que leur demandent des individus, des partis ou des organisations, ils ont toujours comme premier objectif, d’être des animateurs et des orienteurs dans la justice que la foi exige, selon les grands principes chrĂ©tiens que nous avons rappelĂ©s ici. Â» 03/12/78, p.23, VI.