Christ, manifestation universelle du
Salut
Épiphanie du Seigneur; 8 janvier
1978; Lectures : Isaïe : 60,1-6; Éphésiens 3,2-3a 5-6; Matthieu
2,1-12.
Plan de l’homélie :
1) L’Universalité de l’Appel du
Christ
2) L’Égalité de tous les hommes,
proclamée aujourd’hui par saint Paul
3) La grande Pensée de la
Transcendance est la Lumière de Dieu qui pénètre jusqu’à la rénovation intime
de chaque homme, celle dont nous avons besoin
1) L’Universalité de l’Appel du
Christ
Un espoir est né
L’Épiphanie est le nom de la fête
d’aujourd’hui. L’enfant qui naît à Bethléem et qui convertit en lumière la nuit
la plus longue de l’année, comme une aurore qui se lève sur les ténèbres. Les
peuples sentent la naissance d’une espérance nouvelle. Les Rois Mages qui
proviennent de cet Orient mystérieux, sont les prémices. Ce jour est le début
de cette longue procession à laquelle s’ajoutent les peuples, un à un. Notre
peuple salvadorien suit également cette étoile, à la recherche de sa lumière.
Ce ne sont plus seulement les dromadaires de Madian et Épha, non plus seulement
les rois de Sabbat, ce sont tous les continents : Amérique latine,
Afrique, Asie, ils viennent de toutes parts, convergeant vers cette unité de
foi en JĂ©sus-Christ. 08/01/78, p.139-140, III.
2) L’Égalité de tous les hommes,
proclamée aujourd’hui par saint Paul
Nous sommes membres d’un même corps.
En JĂ©sus-Christ, tout homme est
appelé à cette richesse du Règne de Dieu. Membres du même corps. Et saint Paul
développe au long de toute sa théologie, ce que signifie cette égalité dans
laquelle tous les hommes sont membres d’un seul corps, que Dieu ne nous a pas
faits pour vivre dispersés, ni pour vivre séparés, nous avons besoin les uns
des autres. Ainsi, la tête ne peut jamais dire aux pieds « je n’ai pas
besoin de toi », ni les mains dire cela au cœur, ni le cœur aux autres
membres. Nous sommes tous, chacun dans sa propre fonction est membre d’un corps
vivant.
C’est de là que notre fonction comme
chrétiens, comme Salvadoriens chrétiens, est de reconnaître qu’en ce pays de
baptisés, quel est la poste que chacun doit occuper pour que nous construisions
une patrie heureuse, une patrie sans violence, une patrie sans répression, une
patrie où actuellement quelques-uns ont droit à tout pendant que la majorité
n’a droit a rien. Une patrie où nous nous sentions tous membres vivants, même
si c’est dans la pauvreté, mais qu’à partir de la pauvreté et du travail nous
sachions aimer le corps social en entier, dans le sens du service commun; oĂą Ă
partir de la tête et du cœur nous ne sentions aucune supériorité, mais que nous
sentions plutôt la raison du service à tout l’organisme qui en a besoin
mutuellement.
C’est cela, l’égalité que le
christianisme enseigne. Non pas l’égalité qui coupe les têtes pour que tous
soient égaux. Cela est de la folie! Cela est utopique! Non, une égalité où tous
se taisent, sinon l’égalité où tous se sentent comme les enfants dans leur
foyer pour apporter, pour donner le meilleur de soi-mĂŞme comme nous avons dit
en ces jours de la Journée de la Paix : La paix n’est pas le produit de la
terreur ni de la peur, la paix n’est pas le fruit de la violence et de la
répression qui fait taire. La paix est l’apport généreux, tranquille, de tous
au bien de tous. La paix est un dynamisme, la paix est générosité, elle est le
droit, le devoir que chacun se sent Ă sa place dans cette merveilleuse famille
que l’Épiphanie illumine de la Lumière de Dieu.
Nous participons des promesses en
JĂ©sus-Christ.
Lorsque nous lisons la Bible, combien
de promesses d’amour de Dieu pour l’humanité, mais au travers du Christ!
Au-dehors du Christ, Dieu ne nous promet rien, Il nous appelle Ă la conversion
en Jésus-Christ. Mais le Christ, qui est le résumé, l’acquiescement des
promesses de Dieu, les accomplit pour le bonheur des peuples et l’espérance du
ciel dans la mesure oĂą nous acceptons sa doctrine.
La défense des droits humains n’est
pas seulement un sujet politique, ses racines proviennent de l’Évangile.
L’Évangile est le grand défenseur de tous les grands droits fondamentaux de
l’être humain.
Quand bien même disparaîtraient les
convenances politiques, les racines évangéliques ne disparaîtront pas.
Supposons que demain il ne convienne plus aux États-Unis de défendre les droits
humains au Salvador, en ce sens humain, la politique peut faillir, mais
l’Évangile ne faillira pas. Il criera toujours pour la liberté et la dignité
humaine, et ce, dans les pires situations de la persécution. Le Pape
vient de le dire : « L’Église revendique cette liberté sans entraves
pour prêcher l’Évangile qui est, précisément, la défense des peuples, la
dignité et la liberté humaine ». 08/01/78, p. 141-142, III.
3) La grande Pensée de la
Transcendance est la Lumière de Dieu qui pénètre jusqu’à la rénovation intime
de chaque homme, celle dont nous avons besoin
Sens de la transcendance
Le sens de la transcendance signifie
que dans l’Église nous ne prêchons pas une libération au ras de la terre, une
révolution qui voudrait résoudre les problèmes par la violence, par des
séquestrations, par la répression et les crimes. Cela n’est pas la voix de
l’Église. Lorsqu’elle prêche que l’être humain est libre, égal et digne,
l’Église s’inspire de la lumière de Dieu. La lumière de Dieu brille sur toi et
la dignité que l’Église enseigne, provient de la liberté de l’homme qui rompt
les chaînes du péché et devient Fils de Dieu. Elle ne fait pas la promotion
économique, de l’avoir plus. Cela apparaît très secondaire, la promotion de
l’homme se fait à partir de sa propre conscience, de se sentir Fils de Dieu,
illuminĂ© par Dieu, rĂ©novĂ© Ă partir de l’intimitĂ© de son cĹ“ur. Et Ă MedellĂn les
évêques dirent : « Il n’y aura pas de continent nouveau qui se fasse
seulement à partir des changements de structures, mais à partir d’hommes
nouveaux. » C’est-à -dire, la transcendance de la rénovation en Dieu.
La Lumière de Dieu illumine la lutte
de l’Église
La Lumière de Dieu est celle qui doit
illuminer cette lutte de l’Église, la rénovation en Jésus-Christ, l’espérance
que le paradis n’existe pas sur cette terre, mais qu’il doit cependant s’y
refléter. Le Règne de Dieu qui sera parfait dans l’éternité doit se refléter
dans les relations humaines de cette terre parce qu’il ne va pas
s’improviser.
Le citoyen du ciel doit être d’abord
et avant tout un bon citoyen de la terre. Celui qui désire participer aux promesses
de l’éternité doit être collaborateur de Dieu dans la justice, dans la paix et
dans l’amour de ce Règne de la
terre. C’est là que la lutte de l’Église trouve sa source
pour semer plus d’amour, pour éveiller davantage d’espérance, pour que les
pécheurs se repentissent de leurs péchés, pour les conduire à la conversion,
pour nous rénover intérieurement. Tant que nous ne comprendrons pas ce langage
de lumière de l’Épiphanie, nous n’aurons pas un concept clair de la libération
que l’Église prêche. 08/01/78, p.143-144, III.